Il reste plusieurs orgues d'Henri Vondrasek en Moselle, où la production de ce facteur longtemps établi à Sarre-Union fut assez féconde. Mais en Alsace, il n'y en a qu'un seul : celui de Graufthal. Vondrasek, longtemps associé à Eugène Eberhard (Diemeringen), croyait à la transmission mécanique. Pour preuve : cet orgue a été construit en 1936 avec des sommiers à gravures et une transmission purement mécanique, en plein coeur d'une époque où l'on ne jurait que par le pneumatique ou l'électrique. Evidemment, même chez Vondrasek, cela restait une exception.
Historique
En 1936, Henri Vondrasek posa ici un orgue neuf, le seul instrument alsacien de sa production. [IHOA]
Après son association avec Eberhard, qui prit fin en 1930, Henri Vondrasek s'installa à Sarre-Union. A sa mort en 1945, sa veuve s'associa à Jean-Georges Koenig, et ce jusqu'en 1948, où, après une tumultueuse séparation, elle alla jusqu'à favoriser la maison Haerpfer-Erman... Jean-Georges Koenig fut alors seul à son compte ; son entreprise resta basée à Sarre-Union, et connut l'exceptionnel développement que l'on sait. Il n'y a pas grand chose de commun entre les orgues Vondrasek et les futurs orgues Koenig, si ce n'est ce fameux attachement à la transmission mécanique. Vondrasek construisit aussi des orgues mécaniques (non suspendues) pour Moussey (1936), Lindre-Basse (1938) ou Marthille (1938). [IOLMO]
L'édifice, en grès et de style Néo-roman, date de 1904. La nouvelle église catholique avait été construite pour mettre fin au simultaneum. Il y a une église protestante à Graufthal (rue des Fontaines), où il y a un minuscule positif de Gaston Kern, et une autre à Eschbourg, où l'on trouve un orgue Gebrüder Link de 1904.
Voici la composition d'origine :
On est en plein dans le "néo-classique". Le Jeu de tierce (8'-4'-Nasard-2'-Tierce) au récit est en quelque sorte la signature de Vondrasek. En fait, c'est celle de son conseiller et "sponsor", l'abbé Joseph Freund (Vilsberg). Cette disposition est en fait pensée pour être fondée sur un Bourdon 16' (ce n'est pas le cas ici, mais intéressant pour comprendre comment l'orgue était conçu et utilisé). Rappelons que l'on est au récit, et que ce clavier est généralement doté d'octaves aiguës réelles (une autre composante de la profession de foi organistique de l'abbé Freund). On peut donc jouer ce "super-cornet" en 4', et "16'-8'-4'-Nasard-2'-Tierce" devient "8'-4'-2'-Larigot-1'-4/5'"). [IOLMO]
En 1960, il y eut des travaux, menés par la maison Muhleisen. [IHOA]
Cet orgue serait resté entièrement authentique si Gaston Kern n'avait pas remplacé son Salicional par une Doublette, en 1978. [ITOA]
Décidément, on ne pouvait pas s'en empêcher... L'avenir considérera forcément les années 1970-80 comme la grande période noire de la facture d'orgue : il fallait que tous les instruments se ressemblent et soient capables de "tout jouer". Même par petite touche, à la moindre occasion, on pratiquait au moins un "coup de pouce" dans le sens de la Pensée Unique... au détriment de ce qui faisait la spécificité, la personnalité des instruments. Si cet indispensable Salicional était restauré (rappelons qu'il y a un couple Gambe/Voix céleste au récit, qui est par ailleurs déjà doté d'un 2'), Graufthal aurait à nouveau un orgue authentique... Il s'en faut parfois d'un détail, mais les détails comptent...
Le buffet
Le buffet, fort dépouillé, annonce les futurs orgues pour lesquels il n'y aura plus qu'un alignement de tuyaux de façade sur un soubassement discret. Ici, quatre montants constituent une sorte de distillation extrême du Modern-style. Les tuyaux sont disposés en trois mitres. On retrouve pratiquement le même buffet à Moussey (Moselle). Celui de Marthille (Moselle) et du même style, mais avec un dessin différent.
Caractéristiques instrumentales
indépendante face à la nef.
mécanique non suspendue, à équerres. Parfois, Vondrasek dote ses tirants de jeux d'un petit abrégé, ce qui permet de les mettre dans un ordre logique pour l'organiste (et donc se s'affranchir de la réelle disposition des chapes).
à gravures, d'origine (1936).
Jean-Georges Koenig rapporte que Vondrasek se fournissait chez le tuyautier Mannes (Diemeringen). [IOLMO]
Sources et bibliographie :
Localisation :