L'orgue de Bellemagny.Les photos sont de Martin Foisset, 22/06/2019.
On ignore l'origine de l'orgue de Bellemagny (situé dans l'église du couvent des Sœurs de l'Adoration Perpétuelle). Il n'a d'ailleurs pas été traité lors de l'inventaire technique des orgues d'Alsace en 1986. Issu de deux phases de travaux bien distinctes, il est malheureusement aujourd'hui (2019) pratiquement à l'abandon et injouable.
Historique
L'instrument, de provenance inconnue, date d'avant 1900, puisqu'il a été réparé cette année-là. [IHOA]
Le réparation, en 1900, a été effectuée par Joseph Antoine Berger. [IHOA]
Beaucoup de choses, dans l'orgue actuel, font penser aux Verschneider, mais sans preuve d'archive, on ne peut pas être formel.
L'instrument a été complété, sûrement vers 1950, par un facteur inconnu. [Visite]
Un second manuel, à traction électrique, a été ajouté (et probablement aussi un Bourdon 16' de pédale : celui-ci n'était sûrement pas là avant), derrière une clôture à gauche du buffet primitif. A la console, les jeux ajoutés (et les accouplements) sont commandés par des dominos blancs, qui ont l'air de dater des années 1940-50.
La composition actuelle est peu cohérente, avec sa Doublette et son premier manuel sans Gambe. Il y a une chape vide au grand-orgue (7 en tout), si bien que l'orgue a perdu au moins deux jeux au cours de son histoire. A priori, une Gambe et une Flûte.
Il y a deux étiquettes ferroviaires sur la boîte du ventilateur : "Strasbourg G.C." et "Dannemarie via Mulh.", où il est précisé "Partie de 4 colis". Malheureusement, elles ne sont pas datées. Cela paraît indiquer qu'une maison strasbourgeoise a au moins fourni une partie du matériel.
Le buffet
La partie centrale du buffet semble venir de la seconde moitié du 19ème. Constitué uniquement de plates-faces, son inspiration est plutôt germanique. Deux tourelles plates encadrent une plate-face double.
La structure rappelle les buffets de Haegen (Nicolas Verschneider, 1853) ou de La Vancelle (Verschneider, 1887).
Il y a un grand couronnement, paraissant disproportionné et bien plus tardif (années 1930 ?), figurant deux anges ailés, encadrant une lyre, et tenant un phylactère sur lequel est écrit "Cantantibus Organis".
Le manuel ajouté et le Bourdon 16' de pédale sont placés à gauche, derrière une clôture constituée par les jalousies.
Caractéristiques instrumentales
La console, avec ses deux "strates".Console indépendante face à la nef, fermée par un couvercle basculant horizontal. (La partie supérieure est constituée de deux planches assemblées avec une charnière à piano, celle de devant pouvant pivoter au-dessus de l'autre. La partie inférieure est plus ancienne, et paraît remonter à la fin du 19ème. Elle pourrait peut-être venir de la maison Verschneider. L'ensemble a été surélevé pour loger un second manuel, mais le couvercle et le pupitre sont anciens. La partie supérieure, qui doit dater des années 50-60, a été réalisée dans un bois plus clair, jaunâtre.
Le premier clavier est ancien, et ses jeux sont commandés par tirants, dont les porcelaines ne sont pas homogènes : "Salicional 8'", "Bourdon 8'", "Montre 8'" et "Prästant 4'" sont du même style. Celui de la Quinte, à fond rose et avec les caractères gothiques, a l'air de dater de la fin du 19ème. Un des tirants de gauche a perdu sa porcelaine (il doit correspondre à la chape vide, et évidemment à une Gambe manquante). Le tirant de la "Doublette" a aussi perdu sa porcelaine, remplacée par une rondelle de carton sur laquelle le nom du jeu a été écrit sans soin au stylo-bille...
Le second clavier est plus récent, très blanc. Avec ses frontons droits et son rebord, il n'a pas été conçu pour être disposé au-dessus d'un autre, et c'est donc clairement de la récupération.
Les jeux du second clavier, l'accouplement, les tirasses et le Bourdon 16' de pédale sont commandés par des dominos clairs, placés au centre en haut de la console. Il y a un domino "Doublette 2'" qui ne correspond à rien. On peut donc émettre l'hypothèse que le bloc de dominos a été récupéré en entier, avec la tuyauterie des 4 jeux correspondants, et que la Doublette a finalement été mise au grand-orgue.
Le pédalier, peu profond, est lui aussi plutôt germanique, et ressemble aussi à ceux des Verschneider.
Commande de l'expression par pédale basculante, au-dessus du "f" du pédalier.
Pupitre ancien.
Le premier manuel est commandé mécaniquement, alors que le second et la pédale sont électro-pneumatiques.
Le premier clavier (dans le buffet ancien).De bas (arrière et accès) en haut (revers de la façade centrale) :
la Quinte, la Doublette "ajoutée", une chape vide,
le Salicional, le Bourdon 8', l'Octave 4' et la Montre 8'.
Le second clavier (à gauche du buffet).A gauche, le long des jalousies (avant de l'orgue), la Flûte 4'.
Au milieu, l'étroite Dulciane, puis, à droite la Flûte 8'.
Sources et bibliographie :
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[Visite] "Visite sur place", 22/06/2019
Remerciements aux Sœurs de Bellemagny.
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[MFoisset] Martin Foisset : e-mail du 09/07/2019,11/04/2022.
Photos du 22/06/2019 et données techniques.
- [IHOA] Pie Meyer-Siat : "Inventaire historique des orgues d'Alsace", éditions ARDAM, puis Coprur, 1985 et 2003, p. 33a
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