L'orgue Edmond-Alexandre Roethinger,
1902 (instrument actuel)
Chronologie

Historique

C'est le premier orgue de l'église catholique de Voellerdingen, qui fut construite en 1891. L'enquête-inventaire de 1892 confirme qu'il n'y avait pas encore d'orgue à cette date. L'instrument a été construit en 1902 par Edmond-Alexandre Roethinger, dont c'est l'opus 35. [IHOA] [PMSLINK] [Barth]

La composition est directement issue de l'esthétique post-romantique allemande influencée par la Réforme alsacienne de l'orgue. Elle se distingue par un grand équilibre entre les manuels (4 jeux chacun, dont une Flûte). Bien que doté de 9 jeux seulement, l'instrument peut prendre beaucoup d'ampleur grâce aux deux accouplements à l'octave, qui sont un élément fondamental de ce type de compositions.

Les tuyaux de façade ont été réquisitionnés par les autorités en juin 1917. [IHOA]

Ils ont été remplacés en 1925. [IHOA]

L'orgue a été entretenu en 1999 par Yves Koenig. [IHOA]

Console:

Console indépendante face à la nef, à fleur de tribune, et fermée par un rideau coulissant. Tirage des jeux par dominos blancs à porcelaines centrales avec liséré doré, placés en deux groupes au-dessus du second manuel : à gauche, ceux du grand orgue, et à droite pour le récit et la pédale. Les porcelaines ont un fond blanc pour le grand-orgue, rose pour le récit, et jaune pour la pédale.

Claviers blancs, bloc-claviers noir.

Commande des accouplements et tirasses par pédales-cuillers à accrocher en fer forgé, striées en losanges, placées au-dessus des basses du pédalier, et repérées par des porcelaines rondes : II/I 16' ("Suboktav-coppel II.z.I."), I/I 4' ("Supperoctav-coppel I."), II/P ("Pedal-coppel II."), I/P ("Pedal-coppel I."), II/I ("Manual-coppel I.z II."). A leur droite et au centre se trouve la pédale basculante d'expression du récit.

Commande des combinaisons fixes par petits pistons, placés au centre sous le premier clavier, repérés par des porcelaines rondes : "Forte", "Tutti", "Ausl." (annulateur).

Plaque d'adresse en laiton incrusté dans le bois noir, en haut et au centre de la console, en lettres gothiques, et disant :

E. A. Roethinger
Orgelbau Anstalt
Schiltigheim b/Straßburg i/E.

Comme souvent chez Roethinger, elle est complété par deux porcelaines rectangulaires blanches, placées un peu plus bas, à gauche :

Opus35

et à droite :

1902.

Tuyauterie:

En tailles de timbre.

Une vue sur la tuyauterie du grand-orgue.
De gauche (fond) à droite (façade) :
la Gambe, la grande Flûte 8', le Geigenprincipal 4',
et le Principal 8', dont une partie est en façade.

Dans son article consacré à l'œuvre alsacienne frères Link, paru en 1978, Pie Meyer-Siat évoque l'orgue de Voellerdingen pour souligner une soit-disante uniformité des instruments construits en Europe dans les années 1900. C'est surprenant, car, en s'arrêtant ainsi à la surface des choses, on pourrait démontrer encore plus aisément que tous les orgues du 18ème sont à peu près les mêmes ! Le fait est révélateur d'un propos fortement tendancieux utilisé à la fin du 20ème siècle pour discréditer les orgues construits après 1870, et en particulier ceux dotés d'une transmission pneumatique. Voir les années 1970 faire le procès d'une "uniformisation de style" aux premières années du 20ème siècle, quand on sait ce qui s'est passé entre 1960 et 1980, est vraiment édifiant...

Sur place, la proposition "un orgue standard pour l'époque" ne tient pas un seul instant : l'orgue de Voellerdingen est certes inspiré des idées de la Réforme alsacienne de l'orgue : une base romantique germanique, et des composantes plus françaises, dont des commandes "à pied". Mais avec son Gemshorn 4' en vedette au récit, cet instrument dispose au contraire de belles spécificités. La composition est pensée autour des accouplements à l'octave, l'un des remarquables avantages de la transmission pneumatique. L'architecture, également, est originale.

Aujourd'hui, et après la considérable uniformisation du parc organistique alsacien, conséquence de la vague "néo-baroque" (fin 20ème : sommiers à gravures, compositions "simili-18ème", etc...), l'orgue de Voellerdingen constitue en tous cas une exception remarquable : il fait partie des rares instruments de la Belle époque qui nous sont parvenus sans avoir subi les "baroquisations" (recoupes de jeux pour les rendre plus aigus) des années 1960-1980. C'est tout à l'honneur de tous les "non-experts" qui, loin des dogmes et des théories, ont su l'apprécier et le conserver pour ce qu'il est : un excellent instrument de musique.