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Les orgues de la région de Wasselonne
Scharrachbergheim-Irmstett, église protestante
Orgue authentique.
Scharrachbergheim, l'orgue Link, le 15/05/2004.Scharrachbergheim, l'orgue Link, le 15/05/2004.

L'église protestante de Scharrachbergheim a été construite en 1896, en intégrant des éléments plus anciens qui ont pu être conservés. Ainsi, le clocher, même s'il a été surélevé, est authentiquement roman (11ème siècle). Il abrite une cloche en bronze coulée en 1446. La chaire date de la Renaissance. Comme c'est souvent le cas pour les églises construites à l'articulation des 19ème et 20ème siècles, l'orgue est pratiquement contemporain de l'édifice, et a été construit en totale harmonie avec celui-ci. Ici, on fit appel à la maison Gebrüder Link, qui dota Scharrachbergheim de son opus 446, en 1906. L'instrument a été remarquablement bien entretenu et conservé : il constitue une belle occasion de souligner la qualité de la production de la prestigieuse entreprise de Giengen-an-der-Brenz.

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Historique

Cet instrument, le premier de l'édifice, a été construit en 1906 par la maison Gebrüder Link de Giengen-an-der-Brenz. [IHOA] [PMSLINK]

Dirigée à l'époque par Eugen Link (1855-1940), l'entreprise avait une solide réputation en Alsace, avec une trentaine d'orgues déjà construits. L'immense majorité de ces instruments ont été posés dans des églises protestantes. L'opus 446 est pratiquement contemporain de celui d'Ittenheim, et suit de peu un autre instrument alsacien intact de la maison Link : Merkwiller-Pechelbronn. Il est aussi presque contemporain du second Link d'Alteckendorf (celui de l'église protestante d'Altdorf), qui prouve que le premier (à l'église protestante d'Eckendorf), acquis en 1898, avait été très apprécié ! De fait, ce style d'orgues était très populaire, sûrement parce qu'il permettait l'exécution d'un répertoire accessible et varié.

Cela ne doit pas occulter le lourd tribut que ces instruments ont dû payer aux guerres (Voellerdingen, Soultzeren, Cernay), mais surtout à la vague "néo-baroque" de la fin du 20ème siècle. Plusieurs ont fait l'objet d'importantes altérations consistant à remplacer de beaux jeux romantiques par les "petits jeux" aigus alors à la mode. Les instruments de Muntzenheim (seulement 5 jeux sur 11 survivants, et le buffet démoli) ou Kirrwiller-Bosselshausen (une regrettable transformation en 1959 affecta pas moins de 10 jeux sur 16) n'en sont que deux exemples. D'autres instruments ont été purement et simplement éliminés, souvent juste pour en récupérer la tuyauterie : Hochfelden, Diemeringen, Lingolsheim, Gundershoffen, Menchhoffen...

L'année 1906, pour la maison Link, fut marquée par la construction du grand instrument (III/P 49j) de l'Evangelische Stadkirche de Giengen-an-der-Brenz. Un projet "à domicile", donc.

Comme souvent dans les orgues d'esthétique post-romantique allemande, la plupart des jeux du récit constituent des "alter-ego" de ceux du grand-orgue, avec des timbres voisins mais une intensité différente. Le Geigenprincipal est associé au Principal 8', la Flûte 8' au Bourdon 8', le Salicional à la Gambe, et la Flûte 4' à l'octave 4'. (Le "pendant" du Principal de 4' est souvent une Flûte, car une des autres tendances de cette esthétique consiste à donner en priorité au grand-orgue la double mission d'héberger le chœur de Principaux et de servir de clavier d'accouplement.)

La présence de la Mixture-Cornet au récit expressif (sans qu'il n'y ait de Mixture au grand-orgue) constitue une originalité de l'orgue de Scharrachbergheim. On peut peut-être l'interpréter comme une volonté de doter le second clavier d'un rôle de positif, car il y a un Cornett 4-5 rangs au positif de l'orgue (1906) de l'Evangelische Stadkirche de Giengen. (Et, au récit, une Harmonia aetheria 3 rangs (2'2/3).) Si la présence d'une Mixture au récit, en soi, n'est pas exceptionnelle - même pour l'époque -, en faire une priorité par rapport à celle du grand-orgue est significatif d'une réflexion spécifique sur le rôle de ce jeu.

En 1935, Georges Schwenkedel équipa la soufflerie d'un ventilateur électrique, et nettoya l'instrument. [PMSLINK]

Ensuite, l'entretien a été confié à la maison Muhleisen : en 1984, il y eut une restauration (en atelier) des accouplements et tirasses, et le renouvellement des membranes du relais de pédale, et en 1988 un nettoyage de l'orgue, avec le remplacement d'une centaine de membranes soufflets-relais (pièces d'usure). [IHOA] [GWalther]

En 2002 il y eut un relevage, mené par Quentin Blumenroeder, alors installé à Pfaffenhoffen : restauration des soufflets de transmission, accord général. L'orgue a été inauguré au cours du culte de l'Avent du 01/12/2002. [IHOA] [Visite]

Le buffet

On arrive à la tribune en sortant de l'orgue :
la porte se trouve entre les deux corps du buffet.
On découvre ainsi l'arrière de la plate-face centrale (constituée de tuyaux muets).
On a le récit à sa droite, le grand-orgue à gauche, la soufflerie derrière soi,
et la console devant. Cette "immersion" contribue beaucoup à l'inimitable
ambiance à la tribune.On arrive à la tribune en sortant de l'orgue :
la porte se trouve entre les deux corps du buffet.
On découvre ainsi l'arrière de la plate-face centrale (constituée de tuyaux muets).
On a le récit à sa droite, le grand-orgue à gauche, la soufflerie derrière soi,
et la console devant. Cette "immersion" contribue beaucoup à l'inimitable
ambiance à la tribune.

Le buffet, néo-roman, est constitué de deux tourelles latérales encadrant un élément central avec 3 plates-faces, la centrale étant surmontée d'un chevron. En fait, cette dernière est un élément décoratif reliant les deux demi-buffets réels, et surplombant l'ouverture permettant d'accéder à la tribune.

Caractéristiques instrumentales

Composition, 2004
Grand-orgue, 56 n. (C-g''')
Suboctav-Copplung II.-I. M.
Copplung II. M. z. I. M.
Récit expressif, 56 n. (C-g''')
(c-g''')
Avec Tierce
Pédale, 30 n. (C-f')
Lèvres moulurées (!) ; tampons 'M38' (?)
I/P
Copplung I. M. z. P.
Copplung II. M. z. P.
Domino ou pédale-cuiller
[ITOA] [PMSLINK] [Visite]
Console:

Console indépendante face à la nef, à fleur de tribune, fermée par un couvercle basculant. Tirage des jeux par dominos, placés en ligne au-dessus du second clavier. Ils sont munis de porcelaines rondes à fond coloré en fonction du plan sonore : blanc pour le grand-orgue, vert pour le récit, et rose pour la pédale. Claviers blancs, joues moulurées.

Les couleurs sur les porcelaines des dominos.Les couleurs sur les porcelaines des dominos.

Il n'y a que deux commandes à pied : au centre, une pédale-cuiller à accrocher pour l'appel du tutti (c'est donc une commande double, puisqu'il y a aussi un domino) et la pédale basculante de l'expression du récit, à droite, repérée "Schwelltritt".

L'intégralité de la console est d'origine. Le pédalier, comme c'est souvent le cas pour les orgues de cette esthétique, n'est pas très profond.

Comme souvent sur les orgues Link, la plaque d'adresse est constituée de plusieurs éléments. Il y a deux plaques rectangulaires noires à lettres dorées, en haut et de part et d'autre de la console. A gauche :

GEBRÜDER LINK

Et à droite :

GIENGEN a.d. BRENZ

Une porcelaine blanche rectangulaire, placée au centre au-dessus du second clavier, dit (avec un "O" très enluminé) :

Opus 446
Transmission:

Pneumatique tubulaire, notes et jeux. (Transmission d'excellente qualité, très fiable, agréable à jouer, et précise.)

Sommiers:

Sommiers à cônes.

Soufflerie:
Le volant de la soufflerie à Scharrachbergheim.Le volant de la soufflerie à Scharrachbergheim.

La soufflerie est installée dans le clocher, derrière l'orgue. Un grand réservoir à plis parallèles est placé en hauteur, sur une charpente. Il peut être alimenté soit par le ventilateur électrique (depuis 1935), soit par deux pompes cunéiformes, placées juste en-dessous et perpendiculairement. Elles sont actionnées par des bielles reliées à un vilebrequin, que le souffleur fait tourner au moyen d'un grand volant (manuel) en fonte.

Tuyauterie:

La tuyauterie est de très belle facture, homogène et en très bon état. Entailles de timbre, bouches volontiers arquées (surtout pour les basses).

La Flûte 8' du récit est absolument exceptionnelle.

C'est vraiment un instrument attachant, à coup sûr l'un des plus beaux de la région de Wasselonne, qui est pourtant richement dotée. Cet instrument contribue à la diversité du patrimoine local, avec ses timbres spécifiques et son harmonisation toute en finesse.

Son authenticité et la remarquable ambiance du lieu - associant des éléments hérités de l'époque romane avec d'autres de la Belle époque - en font un parfait endroit pour apprécier le répertoire post-romantique.

Références Sources et bibliographie :

Carte Localisation :

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Immatriculation de l'orgue actuel : F670442001P01
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