L'église neuve de Châtenois, terminée en 1759, ne resta pas longtemps sans orgue, puisque Jean-André SILBERMANN y posa un deux Claviers / Pédalier (respectivement 49, 25 et 13 notes) en 1765. Le deuxième clavier était un dessus d'Echo, comprenant comme d'habitude un Cornet décomposé.

Châtenois, l'orgue Silbermann. Photo Roland LOPES.

Dans l'ancienne église de Châtenois (dont il reste des éléments du clocher), il y avait un orgue, de provenance inconnue, qui fut construit entre 1684 et 1690. Le Frère Lai facteur d'orgues d'Ebersmunster accorda cet instrument en 1700.

     Le traité entre Châtenois ("Köstenholtz") et Silbermann fut conclu le 05/07/1763, et l'orgue achevé le 06/08/1765.
A l'Echo, Silbermann plaça vraisemblablement un Cornet de 6 Rangs (8', 4', 2'2/3, 2', 1'3/5, avec en plus un Flageolet 1'). La Composition d'origine est l'actuelle (mais pédalier de 13 notes sans Tirasse).

A Châtenois, les deux jeux de 1 pied font rupture avec la tradition française héritée de Thierry. La coupure du Sifflet du Grand-orgue permet logiquement de constituer un Plein-jeu "progressif" avec un rang de plus dans les aigus. La taille de ce jeu a été copiée à partir de 4 tuyaux d'origine qui avaient été conservés. Cependant, la coupure peut être comprise dans l'autre sens, c'est-à-dire renforcer la Taille (ténor) en ne tirant que la Basse du Jeu. Le Sifflet peut aussi être considéré comme un sixième rang de Cornet, ou encore une alternative à la Tierce 1'3/5, et il serait donc dans ce cas étranger au Plein-jeu. L'harmonie de l'orgue ayant été reconstituée et n'étant pas authentique, il sera sûrement à tout jamais impossible de connaître le résultat sonore que Silbermann voulait avec cette Fourniture très aiguë et ce Sifflet coupé.

     WETZEL remplaça en 1867 deux petits jeux par un Salicional 8' et une Flûte traverse 4', et plus tard, quelqu'un (probablement Aloïse LORENTZ de Souffelweyersheim) transforma le dessus d'Echo en un Récit complet (54 notes), et étendit le pédalier à deux octaves (les notes de la seconde octave ne fonctionnant qu'en Tirasse).

     En Mai 1917, les tuyaux de façade ont été réquisitionnés par les autorités allemandes, très certainement parce qu'on ignorait la provenance de l'instrument. Ces tuyaux ont été remplacés par Henri VONDRASEK en 1931. Ce facteur posa aussi un moteur électrique.

L'orgue avait alors un Récit expressif de 54 notes, avec Voix céleste, Salicional et Flûte traverse.

     En 1956 Alfred KERN fit un devis pour restaurer l'orgue et l'étendre à trois claviers.
Mais ce n'est qu'en 1973 - l'année du Classement - que la restauration se concrétisa. L'instrument fut inauguré par Gaston LITAIZE sans Basse d'Echo. Ce dernier fut complété en 1974, avec, pour les basses, un Bourdon 8', une Flûte 4' (et non pas un Prestant comme le Dessus) et une Doublette.

L'orgue fut remis dans son état primitif, avec seulement les concessions suivantes :

• Echo de 4 octaves (Basse : 8', 4', 2' seulement)
• Pédalier de 2 octaves, avec Tirasse Grand-orgue.
  

Tempérament : Werckmeister III.
Diapason : Sib 440 Hz.
Mécanique : Suspendue neuve, de Kern. Sommiers à Gravures, d'origine sauf pour l'Echo (Kern).
Il y a les deux Tremblants (un Doux, un Fort), agissant sur le Grand-orgue et le Dessus de l'Echo.
Soufflerie : trois Soufflets cunéiformes à plis multiples, disposés côte à côte, et actionnés par les cordes et des poulies (manuellement uniquement). Si l'on fait appel, plus pragmatiquement, à la Fée Electricité, il y a un réservoir à plis compensés (fourni d'occasion par Kern), qui est alimenté par le moteur de Vondrasek datant de 1931.
La Fourniture possède les reprises d'une Fourniture mais la tessiture aiguë d'une Cymbale.

Châtenois, les Soufflets cunéiformes. Photo Roland LOPES.

(1) Composition de la Fourniture (très aiguë : presque une Cymbale):

Sources :

• Remerciements à Roland LOPES.
• Orgues Silbermann d'Alsace - Itinéraire commenté, ARDAM, 1991, ISBN 2-909371-01-8
• Archives Silbermann.
• P. MEYER-SIAT "Historische Orgeln im Elsass".