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Les orgues de la région de Mulhouse
Mulhouse, St-Martin
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Mulhouse, église luthérienne St-Martin, l'orgue des frères Link.
Les photos sont de Martin Foisset, 13/09/2020.Mulhouse, église luthérienne St-Martin, l'orgue des frères Link.
Les photos sont de Martin Foisset, 13/09/2020.

Il s'agit de l'édifice construit pour la communauté luthérienne de Mulhouse (qui, après son rattachement - tardif - à l'Alsace, avait une communauté protestante majoritairement calviniste). De fait, la aroisse a été fondée en 1850 par le pasteur Horning de St-Pierre-le-Jeune protestant de Strasbourg. Ce bel instrument a été construit par la maison Gebrüder Link, et il est totalement contemporain de l'édifice, puisqu'il était déjà là lors de l'inauguration de l'église, le 01/11/1904.

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Historique

En 1904, la maison Gebrüder Link plaça ici son opus 407. [IHOA] [ITOA] [Barth] [PMSLINK] [Mumartin1994]

En voici la belle composition d'origine, relevée dans l'orgue sur le peigne étiquetant les tubulures venant de la console, sur les tubulures qui en sont issues, et sur le relais du tirage des jeux :

En 1954, Georges Schwenkedel, lorsqu'il visita l'instrument, nota la même composition. [PMSLINK]

L'instrument est contemporain de celui d'Hattmatt (qui connut d'ailleurs un destin analogue - il a été baroquisé en 1964 - mais qui a gardé son 16' ouvert et son Geigenprincipal).

Les tuyaux de façade ont été réquisitionnés par les autorités en 1917. La façade semble avoir été remplacée en 1921, car cette année-là, le pasteur Roser se plaignit du fait que le coût de leur remplacement a été supérieur à l'indemnisation perçue. [PMSLINK]

En 1925, la maison Gebrüder Link revint en Alsace pour faire un relevage. L'année d'après, l'instrument a été doté d'un moteur électrique. [ITOA] [PMSLINK]

Le 13/10/1945, Georges Schwenkedel releva la composition d'origine. [PMSLINK]

On ne sait pas bien si c'est Alfred Kern ou Georges Schwenkedel (probablement ce dernier) qui procéda, en 1957 à la malheureuse altération de l'instrument. Celle-ci consista à remplacer 4 beaux jeux romantiques par des "petits jeux" aigus, au mépris total de l'esthétique originelle de l'instrument. [ITOA] [Mumartin1994]

- La Gambe du grand-orgue a été supprimée au profit d'une Quinte 2'2/3.

- Le Geigenprincipal du récit (i.e. son fondement sonore, en plus de constituer un merveilleux soliste) a été supprimé pour céder sa place à une "Rauschquinte". (Pour suivre la marotte "nordique" de l'époque.)

- Toujours au récit, le Gemshorn 8' a été supprimé pour placer... une Cymbale !

- Et à la pédale, la Gambe 16' a été retirée pour placer un inutile 4'.

- L'expression du récit a été supprimée pour faire place à un petit sommier rapporté portant... un Cromorne.

En 1962, Alfred Kern aurait fait un relevage. [Barth] [PMSLINK] [Mumartin1994]

En 1993, Christian Guerrier fit un relevage. [IHOA]

En septembre 2019, la maison Jean Christian Guerrier fit un entretien. [VWeller]

Caractéristiques instrumentales

Composition, 2020
Grand-orgue, 56 n. (C-g''')
Sur la chape de la Gambe (dont on voit le râtelier)
Récit expressif, 56 n. (C-g''')
(c-f''')
Sur la chape du Gemshorn 8'
Rauschquinte (2'2/3)
Sur la chape du Geigenprincipal 8'
Sur un sommier supplémentaire
Pédale, 30 n. (C-f')
Sur la chape de la Gambe 16'
I/P
Console:

Console indépendante face à la nef, fermée par un couvercle basculant. Tirage des jeux par dominos, placés en ligne au-dessus du second clavier. Ils sont munis de porcelaines rondes à fond coloré en fonction du plan sonore : bleu pour le grand-orgue, rose pour le récit, et jaune pour la pédale. Fonte gothique. Claviers blancs, replaqués à une époque indéterminée, joues moulurées.

Les couleurs sur les porcelaines des dominos.
Ce ne sont pas les mêmes qu'à .Les couleurs sur les porcelaines des dominos.
Ce ne sont pas les mêmes qu'à Scharrachbergheim-Irmstett.

Commande des combinaisons fixes par pistons disposés au centre, sous le premier clavier, et repérés par des porcelaines rondes placées en regard entre les deux claviers. De gauche à droite : les 4 pistons blancs appelant les combinaisons par ordre d'intensité, puis le piston noir de l'annulateur ("Auslösung"). Deux porcelaines rectangulaires encadrent les pistons pour illustrer le fait qu'elles constituent un crescendo à 4 étapes : à gauche "Crescendo" et à droite "Decrescendo". (La logique est un peu confuse, vu que la progression va fr gauche à droite : on aurait attendu que ces deux porcelaines soient inversées.) Les jeux appelés par les dominos s'ajoutent aux combinaisons, sauf si "Handreg. ab" est appelé.

La pédale piano automatique est commandée par un système un peu bricolé, placé à droite : c'est une glissière qui se déplace horizontalement. Elle est repérée par ce qui était à l'évidence la porcelaine du domino correspondant. Cette transformation a fort probablement été faite pour libérer un domino pour le Cromorne.

Il n'y a pas (plus ?) de commande à pied.

Comme souvent sur les orgues Link, la plaque d'adresse est constituée de plusieurs éléments. Il y a deux plaques rectangulaires noires à lettres dorées, en haut et de part et d'autre de la console. A gauche :

Gebrüder Link

Et à droite :

Giengen a./d. Brenz

Une porcelaine blanche rectangulaire, placée au centre au-dessus des dominos, dit (avec un "O" très enluminé) :

Opus 407

Pas de "plaque de date".

Transmission:

Pneumatique tubulaire, notes et jeux. (Transmission d'excellente qualité, très fiable, agréable à jouer, et précise.)

Sommiers:

Sommiers à cônes. Le grand-orgue, diatonique en mitre, est en avant, derrière la façade, le récit derrière et au même niveau avec la même disposition. La pédale est logée sur les côtés, de part et d'autre des sommiers manuels, orthogonalement à la façade, avec C-H à gauche, et c-f' à droite. Le Cromorne a son sommier spécifique, posté en hauteur. Il n'est pas d'origine, et occupe la place des jalousies de la boîtes, qui ont probablement dû être déposées pour lui laisser la place... Il n'y a pas de trace évidente de la cloison de la boîte.

Soufflerie:

Le système de pompes à pieds a été conservé (à l'arrière du buffet) et fonctionne encore. Moteur Meidinger.

Tuyauterie:

La tuyauterie Link est de très belle facture ; elle porte par endroits des traces de gouttes et de coulures d'eau, ce qui nuit à son aspect, mais ne paraît pas avoir causé de dégât. Entailles de timbre, bouches volontiers arquées, Bourdons à calottes mobiles garnies de feutrine.

Les éléments 1957-62 n'ont pas leur place dans cet instrument. Ils devraient être retirés, car ils nuisent à l'interprétation du patrimoine : un vrai orgue Link ne produit pas ces sons criards.

Un Bourdon à double bouche.Un Bourdon à double bouche.
Une vue sur la tuyauterie du grand-orgue.
De gauche (espace séparant du récit) à droite (façade) :
l'Octave 2', la Mixture, l'Octave 4', le Bourdon 16',
la grande Flûte 8', la Quinte 2'2/3 sur son sommier plus récent,
(c'est la chape de la Gambe, dont le râtelier est encore là, mais hors champ),
puis le Salicional, et le Principal 8'.Une vue sur la tuyauterie du grand-orgue.
De gauche (espace séparant du récit) à droite (façade) :
l'Octave 2', la Mixture, l'Octave 4', le Bourdon 16',
la grande Flûte 8', la Quinte 2'2/3 sur son sommier plus récent,
(c'est la chape de la Gambe, dont le râtelier est encore là, mais hors champ),
puis le Salicional, et le Principal 8'.
Une vue sur la tuyauterie du récit et (à gauche) de la pédale.
Le fond de l'orgue est en haut de l'image.
La pédale est diatonique, et on voit ici les graves du côté gauche.
(La Soubasse 16' bouchée et la Flûte 8' ouverte.)
Le trou béant correspond à la Gambe 16', qui a été remplacée... par un 4',
tout petit est donc invisible ici.
De haut (fond)  en bas (grand-orgue) :
le Bourdon 8', la Cymbale et la "Rauschquinte" (avec des faux-sommiers plus clairs),
l'Aeoline et la Voix céleste,
et la Flûte 4'.Une vue sur la tuyauterie du récit et (à gauche) de la pédale.
Le fond de l'orgue est en haut de l'image.
La pédale est diatonique, et on voit ici les graves du côté gauche.
(La Soubasse 16' bouchée et la Flûte 8' ouverte.)
Le trou béant correspond à la Gambe 16', qui a été remplacée... par un 4',
tout petit est donc invisible ici.
De haut (fond) en bas (grand-orgue) :
le Bourdon 8', la Cymbale et la "Rauschquinte" (avec des faux-sommiers plus clairs),
l'Aeoline et la Voix céleste,
et la Flûte 4'.
Le graphisme des porcelaines aurait pu être utilisé
pour des ouvrages des frères Grimm ou d'Erckmann et Chatrian.
Et c'est vrai qu'on ouvre une console Link un peu comme un livre de contes de fées.
    Le graphisme des porcelaines aurait pu être utilisé
pour des ouvrages des frères Grimm ou d'Erckmann et Chatrian.
Et c'est vrai qu'on ouvre une console Link un peu comme un livre de contes de fées.

Que dire de cet orgue, si ce n'est que tout ce qui est authentique est exceptionnellement beau, et tout ce qui date de 1950-1960 est complètement hors-sujet... Comment a-t-on pu supprimer 4 jeux de ce superbe instrument ? Et pourtant, ce n'est toujours pas l'idéal pour jouer Couperin ! Aujourd'hui, ces mutilations peinent à être réparées, vu la rareté des moyens disponibles.

Références Sources et bibliographie :

Carte Localisation :

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Immatriculation de l'orgue actuel : F680224005P01
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