Cet instrument de Charles Mutin date des années 1930. Il vient du cinéma "Capitole" de Strasbourg, et a été placé à Kesseldorf en 1958.
Une première église, filiale de Beinheim, a été construite en 1844. Elle a rapidement été agrandie : l'église actuelle date de 1855-1859, et été construite selon les plans des architectes Haas et Alexandre Matuszinsky (architecte d'arrondissement).
Historique
Un premier orgue est attesté dans l'église de 1855 en 1893. [IHOA]
Il a été réparé par Louis Mockers en 1895. [IHOA]
Les tuyaux de façade ont été réquisitionnés par les autorités le 10/08/1917. [IHOA]
A la fin de la seconde Guerre mondiale, face à la petite église endommagée durant le conflit, la situation semblait désespérée pour une commune aussi petite que Kesseldorf. Mais su lieu de baisser les bras, on répara l'église (à partir de 1950 et jusqu'à son inauguration le 07/09/1952), puis on la dota même de vitraux de Werlé en 1953.
"Avant", l'église était dotée d'un orgue. Mais on se résolut à le démonter en 1958. Le remplacer par un orgue neuf était impossible, vu le coût. On chercha donc d'autres solutions. [ITOA]
Il y en avait bien un de disponible, mais c'était un orgue de cinéma ! Celui du "Capitole" à Strasbourg, où il avait été installé au temps du muet. Avec l'arrivée du parlant, certaines Stars passèrent de la gloire à l'oubli, d'autres furent rapidement promues. Tant qu'à passer de la musique enregistrée, pour accompagner les scènes judicieusement "floutées", on préférait des nappes de violons ; et les orgues de cinéma furent éliminés, tout comme les vedettes du muet.
Historique
En 1958, Louis Blessig installa à Kesseldorf l'orgue Charles Mutin du cinéma Capitole à Strasbourg, construit vers 1934. [Barth] [ITOA] [EAdam]
Contrairement aux "theatre organs" américains, fondamentalement différents des orgues d'église, l'instrument du Capitole ressemblait beaucoup à un petit instrument de concert (ou un grand orgue de salon) des années 1930.
C'était donc certes un orgue d'occasion. Mais c'était surtout une occasion en or : il s'agissait d'un orgue de Charles Mutin, successeur de Cavaillé-Coll !
Le cinéma Capitole était logé dans l'immeuble érigé en 1934 au 3-5, rue du 22 Novembre. Les plans ont été réalisé par René Haug. Le cinéma ferma définitivement fin juin 2003. Il y a aujourd'hui un bureau de poste au rez-de-chaussée.
Evidemment, conçu pour être invisible, l'instrument était dépourvu de façade, et entièrement placé dans une boîte expressive. Blessig construisit donc une façade (très "années 50"). Malheureusement, il supprima aussi la boîte expressive, peut-être par manque de place. [ITOA]
La réception eut lieu le 05/05/1958. [Barth]
Un des frères Steimetz, de Herrlisheim, fit des travaux vers 1990. Il aurait changé des jeux à cette occasion. Le 2' est suspect ; et peut-être est-ce lui, et non Blessig, qui a bricolé le Plein-jeu pour le rendre une octave trop aiguë. [EAdam]
Caractéristiques instrumentales
Console indépendante retournée, face au centre de la tribune. Tirants de jeux de section ronde à porcelaines, typiques de la facture de Mutin, disposés en ligne au-dessus du clavier. Il y a un code de couleur, par le liséré des porcelaines : bleu pour les fonds, et rouge pour les "jeux de combinaison", ce qui indique qu'il y avait à l'origine un tel appel. Clavier banc, à frontons biseautés.
Il y a quatre pédales/cuillers à accrocher, et la pédale à bascule commandant normalement l'expression (qui ne sert à rien vu qu'il n'y a plus de boîte expressive). Deux pédales/cuillers commandent la tirasse et l'accouplement I/I 16'. Les deux autres, inactives, pouvaient correspondre à l'origine à des pédales de combinaison ou un tremblant disparu.
Il n'y a pas de plaque Mutin, mais Louis Blessing a mis la sienne, à gauche des tirants :
Notons que les travaux de Blessig n'étaient en aucune façon une restauration. Une fois de plus, ce mot a été utilisé abusivement. Une restauration, rappelons-le, consiste à remettre une œuvre altérée dans un état précédent connu. Blessig a adapté l'instrument à sa nouvelle fonction, mais n'a pas procédé à une restauration.
Mécanique à équerres.
Sommiers à gravures.
Cet instrument exceptionnel, au potentiel immense, mériterait vraiment d'être (vraiment) restauré. La situation actuelle fait aussi mal au cœur que de voir une Bugatti abandonnée.
Sources et bibliographie :
Photos du 22/06/2005.
KESSELDORF, kath. Filiale von Beinheim. - Nach dem 2. Weltkrieg wurde durch Gelegenheitskauf eine Cavaillé-Coll-O. erworben. Aufgestellt durch L. Blessig, Strassbg; 11 Reg., 1 Clav., Ped. Einweihung der O. : 5. V. 1958. Vgl. A. BENDER, in : L'orgue, n. 86 (IV-VI 1958) 62.
Localisation :