L'église St-Michel de Reichshoffen date de 1772. De 1774 à 1779, elle fut au centre d'une bien belle "querelle de clocher" (au sens propre) avec Jean de Dietrich. L'édifice abrite de nombreux trésors artistiques, dont deux buffets d'orgues exceptionnels. L' "orgue de choeur" n'est en fait pas placé dans le choeur, mais à l'avant du flanc droit de la nef.
Historique
En 1977, Albin Unfer plaça à Reichshoffen un orgue de choeur, construit sur la base d'une "Fabrickorgel" allemande, remaniée pour en faire un 2 claviers / pédalier de 10 jeux dans un buffet à caissons. [IHOA] [ITOA]
En 1982, la compagnie "Rhin et Moselle" offrit un somptueux buffet d'orgue du 17ème, qui décorait autrefois... une cheminée de ses bureaux parisiens. En 1984, Albin Unfer y logea son orgue de choeur. [IHOA] [ITOA]
La Compagnie "Rhin et Moselle" paya même la façade, en étain, de cet instrument visuellement superbe.
Le buffet
De la partie instrumentale de cet orgue, il n'y a pas grand-chose à dire, si ce
n'est que le ramage ne s'accorde évidemment point au plumage. Mais le buffet est
absolument exceptionnel. Il est de style wallon / flamand, avec une tourelle
centrale encadrée de deux fois deux plates-faces, en structure pyramidale. La date
de 1626 figure sur le buffet : c'est donc trop tôt pour François Noelmans (le buffet
a un air de famille avec la partie ancienne de l'orgue des Minimes de Bruxelles) à
qui on peut penser en premier. Comme pour Noelmans, 1626 est un peu tôt pour Antoine
Bergère, de même que Antoine Lannoy ou Nicolas Royer. Il reste donc possible que ce
soit du côté de leur maître à tous, le fameux Mathias Langhedul qu'il faille
chercher (celui qui construisit un orgue à Paris St-Gervais). Bien sûr, le champ des
hypothèses est bien trop large, mais il est serait fascinant que le buffet de
Reichsoffen provienne de celui-là même qui introduisit la composante flamande dans
les "gènes constituants" de l'Orgue classique français...
La provenance
originelle du buffet reste donc un mystère. Il avait été acquis à la fin du 19ème
par le peintre Gaston Lecreux pour orner la cheminée de son hôtel particulier
parisien... Cet hôtel particulier hébergea ensuite les bureaux de la compagnie
d'assurances Rhin et Moselle, qui décida en 1982 de rendre le buffet d'orgues à sa
vocation première. C'est grâce aux efforts de Pierre Marie Rexer que le buffet prit
place à Reichsoffen. La disposition en retrait de la superstructure par rapport au
soubassement n'est pas d'origine. Le buffet a été ré-adapté à son usage par
l'ébéniste André Frey, et était prêt en 1984. C'est malheureusement le drôle d'orgue
de choeur caractéristique des "l'approche pragmatique" des années 70-80 qui trouva
place dans cette exceptionnelle boiserie. Le tout fut inauguré le 24/06/1984... par
Jean Guillou !
Les parties anciennes du buffet ont été classées le 26/06/1990.
Ceci exclut les côtés, et le pot-à-fleurs supérieur (qui provient du reste du
mobilier de l'église St-Michel). Au dessus de la console, se trouvent les blasons de
Reichshoffen ("D'azur à la tour ouverte d'or maçonnée de sable au chef d'argent
chargé de trois fleurs de lis de gueules"), et, plus curieusement, celui de
Strasbourg ("D'argent à la bande de gueules"). Certains éléments modernes de la
console, encore présents lors de l'inventaire des orgues en 1986, ont depuis été
adaptés (en particulier les tirants), de façon plus esthétique ; mais l'instrument
reste affublé de claviers indignes de ce prestigieux contexte. [IHOA]
[Palissy]
Caractéristiques instrumentales
Sources et bibliographie :
Avec les photos de cette page.
Date du classement.
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