Hurtigheim, l'orgue Wetzel.En 1864, Martin Wetzel prit sa retraite, laissant l'entreprise à ses deux fils, Emile et Charles. Ils travaillèrent ensemble pendant 10 ans, et posèrent à Hurtigheim l'un des premiers orgues de leur production commune.
Historique
En 1864, les frères Wetzel posèrent à Hurtigheim un orgue de 19 jeux : le devis date du 18/09/1863, et le traité du 15/12. Voici la composition prévue au devis, et qui fut réalisée : [IHOA] [PMSRHW]
Pour un orgue alsacien de la fin du second tiers du 19ème, cet instrument était esthétiquement plutôt en avance (ou, vu autrement, moins "conservateur" que le reste de la production alsacienne, en particulier celle de la maison Stiehr de Seltz). On trouve par exemple un pédalier de 25 notes, mais aussi une composition qui s'illustre par la présence d'un Cor anglais au grand-orgue (et pas de Cornet, ni de Doublette : le 2' est une Flûte conique), ainsi qu'une Fugara au positif. La composition de la pédale, elle aussi, était parfaitement inscrite dans son temps. Cet orgue représentait donc une rupture (tardive) avec les schémas hérités des années 1820-1830 qui étaient souvent encore reproduits en 1860. L'Alsace connut une époque "pré-romantique" particulièrement longue (Théodore et Auguste Stiehr ont encore posé un positif de dos à Uhlwiller en... 1878), mais les frères Wetzel ont proposé ici un instrument que l'on peut réellement qualifier de romantique, et même de symphonique, bien que son "positif" ne soit pas expressif (ni même doté de sommier spécifique), et malgré l'inexplicable absence de tirasse.
Le financement devait être assuré par une souscription volontaire. Mais pas si volontaire que ça, et le montant de chacun avait été défini ! En effet, une très curieuse délibération du Conseil municipal du 21/12/1863 décide que : "Le Conseil municipal de la commune de Hürtigheim, après avoir pris connaissance d'une liste de souscription ouverte le 10 Décembre 1863 pour l'acquisition d'un nouveau jeu d'orgue à l'église de la commune, a décidé ce qui suit : Les habitants qui n'ont pas signé pour payer la somme qui leur est assignée sur cette liste n'auront aucune part à l'orgue, ni eux, ni leurs héritiers, à moins qu'ils ne signent encore avant le montage de l'orgue ; mais dans ce cas, ils ne seront admis à signer que s'ils paient un décime par franc, en sus de a somme à payer qui leur est assignée, vu qu'ils ont jusqu'ici refusé de signer." [PVBlanchard]
Il y eut une réparation, par la maison Wetzel, en 1872. [PMSRHW]
Les tuyaux de façade ont été réquisitionnés par les autorités en 1917. Ceux-ci consistaient en 21 tuyaux de la Montre 8', 6 du Prestant 4' (C-F) et 6 de la Fugara (G-c). [PMSRHW]
En 1933, Georges Schwenkedel fournit de nouveaux tuyaux de façade, et on lui demanda aussi de remplacer le Cor anglais (qu'il appelait d'ailleurs "Voix humaine") par une Trompette. [PMSRHW]
Le buffet
Georges Cattin a fait remarquer la ressemblance entre les buffets de Hurtigheim, de Montfaucon (CH, Wetzel 1869) et celui de l'orgue de Tendon (88). Ce dernier est en fait le positif de dos de l'orgue Martin Wetzel de Chalons-sur-Marne, Saint-Loup (1840). [SiteKoenig]
Caractéristiques instrumentales
La console des frères Wetzel.Console en fenêtre frontale. Tirants de jeux de section carrée à pommeaux tournés noirs munis d'un point central blanc (selon une habitude de la maison Wetzel), disposés en deux fois deux colonnes de part et d'autre des claviers. Claviers blancs. Commande de l'accouplement des claviers par tirant. Pas de tirasse.
Plaque d'adresse noire, placée au centre, au dessus du second clavier, et disant :
La plaque d'adresse des frères Wetzel à Hurtigheim.Il y a trois types d'étiquettes : des blanches, anciennes, qui paraissent être d'origine, les 5 du positif (Basson et Hautbois ont chacun un tirant), qui sont oranges, et ont aussi l'air d'origine, et deux blanches plus récentes (Schwenkedel ?) pour le Prestant et la Trompette manuelle. A l'exception de ces deux étiquettes, l'intégralité de la console a l'air entièrement authentique.
Les étiquettes portent malheureusement des marques et des annotations. Sur certaines figurent un "X", et il y a "+" et "*" sur celle de la Montre. Certaines étiquettes ont été complétées par le nom du plan sonore (Octavebasse) ou par la hauteur en pieds (Flûte traverse, Flageolet, Basson, Hautbois, Soubasse, Violoncelle). Sur l'étiquette du tremblant a été écrit : "ne marche pas". Enfin, les étiquettes du Basson et du Hautbois portent respectivement les mentions "ne pas employer" et "ne pas sortir" ! Il y avait donc à une époque des jeux défendus...
Les tirants des manuels semblent avoir été disposés un peu au hasard à la console, sans souci de les grouper par plan sonore :
Mécanique suspendue.
à gravures, d'origine. Pas de sommier spécifique pour le second manuel (chapes intercalées).
Sources et bibliographie :
Données techniques et photos du 24/06/2017.
Délibération du 21/12/1863 ; Archives du Bas-Rhin, ABR 8 E 213/4
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