L'orgue Charles Wetzel de Knoersheim.Photo Creative Commons, de Didivo67, 28/07/2021, zoomée sur sa moitié supérieure.
Au 19ème siècle, les Wetzel - bien qu'établis à Strasbourg - se firent une spécialité de "l'orgue de campagne". Il s'agit d'instruments de taille limitée, intégrant volontiers des tuyaux d'occasion, mais construits sans concession à la qualité.
Historique
Knoersheim dut attendre très longtemps son premier orgue, puisqu'il ne fut posé qu'en décembre 1893, par Charles Wetzel. D'autres communes, à l'époque, en étaient déjà à leur 3ème ou 4ème instrument. Depuis 1840, la paroisse était "filiale" de celle de Westhouse-Marmoutier, et l'église elle-même n'a été construite qu'en 1864. [IHOA] [PMSRHW] [Barth]
En 1890, Knoersheim comptait 205 habitants. Un petit orgue de 9 jeux correspondait à 2,6 tuyaux par habitant. Avec le même effort, Strasbourg, à l'époque, avec 123500 habitants, aurait pu se payer pas loin de 240 orgues en une seule fois ! Soit plus de deux fois le renouvellement complet du parc. On peut donc dire sans trop de risque de se tromper que les communes rurales "mettaient" deux fois plus d'argent dans leur orgue que les villes. Il faut dire que le rôle culturel de ces instruments était considérable : à part 2 ou 3 pianos chez les notables, et parfois un orchestre d'harmonie, ils étaient la seule source de musique instrumentale.
La maison Wetzel savait construire des orgues "abordables" depuis 1829. Souvent, en utilisant des "tuyaux de rencontre", c'est à dire des jeux d'occasion. Cela ne se voit pas, et ne s'entend pas, mais cela sous-entend qu'on a du "faire avec ce qu'on a". On ne peut pas analyser ces compositions comme si elles étaient le fruit de longues réflexions esthétiques. La logique est plutôt celle d'un jardin constitué avec des plantes disponibles.
Il ne s'agit pas d'un "orgue de transition". On était à la campagne, certes, mais on vivait avec son temps : on a pu doter l'orgue de quatre 8', d'un Basson/Hautbois, et d'une console indépendante. C'est un "mini-symphonique" !
Le 18/06/1908, l'horloger-facteur d'orgues Aloïse Lorentz vint accorder l'orgue. On le sait car il laissa une inscription à la craie dans l'instrument.
Le 19/07/1917, les tuyaux de façade ont été réquisitionnés par les autorités. Ils ont été remplacés par la suite, mais on ne sait pas par qui. [IHOA]
En 1997, Gaston Kern procéda à un relevage et remplaça (une seconde fois) la façade. L'orgue a été inauguré par Hubert Sigrist (Marmoutier) et Clément Diebolt (Knoersheim), avec les chorales de Lochwiller et Knoersheim. [IHOA] [Caecilia]
Le buffet
En chêne, avec 3 tourelles, la plus petite au centre, munies de chevrons. Il y a une croix en couronnement à la tourelle centrale.
Caractéristiques instrumentales
| C | c' | c'' |
| 1' | 2' | 4' |
| 2/3' | 1'1/3 | 2'2/3 |
Console indépendante, tournée vers la nef, fermée par un couvercle basculant. Tirants de jeux de section ronde à pommeaux tournés munis de porcelaines, disposés en ligne au-dessus du clavier. Clavier blanc. Plaque d'adresse placée horizontalement au-dessus du clavier et sous les tirants, au centre, et disant :
Mécanique à équerres.
Sommiers à gravures, de Wetzel.
Sources et bibliographie :
- [IHOA] Pie Meyer-Siat : "Inventaire historique des orgues d'Alsace", éditions ARDAM, puis Coprur, 1985 et 2003, p. 93a
- [ITOA] "Inventaire technique des orgues d'Alsace", éditions ARDAM, vol. 3, p. 315
- [PMSRHW] Pie Meyer-Siat : "Valentin Rinkenbach, François Ignace Hérisé, les fils Wetzel, facteurs d'orgues", éditions Istra, p. 208
- [Caecilia] "Caecilia, Revue de musique liturgique du diocèse d'Alsace", éditions Union Sainte Cécile, vol. 1999-2, p. 26-7
-
[Barth] Médard Barth : "Elsass, 'Das Land der Orgeln' im 19. Jahrhundert", in "Archives de l'Eglise d'Alsace", vol 15., éditions de la société Haguenau, 1965-66, p. 239
KNOERSHEIM, Kt. Marmoutier. - 1840, Fil. von Westhausen. - Kn. erhält 1893 eine O. von Wetzel. O.Weihe im Dezember 1893. Vfr. 36 (1893) 424. Wohl die 1. O.
Localisation :
