Cet orgue de Charles Wetzel, construit en 1876, connut un destin mouvementé : au moins quatre transformations d'envergure en un peu plus de 100 ans.
Historique
C'est en 1876 que Charles Wetzel construisit cet instrument. [IHOA]
Jusque là, la commune n'avait jamais eu les moyens d'acquérir un orgue : en 1866, on se servait encore d'un Serpent ("Hirtenhorn"), ce gros instrument à vent longtemps utilisé pour donner le ton et accompagner les chants. Ce devait être à l'époque le tout dernier encore en usage en Alsace. Ensuite, il y eut un harmonium. [Barth] [PMSCS98]
L'orgue a été construit à un moment décisif de l'histoire de la maison Wetzel : il y eut deux devis. Le premier, daté du 20/06/1874, est signé des Frères Wetzel. Le second, daté du 25 du même mois, par Charles, le cadet. Les deux frères se sont en effet séparés, et Emile, l'aîné, est allé s'installer à Bergheim. [PMSCS98] [PMSRHW]
L'orgue est disposé à fleur de tribune, avec une console latérale. Il présente la particularité d'avoir un positif logé dans le soubassement mais quand même doté de tuyaux de façade.
L'instrument devait être doté de 10 jeux au grand-orgue, plus un dessus de Trompette (la chape restant vide dans les basses), 6 au positif, plus une chape vide pour un Cromorne ou un Hautbois, et 4 jeux pour une petite pédale limitée à 15 notes. Curieusement, ce pédalier, en pratique inutilisable, devait être muni d'une tirasse. L'orgue complet avec toutes les chapes dotées devait donc avoir 23 registres. (La Trompette du grand-orgue, coupée en basse+dessus, comptant pour deux). Il a été reçu le 20/10/1876 par Thoenemann (Marmoutier) et Hammann (Otterswiller) (les deux étant instituteur et organiste). Il était précisé que l'instrument avait 22 registres : l'anche du positif n'avait pas été posée, mais on avait trouvé une solution pour la Trompette : il s'agissait d'un jeu récupéré sur l'orgue Callinet de la clinique Ste-Barbe à Strasbourg. [PMSCS98]
La Trompette n'était d'ailleurs pas le seul jeu "de rencontre" (comme disait Wetzel), puisque le Cornet a été réalisé avec des tuyaux du 18ème (c'était prévu au devis, comme une partie du 2' du positif) et que le Bourdon du positif est de Martin Wetzel. [ITOA]
Il y avait curieusement deux Flûtes 4' au grand-orgue, et le Cornet, à 4 rangs, était probablement dépourvu de Tierce. Il y avait aussi trois 4' au positif. Cet instrument proposé en 1874 était révélateur du retard accumulé par la facture d'orgues alsacienne à l'époque : pédale inutilisable de 15 notes (avec un 4' malgré la présence d'une tirasse), 4' en doublons... l'instrument avait de curieux défauts, et on a peine à croire qu'il s'agit bien d'un orgue de 1876.
Un projet pour étendre la pédale fut proposé par Charles Wetzel dès le 03/07/1882. Il était aussi prévu de remplacer la Trompette 8' de pédale par un Contrebasson 16', et la Flûte 4' par un Violoncelle. Au grand-orgue, une des deux Flûtes 4' devait être remplacée par un Nazard. [PMSCS98]
Ces travaux ne furent pas exécutés. Charles Wetzel revint en 1884 pour compléter la pédale. Mais on se rend compte, à l'analyse des travaux ultérieurs, que le complément ne fut finalement que de 3 notes pour passer à 18 notes (C-f). (Laissant donc la pédale toujours inutilisable en pratique.) [PMSCS98] [PMSRHW]
En 1905, il y eut un relevage, mené par Aloïse Lorentz, le fameux horloger de Souffelweyersheim qui pratiquait aussi la facture d'orgues. [IHOA] [PMSCS98]
Mais, décidément, l'orgue ne donnait pas satisfaction, et cinq ans plus tard, en 1910, on demanda à Franz Xaver Kriess d'installer une console indépendante (avec un vrai pédalier) et d'enrichir la composition : au grand-orgue, la Flûte traverse 4' a été logiquement être décalée en 8', et le Salicional 8' complété d'une octave grave. Au positif, une Voix céleste prit la place de la Flûte 4'. Et la pédale a - enfin - été complétée pour pouvoir être réellement jouable, à 27 notes (C-d'). [IHOA] [PMSCS98]
Les 49 tuyaux de façade ont été réquisitionnés par les autorités en 1917. [PMSCS98]
La façade a été remplacée en 1921 par Robert Weibel, et, à cette occasion, on lui demanda de transformer le positif en un récit expressif, en déplaçant sa tuyauterie à l'arrière de l'instrument. Il ajouta aussi un Hautbois du second clavier, qui n'avait jamais été doté de son anche prévue à l'origine. Martin Mathias (Strasbourg, cathédrale) reçut ces travaux le 12/08/1922, et qualifia le travail de "consciencieux". [PMSCS98] [IHOA]
En 1926, on envisagea d'autres transformations, car la maison Kriess proposa deux devis, non réalisés. [PMSCS98]
En 1928, la maison Edmond-Alexandre Roethinger électrifia la soufflerie et posa une octave grave à la Gambe qui en était jusque là dépourvue. [IHOA] [PMSCS98]
En 1937, c'est Louis Georgel, d'Eurville, qui fut chargé de l'entretien, en particulier du second clavier. [IHOA]
En 1977, l'instrument avait donc la belle composition suivante, nullement surprenante pour un orgue de 1876 (comme souvent, accouplement et tirasses, considérées comme "inutiles" ne figurent pas sur le relevé ; il y avait sûrement I/P, II/P et II/I) :
En 1952, il y a eu un entretien par Paul Adam. [Barth]
Malheureusement, tout cela n'était plus du tout à la mode dans les années 1970, quand la définition d'un orgue était : "Un instrument à vent, sur lequel on joue du Couperin". De plus, il est probable que la transmission de la console indépendante latérale ne donnait pas satisfaction.
En 1979, Gaston Kern effectua d'importants travaux, proposés par Marc Schaefer : transformation du récit expressif en un positif (non expressif), avec retour des tuyaux dans le soubassement. Suppression du Hautbois, de la Voix céleste, et la Quinte, et même de la Flûte 8'. L'anche du positif devint un Cromorne (alors qu'il n'y en avait jamais eu dans le passé). Façade neuve. Et construction d'une console latérale neuve. L'instrument a été inauguré le 29/04/1979. [IHOA] [PMSCS98] [Caecilia]
En 1986 la Gambe était notée comme dépourvue d'octave grave. [ITOA]
Il y eut un relevage, en 2001, à nouveau mené par Gaston Kern. [IHOA]
Caractéristiques instrumentales
Console latérale (comme à l'origine), de 1979.
Mécanique à équerres et balanciers.
A gravures, d'origine.
Sources et bibliographie :
OTTERSWILLER, Kt. Marmoutier. - Nach Liste von 1840 ohne O. - Schon vor und nach diesem Datum bis 1866 bediente man sich eines « grossen hölzernen Hirtenhornes, welches tonangebend und begleitend mitwirkte ». Im J. 1866 Anschaffung eines Harmoniums. 1875 : O. von Wetzel, heute noch in Brauch, 21 Reg., 2 Clav., Ped. Mittlg von Pf. Victor Jochum. - MATHIAS 44 irrig. - 1952 wurde die O. durch Adam rep. für 86.825 Fr. Mittlg A. Bender, Marienthal.
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