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Les orgues de la région de Habsheim
Riedisheim, couvent des Rédemptoristes
1917 degr > Dégâts
Le grand-orgue de l'église Notre-Dame de
        Riedisheim.Toutes les photos de la page sont de Roland Lopes, 29/06/2011.Le grand-orgue de l'église Notre-Dame de Riedisheim.
Toutes les photos de la page sont de Roland Lopes, 29/06/2011.

Le grand-orgue de l'église Notre-Dame est assez atypique dans le paysage alsacien ; mais quel instrument ! (Et quelle histoire, aussi.) Il faut savoir que, venant de Fribourg (CH), il faillit y retourner dans les années 1980 ; mais il est finalement resté en Alsace, où c'est le seul témoin de la facture du grand Aloys Mooser.

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L'orgue Aloys Mooser,
1829 (instrument actuel)
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Historique

En 1903, le couvent de Riedisheim (ouvert en 1895, église consacrée en 1902) reçut en cadeau un orgue construit par le facteur suisse Aloys Mooser, 1829. C'est peut-être la maison Martin et Joseph Rinckenbach qui fut chargée de remonter l'orgue (la façade actuelle vient d'Ammerschwihr, mais comme on est sûr qu'elle a été réquisitionnée en 1917, ce n'est pas significatif : celle qui a disparu pouvait venir d'un autre facteur). [ITOA] [Barth]

Cet instrument, d'esthétique pré-romantique (II/P, 15j), a beaucoup voyagé : Aloys Mooser l'avait construit pour l'église Notre-Dame du quartier de la Neuveville à Fribourg (CH) où étaient installés les Rédemptoristes. A la fermeture du couvent de Fribourg (suite aux événements de 1847), l'instrument faillit être envoyé à Teterchen (57), selon le voeu du Supérieur Masson. Mais le transfert ne se fit pas, en raison de questions juridiques non résolues, et surtout de l'opposition de la presse de Fribourg et de la population locale, qui était très attachée à "son" orgue ! L'instrument, en partie démonté, resta en caisses, au début sous bonne garde. Ce n'est qu'en 1869, lorsqu'il fut clair que l'orgue était bien propriété des Rédemptoristes, qu'il fut placé non pas à Teterchen, mais dans leur couvent de Châteauroux (36). L'instrument y perdit malheureusement son buffet d'origine. En 1899, la maison Van Bever (Bruxelles - Amiens) fit des modifications (soufflerie, transmission et console). En 1903, lors de son installation en Alsace, l'instrument fut placé dans un buffet construit par la maison Klem, constitué de deux corps, afin de dégager une baie au fond de la tribune. A noter que ce nouveau buffet nécessita une façade spécifique (visiblement de Rinckenbach). Mais la Montre originale (en étain) de Mooser a été conservée, et se trouve simplement derrière la façade de 1903. [IOLMO] [ITOA]

Quant au couvent de Teterchen, il reçut un orgue neuf, de Dalstein-Haerpfer (II/P 10j). Après 1945, l'instrument fut démantelé, et la moitié de ses jeux intégra un orgue construit par Willy Meurer pour les Rédemptoristes de Nancy... qui finalement retourna en Moselle (à Sarreguemines) en 1973. [IOLMO]

En 1917, les tuyaux de façade (datant probablement de 1903) ont été réquisitionnés par les autorités allemandes. Une photo d'époque, sur une carte postale, montre en effet l'orgue sans ses tuyaux. [RCardo]

Le diapason a été modifié (haussé). Vers 1965, la maison Alfred Kern y fit des travaux. Philippe Hartmann a ré-accordé l'instrument en changeant la partition pour la rendre légèrement inégale (c'est cohérent avec ce que l'on retrouve à la cathédrale de Fribourg). [ITOA]

Il est à noter que la partie instrumentale de l'orgue Mooser a été classée le 09/05/1980 (commission du 22 février 1980), mais finalement déclassée par arrêté du 09/07/1981. [Palissy]

En 1986, lors de l'inventaire des orgues d'Alsace, il était prévu que cet instrument soit démonté pour être déménagé à Fribourg (dans la maison mère de la congrégation rédemptoriste). Ce ne fut finalement pas fait. [ITOA]

En 1993, Christian Guerrier fit un relevage. [IHOA]

Le buffet

La partie droite du buffet de Klem.La partie droite du buffet de Klem.

Les deux corps de buffet, de style néo-gothique, ont été réalisés par la maison Théophile Klem, de Colmar, en 1903 lors de l'installation de l'orgue à Riedisheim. Les façades sont de structure sensiblement carrée, constitués d'une "tourelle" plate occupant un tiers de la largeur, flanquée de côtés à trois étages. Les étages inférieurs sont constitués de plates-faces doubles, munies de petits tuyaux (tous "chanoines", c'est-à-dire muets). Le troisième étage est une succession de trois niches soulignés d'une frise. Un couronnement, orné de pinacles, créneaux et crochets, reprend fidèlement les standards du style néo-gothique. Les "tourelles" centrales sont munies de tympans aux motifs floraux, ornés de crochets et surmontés d'un grand pinacle.

Caractéristiques instrumentales

Composition, 2011
Grand-orgue, 54 n. (C-f''')
étain, intérieure
2'
Neuve
Récit expressif, 54 n. (C-f''')
Hautbois C-H Trompette c-f'''
Pédale, 13 n. (C-c)
I/P
20 notes
20 notes
[RLopes]

Note : la console a des claviers de 56 notes (fis''' et g''' étant muets) et un pédalier de 20 notes (cis-g ne fonctionnant qu'en tirasse).

Console:
La console indépendante de Van Bever.La console indépendante de Van Bever.

Console indépendante d'Adrien et Salomon Van Bever (donc postérieure à 1880 mais pas forcément antérieure à 1895, puisque même François Draps, successeur de Salomon, avait conservé le nom "Van Bever Frères". 1899 reste donc une date cohérente), face à la nef, entre les deux corps de buffet, fermée par un couvercle incliné. Disposition "alla Cavaillé-Coll" (dont Salomon fut apprenti de 1879 à 1880). Claviers à naturelles blanches. Tirants de jeux de section ronde à pommeaux avec porcelaines blanches. Jeux du grand-orgue en caractères noirs (Trompette et Cornet avec une fonte différente). Jeux du récit expressif en rouge. Jeux de pédale en vert. Les pédales sont repérées par des plaques ovales en laiton, à caractères rouges. De gauche à droite : "Gd Orgue / La pédale", "Récit / La pédale", "Récit / Gd Orgue", "Expression", "Trémolo". Commande de l'expression par pédale à bascule. A gauche de cette dernière, un cache en bois ainsi que deux trous de vis espacés comme celles des plaques ovales montrent qu'une pédale a été supprimée (il s'agissait peut-être d'une expression "à cran" ne permettant que deux positions pour la boîte expressive). [Wallonie]

Les pédales, dont la quatrième
                    obstruée.Notons l'usure des feintes de la quarte aigüe du pédalier (qui ne
                    fonctionne qu'en tirasse, le sommier n'ayant qu'une octave) :les Van Bever
                    ont à l'évidence bien fait de mettre un pédalier un peu plus grand !)Les pédales, dont la quatrième obstruée.
Notons l'usure des feintes de la quarte aigüe du pédalier (qui ne fonctionne qu'en tirasse, le sommier n'ayant qu'une octave) :
les Van Bever ont à l'évidence bien fait de mettre un pédalier un peu plus grand !)

Plaque d'adresse placée au-dessus des claviers :

Van Bever Frères
AMIENS - BRUXELLES
La plaque d'adresse de Van Bever.La plaque d'adresse de Van Bever.
Transmission: mécanique à équerres.
Sommiers: à gravures, d'Aloys Mooser (1829). Grand-orgue à droite. Boîte du récit (trapézoïdale) à gauche ; la pédale (3 jeux d'une octave seulement) est placée juste derrière.
Soufflerie:
Un réservoir à plis est situé sous le
                    grand-orgue.Il peut être alimenté par une pompe à bras.Un réservoir à plis est situé sous le grand-orgue.
Il peut être alimenté par une pompe à bras.
Tuyauterie:
La tuyauterie du grand-orgue.Au fond à
                    gauche, la Montre (Principal 8', retourné), puis le dessus de Principal
                    16'.Vient ensuite le Bourdon 8' (avec ses calottes mobiles), la Gambe (très
                    étroite), le Prestant, le Cornet de 4 rangs, la Flûte pointue, la
                    Fourniture 3 rgs, et enfin la trompette (neuve).La tuyauterie du grand-orgue.
Au fond à gauche, la Montre (Principal 8', retourné), puis le dessus de Principal 16'.
Vient ensuite le Bourdon 8' (avec ses calottes mobiles), la Gambe (très étroite), le Prestant,
le Cornet de 4 rangs, la Flûte pointue, la Fourniture 3 rgs, et enfin la trompette (neuve).

La Montre d'origine est devenue un Principal 8' intérieur. Ses tuyaux sont en effet conçus pour être en montre, avec des écussons rapportés en plein-cintre. La Montre (muette) actuelle, avec ses écussons rapportés en ogive, a été construite en remplacement de celle réquisitionnée en 1917.

Sites Aloys Mooser

Aloys Mooser (1770 - 1839).Aloys Mooser (1770 - 1839).

Aloys Mooser (Aloÿs, Aloyse) (27/06/1770 - 19/12/1839), l'auteur du fameux orgue de la cathédrale St-Nicolas de Fribourg, était un facteur l'orgues et de pianos originaire de cette ville (canton de Fribourg, CH). Son père Joseph (auteur de l'instrument des Augustins de Fribourg, mais aussi de celui de Morat) aurait appris le métier chez André Silbermann à Strasbourg. Et Aloys aurait lui-même été l'apprenti de Jean-André (ce qui est, au vu des dates, peu probable, Mooser n'ayant eu que 13 ans à la mort de Jean-André Silbermann, et 16 lors de la reprise par Sauer). De fait, des commentateurs dévoués et historiens enthousiastes ont l'air d'avoir pas mal romancé la vie et l'oeuvre de Mooser. Ce qui est clair, c'est qu'après avoir achevé sa formation, il a travaillé au sein de plusieurs manufactures d'orgues européennes : Mannheim (Kraemer), Cologne (Huber), mais aussi à Vienne chez le facteur de pianos Anton Walter. Mooser acquit donc une expérience et un éclectisme peu communs. Il s'installa finalement dans sa ville d'origine vers 1796 pour y construire des orgues et des piano-forte. Il fut, parait-il, l'auteur d'un "piano-forte organisé" assez exceptionnel, puisque doté de 30 jeux sur... 8 claviers. (Mais à nouveau, la romance paraît montrer le bout de son archet.) [FribAMooser] [DictHistSuisse]

Avant de construire l'orgue des Rédemptoristes de Fribourg, Mooser en avait livré à Berne (St-Esprit), Bulle (St-Pierre-aux-Liens, 1816, qui fut en 1822 visité - et fort apprécié - par Mendelssohn alors âgé de 13 ans), Estavayer-le-Lac, Hauterive (abbaye) et achevé ceux des soeurs de Montorge (1811) et de la Visitation. Il bénéficia d'une excellente réputation, certains de ses admirateurs essayant de le promouvoir pour la construction de l'orgue de la Madeleine à Paris. [FribAMooser]

Mooser mit 10 ans (1824 – 1834 ; plaque d'adresse datée de 1834) à construire son chef d'oeuvre de la cathédrale de Fribourg (IV/2P, 60j, sur 16' ouvert avec 32' de pédale). Cet instrument, remarqué par Franz Liszt, a été restauré dans son état d'origine par la maison Neidhart et Lhôte (Chézard-St-Martin, Neuchâtel, CH). Il comporte un jeu "Calcan", qui n'est pas (contrairement à ce que l'on voit souvent) un appel du souffleur, mais bel et bien un jeu spécifique en 4 pieds, qui n'existe qu'à Fribourg. Toujours sur la plan technique, Mooser fut l'un des pionniers du Fernwerk, c'est-à-dire du fait de placer un clavier d'écho dans un endroit reculé de l'édifice (par exemple à Fribourg sur le narthex). [WebAcademieFribourg] [OrguesVitraux]

Sites Webographie :

Références Sources et bibliographie :

Carte Localisation :

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Immatriculation de l'orgue actuel : F680271002P01
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