Les instruments réalisés par la Maison SCHWENKEDEL (surtout ceux d'après 1960), sont presque tous excellents quand ils sont en état. Ils ne payent pas tous de mine. On peut bien sûr regretter, devant ce triste alignement de tuyaux de zinc, l'ancien orgue d'Aubure, qui fut construit en 1833 par Claude-Ignace CALLINET. Mais ce que l'on regrettera surtout, c'est qu'à Aubure, l'aventure musicale authentique s'est arrêtée en 2003, tuée définitivement, comme une partie de notre patrimoine, par l'achat d'un instrument électronique.

Aubure s'est longtemps appelé "Altweier".

     L'instrument disparu du cadet des frères Callinet était probablement son premier orgue neuf. (Joseph et Claude-Ignace ne s'associèrent qu'en 1837.) Il était contemporain de celui de Hattstatt, et les Callinet posaient à cette époque les instruments qui forgèrent la réputation qui les conduisit au succès que l'on connaît.
Il est donc permis de penser que cet instrument, bien que limité à 10 Jeux (un seul Manuel), était un petit bijou, issu de l'âge d'or de la facture d'orgues alsacienne.
Il fut probablement reçu par Guillaume Henry LORENTZ (Ste-Marie-aux-Mines).

Lors de la visite de F.X. MATHIAS, on avait déjà oublié qui était l'auteur de cet instrument.

Sa Composition est assez difficile à reconstituer, vu que l'orgue a été "complété" en 1923 ; mais on peut faire l'hypothèse suivante :

Manuel : il n'y avait sûrement pas de Montre 8'. Dans la tradition Callinet, on réalisait plutôt une Flûte 4'8', en quatre pieds dans les Basses, plutôt flûtée, et en 8 pieds dans les aigus, en métal, principalisante, et qui tenait un rôle de solo et de Montre 8'. Pédale : comme on le verra ci-dessous, elle avait 18 notes en 1934, et les 3 Jeux correspondants peuvent être d'origine. L'autre hypothèse serait qu'il n'y avait pas (comme à Heidwiller) de Pédale indépendante. Dans ce cas, l'orgue aurait eu un Dessus de Cornet de 5 rangs, et un Clairon (la coupure de la Trompette faisant les 10 Registres annoncés).

     En 1917, les tuyaux de façade ont été réquisitionnés par les autorités allemandes. Cela eut, comme en de nombreux endroits, des conséquences qui dépassèrent la perte des tuyaux correspondants : l'orgue était dénaturé (laid... forcément), âgé, et le remplacement des tuyaux de façade donnait l'occasion de "renouveler" et de "compléter". Ici, ce fut un second clavier qui fut ajouté. Voici la Composition en 1934 :

Il y eut des travaux en 1937.
Fin Novembre 1944, l'église et l'orgue furent détruits par bombardement.
De l'orgue Callinet, on ne put sauver... que le banc.

     En 1955, Georges Schwenkedel posa à Aubure son Opus 113 ; un orgue tout-à-fait de style "dommages de guerre". Mais il s'agissait d'un vrai instrument de musique.

Transmission : électrique (Console accolée à droite de l'orgue). Sommiers à cônes.
Il y a trois Combinaisons fixes (Piano, Mezzo Forte, Tutti), ainsi qu'un Crescendo.

Sources :

• P. MEYER-SIAT "Les Callinet, facteurs d'orgues à Rouffach, et leur oeuvre en Alsace" ISTRA, 1965