
Thanvillé. Joseph Stiehr, 1833,
représentatif de la facture de Seltz.
La page est intitulée "Les maisons Stiehr de Seltz", car il y en eut au moins deux. L'entreprise originelle, fondée par Michel Stiehr juste après (et même pendant) la Révolution connut un tel succès qu'il fut nécessaire, en 1860, de la scinder en deux : Stiehr Frères et Stiehr-Mockers. Mais, on le verra, Michel n'est pas le seul facteur marquant de la dynastie de Seltz. "Stiehr", ce n'est pas le nom d'une entreprise, c'est une approche de la facture, pratiquée par deux familles sur trois ou quatre générations. La recette ? Doter les campagnes alsaciennes de petits instrument pas trop coûteux mais de grande qualité, faciles à entretenir, et... capables de rendre jalouse la localité voisine.
L'essentiel de ce qui est connu sur la maison Stiehr a été publié en 1973 dans un numéro spécial des "Archives de l'Eglise d'Alsace" (le tome 20 de la nouvelle série). Le volume (plus de 750 pages), rédigé par Pie Meyer-Siat, rassemble ses études généalogiques, ses travaux aux archives et ses compte-rendus de visites aux tribunes concertant les Stiehr et leurs instruments. Il est sobrement appelé "Stiehr-Mockers - Facteurs d'orgues". Tout ayant été dit, ou presque, la présente page s'attache à présenter l'épopée de Seltz de façon différente.
Des Silbermann à Gambes
Commençons donc par dire ce qu'il ne faut pas dire : les orgues Stiehr, sont, schématiquement, des orgues du 18ème, inspirés par les Silbermann, mais dotés d'un Salicional et d'une Gambe à la place de Tierce et du Nasard. "Inspirés par Silbermann", c'est-à-dire des orgues de style classique français, munis en plus d'une pédale indépendante, souvent assez fournie. Et avec des Gambes. Sur une assiette, à côté.
En effet, à l'époque, on ne voulait plus des vilaines Mutations (Tierce, Quinte, Nasard : on trouvait qu'elles sonnent faux). Il fallait donc "colorer" le son de l'orgue autrement. Les Gambes n'ont pas été inventées au 19ème (elles sont beaucoup plus anciennes), mais on leur trouva une nouvelle utilisation. Ces Gambes, harmonisées de façon adéquate, donnent un son plus riche, type "instrument à cordes", et apportent donc à l'orgue les harmoniques "implicitement" (c'est un 8' riche en couleurs) au-lieu d'explicitement (la Tierce 1'3/5 produit une harmonique bien définie du son fondamental, haut et fort). Michel Stiehr, venant d'Allemagne (où on sait ce qu'est un beau jeu de Fond), avait ramené dans ses cartons le Salicional, c'est-à-dire un compromis entre le Principal du 18ème et la Gambe, plus étroite. Avec les Gambes, Michel Stiehr savait de quoi il parlait.
Car Michel Stiehr fut d'abord le contremaitre de Ferdinand Stieffell et ils ont appris la facture en Franconie, au carrefour des influences germaniques et est-européenne. Il amenait un peu de Bohème. Mai attention, en Alsace, on ne pouvait pas construire des orgues comme "outre-Rhin". C'étaient les Silbermann qui avaient défini le style. Et de façon particulièrement affirmée, car on ne peut pas dire qu'André ou Jean-André étaient "partis dans tous les sens" : c'est exactement la même logique qu'ils ont déclinée plus de 90 fois, avec une légère inflexion au retour de Jean-André après son voyage d'étude en Saxe. La "base" allait donc être la "plateforme Thierry" : un choeur de Principaux, les Mutations du Jeu de tierce, un plein-jeu fourni, un dessus de Cornet au grand-orgue, et, pour finir, une Trompette au grand-orgue et un Cromorne au positif de dos. C'est exactement ce que voulaient les clients, à part, on l'a vu, les Mutations du Jeu de Tierce. Par contre le grand dessus de Cornet, posté, restera incontournable. Michel Stiehr a donc travaillé ses Gambes. Pour les anches "françaises"... eh bien... il fit ce qu'il put. Et pour la soufflerie, bah, on la vendrait comme "du vent vivant", et on savait qu'il allait falloir revenir régulièrement.
Une partie de campagne
Tout cela était bien beau. Mais cher. Or, le marché, ce n'étaient plus les institutions religieuses (soigneusement calomniées, spoliées, puis éliminées par la Révolution), mais... les petits patelins. Chacun voulait son orgue. Pour embellir l'office divin, pour se sentir "comme en Ville", parce qu'il n'y avait pas d'autre source de musique, et pour rendre jalouse la localité voisine. Pour un grand nombre de communes, l'ordre de priorité était : une mairie avec un drapeau, une église avec un coq, une école de garçons, un orgue, une école de filles. Heureusement, le contexte (après 1820 et mis à part quelques années difficiles) fit que l'on put s'offrir les 5... Stiehr allait donc faire dans le pragmatique mais pas dans le "cheap" ! Il prit exactement la même direction que les Verschneider : petit, sans fioriture, mais avec des matériaux de grande qualité et une conception robuste. Si on était trop cher, les petites filles n'allaient pas être scolarisées. Or, les types de "l'amour est dans le pré" n'étaient pas des clients faciles : ils savaient ce qu'ils voulaient, avaient leur "réseau", bossaient leurs dossiers et la seule chose réellement "campagnarde", c'était la taille de la caisse.
Du costaud
Après avoir dit ce qu'il ne faut pas dire, voici ce qu'il ne faut pas répéter : avec toutes ces contraintes, les orgues livrés dans ces petits-bout-du-monde, en charrette à bras sur des chemins plein d'ornières (en 1830, la diligence met 6 heures pour aller de Strasbourg à Seltz), en espérant que l'instituteur local connaîtrait au moins 3 accords, tenaient évidemment plus du sabot que de l'escarpin. On était plus proche du Bäkeoffe que de la douzaine d'escargots. Et, une fois qu'on a joué à Barr ou à Bischoffsheim, on sait aussi qu'on est plus dans un monde de journaliers du biceps que des danseuses de ballet. Mais... Mais quelle réussite ! Les Stiehr authentiques le sont... vraiment : ils ont été conçus et réalisés sans faire semblant, sans une once de snobisme ou de sophistication, avec une sorte de candide franchise. Vous voulez un orgue parisien ? Allez à Paris. (C'est loin).
Les concessions
Des concessions, il fallut en faire. L'une d'elles était de se contenter d'instruments à un seul manuel. La plus grave, on le verra, c'était de se satisfaire d'un petit pédalier de 15 à 18 notes seulement. Cela fut acceptable, à la rigueur, jusqu'en 1870. Mais, après cela, les organistes, de mieux en mieux formés et motivés, ainsi que le public, de plus en plus musical, avaient de toutes autres attentes ! Il fallait pouvoir jouer "du répertoire" et le faire bien. Et là, les 12 à 15 jeux se bousculant sur un seul manuel et le pédalier "pour tourner les pages" transformaient un peu "die alte Orgel" en piano à tuyaux (à la mécanique bruyante).
Pour parvenir à une empathie avec l'organiste de l'époque, il suffit de se (re)mettre dans la peau de celui de la fin du 20ème siècle, qui vient de vivre une "Restauration de l'Orgue Classé". Les virtuoses de l'inauguration, tellement à l'aise sur ce pédalier de 18 notes ("vous voyez bien qu'on y arrive") étaient partis. Ils avaient expliqué qu'il y a un merveilleux répertoire pour les orgues à un seul manuel. Au retour du vin d'honneur, les cotillons balayés, il fallait s'asseoir sur le banc, moteur éteint, en contemplant l'endroit où il y avait jadis le deuxième clavier (qu'on aimait bien), puis le pédalier (qu'on connaissait). Sans pouvoir rien dire, puisque ceux qui avaient voulu tout ça étaient de grands organistes. Au contraire, on était prié d'être content, vu ce que la commune a mis là-dedans, et dans la façade qui brille. On imagine quand-même que, parfois, un début de larme fut essuyé du coin d'un oeil. Et une envie de ressortir la guitare. N'oubliez pas que tout ça, il ne faut pas le répéter.
Bref, et quoiqu'on en dise, pour un organiste "dans la moyenne", un second manuel et un pédalier jouable sont une nécessaire source de motivation. Revenons à la période du Reichsland. Après 1890, en de nombreux endroits, on fit compléter le petit Stiehr avec un second manuel et étendre la pédale pour la rendre utilisable. Quoi de plus logique ? Ce fut évidemment pareil pour les petits Rinkenbach. Souvent, cela fut réalisé avec succès. Parfois pas. Les "théoriciens" de l'orgue de la fin du 20ème siècle ont appelé cela une "décadence". Le mot, outre qu'il connote "grave réac", était tout simplement un contresens. La musique était devenue incontournable, exigeante, et les orgues, qui ne sont pas des pièces de musée, devaient être adaptés à leur utilisation.
De la musique pour tous !
C'est ça : les orgues Stiehr ne sont pas des pièces de musée. Leur mission première était d'amener la musique dans les campagnes. A leur arrivée, des dizaines de paires d'yeux émerveillés contemplaient la chose folle, tellement chère, incroyable : "De la musique ! Pour nous ?" C'était le parfum de la parabole. Nul lauréat d'un Conservatoire ne devrait avoir le droit de toucher à un Stiehr (à moins d'y enseigner ; et on fera une exception pour les plus sympathiques) : ils sont faits pour les étudiants, ceux qui "s'y mettent", les organistes du dimanche. Les quintes parallèles y sont permises, et c'est toujours le Psaume 131 qui y est le plus beau. Leur mission future sera d'amener aux gens une musique qui ne soit pas contrôlée et formatée les géants du Streaming.
Donc, pour faire simple, les orgues Stiehr sont à la musique ce que le schnaps est à la cuisine. Un truc qui va avec, sans appellation contrôlée ni millésime, souvent sans étiquette, qui n'est pas le chef d'oeuvre de quel qu'artiste providentiel, mais le très bon boulot d'un des 10 ou 20 artisans qui se sont affairés à Seltz pendant plus d'un siècle.
Place à la liste d'instruments. Michel Stiehr est né en 1750. L'année qui nous prit Bach cherchait à se racheter.
Premiers travaux (1774-1803)
Michel Stiehr avait appris la facture d'orgue - comme son employeur Ferdinand Stieffell - dans la maison créée par Johann Philipp Seuffert (Gössenheim, 05/03/1693 - Würzburg 18/06/1780), et probablement avec Johann Philipp. Ce dernier avait pris la succession de Franz Karl Hillenbrand, après avoir pratiqué la facture d'orgues en Autriche, en Hongrie et en Bohème. La maison Seuffert devint plus tard une manufacture de pianos. En 1777, on retrouve Stieffell à Reichshoffen travaillant à son propre compte, avec Michel Stiehr comme contremaitre.
Johann Ferdinand Balthasar Stieffell (Würtzburg, 1737 - Rastatt, 1818) avait été apprenti chez Johann Conrad Prandenstein, puis chez Seuffert (dans sa ville natale, c'était logique) et... Jean-André Silbermann (entre 1758 et 1766). Il s'établit en 1767 à Rastatt (située à 10km de Seltz). [HOIB:p288]
Que ce soit vrai ou pas, ce passage chez Silbermann - s'il avait été attesté un peu plus tôt - aurait fait les délices de l'organologie du 20ème siècle, pour laquelle la "filiation par apprentissage" était fondamentale. On pouvait inclure Stieffell dans l'héritage Silbermann, et, par récurrence, Stiehr aussi ! Evidemment, dans les faits, cela ne change pas grand chose : qu'il ait travaillé pour Silbermann ou pas, Michel Stiehr a construit les orgues qu'il était logique de construire une fois installé à Seltz. Et cette épisode ne peut décemment pas faire de Stiehr un "élève de Silbermann". Stiehr n'est pas cité dans les archives de Jean-André, mais Josias par le Michel Stiehr (déjà établi à Seltz) pour rapporter qu'il a nettoyé et accordé en 1782 l'orgue (André Silbermann) de Rosheim.
Début 1789, les contribuables de Seltz se réunirent dans l'église paroissiale pour choisir ceux d'entre eux qui allaient les représenter à Haguenau, avec pour mission de faire figurer un allégement d'impôt en bonne place dans le "cahier de doléances". Qu'y avait-il comme orgue dans cette église à cette époque ? On ne sait pas trop, mais c'était déjà sûrement un premier instrument de Michel Stiehr, le "facteur local". Il l'aurait construit dès 1774. On n'est pas sûr, car l'instrument a été déménagé en 1837 à Fort-Louis, où il a été totalement détruit par faits de guerre le 15/03/1945. Là où les choses se compliquent, c'est qu'en 1793, les"Manteaux rouges" sont réputés avoir incendier l'église. Il est possible que l'orgue ait été sauvé. Ou alors, Stiehr en a reconstruit un autre après la Terreur et avant 1837. Tout cela pour dire qu'il nous "manque" ici probablement 2 orgues Stiehr, le premier datant de 1774.
1786 : Neuburg-am-Rhein (D, mitoyen à la frontière alsacienne), St-Remigius
C'est le plus ancien Stiehr conservé.
[DeWikipedia]
1791 :
Roppenheim (région de Bischwiller), Eglise protestante
Instrument actuel.
Partie instrumentale classée Monument Historique
(24/09/1971).
En 1957, Alfred Kern porta l'étendue de la pédale de 15 à 27 notes, mais l'instrument est complètement authentique, y-compris la façade. Les tourelles sont encore rondes, car les buffets de Michel Stiehr sont donc encore inspirés de ceux de son vieux maître Ferdinand Stieffell : ils sont de type classique français avec des influences germaniques (tourelle centrale large à 7 tuyaux). A la console, les tirants de jeux avec un point blanc central, qui vont inspirer les Wetzel par la suite.
[ITOA:pIV-538]
[PMSSTIEHR:p75]
Les ateliers Stiehr restèrent donc actifs jusqu'en 1792. La Terreur causa à Seltz une vague d'émigration, vers l'Allemagne puis la Russie. Stiehr put reprendre le travail en 1808.
Un travail de Michel Stiehr, difficile à dater est celui de Wintzenbach. C'est probablement l'orgue Rohrer de Molsheim qui fut posé à Wintzenbach, et muni d'une pédale par Michel Stiehr, qui remplaça aussi l'intégralité de la tuyauterie. On peut donc le considérer comme un Stiehr.
Le Premier empire et la Restauration : Michel Stiehr et Xavery Mockers
1804 marque le début du premier empire, mais aussi le moment où Xavery Mockers entra au service de Michel Stiehr. Et le jeune Joseph Stiehr prit rapidement une place importante dans la vie de l'atelier. C'est heureux, car le carnet de commandes devait être bien rempli : sous l'Empire et la Restauration (donc jusqu'en 1830), ce sont au moins 43 orgues neufs qui ont été livrés.
1808 :
Roeschwoog (région de Bischwiller), St-Barthélemy
Instrument actuel.
Partie instrumentale classée Monument Historique
(02/11/1971).
Cet instrument était pour Stiehr une telle réussite qu'il inspira bon nombre de ses ouvrages suivants. il y trouva, en particulier, son style de buffet, avec les tourelles plates (ou, autrement dit, des plates-faces hautes servant de tourelles).
[ITOA:pIV-531]
[PMSSTIEHR:p61]
Notons que *tous* les buffets construits par les Stiehr et les Mockers sont en chêne. Et c'est peut-être aussi le moment d'ajouter que presque tous les Stiehr sont accordés plutôt grave, soit La 415 Hz ou Sib 440 Hz (environ un demi-ton plus grave que le diapason moderne).
1809 :
Huttenheim (région de Benfeld), St-Adelphe
Instrument actuel.
Les compositions, dites "de transition", sont élaborées sur un squelette hérité l'esthétique classique du 18 ème : un étagement de Principaux couronnés par un Plein-jeu, complétés par un grand dessus de Cornet de 5 rangs, posté. La base de jeux de fonds est renforcée : généralement une Gambe, une grosse Flûte "majeure" en bois, ouverte, et bien sûr, le fameux Salicional qui était le jeu fétiche de Stiehr. A Huttenheim, le Salicional n'était probablement pas prévu au devis, mais fut ajouté qu'au cours des travaux. La pédale est fournie, systématiquement fondée sur 16 pieds, mais limitée en étendue (1 octave 1/2 étant la norme "à la campagne"). On va trouver par la suite des pédales de 18 notes avec de 7 jeux, complétant la version de Huttenheim avec des Gambes de 16' et 8' et un Prestant, ou alors un 16 pieds ouvert épaulé par une Gambe 8', et une Bombarde 16'.
[ITOA:pIII-280]
[PMSSTIEHR:p112]
Une inscription, retrouvée dans l'orgue de Brumath, poste la signature du "triumvirat" : Franz Xavery Mockers, Michael Stiehr, Joseph Stiehr. Xavery Mockers, gendre du Patron depuis 1807, n'était pas encore son associé en 1810, puisqu'il toucha une prime à l'achèvement de l'orgue de Brumath.
![Franz Xavery Mockers Michael Stiehr Joseph Stiehr conscribirter im Jahr 1810 [le second '1' est un '0' raturé en '1'], Sohn Dessen. Diese Orgel ist verfertigt worden im Jahr 1809 in die hiessige ['Ki' raturé] Prodestantige Kirch in Brumath. War des Meister davon Michael Stiehr von Seltz gebürdig von Kiernach in Franken.](../images/brumatpi.jpg)
Franz Xavery Mockers
Michael Stiehr
Joseph Stiehr
conscribirter im Jahr 1810 [le second '1' est un '0' raturé en '1'], Sohn Dessen.
Diese Orgel ist verfertigt
worden im Jahr 1809 in
die hiessige ['Ki' raturé] Prodestantige
Kirch in Brumath. War des Meister
davon Michael Stiehr von Seltz
gebürdig von Kiernach in Franken.
"Kiernach" = Kürnach est donc confirmé comme lieu de naissance de Michel Stiehr (Würzburg, localité voisine plus importante servait juste à la localisation géographique). Pour éviter toute ambiguïté, rappelons que "Franken" ne désigne pas la France, mais la Franconie (qui est à l'Allemagne ce que le Cantal est à la France).
1680
Orgue attesté à Mutzig
1749
Rohrer du chapitre de Surbourg (voir Haguenau, St-Georges)
1756
Jean-André Silbermann à Offendorf
1889
Martin Rinckenbach à Offendorf
1931
Schwenkedel déménage le Stiehr plutôt que de le reconstruire
1931
Georges Schwenkedel à Mutzig
1945
Destruction par faits de guerre
1963
Jean-Georges Koenig à Offendorf
1981
Alfred Kern à Saulxures
1982
Jean-Georges Koenig à Eckbolsheim
1812 :
Gresswiller (région de Molsheim), St-Martin
Instrument actuel.
Selon les voeux du curé Goug et de son conseil de fabrique, ce n'est pas un buffet "type Roeschwoog" mais un "classique français" qui fut construit. limité à un seul manuel à l'origine (et probablement une pédale de 15 notes), l'instrument fut doté d'un second manuel par Franz Xaver Kriess en 1898. Sûrement pour se venger de l'authenticité perdue, les années 1960 y mirent un Larigot.
[ITOA:pIII-213]
[PMSSTIEHR:p119]
1815 :
Mutzig (région de Molsheim), St-Maurice
Remplacé par Georges Schwenkedel (1931), déménagé à Eckbolsheim,
St-Cyprien.
Ce fut donc le second Stiehr déménagé à
Eckbolsheim ! Il a eu beaucoup plus de chance que le premier, même s'il se retrouve aujourd'hui avec deux Cymbales et deux Doublettes. Mutzig ne regrette rien : Georges Schwenkedel y posa une des merveilles de l'orgue alsacien.
[ITOA:pIII-411]
[PMSSTIEHR:p127]
1680
Orgue attesté à Mutzig
1749
Rohrer du chapitre de Surbourg (voir Haguenau, St-Georges)
1756
Jean-André Silbermann à Offendorf
1889
Martin Rinckenbach à Offendorf
1931
Schwenkedel déménage le Stiehr plutôt que de le reconstruire
1931
Georges Schwenkedel à Mutzig
1945
Destruction par faits de guerre
1963
Jean-Georges Koenig à Offendorf
1981
Alfred Kern à Saulxures
1982
Jean-Georges Koenig à Eckbolsheim
1815 :
Epfig (région de Barr), St-Georges
Instrument actuel.
La Tierce, le Sifflet et la Cymbale au grand-orgue sont de 1981, mais ces jeux étaient présents en 1815. Cet instrument est l'une des plus belles réalisations du début du 19ème en Alsace. En 2011, il fut confié à Richard Dott pour un relevage complet.
[ITOA:pIII-156]
[PMSSTIEHR:p128]
1822
Michel Stiehr à Schirmeck
1863
1863
Stiehr Frères à Schirmeck
1912
Martin et Joseph Rinckenbach à Schirmeck
Un peu après 1823, Michel Stiehr posa un petit orgue "de salon" de 8 registres à l'Ecole Normale "interconfessionnelle" de Strasbourg. Il n'est pas sûr qu'il en ait été l'auteur. Il ne faut pas le confondre avec l'orgue Stiehr construit en 1839 pour le "Petit Séminaire" (6, place St-Louis et qui alla ensuite à Strasbourg, St-Etienne). La confusion vient du fait que l'Ecole Normale (fondée par Lezay-Marnésia en 1810) a été installée dans les locaux du Grand Séminaire de 1813 à 1823 (date de la fourniture de l'orgue Stiehr). L'Ecole Normale de Lezay-Marnésia fut déménagée en 1823 au 8, place St-Pierre-le-Jeune (et c'est probablement là que Stiehr posa le petit instrument). En 1834, elle changea encore de locaux, cette fois pour la rue St-Elisabeth. Là-bas, en 1838, Martin Wetzel ajouta à l'orgue un Salicional et un bon "Cleron". [PMSSTIEHR:p165,316]
1827 :
Still (région de Molsheim), St-Mathias
Remplacé par Stiehr (1875).
En septembre 2015, quelques jours après les Journées du Patrimoine, Still a remplacé son orgue par un ersatz électronique. Une tradition organistique datant de 1750 s'est éteinte. Alors, qu'il y ait eu un ou deux orgues Stiehr à Still (1827 et 1875), il est probable que plus personne là-bas ne s'en soucie.
[IHOA:p180a]
[ITOA:4p652]
[PMSSTIEHR:p196,657]
1828
Xavery Mockers à Heiligenberg
1869
1869
Xavier et Ferdinand Stiehr à Heiligenberg
vers 1930
Franz Heinrich Kriess à Heiligenberg
1829
Stiehr à Urmatt
1865
1865
Stiehr à Urmatt
1903
Edmond-Alexandre Roethinger à Urmatt
1974
Yves Koenig à Urmatt
En 1829 mourut Michel Stiehr. Mais, en la personne de Joseph, la relève était parfaitement assurée.
La Monarchie de Juillet, ou Stiehr sans Michel

Joseph Stiehr (1792-1867), facteur d'orgues à Seltz.
Tel qu'il apparait pl.38 de l'ouvrage de Médard Barth. (Dessin de P. Spindler)
1836 :
Bergbieten (région de Wasselonne), St-Laurent
Instrument actuel.
Disposant d'un seul manuel et d'une pédale réduite à l'origine, l'orgue avait été fort joliment complété par Franz Xaver et Franz Heinrich Kriess, probablement en 1905. Malheureusement, on livra aussi l'instrument Robert Kriess, en 1975. En pleine vague néo-baroque, il découpa plusieurs jeux (le Violoncelle de Pédale en un 4 pieds, la Voix céleste et le Dolce du Récit en un Larigot 1'1/3 et une Flûte 2', et la Gambe du Grand-orgue en Flûte 2').
[ITOA:pIII-33]
[PMSSTIEHR:p231]
1833 :
Guewenheim (région de Thann), St-Maurice
Instrument actuel.
L'un des Stiehr du Haut-Rhin, et aussi sûrement l'un des mieux mis en valeur, puisqu'il est le siège d'une intense activité culturelle. Sur les terres des Callinet, Stiehr construisit un buffet "à la française", avec des tourelles semi-circulaires. L'instrument n'avait qu'un manuel à l'origine, et c'est Louis-François Callinet qui le dota d'un second, en 1882.
[ITOA:pII-135]
[PMSSTIEHR:p237]
avant 1840 :
Thanvillé (région de Villé), St-Jacques Majeur
Instrument actuel.
Partie instrumentale classée Monument Historique
(18/07/1980).
[ITOA:pIV-787]
[PMSSTIEHR:p730]Le petit orgue de Thanvillé est représentatif de la production Stiehr. Martin Rinckenbach le dota d'une Soubasse, et, curieusement, d'un Salicional - sûrement le jeu préféré de Michel Stiehr - qui avait été "oublié" à l'origine... Le résultat est, comme on peut s'y attendre, très réussi.
1834 :
Didenheim (région de Mulhouse), St-Gall
Instrument actuel.
Retour dans le Haut-Rhin, et donc aux tourelles circulaires et au style classique français pour le buffet. Les couronnements, par contre, sont caractéristiques de la première moitié du 19ème. L'instrument n'avait qu'un manuel à l'origine, et c'est François Antoine Berger qui le dota d'un second, dès 1870.
[ITOA:pII-95]
[PMSSTIEHR:p717]
C'est en 1830 que Jean-François Champollion et Ippolito Rosellini étaient revenus d'Egypte, validant leur compréhension des hiéroglyphes.
On a retrouvé dans les archives Stiehr une gravure montrant le buffet de l'orgue Eberhard Friedrich Walcker, 1833 de l'église St-Paul de Francfort. C'est un buffet rectangulaire, avec quatre colonnes à chapiteaux grecs.
1835 :
Dinsheim-sur-Bruche (région de Molsheim), Sts-Simon-et-Jude
Instrument actuel.
Dinsheim-sur-Bruche est village natal de François Xavier Mathias. Le 07/01/1987, l'église fut victime d'un grave incendie. Presque tous les tuyaux métalliques du grand-orgue ont fondu jusqu'au niveau du biseau. Expertisé en 1987 par Robert Pfrimmer, l'orgue a été restauré en 1990 par Yves Koenig dans son état de 1835 (mais bien sûr avec une pédale de 27 notes).
[ITOA:pIII-121]
[PMSSTIEHR:p249]
1836 :
Itterswiller (région de Barr), St-Rémi
Instrument actuel.
L'ensemble est tellement enthousiasmant que le pédalier (15 notes) fait vraiment peine à voir, et penser à ce que l'on rate au lieu de ce que l'on a... Le buffet, muni d'un tympan triangulaire, est à l'apogée du style empire-orientalisant (voir aussi
Hochfelden), avec pilastres, cartouches. Même les jouées ont été adaptées au style.
[ITOA:pIII-293]
[PMSSTIEHR:p251]
1837 :
Seltz, St-Etienne
Remplacé (1945).
L'instrument a été totalement détruit en 1940. Il y eut d'abord par un orgue provisoire, puis par le grand Curt Schwenkedel actuel. On reviendra sur son histoire à la fin de l'histoire. Cet instrument était muni de claviers blancs, et on connait sa composiiton (rappelons que l'on est en 1837) :
Composition, Devis
Positif de dos, 54 n. (C-f''')
Grand-orgue, 54 n. (C-f''')
C-G en sapin
(G-f''')
(c'-f''')
Echo, 35 n. (g-f''')
Etain
Pédale, 20 n. (C-g)
Ouvert
Grosse caisse
Cymbales
Percussion
[PMSSTIEHR]
La réalisation prit du retard, surtout dû au fait que le famauex Zégowitz s'en mèla. L'administration de l'époque mandatait de tels parasites, incompétents, et grassement payés, qui rendaient généralement les orgues moins bons tout étant aussi cher (dans le but de faire des "économies"). L'organiste Fux releva la composition en 1838 : c'était à peu près ce qui figurait au devis, sauf que la Flûte 8' de l'écho étant en 4' et que le positif était doté d'un dessus de Flûte traverse en plus. Pour la grosse caisse et les cymbales, on ne sait pas...
[ITOA:p-]
[PMSSTIEHR:p260]
1837 :
Forstheim (région de Woerth), St-Nicolas
Instrument actuel.
[ITOA:pIII-180]
[PMSSTIEHR:p269]L'instrument revient de loin : la grêle en 1897, plusieurs modification pas trop datées. Il a été remis en état et muni d'un Larigot par Gaston Kern en 1987. Mais un nouveau coup du sort climatique attendait l'instrument : lors de la tempête survenue le 08/05/2003, l'orgue fut victime de dégâts d'eau (sommiers inondés). Les travaux de remise en état ont été menés par la maison Kern de septembre à octobre 2004.
1838 :
Lembach (région de Wissembourg), Eglise protestante
Remplacé par Dalstein-Haerpfer (1909).
Lembach aussi fut victime du fameux Zégowitz, qui réclamma sans vergogne 5% du prix de l'orgue comme rétribution pour ses nuisibles élucubrations. Rappelé à l'ordre par la préfecture, il insista faisant preuve d'une mauvais foi peu commune, et ses magouilles auraient prêté à sourire si elles n'avaient pas gravement retradé la réception de l'instrument, donc le payement de l'artisan. A noter : l'apparation du Bourdon 16' sur un orgue d'un seul manuel. Ce jeu allait devenir incontournable pour toute la suite du 19ème siècle.
[ITOA:pIII-333]
[PMSSTIEHR:p271]
1619
à Marienthal, orgue attesté, de facteur inconnu
1807
à Weitbruch, orgue attesté, de facteur inconnu
1819
Orgue Geib à Marienthal
1823
Orgue Möller à Uberach
1851
Orgue Geib à Kaltenhouse
1871
Stiehr Marienthal->Uberach
1872
Stiehr à Marienthal ; Weitbruch->Kaltenhouse
1872
Xavier Stiehr à Weitbruch
1898
Roethinger à Marienthal
1948
Recontruction à Uberach
1962
Schwenkedel à Marienthal
1992
Restauration à Uberach
1839 :
Ernolsheim-Bruche (région de Molsheim), Sts-Cosme-et-Damien
Instrument actuel.
Un élément particulièrement original est la demi-rosace en bois qui surmonte la plate-face centrale. Cette demi-rosace se retrouve 9 ans plus tard sur le positif de dos du projet de l'orgue de
Hochfelden (mais n'a pas été réalisée).Un relevage, mené par Yves Koenig en 2006, lui a heureusement laissé son second manuel et son pédalier de 27 notes posés par Franz Xaver Kriess en 1896. Bourdon 16' au manuel (unique).
[ITOA:pIII-159]
[PMSSTIEHR:p281]
1839 :
Strasbourg, St-Etienne
Remplacé par Jacquot-Lavergne (1937).
Le petit séminaire a été hébergé à St-Etienne de de 1823 à 1829. De nouveaux locaux furent inaugurés le 30/10/1828 au 6, place St-Louis, où le petit séminaire resta jusqu'en 1853 (date à la quelle il revint dans les nouveaux bâtiments de St-Etienne). L'orgue Stiehr inauguré le 17/01/1839 avait donc été construit pour le petit séminaire et installé place St-Louis. L'instrument de Stiehr a été (II/21 21r, pédale de deux octaves). En 1853, lorsque l'église St-Etienne fut rendue au culte, on y déménagea l'orgue Stiehr. Il y disparut vers 1937.
[IHOA]
[PMSSTIEHR:p281]
1839 :
Albé (région de Villé), St-Wendelin
Remplacé par Franz Xaver Kriess (1918).
Joseph Stiehr avait été recommandé par l'architecte-voyer Charles Théodore Kuhlmann (1801-1840).
1841 :
Hochfelden, Sts-Pierre-et-Paul
Instrument actuel.
Partie instrumentale classée Monument Historique
(11/09/1978).
Dès 1835 à
Willgottheim
Dettwiller, Joseph Stiehr avait réalisé des buffets empire marqués d'influences "antiques". Ils sont probablement inspirés de l'orgue Walcker, 1833, de l'église St-Paul de Francfort. D'autres buffets du même style se trouvent à
Itterswiller (1836),
Kaltenhouse (
Weitbruch, St Gall, 1838),
Surbourg
(1840),
Friesenheim (Flexbourg, 1840),
Mothern (1841),
Mattstall (1841),
Kertzfeld (1842, avec une ornementation différente),
Rumersheim (1842),
Littenheim (1843),
Wingen (1845),
Hoffen (1846),
Dieffenbach-lès-Woerth (1847),
Dangolsheim (1848),
Mittelschaeffolsheim (1848)... et de très nombreux autres, puisqu'on en retrouve certains éléments jusqu'en en 1879 (
Obenheim : pilastres, chapiteaux d'orgue grec, ici ioniques). Mais ici, le côté "Champollion" prit ici une ampleur considérable. Sur le dessin du projet de bufet, le positif de dos est muni d'une demi-rosace, comme à
Ernolsheim-Bruche ; mais elle n'a pas été réalisée ici.
[ITOA:pIII-262]
[PMSSTIEHR:p289]
La mode "égyptienne" n'est d'ailleurs pas prêt de s'éteindre : concerto pour piano "L'Egyptien" de Camille Saint-Saëns date de la fin des années 1880.
1841 :
Zillisheim (région de Mulhouse), St-Laurent
Remplacé par Berger (1868).
C'est un des rares Stiehr Haut-Rhinois. Cependant, cette incursion en Haute-Alsace permit à la maison Stiehr d'élargir sa gamme de buffets, en y intégrant des modèles à 4 tourelles. Cela se fit, on le verra, sur plus de 30 ans. Les "4 tourelles" constituent un dessin profondément Haut-Rhinois, car il a été popularisé par les Callinet de Rouffach. La configuration habituelle est de placer les deux petites tourelles au centre, ce que l'on retrouve pour les Stiehr de
Zillisheim (1841),
Riedisheim
(1853),
Helfrantzkirch (1858),
Wisches (1859),
Illkirch-Graffenstaden
(1866),
Bischwiller (1867),
Riedseltz (1870, tourelles aux différences de hauteur réduites),
Birlenbach (1876). Mais les 4 tourelles ont aussi été déclinés par la maison Stiehr "à l'envers", c'est-à-dire avec les grandes tourelles au centre :
Hoerdt (1847),
La Robertsau (1866),
Bernardswiller (1869, version néo-gothique),
Ottersthal (1869 version en tiers-point),
Nothalten (1871),
Minversheim (1877),
Munchhausen (1878),
Orschwihr (1881). Ainsi que l'orgue disparu de
Strasbourg,
St-Pierre-le-Jeune cath. (1865).
[ITOA:pII-501]
[PMSSTIEHR:p294]
1842 : Kandel (D, tout proche de la frontière), SteGeorges
C'était le deuxième orgue du lieu. Deux manuels et une vraie pédale de 25 figurent au devis, tout comme la composition, fondée sur un Quintaton 16'. Au second manuel, deux Salicionaux (8' et 4') et... un Larigot. L'anche était un Basson/Cor anglais. C'est l'orgue actuel de Kandel. Mais le plus important, probablement, fut le buffet : c'est le premier néo-gothique de la production Stiehr.
Composition, Devis
Hauptmanual, 54 n. (C-f''')
(C-f''')
(g-f''')
Reprises sur les Do
Chape vide
Oberwerk, 54 n. (C-f''')
Etroite
Reprises sur les Do
Pédale, 30 n. (C-f')
[PMSSTIEHR]
Voici donc une pédale de 30 notes ! Comme cela change des 15, 18 ou 20 habituellement proposés. La composition, aussi, est pour une fois "de son temps" : accouplement des claviers, tirasse, Flûte traverse, Flauto dolce, cinq fonds de 8' au grand-orgue... Stiehr se mit donc à construire un orgue romantique (ok, avec un Larigot...). Noter l'absence de Trompette 8' à la pédale (anche en 16' et 4'). Malheureusement, l'impact en Alsace semble avoir été limité, voir inexistant, et l'on y resta à l'orgue "de transition".
[PMSSTIEHR:p313]
[EvPfalz]
1842 :
Marlenheim (région de Wasselonne), Ste-Richarde
Remplacé par Edmond-Alexandre Roethinger (1925).
A l'occasion du marché pour cet orgue, l'impayable architecte d'arrondissement Louis Martin Zégowitz fut l'auteur d'un rapport d'anthologie (par ses descriptions techniques d'une incroyable maladresse). Il se termine par
"Peut-être conviendrait-il vu l'importance de la dépense, que le coulage des matières de composition pour les tuyaux se fasse en présence d'un délégué de la commune ou de l'architecte". Les années 1840, correspondent en effet aussi, surtout dans l'administration, aux triomphe du fayottage et des bavardages d'incompétents que l'on écoutait car ils étaient auréolés de titres ronflants...
Mais le plus important est ailleurs : l'orgue de Marlenheim, dans sa configuration actuelle, témoigne du fait qu'un Stiehr muni d'une bonne transmission pneumatique et d'un récit à la hauteur (dans tous les sens du terme), est un excellent instrument de musique !
[ITOA:pIII-357]
[PMSSTIEHR:p318]

Extrait de la chronique paroissiale de Marlenheim.
(Kirchenblatt = Katholisches Schul-und Kirchenblatt, 1843)
La chronique paroissiale de Marlenheim explique pourquoi on avait choisi un orgue Stiehr : "L'ancien orgue de notre église, qui a été trouvé insuffisant, a été vendu pour 1000 fr à la commune de Dingsheim, canton Truchtersheim, et a été remplacé par un orgue beaucoup plus considérable avec 32 jeux. Cet instrument qui se recommande par la puissance de ses jeux de fond et par la variété et le bon choix de ses jeux d'agrément, a été construit par Mrs Stiehr frères de Seltz au prix de 9000 fr, et a été solennellement inauguré le 20 Octobre 1842."
1843 :
Romanswiller (région de Wasselonne), Eglise protestante
Instrument actuel.
Cet instrument est l'un des orgues les plus célèbres du Net ! En effet, il a été "capturé" (enregistré note à note sur tous les jeux), et est à présent disponible (gratuitement) en tant qu'orgue "virtuel". L'orgue Stiehr de l'église protestante est donc probablement aujourd'hui... l'un des instruments le plus joué au monde !
[ITOA:pIV-537]
[PMSSTIEHR:p326]
1619
à Marienthal, orgue attesté, de facteur inconnu
1807
à Weitbruch, orgue attesté, de facteur inconnu
1819
Orgue Geib à Marienthal
1823
Orgue Möller à Uberach
1851
Orgue Geib à Kaltenhouse
1871
Stiehr Marienthal->Uberach
1872
Stiehr à Marienthal ; Weitbruch->Kaltenhouse
1872
Xavier Stiehr à Weitbruch
1898
Roethinger à Marienthal
1948
Recontruction à Uberach
1962
Schwenkedel à Marienthal
1992
Restauration à Uberach
1844 :
Phalsbourg, Notre-Dame-de-l'Assomption
Détruit en aôut 1870. Remplacé par Martin Rinckenbach (1896).
La maison Stiehr remplaça un orgue Krämer à Phalsbourg. L'instrument, probablement doté d'une trentaine de jeux, totalement détruit, par faits de guerre, le 14/08/1870.
[PMSCS78Phalsb]
[IOLMO]
1846 :
Krautwiller (région de Brumath), Eglise protestante
Instrument actuel.
Partie instrumentale classée Monument Historique
(08/05/1973).
On dit que l'orgue de Krautwiller est le plus petit instrument construit par la maison de Seltz. L'instrument disparu d'
Uttenhoffen devait beaucoup lui ressembler. Il n'y avait à l'origine pas de pédale indépendante. La maison Stiehr-Mockers a repris en 1858 à Mittelbergheim la pédale que Conrad Sauer avait construite en 1793 pour le "sixième Positif" d'André Silbermann après qu'il l'eut installé là-bas. Puis son sommier de 2 jeux fut installé en 1864 à Krautwiller, muni d'une Flûte 8' (de Sauer) et d'une Trompette, depuis remplacée par une Flûte 4'.
[ITOA:pIII-318]
[PMSSTIEHR:p368]
1848 :
Hoerdt (région de Brumath), Eglise protestante
Instrument actuel.
Partie instrumentale classée Monument Historique
(27/02/1980).
C'est un buffet à 4 tourelles, issue d'une déclinaison du style Haut-Rhinois que Joseph Stiehr avait utilisé à
Zillisheim. Mais ici, ce sont les tourelles centrales qui sont les plus grandes. Sur le modèle de
Hoerdt
(1848) furent dessinés ceux de
La Robertsau (1866),
Bernardswiller (1869, version néo-gothique),
Ottersthal (1869 version en tiers-point),
Nothalten (1871),
Minversheim (1877),
Munchhausen (1878),
Orschwihr (1881). Ainsi que l'orgue disparu de
Strasbourg,
St-Pierre-le-Jeune cath. (1865).
[ITOA:pIII-267]
[PMSSTIEHR:p364]
La deuxième République
1848 :
Mittelschaeffolsheim (région de Brumath), St-Sébastien
Instrument actuel.
Partie instrumentale classée Monument Historique
(06/08/1987).
On peut se demander à quoi peut servir une pédale indépendante de 15 notes, surtout fondée sur 8 pieds (la Soubasse n'a été placée ici que plus tard). Michel Chapuis prétend avec humour qu'il s'agit d'un accessoire permettant de tourner les pages (il assortit son propos d'une démonstration au cours de laquelle sa virtuosité lui permet de prendre à la pédale la partie de main gauche lorsque cette dernière est censée tourner une page). Mais les organistes-instituteurs du 19ème n'avaient sûrement pas la virtuosité de Michel Chapuis... Il y a fort à parier que ces petites pédales indépendantes servaient à "asseoir le ton" de certains accords, surtout des cadences (il suffirait donc de 12 notes). 15 notes permettent quand même de jouer toutes les résolutions dominante->tonique par quarte ascendante à l'exception de la tonalité de Mi. Il est peu probable que la pédale ait été commandée réduite au départ dans l'intention de l'étendre plus tard, car l'architecture intérieure de l'instrument ne rendait pas du tout la chose aisée. C'était donc une concession, applicable "à la campagne", et on peut penser qu'en l'absence de consigne particulière (due à un organiste local à l'aise avec le pédalier standard), un tel orgue était muni d'une pédale de 15 ou 18 notes. Après 1870, quand les standards musicaux se furent considérablement élevés, ces concessions devinrent souvent acceptables. Cela explique que l'on demanda souvent de compléter les "petits Stiehr" pour les sortir d'une logique d'orgue d'accompagnement pur.
[ITOA:pIII-383]
[PMSSTIEHR:p355]
Marc Stiehr
Vers 1850 oeuvra le deuxième enfant de Joseph Stiehr et Ursula Mahler, Marc (22/10/1826 - Santiago du Chili, après 1878). Il quitta Seltz vers 1852, et ne laisse pas le souvenir de quelqu'un de très doué, loin s'en faut. On a retrouvé des traces de son passage à Nordhouse.
1852 :
Barr, Eglise protestante
Instrument actuel.
Partie instrumentale classée Monument Historique
(19/05/1972).
Le plus grand Stiehr construit par Ferdinand et Xavier Stiehr, les futurs "Stiehr-Frères" (en 1852, il n'y avait encore qu'une maison Stiehr. Mais, outre la maison Stiehr, le principal concepteur de l'orgue de Barr fut l'instituteur-organiste du lieu, Jean-Frédéric Wenning. C'est lui qui, en 1849, rédigea un projet d'orgue fort détaillé.
[ITOA:pIII-24]
[PMSSTIEHR:p405]
1852 :
Orschwiller (région de Sélestat), St-Maurice
Instrument actuel.
Partie instrumentale classée Monument Historique
(1987).
Dans l'Inventaire historique des orgues d'Alsace de 1987, sous Orschwiller, on peut lire "4 septembre 1985: incendie de l'église: orgue détruit". Mais l'orgue Stiehr de 1852 a bel et bien survécu. restauré par la manufacture Muhleisen en 1988 dans son état de 1852, et il est aujourd'hui classé Monument historique. Le dessin a été repris, sans positif de dos, à
Boofzheim (1855).
[ITOA:pIV-481]
[PMSSTIEHR:p410]
Le Second Empire jusqu'aux deux sociétés
1856 :
Wilwisheim (région de Hochfelden), St-Martin
Instrument actuel.
Le dessin du buffet est dû à Furst, l'architecte de l'arrondissement de Saverne. Il s'inspira des orgues Stiehr du début du siècle, ce qui donne à cet instrument un air de ressemblance avec ceux de Michel Stiehr construits une cinquantaine d'années auparavant... ce qui devait parfaitement convenir à Joseph Stiehr, qui n'est pas connu comme un progressiste forcené. L'arc de la tourelle centrale lève le doute : il s'agit bien d'un orgue de la seconde moitié du 19 ème siècle.
[ITOA:pIV-853]
[PMSSTIEHR:p452]

Le dessin de Furst pour Wilwisheim.
1856 :
Mommenheim (région de Brumath), St-Maurice
Remplacé par Franz Xaver Kriess (1923).
L'orgue a été restauré dans son état de 1856 par Gaston Kern en 2000 (sauf la pédale, qui n'est heureusement pas revenue à 18 notes !). Façade neuve, mécanique et console neuves. A part les Principaux et la Fourniture, le matériel Stiehr est encore là, spécialement les anches, ce qui n'est pas si courant. Le Hautbois vient d'ailleurs, mais il est de Stiehr. L'orgue a été inauguré le 02/04/2000 par Nicolas Loth, Marc Baumann et la chorale Ste-Cécile.
[ITOA:pIII-393]
[PMSSTIEHR:p456]
1857 :
Gunstett (région de Woerth), St-Michel
Instrument actuel.
Chez Stiehr, la part d'originalité qui, bien souvent, échappe à la partie instrumentale se retrouve parfois, comme ici, dans le buffet. C'est une évolution du dessin de Furst pour
Wilwisheim, en plus grnd, avec des couronnements et un positif de dos. Notons que les porcelaines (aux tirants de jeux) décrites par l'inventaire ont depuis été remplacées par des étiquettes : en 1857, les tirants Stiehr étaient encore repérés par des étiquettes en papier.
[ITOA:pIII-225]
[PMSSTIEHR:p460]
C'est l'orgue pour lequel le devis fut "mis au propre" avec de jolies perles, sûrement par un copiste peu habitué aux arcanes du monde de l'orgue : on y trouve deux claviers de 54 touches "dont les faîtes seront plaquées en ivoire et les dièzes en chêne", un jeu nommé "Ophygleite 18'" (ayant probablement inspiré Robert Desnos) et un tremblant doux à 18 tuyaux.
1857 :
Obermodern (région de Bouxwiller), Eglise protestante
Instrument actuel.
Partie instrumentale classée Monument Historique
(06/08/1987).
A l'examen de la proposition de Stiehr (acceptée par la commune), le conseil presbytéral d'Obermodern et Schalkendorf trouva la composition est satisfaisante, sauf sur un détail :
"[...]Que la composition des registres ne laisse rien à désirer; mais qu'après l'acte passé, des voix nombreuses ont manifesté le voeu de voir compléter l'ensemble du jeu d'orgue par le registre nommé "Voix humaine". Que ce registre peut contribuer beaucoup à l'édification des fidèles, mais que le budget communal, ayant déjà fait son possible, ne pourrait plus faire face aux dépenses pour ce registre, qui est évalué par M. Stiehr [...] à 300 fr. [...] Arrête : un crédit de 300 fr. est voté." Stiehr installa un peu plus tard la Voix humaine voulue par la paroisse. Vers 1930, ce jeu tant désiré ne devait plus édifier personne, car il fut remplacé par un Gemshorn 4'. Le dessin du buffet fut repris en 1861 à
Schillersdorf.
[PMSSTIEHR:p465]
1859 :
Wisches (région de Schirmeck), St-Michel
Instrument actuel.
Partie instrumentale classée Monument Historique
(02/04/1997).
Doté d'un somptueux récit par Jean-Nicolas Jeanpierre en 1873, cet orgue est vraiment exceptionnel. Le buffet est un "4 tourelles". Sur le modèle de celui de
Zillisheim (1841) furent dessinés ceux de
Riedisheim (1853),
Helfrantzkirch (1858),
Wisches (1859),
Illkirch-Graffenstaden (1866),
Bischwiller (1867),
Riedseltz (1870, tourelles aux différences de hauteur réduites),
Birlenbach (1876). Mais ici, le dessin est présenté dans une version "rectangularisée" par occupation de l'espace entre les tourelles. Notons que cette tendance trouve son origine à la fin du 18ème siècle, par exemple avec Jean-André Silbermann à
Gries.
[ITOA:pIV-866]
[PMSSTIEHR:p482]
1860 :
Rosheim, St-Etienne
Remplacé par Joseph Rinckenbach (1925).
C'était un 3-claviers, avec positif de couronne et écho complet, dont la pédale avait 25 notes. Le buffet est apparenté à celui de
Hoerdt (4 tourelles, les plus grandes au centre), mais le dessin est très original avec le positif placé en "Kronwerk" (comme à
Bischoffsheim).
[ITOA:pIV-545]
[PMSSTIEHR:p490]
1860 :
Zeinheim (région de Marmoutier), Sts-Côme-et-Damien
Instrument actuel.
C'est un orgue des Ferdinand et Xavier Stiehr, construit juste avant qu'ils ne fondent leur propre société. Ce buffet est inspiré de celui de
Wilwisheim : cela ne se voit pas du premier coup d'oeil ! Mais son plan était joint au devis Stiehr, qui date du 25/10/1859 et il y est précisé que le buffet sera exécuté selon ce plan. Or, le dessin du buffet de Wilwisheim était dû à Furst, l'architecte de l'arrondissement de Saverne, qui avait repris, en 1854, un dessin caractéristique des premiers orgues Stiehr, ceux de Michel ("façon Roeschwoog", qui date du tout début du siècle). Toutefois, en 1860, on préférait les buffets-caisse, bien rectangulaires. A Zeinheim, tout en reprenant le dessin de Furst, les frères Stiehr complétèrent finalement l'espace au-dessus des plates-faces, donnant à l'ensemble une forme rectangulaire. Ceci explique pourquoi ces deux orgues de la seconde moitié du 19 ème siècle ressemblent tant aux premiers orgues Stiehr, même si, en particulier à Zeinheim, le dessin a été mis au goût de l'époque.
[ITOA:pIV-891]
[PMSSTIEHR:p497]
1861 : mort de Xavery Mockers.
Les deux maisons Stiehr jusqu'au Reichsland (1860-1870)

Xavier Stiehr (1808-1873), facteur d'orgues à Seltz.
Tel qu'il apparait pl.39 de l'ouvrage de Médard Barth.
C'est le cadet des "Stiehr Frères" (Ferdinand étant son aîné de 3 ans ;
les deux sont fils de Michel Stiehr et de Juliana Von Hatten).
Notons que Joseph Stiehr, qui mena la maison de Seltz de 1829 à 1862, était leur demi-frère.
Vers 1860, la maison Stiehr s'est scindée en deux :
- - 1) Stiehr-Mockers : Joseph Stiehr, son fils Léon, les Mockers, jusqu'en 1891 (mort de Léon)
- - 2) Stiehr Frères : Ferdinand et Xavier Stiehr et leurs fils Théodore et Auguste.
On ne sait pas exactement quand fut créée la seconde société. Avant 1860, on emploie régulièrement, dans les devis, l'expression "les frères Stiehr". Probablement parce qu'ils prenaient en charge une bonne partie des efforts de vente. Il n'est souvent pas possible de décider s'il faut attribuer un orgue à Stiehr-Mockers ou à Stiehr Frères. En fait, la "séparation" semble avoir été très théorique, et permettant l'échange de quelques affaires, ainsi que le partage de resources (fonderie). Jusqu'à sa mort, Joseph Stiehr semble avoir eu son mot à dire des deux côtés. Les deux maisons Stiehr vont exister conjointement jusqu'en 1891, les Mockers intervenant dans les deux, malgré le nom. Ils prirent de plus en plus d'importance, et, on le verra, ce sera sur la fin les seuls Mockers qui perpétueront la tradition de facture d'orgues à Seltz.
Notons que bien avant que ce soit officiel, Ferdinand et Xavier construisaient des orgues de leur côté : par exemple Barr (1852) Zeinheim (1860).
1863 :
Buhl-Seltz (région de Seltz), Eglise protestante
Remplacé par Franz Staudt (après 1926).
A coup sûr, cet orgue est un "
Stiehr Frères" (devis, réception, tout concorde). C'est l'un des premiers que l'on peut leur attribuer sans aucun doute. Mais la datation des orgues se faisant lors de leur réception, cela signifie que la séparation a effectivement du se passer en 1861 ou 1862.
[ITOA:p-]
[PMSSTIEHR:p523]
1822
Michel Stiehr à Schirmeck
1863
1863
Stiehr Frères à Schirmeck
1912
Martin et Joseph Rinckenbach à Schirmeck
1863 :
Waldolwisheim (région de Saverne), St-Pancrace
Instrument actuel.
C'est l'un des Stiehr les plus célèbres, puisqu'il occupe un buffet Silbermann (1733) : celui de
Rosheim. En effet, suite aux délires de quelque intégriste historisant, on avait là-bas décidé que l'orgue Silbermann ne faisait pas assez "roman" (!), et on eut l'idée saugrenue, pur faire plaisir au Savonarole, de placer l'orgue dans un local où il serait invisible et cesserait enfin de heurter la sensibilité des vrais Connaisseurs d'Art... Tant qu'à faire, on le dépouilla de son buffet, et Joseph Stiehr le récupéra pour placer son orgue neuf de Waldolwisheim. Il faut attribuer la partie instrumentale à
Stiehr-Mockers.
[ITOA:pIV-817]
[PMSSTIEHR:p533]
1829
Stiehr à Urmatt
1865
1865
Stiehr à Urmatt
1903
Edmond-Alexandre Roethinger à Urmatt
1974
Yves Koenig à Urmatt
1865 :
Strasbourg, St-Pierre-le-Jeune cath.
Remplacé par Heinrich Koulen (1894), déménagé à Schiltigheim,
Ste-Famille.
Le buffet était doté de quatre tourelles rondes (donc d'influence haut-rhinoise), les deux plus grandes étant au centre. Sur le modèle de
Hoerdt (1847) furent dessinés ceux de
La Robertsau (1866),
Bernardswiller (1869, version néo-gothique),
Ottersthal (1869 version en tiers-point),
Nothalten (1871),
Minversheim (1877),
Munchhausen (1878),
Orschwihr
(1881).
[ITOA:pIV-599]
[PMSSTIEHR:p562]
1866 :
Dieffenthal (région de Sélestat), St-Michel
Instrument actuel.
Avec son pédalier de 30 notes (18 au sommier de pédale), sa bombonnière, et son tremblant orthographié "Tramblant" à la console, c'est vraiment un orgue sympathique. A la dernière visite, toutefois, la bombonnière avait disparu ; en cours de réapprovisionnement, il faut espérer.
[ITOA:pIII-118]
[PMSSTIEHR:p565]
1866 :
La Robertsau (région de Strasbourg), St-Louis
Remplacé par Franz Xaver Kriess (1905).
L'affaire a été menée par Joseph Stiehr, et il faut l'attribuer à la maison
Stiehr-Mockers. Cet orgue revient de très loin : en 1970, il était pratiquement injouable. Il fut alors décidé de restaurer l'instrument dans son état de 1866. Les travaux ont été confiés à Yves Koenig, de Sarre-Union, sous la maîtrise d'oeuvre de Robert Pfrimmer. Ils ont été achevés en 1990, Ernest Bohn étant organiste de l'instrument.
[ITOA:pIV-757]
[PMSSTIEHR:p571]
1866 :
Illkirch-Graffenstaden, St-Symphorien
Instrument actuel.
L'affaire a été menée par Joseph Stiehr, dont c'était l'un des derniers orgues, et il faut l'attribuer à la maison
Stiehr-Mockers. Le buffet est à 4 tourelles. Sur le modèle de celui de
Zillisheim (1841) furent dessinés ceux de
Riedisheim (1853),
Helfrantzkirch (1858),
Wisches
(1859),
Illkirch-Graffenstaden (1866),
Bischwiller (1867),
Riedseltz
(1870, tourelles aux différences de hauteur réduites),
Birlenbach (1876).
[ITOA:pIII-282]
[PMSSTIEHR:p580]
1866 : Audincourt (25), Temple
C'était un orgue
Stiehr-Mockers de 12 jeux avec un seul manuel. Le buffet à trois tourelles était (timidement) néo-gothique. Bien sûr, il fallut compléter l'instrument, et, finalement, c'est un orgue presque neuf, sans buffet, qui le remplaça en 1968.
[temples.free.fr]
[PMSSTIEHR:p581]
Le 27/01/1867 mourut Joseph Stiehr. On retrouvera en 1985, à l'intérieur d'un sommier de l'orgue de Bischwiller, l'inscription suivante :

Stiehr fils et Mockers
successeurs de Stiehr Joseph
facteurs d'Orgues à Seltz (Basrhin)
1867
La maison "Stiehr-Mockers" se composait de Léon, Edouard (et du jeune Louis Joseph) Stiehr, ainsi que de Félix et Joseph Mockers.
Pour la maison "Stiehr Frères" c'était la génération des soixantenaires, Ferdinand et Xavier, plus la suivante : Théodore et Auguste (leurs fils respectifs).
C'est aussi ici que commence le "Cahier Mockers", sur lequel Félix Mockers consigna, à partir du 23/03/1867 et jusqu'en 1920, tous ses travaux. La liste est publiée, pages 583-95 de l'ouvrage de Pie Meyer-Siat sur les Stiehr. Elle précède celle du "Cahier Mockers-Ginter", c'est à dire la partie recopiée par Louis Ginter d'un cahier de 8 pages qui était resté dans la famille Mockers.
Le premier orgue d'Altwiller (1868) est traditionnellement attribué aux frères Wetzel, mais il n'est pas totalement exclus qu'il est été posé par Stiehr. En tous cas, l'orgue actuel comporte des éléments Stiehr.
1869 :
Bernardswiller (région d'Obernai), Notre-Dame
Remplacé par Edmond-Alexandre Roethinger (1932).
Logé dans un très beau buffet néo-gothique, qui est la déclinaison dans ce style de du dessin "4 tourelles avec les plus grandes au centre". Sur le modèle de
Hoerdt (1847) furent dessinés ceux de
La Robertsau (1866),
Bernardswiller (1869, version néo-gothique),
Ottersthal (1869 version en tiers-point),
Nothalten (1871),
Minversheim (1877),
Munchhausen (1878),
Orschwihr (1881). L'orgue est à attribuer à
Stiehr-Mockers. Le dessin d'un premier projet de buffet, par Joseph Stiehr, a finalement été réalisé (en version réduite), en 1873 à
Stetten.
[ITOA:pIII-35]
[PMSSTIEHR:p614]
1869 :
Obernai, Hôpital
Cet orgue
Stiehr-Mockers était encore authentique en 1934, et encore bien là en 1963. On a probablement décidé que les hôpitaux n'ont plus besoin d'orgues : il fut déménagé dans les environs de Lille. Les deux derniers organistes s'appelaient Muller et Louis (Louis étant professeur de musique à l'école normale).
[ITOA:p-]
[PMSSTIEHR:p619]
1869 :
Orbey (région de Lapoutroie), St-Urbain
Remplacé par Schwenkedel (1945).
C'était un
Stiehr-Mockers. Chose merveilleuse : il était doté dès l'origine d'un vrai pédalier (25 notes). Le devis comporte un item curieux : "Un Buffet pour le Positif Expressif, en bois de sapin". Or, ce positif étant intérieur, il n'avait pas besoin de buffet.
[ITOA:pII-325]
[PMSSTIEHR:p621]
L'explication (inquiétante), est que la maison Stiehr appelle "buffet du positif expressif" la boîte expressive du second manuel. Le fait est confirmé par une lettre du 24/06/1871 de Stiehr-Mockers au vicaire général, citée par Antoine Bender dans "Les orgues de Marienthal" : "Le Buffet du Positif - Expressif ferait place de cette manière [suite à une réduction du nombre de jeux] entre les deux colonnes et l'on gagnerait beaucoup de place sur le devant du buffet.". [Marienthal1962:p23]
1869 :
Heiligenberg (région de Molsheim), St-Vincent
Remplacé par Franz Xaver Kriess (1906).
L'orgue originel était un
Stiehr Frères, qu'on pourrait croire conçu en 1840. Sans console indépendante, probablement avec une pédale limitée à l'origine, l'instrument fut reconstruit - de bien belle façon - par Franz Heinrich Kriess. Sûrement, et quoiqu'on ait pu écrire avec les préjugés des années 1960, la meilleure chose qui lui soit arrivée, car c'est devenu un instrument réellement unique.
[ITOA:pIII-249]
[PMSSTIEHR:p627]
1828
Xavery Mockers à Heiligenberg
1869
1869
Xavier et Ferdinand Stiehr à Heiligenberg
vers 1930
Franz Heinrich Kriess à Heiligenberg
Dans son manuscrit, Louis Ginter donne quelques précisions sur le fonctonnement des ateliers Stiehr. [PMSSTIEHR]
Il cite par exemple Joseph Stiehr, qui dans une lettre, rapporte que : "les tuyaux d'étain se faisaient tous à la maison par mes oncles et mes frères qui y travaillaient chacun a leur tour. Quand on préparait la fusion de l'étain, les trois fils de Michel, donc mon père et mes oncles y assistaient, et l'on coulait d'abord les feuilles devant servir pour tous les tuyaux en étain pur. Après seulement on ajoutait le plomb pour le salicional et le bourdon".
Ensuite, les tuyaux ont été fournis par la maison lyonnaise Guetton-Dangon : "In den letzten Jahren des Bestehens der Firma wurden aber die Pfeifen aus der « Fabrique spéciale de fournitures pour grands orgues Guetton-Dangon, 18, rue du Nord, Lyon, bezogen, was auser hinterlassenen Korrespondenz hervorgeht."
Et, pour la fourniture des bois : "Les bois de sapin pour les tuyaux de bois de la pédale étaient fournis par un négociant, Mathias, de Drusenheim, qui les recevait directement de la Forêt-Noire. Les bois de chêne fin, pour les sommiers, les buffets, les différentes parties mécaniques, venaient des forêts de Seltz même, et n'étaient employés qu'après 15 ou 18 ans de débitage ; aussi les sommiers n'ont-ils jamais bougé."
Sous le Reichsland, jusqu'à la mort de Léon Stiehr (1871-1891)
1871
Ce fait révélateur, longtemps mal compris, est d'une importance fondamentale pour la suite. En fait, en 1871, construire des orgues "pré-romantiques" comme en 1840 (alors que l'Europe en était presque déjà au "Romantique tardif"), ce n'était plus de la fidélité aux traditions, c'était du repli sur soi. Proposer aux organistes un pédalier impraticable, et un positif intérieur qui ne donnait pas beaucoup de dynamique (qu'on pouvait de plus à peine accoupler au grand-orgue) devenait inacceptable. Surtout quand ledit organiste était chef de choeur, et qu'en plus on lui imposait une console en fenêtre comme au 18ème siècle. Alors, on a dit que l'orgue Stiehr de Niederhaslach a été enlevé car il masquait la rosace... C'est faire bien peu de cas de l'effort que représentait - même à l'époque - pour les communautés, un orgue neuf ! Dernier fait significatif : cet orgue Stiehr n'a pas été *déménagé* ailleurs. C'est donc probablement parce qu'en 1871, on ne pouvait plus lui trouver preneur, même au prix d'un déménagement/remontage.
1871 :
Imbsheim (région de Bouxwiller), Eglise mixte
Remplacé par Gebrüder Link (1899).
C'était un
Stiehr Frères. Ce premier orgue d'Imbsheim était presque le jumeau (au moins du point de vue du buffet) de son voisin d'
Uttwiller (1869). Le projet, lancé juste avant la guerre, fut bien sûr retardé. En 1888, l'orgue des
Stiehr Frères fut installé dans l'édifice reconstruit. Mais dès 1899, et cela confirme le fait précédemment (évoqué à Niederhaslach) : on décida purement et simplement de le remplacer par un orgue neuf des frères Link.
[PMSSTIEHR:p634]
1872
1872 :
Weitbruch (région de Haguenau), St-Gall
Remplacé par Franz Kriess (1924).
Le petit orgue Stiehr de 1838 ne convenait à aucune des deux église construites en 1870 pour mettre fin au "simultaneum" ; on l'a vu, il fut déménagé à
Kaltenhouse). Un Stiehr neuf a été placé dans chacun des deux nouveaux édifices. L'église St-Gall reçut un orgue construit par Xavier Stiehr. Ferdinand Stiehr étant décédé en 1872, Xavier était alors seul à la tête de la maison
Stiehr-frères. C'est aussi l'un de ses derniers instruments, car Xavier s'éteindra en 1873, laissant l'entreprise à Théodore et Auguste Stiehr, ceux-là même qui construiront en 1875 l'orgue de l'église protestante de Weitbruch.
[ITOA:pIV-833]
[PMSSTIEHR:p629]
On a beaucoup insisté sur la fragilité de la traction pneumatique posée par Roethinger à Marienthal en 1898. En passant sous silence qu'à l'époque, ces dernières n'étaient pas encore au point : c'était 1 ou 2 ans trop tôt. De fait, Roethinger n'arriva pas à la faire fonctionner, malgré plusieurs tentatives, jusqu'en 1930. Or, ce n'est pas parce qu'un exemplaire est raté que le principe est mauvais... Par la suite, il y eut de nombreux facteurs capable de rendre cette transmission pneumatique parfaitement opérationnelle ; mais en 1937, à nouveau, on se trompa de facteur. En 1960, on voulait un néo-baroque, et avec raison, vu le succès du projet. Mais, à une époque où la valeur d'un orgue se mesurait essentiellement à son âge (leurs plus vieux sont les meilleurs), éliminer un instrument historique nécessitait un coupable. Et la transmission pneumatique était le coupable idéal.
Reste qu'une question n'a longtemps pas été posée (qui nous ramène à l'orgue Stiehr) : pourquoi, dès 1898, voulut-on changer le mode de traction de cet instrument achevé en 1872 ? Pendant longtemps, on préféra croire que les gens de l'époque était des idiots et des incompétents. Dans les faits, la traction mécanique a duré 1898-1872=26 ans, et la pneumatique 1961-1898=63 ans. Evidemment que la seconde nécessita plus de réparations que la première : les deux doivent être régulièrement entretenues. Quant à l'orgue de Niederhaslach, qui servit de modèle pour celui-ci, il fut purement et simplement remplacé à seulement 28 ans.
1619
à Marienthal, orgue attesté, de facteur inconnu
1807
à Weitbruch, orgue attesté, de facteur inconnu
1819
Orgue Geib à Marienthal
1823
Orgue Möller à Uberach
1851
Orgue Geib à Kaltenhouse
1871
Stiehr Marienthal->Uberach
1872
Stiehr à Marienthal ; Weitbruch->Kaltenhouse
1872
Xavier Stiehr à Weitbruch
1898
Roethinger à Marienthal
1948
Recontruction à Uberach
1962
Schwenkedel à Marienthal
1992
Restauration à Uberach
En 1872 mourut Ferdinand Stiehr, fils de Michel, demi-frère de Joseph, frère de Xavier, donc le deuxième frère de "Stiehr Frères".
De 1872 date aussi un projet Stiehr-Mockers pour Munster. Jean-Frédéric Wenning, de Barr (qui avait été en 1852 l'infatigable maître d'oeuvre du plus grand Stiehr) participa à son élaboration, et ajouta une chaleureuse recommandation pour la maison Stiehr : "Je connais ces facteurs depuis plus de trente ans ; j'ai fait non seulement le plan de notre magnifique orgue, mais encore bien d'autres et je suis sûr que MM. Léon Stiehr et Mockers vous fourniraient un bel et bon instrument à un prix qu'aucun autre *bon* facteur ne pourrait accorder." A coup sûr, Wenning trouvait son orgue de Barr très réussi ! Mais le projet de 1872 pour Munster, lui, avait 30 ou 40 ans de retard... tout comme la maison Stiehr d'ailleurs, et il devenait sûrement de plus en plus difficile de faire semblant de ne pas s'en rendre compte. Pour la vieille maison de Seltz, les choses avaient été trop faciles, avec cet étourdissant marché de l'orgue alsacien adressant pratiquement toutes les communes, souvent pour deux orgues... Le projet Stiehr/Wenning pour Munster, vieillot, avec sa mécanique qui allait à coup sûr rendre impraticable les accouplements ne fut pas retenu, et c'est la maison Eberhard Friedrich Walcker qui emporta la mise. [PMSSTIEHR:p645-9]
'Stiehr-Cousins'
En 1873 mourut Xavier Stiehr le second frère de "Stiehr Frères". L'entreprise continua de fonctionner de façon indépendante, reprise par Théodore Stiehr (fils de Ferdinand) et Auguste Stiehr (fils de Xavier). Il n'étaient donc pas frères, mais cousins. C'est ainsi qu'à partir de 1873, ce sont les *cousins* Théodore et Auguste Stiehr qui menèrent la maison "Stiehr Frères".
1874 :
Logelbach (région de Wintzenheim), Bienheureuse Vierge Marie
Instrument actuel.
Un des rares Stiehr du Haut-Rhin, et un instrument fort réussi. Son histoire garde des zones d'ombre (buffet) : l'essentiel de la documentation de l'époque est perdue (elle a brûlé dans un incendie). On sait qu'il est à attribuer à
Stiehr-Mockers. En 1966, on se mit à élargir le sommier et ajouter une chape, dans le seul but... d'ajouter une Cymbale ! (Totalement étrangère à l'esthétique sonore de cet orgue).
[ITOA:pII-90]
[PMSSTIEHR:p652]
1874 :
Stetten (région de Sierentz), Sts-Pierre-et-Paul
Instrument actuel.
Encore un orgue haut-rhinois de la maison
Stiehr-Mockers, contemporain de celui de Logelbach. Là aussi, et bien qu'on soit en 1874, un seul manuel et une pédale limitée à 18 notes seulement (alors qu'il y a 4 jeux, et qu'une vraie pédale de 27 notes sur 2 ou 3 jeux aurait probablement coûté moins cher. Pour l'anecdote, c'est ici que fut réalisé (en version réduite) le projet de buffet originellement élaboré pour
Bernardswiller (par Joseph Stiehr en 1866). Du coup, le fait que l'orgue ait été doté (dès l'origine) d'une console indépendante paraît une incroyable concession à la modernité !
[ITOA:pII-441]
[PMSSTIEHR:p652]
1874 : Constantine (Algérie), cathédrale
L'orgue
Stiehr-Mockers existait encore en 1960. Il a été démonté, et Philippe Hartmann en a placé des éléments à la basilique Saint-Joseph-des-Fins d'Annecy (Wikipedia).
[orgue.algerie.free.fr]
[PMSSTIEHR:p651]
Un témoignage de Mme Eigner à Pie Meyer-Siat est éloquent : "Si nous sommes allés faire des orgues en Algérie, c'est que le travail commençait à manquer en Alsace ; la gloire ? oui ; mais aucun ouvrier, fût-il facteur d'orgues, n'aime abandonner sa famille pendant des semaines et des mois". C'est Joseph Mockers qui effectua le montage. Meyer-Siat le concède : en 1873, la maison Stiehr-Mockers n'avait construit qu'un seul orgue neuf : Schleithal. (On pourrait en dire de même pour Stiehr Frères avec Aschbach.) Meyer-Siat avait trouvé son explication sous la forme d'un coupable : c'était de la faute de Koulen. [PMSSTIEHR:p651]
Il y avait au moins trois Stiehr en Algérie. Outre Constantine, un deuxième se trouvait à Blida, St-Charles (détruit). Orgue Stiehr-Mockers, transformé par Merklin en 1929/1930 qui le pneumatisa et muni les tuyaux de Stiehr d'entailles de timbre. L'instrument fut restauré en 1950 par la maison Haerpfer et Erman Boulay (Moselle) . L'instrument a également été restauré par la maison Haerpfer en 1951 qui agrandit l'instrument qui passa à deux claviers et 26 jeux; Il fut détruit mais une partie de la tuyauterie , bien qu'écrasée, a été entreposée dans les cryptes de la cathédrale d'Alger . ( Alain Sals et Revue de l'orgue n° 3 et 61 ).
Le troisième était à Skikda (voir ci-dessous).
Il y eut aussi un projet pour Sétif (ville de Kabylie qui eut un lourd tribu à payer aux tristes événements de 1945). Le devis pour cet orgue a été recopié. La pédale avait 25 notes, ce qui signifie soit que la version "Export" ne pouvait souffrir les concessions pratiquées localement, soit que le commanditaire, "là-bas", savait se servir du pédalier et en a demandé un complet. [jean.salvano.perso.sfr.fr/Blida/eglise/cpa-eglise.html]
1875 :
Weitbruch (région de Haguenau), Eglise protestante
Remplacé par Georges Schwenkedel (1932).
Le petit orgue Stiehr de 1838 ne pouvait suffire dans les église reconstruites en 1870 pour mettre fin au "simultaneum". Il fut déménagé à
Kaltenhouse), et un Stiehr neuf fut placé dans chacun des deux nouveaux édifices. L'église St-Gall reçut un orgue construit par Xavier Stiehr. Théodore et Auguste Stiehr, "
Stiehr Frères", posèrent celui de l'église protestante. L'instrument était doté d'un positif de dos, dépourvu de tirasse, et sa pédale était limitée à 18 notes. En 1875...
[ITOA:pIV-834]
[PMSSTIEHR:p653]
1875 :
Zinswiller (région de Niederbronn-les-Bains), St-Jacques
Instrument actuel.
L'orgue a été construit par Léon Stiehr et Félix Mockers, donc
Stiehr-Mockers. C'est à Schwenkedel que l'on demanda de compléter la pédale pour la rendre utilisable, et ce fut fait de façon très respectueuse (pas d'autre modification). Le très beau buffet fait penser à Verschneider. Ce n'était pas l'idée d'origine, car les archives Stiehr comportent un dessin pour Zinswiller, qui ressemble beaucoup à celui de
Reutenbourg (1861).
[IHOA:p228a]
[ITOA:4p456]
[PMSSTIEHR:p655]
1875 :
Still (région de Molsheim), St-Mathias
Remplacé par Edmond-Alexandre Roethinger (1904).
En septembre 2015, quelques jours après les Journées du Patrimoine, Still a remplacé son orgue
Stiehr-Mockers
par un ersatz électronique. Une tradition organistique datant de 1750 s'est éteinte. Alors, qu'il y ait eu un ou deux orgues Stiehr à Still (1827 et 1875), il est probable que plus personne là-bas ne s'en soucie.
[IHOA:p180a]
[ITOA:4p652]
[PMSSTIEHR:p196,657]
1875 : Büchelberg Michelfeld? (D)
Détruit en mars 1945.
Ce devait être un tout petit instrument (probablement I/0P 7j). Il a été détruit par faits de guerre en mars 1945.
[PMSSTIEHR:p656]
1876

Le papier à entête de la maison Stiehr Frères, puis de Théodore (ici en 1876).
Il y figure le dessin du positif d'
Orschwiller.
En 1876 fut achevée la ligne de chemin de fer Strasbourg–Lauterbourg. pour Seltz, ce devait être un événement lourd de conséquences !
1876 :
Birlenbach (région de Soultz-sous-Forêts), Eglise protestante
Instrument actuel.
Le buffet pour Birlenbach
adopte le dessin à 4 tourelles. Sur le modèle de celui de
Zillisheim (1841) furent dessinés ceux de
Riedisheim (1853),
Helfrantzkirch (1858),
Wisches (1859),
Illkirch-Graffenstaden (1866),
Bischwiller (1867),
Riedseltz (1870, tourelles aux différences de hauteur réduites),
Birlenbach (1876). C'est un
Stiehr-Mockers, à un seul manuel et avec une pédale limitée, comme d'habitude, à 18 notes. Elle fut complétée en 1956, mais l'orgue perdit sa gambe à cette occasion.
[ITOA:p-]
[PMSSTIEHR:p660]
1877
1877 :
Minversheim (région de Hochfelden), St-Hilaire
Instrument actuel.
Quand il s'agit de Minversheim, le monde de l'orgue évoque tout d'abord Georges Hladky : on avait découvert un facteur du 18ème, ce qui, fin du 20ème, causait toujours un grand émoi, la révélation d'un "Silbermann caché" étant le grall de l'organologie de l'époque. Hladky était certes caché, mais pas Silbermann. Ensuite, on évoque la "décapitation" de l'orgue Stiehr du lieu. Puis on passe à autre chose. Il existe une photo de cet instrument avant sa "décapitation" de cet orgue en 1935 : il était semblable à celui de
Hoerdt. Sur le modèle de
Hoerdt (1847) furent dessinés ceux de
La Robertsau (1866),
Bernardswiller (1869, version néo-gothique),
Ottersthal (1869 version en tiers-point),
Nothalten
(1871),
Minversheim (1877),
Munchhausen (1878),
Orschwihr
(1881). Il ressemblait donc à beaucoup d'autres. Et, si on le regarde sans préjugé, il faut bien reconnaître que, dans sa configuration actuelle, il ne manque pas d'allure. Il est original, et le nouveau dessin, inspiré du "Modern-style" est à la fois réussi et en phase avec les buffets des années 30. Pourquoi parler de "décapitation", alors que le terme évoque forcément la peine "capitale" ? Du coup, on en a oublié l'essentiel, c'est-à-dire la qualité de ce "grand et bel orgue" (comme le qualifie le journal "L'Ami du peuple" à l'époque") et le fait qu'il ai été doté - enfin ! - d'une vraie pédale de 25 notes et d'une console indépendante. Avec ses deux Flûtes harmoniques, son Hautbois et son récit expressif, la maison
Stiehr-Mockers eut ici un sursaut qui lui permit enfin de rattraper son retard. Construit en 1877, c'était réellement un orgue des années 1870. C'est probablement en 1979 qu'on modifia des jeux (Nasard au grand-orgue, Flageolet au récit) pour en refaire un Stiehr des années 40... Ce qui était un total contresens, et qui est extrêmement nuisible d'un point de vue historique, puisque cela va à l'exact opposé de la démarche adoptée par son constructeur. C'est probablement aussi en 1979 que sa boîte expressive fut décapitée.
[ITOA:pIII-377]
[PMSSTIEHR:p667]
Il serait vraiment souhaitable de rendre à cet orgue sa boîte expressive et ses 3 jeux d'origine. Il deviendrait un magnifique témoin, capable d'expliquer les évolutions esthétiques des années 1930, et de confirmer que, oui, la maison Stiehr-Mockers était bel et bien capable de construire de vrais orgues romantiques. Il suffisait probablement de lui demander.
1877 :
Leutenheim (région de Bischwiller), St-Barthélemy
Instrument actuel.
Partie instrumentale classée Monument Historique
(1992).
L'instrument est remarquable, et illustre parfaitement le grand écart auquel devait se livrer les maison Stiehr dans les années 1877. Stiehr-Mockers avait construit en 1877 un orgue pour
Minversheim, avec une pédale complète, un vrai récit et une console indépendante. En même temps,
Stiehr-Frères signait un très bel orgue... des années 1840. Certes, la pédale, enfin, avait dépassé 18 notes - 24 (sic) à l'origine - à Leutenheim. Mais toutes les autres caractéristiques de l'orgue "de transition" (40 ans après ladite transition) sont toujours là : trois fonds de 8' au grand-orgue, un Nasard, de Doublette, une Fourniture. La Trompette est au grand-orgue. Le positif n'a pas de Mutations mais monte au 2'. Il est doté d'un Hautbois. La pédale, enfin est dotée d'une Trompette et d'un Clairon.
[ITOA:pIII-334]
[PMSSTIEHR:p669]
L'époque "néo-baroque", du coup, ne trouva pas grand-chose à néo-baroquiser (le Violoncelle de pédale fut découpé pour en faire... une Flûte 2', mais Daniel Kern l'a arrangé). Du coup, l'instrument est très authentique, et bien que construit en 1877, c'est un précieux témoin... de la facture alsacienne des années 1830-1840. Ces orgues Stiehr tardifs sont, en plus d'être très attachants, des orgues passionnants !
1878
1878 :
Uhlwiller (région de Haguenau), Sts-Pierre-et-Paul
Instrument actuel.
Le dernier orgue d'Alsace muni d'un positif de dos avant bien longtemps. Théodore et Auguste Stiehr essayaient désespérément de continuer "comme en 40" (voir
Leutenheim). A nos yeux, c'est attachant, mais pour le monde de l'orgue de l'époque... un positif de dos ! Cette troisième génération de facteurs Stiehr avait connu dans sa jeunesse les années "faciles" où le marché était florissant. il était inutile de chercher à se renouveler, et le seul "visionnaire" a été Michel Stiehr, qui, lui, avait dû se faire une place au soleil. Dans les années 1870, les Stiehr n'ont, semble-t-il, même pas cherché à se former ailleurs, pour se mettre à niveau, au moins techniquement, suite aux énormes progrès de la facture d'orgue depuis 1850. Toutefois, la pédale fut dotée d'une étendue normale (27 notes dès l'origine), et ce bel instrument
Stiehr-Frères est donc jouable sans formation spéciale.
[ITOA:pIV-795]
[PMSSTIEHR:p676]
Quatre fonds de 8' dans un positif de dos, c'est quelque chose qu'on ne trouve pas souvent, et l'orgue est donc plutôt original. En y repensant plusieurs fois, on se dit que l'approche de Théodore et Auguste n'a pas fait recette, mais était bonne. Puisqu'on est dans une page où l'on peut dire ce qu'il faut pas dire, on peut y faire figurer que, à part quelques notables expressions, les positif de dos "en 4 pied" (l'immense majorité) sont totalement incompatibles avec l'esthétique romantique. En effet, ces positifs ne sont pas bien grands, et s'ils dépassent 4-5 jeux, ce sont inévitablement des "petits jeux", très aigus. Harmonisés à la "néo-classique", ces jeux, proches de l'auditoire, "écrasent" forcément le reste de l'édifice sonore (en particulier le récit ; il n'y en a pas à Uhlwiller, mais c'est la même logique). Les exceptions les plus intéressantes sont les quatre orgues post-romantiques de Georges Schwenkedel (les merveilles de Bisel, Seppois-le-Bas, Durlinsdorf et Reiningue). On a aussi connu des endroits - ils sont rares - où une acoustique spécifique (par exemple une nef courte, très grand transept couvert d'une coupole) a permis à la délicate alchimie d'opérer.
Partout ailleurs, greffer un positif de dos à un orgue romantique a donné au mieux un orgue "fromage ou dessert" (où il faut faire le choix et l'une des deux faces du Janus, qui ne sont utilisables ensemble), et au pire (et c'est le cas général,) une catastrophe.
Si on a arrêté de faire des positifs de dos, ce n'est pas par idéologie. C'est parce que ça n'allait pas avec le résultat souhaité.
1878 :
Munchhausen (région de Seltz), St-Pantaléon
Instrument actuel.
La maison
Stiehr-Mockers, par contre avait mieux compris qu'il était devenu vital d'arrêter de construire des orgues comme en 1830 : ici, l'instrument fut doté d'un vrai récit. Par contre, certains côtés du grand-orgue paraissent surgir directement de l'après-révolution (Doublette, Cornet, Fourniture 4 rangs en 1878 !). La pédale aussi, comporte une Trompette et un Clairon au lieu de l'anche de 16' attendue. Le buffet est un "4 tourelles". Sur le modèle de
Hoerdt (1847) furent dessinés ceux de
La Robertsau (1866),
Bernardswiller (1869, version néo-gothique),
Ottersthal (1869 version en tiers-point),
Nothalten (1871),
Minversheim (1877),
Munchhausen (1878),
Orschwihr (1881). Avec la mouvance "néo-classique", ces buffets redeviendront à la mode... 10 ou 20 ans plus tard. A force d'être en retard, on se retrouve parfois en avance !
[ITOA:pIII-404]
[PMSSTIEHR:p678]
1878 : Skikda (à l'époque Philippeville, Algérie)
A nouveau, c'est Joseph Mockers qui fit le voyage, et c'était donc un
Stiehr-Mockers.
[PMSSTIEHR:p679]
1879
1879 :
Obenheim (région d'Erstein), St-Rémi
Instrument actuel.
C'est un
Stiehr-Frères, plutôt petit (I/P 15j dont 4 pour une pédale de 15 notes), dont la Trompette coupée en basse+dessus accentue encore le caractère alsacien. Doublette, Cornet, Nasard, Fourniture : si on ne triche pas, on peut aisément dater l'instrument de 1830. Il faut comparer la composition à celle du Rinkenbach de
Logelheim, construit en 1833, soit 46 ans avant.
[ITOA:pIV-451]
[PMSSTIEHR:p682]
1880-1886
Ce fut le dernier instrument livré par Félix Mockers, qui mourut le 15 juillet 1881. Louis Mockers prit alors la tête de la maison Stiehr-Mockers. Il lui restait moins d'une demi-douzaine d'orgues neufs à signer.
1881 :
Orschwihr (région de Guebwiller), St-Nicolas
Instrument actuel.
Partie instrumentale classée Monument Historique
(22/01/1982).
C'est un des derniers grands
Stiehr-Mockers, et il est logé dans un buffet à 4 tourelles. Sur le modèle de
Hoerdt (1847) furent dessinés ceux de
La Robertsau (1866),
Bernardswiller (1869, version néo-gothique),
Ottersthal (1869 version en tiers-point),
Nothalten (1871),
Minversheim (1877),
Munchhausen (1878),
Orschwihr (1881). Il est resté authentique (sauf la façade), et il est doté d'un récit expressif et d'une pédale de 25 notes.
[ITOA:pII-328]
[PMSSTIEHR:p687]
1883 : Zilling (57), église luthérienne
Cet instrument, pour lequel Zilling s'adressa d'abord à "Stiehr Mockers" (Léon Stiehr et Louis Mockers), fut en fait pourni par "Stiehr frères" (Théodore et Auguste Stihr). A part sa façade, il est resté authentique.
[PMSSTIEHR:p692]
[IOLMO:Sc-Zp2355-7]
Auguste Stiehr mourut en 1887, laissant "Stiehr Frères" à Théodore.
1886 :
Barembach (région de Schirmeck), St-Georges
Remplacé par Gebrüder Link (1902).
Le destin du dernier
Stiehr-Frères est édifiant et révélateur. Théodore Stiehr était en concurrence avec Charles Wetzel (un autre héritier de l'époque glorieuse). Il produisit en 1881 deux devis, qui n'avaient déjà pas soulevé l'enthousiasme, puisque l'affaire fut par deux fois revue à la baisse. Wetzel, probablement, ne proposait pas mieux, et on passa commande chez Stiehr, dont l'orgue fut achevé en 1886. Il donna tellement peu satisfaction qu'en 1902, sa partie instrumentale était déjà remplacée.
[ITOA:pIII-22]
[PMSSTIEHR:p700]
Que reprochait-on aux orgues Stiehr ? Probablement, déjà, la console d'un autre âge. Pour le reste, la réponse se trouve dans "Caecilia" de 19127, page 74 : "[Die Stiehr Orgel die] in seiner Anlage der damaligen Zeit entsprechend mit stark intonierrem Hauptwerk une sehr schwachem Echo für die heutige Orgelliteratur wenig brauchbar war". ([L'orgue Stiehr de Schweighouse-sur-Moder], avec la configuration de cette époque présentait un grand-orgue harmonisé fort et un écho presque inaudible, était peu utilisable pour la littérature d'orgue d'aujourd'hui. Même si l'organologie alsacienne de la fin du 20ème a cherché à tourner ce témoignage en ridicule, il n'en reste pas moins un témoignage.
Louis Mockers et la longue fin (1891-1926)
En 1891 mourut Léon Stiehr. Il n'y eut de nouveau plus qu'une maison Stiehr, menée par un Mockers : c'est Louis Mockers qui en signera les instruments, bien que Théodore Stiehr fut encore vivant. Théodore semble avoir cessé son activité en 1895. En effet, en 1897, le conseil presbytéral de Petersbach, constatant qu'il n'avait plus accordé et nettoyé son orgue depuis quelques années, en confia l'entretien à Adrian Spamann.
1925 : mort de Théodore Stiehr.
Louis Mockers est mort le 23/05/1926, le même jour que Sigismond Roethinger, le père d'Edmond-Alexandre.
Le 28 mai 1940, l'église de Seltz fut bombardée, la tour brûla et s'effondra, avec l'orgue Stiehr (1837, 3 manuels, 40 jeux) du lieu, qui disparut pour toujours. En septembre 2015, ni dans la page "Wikipedia" consacrée Seltz, ni dans celle consacrée à son histoire, on ne trouvait référence aux noms de Stiehr ou de Mockers. Pas même dans le chapitre "Personnalités" de la commune.
L'ancien orgue d'Ittlenheim était peut-être de Stiehr (p.720), ainsi que celui de Neuve-Eglise, placé avant 1840 et détruit en 1956 (p.722).
Les facteurs d'orgues des familles Stiehr et Mockers
Les descendants directs de Michel Stiehr
Michel Stiehr (1750-1829) eut de nombeux enfants et petits-enfants, dont les suivants furent facteurs d'orgues :
- - Joseph Stiehr (1792-1867), 3 ème enfant de Michel avec Elisabeth Lang.
Léon Stiehr (1840-1891), le fils de Joseph.
Marc Stiehr (1826-après 1878), son demi-frère aîné, pratiqua aussi la facture d'ogures ; il partit pour le Chili et mourut à Santiago.
Deux autres frères de Léon étant Edouard (1842-1879) et Louis Joseph (1853-1936). Les deux furent facteurs d'orgues. Louis Joseph fut formé chez Cavaillé-Coll, et travailla chez Blési à Nancy, puis Jacquot-Jeanpierre à Rambervilliers. Victime des réformes de 1905 en France, il finit par ne plus vendre que des pianos.
- - Ferdinand Stiehr (1803-1872), 3 ème enfant de Michel avec Juliana Von Hatten.
Théodore Stiehr (1848-1925), fils de Ferdinand.
Son frère aîné, Louis Stiehr (1835-1856) fut aussi facteur d'ogues, mais mourut à 21 ans.
- - Xavier Stiehr (1806-1873), 4 ème enfant de Michel avec Juliana Von Hatten.
Auguste Stiehr (1837-1887), fils de Xavier.
Elisabeth Lang, la première épouse de Michel Stiehr, est décédée le 15/02/1797. En secondes noces, Michel épousa sa femme de ménage, Juliana von Hatten.
Les descendants directs de Xavery Mockers
Xavery (François Xavier) Mockers (1780-1861) a épousé Marie Julienne Stiehr (1788-1852) (l'aînée de Michel de d'Elisabeth Lang) en 1807
- - François Joseph Mockers (1815-1833), qui fut facteur d'orgues mais mourut à 18 ans
- - Félix Mockers (1818-1881) eut deux fils facteurs d'orgues :
Joseph Mockers (1849-1883) ne travailla pas à son nom. Mais on a retrouvé sa signature à l'intérieur de l'orgue de Neugartheim.
(Charles) Louis Mockers (1859-1926), le dernier à avoir mené la société.
- - (Charles-Louis Mockers (1829-1870), a été organiste de la cathédrale d'Annecy.)
Webographie :
Sources et bibliographie :
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[PMSSTIEHR] Pie Meyer-Siat : "Stiehr-Mockers, facteurs d'orgues", in "Archives de l'Eglise d'Alsace", vol 20., éditions de la société Haguenau, 1972-73
-
[IHOA] Pie Meyer-Siat : "Inventaire historique des orgues d'Alsace", éditions ARDAM, puis Coprur, 1985 et 2003
-
[ITOA] "Inventaire technique des orgues d'Alsace", éditions ARDAM
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[HOIB] Bernd Sulzmann : "Historische Orgeln in Baden", éditions Schnell und Steiner, München - Zürich, 1980
-
[Barth] Médard Barth : "Elsass, 'Das Land der Orgeln' im 19. Jahrhundert", in "Archives de l'Eglise d'Alsace", vol 15., éditions de la société Haguenau, 1965-66
-
[Marienthal1962] Antoine Bender : "Les orgues de Marienthal - Die Marienthaler Orgel (avec le programme de l'inauguration de 1962 et une notice biographique sur F.X. Richter)"
-
[HOIE] Pie Meyer-Siat : "Historische Orgeln im Elsass", éditions Schnell und Steiner, München - Zürich, 1983
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[IOLMO] Christian Lutz et François Ménissier : "Orgues de Lorraine, Moselle"