L'orgue actuel de Neuhaeusel.Toutes les photos de la page sont de Steeve Mochel, 23/09/2022.
Cet instrument de 1972 est doté d'une architecture originale. Il remplace malheureusement un orgue Roethinger de 1901, qui a disparu lors de sa construction.
Historique
En 1901, Edmond-Alexandre Roethinger posa à Neuhaeusel son opus 34. [IHOA] [Barth] [ITOA]
La paroisse de Neuhaeusel n'a été créée qu'en 1857. L'enquête de 1892 nous apprend que l'on y faisait à cette date usage d'un harmonium. [Barth]
L'orgue Roethinger était un petit instrument de 7 jeux, doté d'un seul manuel, mais avec une pédale indépendante (Soubasse), et surtout doté d'une très belle composition, particulièrement adaptée aux petits édifices, avec 5 fonds de 8'. La grande étendue de la palette sonore (31 registrations en 8', de différentes couleurs et intensités) était complétée par un Gemshorn 4' :
Il n'y avait donc pas de Voix céleste. Pour se faire une idée de ce qu'a pu être cet orgue, on pourra aller voir le remarquable petit instrument de Neuviller-la-Roche (1900), où l'on retrouve presque tous les jeux de Neuheusel, à l'exception du fameux Gemshorn 4'. Celui-ci est présent dans un autre orgue pratiquement contemporain (1902), à Boofzheim, mais on ne peut pas l'y entendre car ce dernier instrument - bien qu'authentique et de grande valeur - est malheureusement à l'abandon et injouable.
On sait que l'orgue était placé à fleur de tribune.
Les 36 tuyaux de façade ont été réquisitionnés par les autorités le 19/04/1917. [IHOA]
La façade a été remplacée en 1924. [IHOA]
L'instrument fit preuve d'une grande fiabilité, puisqu'on ne note qu'une seule réparation, après le conflit mondial (en 1951). [IHOA]
Nous n'avons pas pu trouver de photo du buffet, mais la disposition à deux tourelles encadrant un élément central double (Neuviller-la-Roche, Boofzheim) est probable. Il est indéniable que ce style était beaucoup plus adapté au reste du mobilier de l'édifice que celui du buffet actuel, souffrant du "minimalisme carré" qui était de rigueur à la fin du 20ème siècle.
Comme le buffet, la console de 1901 a disparu. (Elle était probablement accolée latéralement.)
Historique
En 1972, Georges Emile Walther, posa à Neuhaeusel un instrument neuf, qui intégrait quelques tuyaux de l'orgue de 1901. [IHOA] [ITOA]
Il est fort regrettable que l'orgue de 1901 - qui était alors, à l'exception de la façade - totalement authentique et idéalement adapté à l'endroit - ait été détruit. Le remplacement du bel orgue de 1901 reste inexplicable : on détruisait sans réfléchir, sans même essayer d'évaluer l'instrument existant, généralement déclaré "irréparable" par pur dogmatisme. En effet, dans les années 1970, l'implacable mode "néo-quelque-chose" détruisait sans pitié les orgues romantiques et post-romantiques, puisque issus de la période 1870-1918. Neuhaeusel ne fit pas exception, et l'orgue de 1901, qui serait aujourd'hui historique, a été éliminé. Quelques tuyaux ont été conservés (en particulier la Soubasse 16'). Évidemment, l'esthétique sonore d'un orgue néo-baroque n'a rien à voir avec celle d'un orgue de 1901 : il a été délibérément décidé de tourner le dos à la tradition alsacienne.
Seule consolation : l'instrument neuf est doté de deux manuels, dont un positif de dos sur-dimensionné qui "fait fonction" de grand-orgue. Le second manuel est plutôt un positif, qui a l'avantage d'être expressif. Autre originalité : ce sont des tuyaux coniques de la pédale (Flûte conique 8') qui sont en façade du grand buffet. La composition se distingue par une désolante disette en 8' - donc en jeux colorés - et plus généralement en fondamentales. Les orgues des années 70 sont des instruments "sur-aigus". [ITOA]
Au-dessus du rétroviseur a été disposée une plaque dorée, disant :
par Monseigneur Jean Julien WEBER
en présence de M; Oscar JAEGER, Maire
et du
Docteur, Professeur Albert STROBEL, Curé
Caractéristiques instrumentales
Une vue plongeante sur la console.En fenêtre, frontale. Les tirants de jeux du positif (intérieur ; donc dans le grand buffet) et la pédale sont disposés de part et d'autre des claviers, et ceux du "grand-orgue de dos"... dans le dos de l'organiste (! ; peut-être pour "faire Marmoutier"), au revers de la tourelle gauche. Les tirants sont de section ronde, à pommeaux tournés et munis de porcelaines blanches. Claviers blancs. Commande des accouplements par pédales-cuillers à accrocher. L'expression est commandée par une pédale basculante, située... à gauche. (Sic ; cela ne s'invente pas...)
Plaque d'adresse blanche à lettres noires :
Manufacture d'orgues
Strasbourg - Cronenbourg
Mécanique à balanciers.
A gravures (1972).
Sources et bibliographie :
-
[SMochel] Steeve Mochel : e-mail du 26/09/2022.
Avec les phtos de cette page.
- [IHOA] Pie Meyer-Siat : "Inventaire historique des orgues d'Alsace", éditions ARDAM, puis Coprur, 1985 et 2003, p. 125b
- [ITOA] "Inventaire technique des orgues d'Alsace", éditions ARDAM, vol. 3, p. 418
- [Barth] Médard Barth : "Elsass, 'Das Land der Orgeln' im 19. Jahrhundert", in "Archives de l'Eglise d'Alsace", vol 15., éditions de la société Haguenau, 1965-66, p. 275
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