L'église de Natzwiller a été reconstruite en 1846, et c'est une vingtaine d'années plus tard que cette commune, alors vosgienne mais soumise à l'émulation alsacienne, se décida à la doter d'un orgue.
Historique
Il ne semble pas eu y avoir d'orgue à Natzwiller avant 1866. L'affaire fut signée avec Jean Nicolas Jeanpierre le 20/12/1863 et l'orgue reçu le 21/05/1866. [PMSAM77]
Il est probable que ce soit suite à l'installation d'un orgue dans la localité voisine de Russ Natzwiller ait choisi celui qui était probablement le meilleur facteur vosgien de l'époque. En 1862 déjà, un orgue était "réclamé depuis longtemps par la population". Voici la probable composition d'origine, relevée en 1904 par Franz Kriess, avant transformation :
La console était latérale. La hauteur de la Gambe d'Amour n'était pas précisée, mais Blessig la trouva bien en 8 pieds en 1959.
Noter la Voix céleste en 4 pieds (ce qui est curieux ; on peut se dire que, les Voix célestes n'ayant généralement pas d'octave grave, c'était peut être juste un moyen de le signaler. Toutefois, comme on a demandé à Kriess en 1094 de la "décaler" en 8 pieds, elle devait effectivement sonner à l'octave). Noter surtout l'absence de Mixtures : ce n'est plus qu'un orgue "de transition" : son Romantisme est affirmé! Hamel était passé par là, et avait, avec son ouvrage de 1849, révolutionné la facture d'orgues. Pour Jeanpierre, facteur aussi doué qu'inventif, très influencé par les livres car autodidacte, le "tournant" aura été sa reconstruction de l'orgue Nicolas Dupont de Lunéville, St-Jacques-le-Majeur, en 1852 : récit, console indépendante, machine Barker, jeux à anches libres, reçu par Joseph Régnier, l'alsacien Théophile Stern et... Paul-Marie Hamel. Jeanpierre était alors un "grand" de la facture d'orgues française. [IOLVO] [IOLMM]
Après Natzwiller, Jeanpierre travailla encore à Wisches en 1870, puis l'Alsace devint allemande, et il ne revint plus construire d'orgues, ni même entretenir les siens. Il reste en Alsace trois de ses orgues, tous les trois logiquement situés dans la région de Schirmeck et de Villé : le malheureux orgue de St-Martin, celui de Russ, et Natzwiller.
Franz Kriess exécuta sûrement, suite à son devis de 1904 les travaux nécessaires pour mettre l'orgue au goût du jour : [PMSAM77]
Les tuyaux de façade ont été réquisitionnés par les autorités allemandes en février 1917. [IHOA]
En 1922, Franz Kriess, qui avait été en concurrence avec Joseph Rinckenbach, revint pour remplacer la façade (avec des tuyaux de zinc), et le malheureux Violoncelle de pédale (en étain) par une Bombarde en zinc. [PRopp]
La Bombarde de 1922 était sûrement de mauvaise qualité, et assurément une fort mauvaise idée, car dès 1936, Georges Schwenkedel la remplaça par un Violoncelle. Malheureusement, il remplaça aussi le Basson/Hautbois d'origine par un Principal 8'. Il posa sûrement aussi un Nasard 2'2/3 au grand-orgue. [PMSAM77]
En 1959, Alfred Kern et Louis Blessig étaient en concurrence. Comme ce dernier était moins cher, c'est lui qui fut chargé de poursuivre les modifications. Ce fut l'option "basse" (conservant la transmission mécanique, l'autre, catastrophique, eut été d'électrifier la transmission) qui fut heureusement retenue, si bien qu'en 1960 : [PMSAM77] [PRopp]
A l'issue de tout cela, il ne resta plus que 9 jeux de Jeanpierre : le Bourdon 16', la Montre 8', la Flûte 8', le Prestant, la Doublette et la Trompette du grand-orgue, plus le Bourdon 8' du récit, ainsi que les Flûtes 8' et 4' de pédale.
En 1998, un projet de relevage ne fut pas réalisé, malgré la fourniture d'un devis par Bruno Dillenseger. [PRopp]
Le buffet
La superstructure et le soubassement ont la même largeur, ce qui est caractéristique des buffets du milieu du 19 ème (le soubassement étant plus étroit sur les orgues antérieurs à cette époque). Exécuté en chêne, le joli buffet néo-baroque comporte deux plates-faces doubles terminées en arc, et 3 tourelles, celle du milieu étant la plus haute, comme à Darney (Vosges). [ITOA] [IOLVO]
C'est l'inverse de ce que Jeanpierre faisait d'habitude sur les petits buffets néo-baroques, par exemple Russ, Chamagne, Réhincourt ou Val-et-Chatillon. Le buffet de Natzwiller pourrait avoir été inspiré par l'ancien orgue (début 18 ème) du Val-d'Ajol (Vosges) qui a été transféré par François Antoine Berger à Fontaines-lès-Luxeuil (Haute-Saône). Jeanpierre posa en effet un orgue au Val-d'Ajol en 1858. [IOLMM] [IOLVO]
Le culot de la tourelle centrale ne porte pas d'écusson, contrairement aux habitudes de Jeanpierre à l'époque. Jolies claires-voies, couronnements constitués de pot-à-feux sur chaque tourelle. [ITOA]
Caractéristiques instrumentales
Après 1852, Jeanpierre a souvent commandé ses tuyaux (métalliques) chez Narcisse Mary (à Paris), et dans les années 60, ce tuyautier devint pratiquement son fournisseur exclusif. Il y a donc de fortes chances que la tuyauterie de Natzwiller soit de Mary. [IOLVO]
Webographie :
Sources et bibliographie :
Donne la Trompette séparable en basse/dessus, ce qui semble ne pas être le cas (1 seul tirant). Coquille dans le nombre de notes du récit (56 au lieu de 54). Le 4 pieds de Pédale n'est pas de Jeanpierre.
Avec photos de la tuyauterie de pédale
L'orgue n'est pas attribué. La réparation par Roethinger qui y figure est probablement une erreur. Natzwiller apparaît dans la liste des reconstructions Kriess sous le numéro 26, sans date.
Cet ouvrage, par ailleurs excellent, affirme que l'orgue a été... "réparé" par Blessig en 1960
Localisation :