Cet instrument, situé dans la chapelle de la Trinité de l'hôpital Pasteur de Colmar, est souvent attribué à Georges Schwenkedel, qui le modifia en 1955. Mais c'était à l'origine l'oeuvre de Jean Lapresté, le successeur de Joseph Rinckenbach à Ammerschwihr. En 1937 (année de construction de la chapelle), il utilisa pour le construire le fond de stock datant de la grande époque de la maison Rinckenbach. L'instrument peut être considéré comme l'un des derniers "post-romantiques" d'Alsace. Remarquable, également, est l'étendue des claviers : 5 octaves complètes.
Historique
C'est en 1937 que Jean Lapresté, qui avait repris la maison Rinckenbach après la seconde faillite de Joseph, posa ici un orgue neuf. [IHOA] [ITOA]
Le stock en question comportait au moins trois jeux de Martin Rinckenbach (donc de la période 1870-1914) : un Prestant, un Cor de nuit, et un Nasard. Il est heureux que ces jeux aient pu trouver vie ici en 1937, car on sait que les ateliers d'Ammerschwihr ont été totalement détruits au cours de la seconde guerre mondiale.
En 1955, Georges Schwenkedel électrifia la transmission. [IHOA] [IHOA]
Tout l'orgue est logé dans la boîte expressive, sauf la Montre et la Fourniture, cette dernière étant postée et partagée entre les deux manuels. La Trompette du récit peut être jouée à partir du grand-orgue, à l'aide d'un domino spécifique (donc sans avoir à mettre l'accouplement, et sans que le second manuel ne la joue quand on n'a pas acionné le domino correspondant). C'est vraiment une excellente idée.
Au cours des années 1924 à 1931, deux artistes d'exception oeuvraient en Alsace : Joseph Rinckenbach et Georges Schwenkedel. Il pratiquaient deux approches "concurrentes" mais cohérentes du post-romantisme alsacien, légué par la réforme alsacienne de l'orgue (Albert Schweitzer, Emile Rupp). Commencé par l' "héritier" de Joseph Rinckenbach (avec son matériel) et achevé par Georges Schwenkedel, cet instrument constitue un incroyable point de rencontre entre ces deux figures de l'orgue alsacien. L'orgue de l'hôpital de Colmar est parfois qualifié de "néo-classique" ; si son absence du buffet, sa traction électrique et ses emprunts / extensions peuvent être qualifiés de néo-classiques, une bonne partie du reste échappe totalement à ce style, et conserve les spécificités de l'orgue alsacien de la première moitié du 20ème siècle.
En 1972, c'est la maison Steinmetz qui procéda à un relevage. [IHOA] [IHOA]
Caractéristiques instrumentales
C | c | f | f' | f'' |
1' | 1'1/3 | 2' | 2'2/3 | 4' |
2/3' | 1' | 1'1/3 | 2' | 2'2/3 |
1/2' | 2/3' | 1' | 1'1/3 | 2' |
Console latérale accolée au flanc gauche du buffet, de Lapresté (elles ne sont que deux en Alsace, avec celle de Cernay), fermée par un rideau coulissant. L'intérieur est en ronce de noyer. Tirage des jeux par dominos placés en ligne au-dessus du second clavier, par groupes de 3, 6 et 7. Claviers blancs. Commande des combinaisons par poussoirs blancs situés sous le premier clavier. Commande des tirasses et accouplements par pédales-cuillers à accrocher, repérées par des porcelaines rondes. A leur droite, la pédale basculante commandant l'expression (commune).
Il y a deux plaques d'adresses. L'originale de 1937, en lettres de laiton incustées dans le bois, est en position centrale au-dessus du second clavier, entre les dominos du grand-orgue et ceux du récit.
(Lapresté avait certes racheté l'entreprise, mais ne pouvait pas utiliser le nom "Rinckenbach".)
La plaque Schwenkedel est en platique noir à lettres blanches, vissée entre les deux claviers, au centre :
électrique (1955), notes et jeux.
à cônes.
de 1937, 88 mm de colonne d'eau.
Sources et bibliographie :
La Trompette y figure au grand-orgue
Photos et compte-rendu de visite
Localisation :