Posé à même le sol, à gauche du "choeur" de l'église, cet instrument est en totale harmonie stylistique avec celle-ci, construite en 1963 pour remplacer celle détruite lors des terribles évènements de l'opération "Nordwind" (janvier 1945).
Les orgues "historiques de Rittershoffen sont présentés sur la page consacrée à l'église protestante.
Historique
Cet orgue construit par Curt Schwenkedel a été inauguré le 20/12/1964. [IHOA]
Sur des panneaux d'exposition placés dans l'église figurent plusieurs documents, dont une lettre de Roger Seiter (Schiltigheim) préparant le programme du concert d'inauguration. On peut y lire :
Un autre document, manuscrit, dresse la liste des 38 parrains et marraines de l'orgue. L'organiste en 1964, Charles Vénus, ainsi que le curé Joseph Jochum (1950 à 1998, à qui on doit aussi le croquis de l'exceptionnel vitrail de façade, le plus grand d'Alsace) figurent en tête de liste des parrains. [Visite]
C'est un parfait exemple du style d'orgue "néo-baroque", qui s'imposa dans les années 1960-1980, et qui succéda au néo-classique. L'instrument reprend les recettes qui ont fait le succès des opus de Curt Schwenkedel : jeux coniques ou "italiens" (larges), disposition et harmonisation dans le style "orgue nordique", et buffet aux lignes géométriques, contemporain, sans ornement.
Les orgues néo-baroques de Curt Schwenkedel se déclinent en deux versions :
Cet instrument appartient clairement à la seconde catégorie. Le Brustwerk est expressif (volets en façade). On retrouve la mixture composée "Larigot + Sifflet" à Drusenheim (1964 également), Scheibenhard (1965), au Sacré-Coeur de La Montagne-Verte (1968), ainsi qu'à Herrlisheim (1972). Cet assemblage est parfois appelé par l'époque néo-baroque "Larigot 2 rgs" ou "Carillon". (Bien qu'il n'y ait ps de Tierce, ce qui peut porter à confusion.)
L'orgue a été relevé en 1989 par Bruno Dillenseger. [IHOA]
Le buffet
Le buffet est résolument "contemporain des années 60-70" par ses formes anguleuses et son refus de tout ornement. Pour l'adoucir, la ligne des bouches dessine une hyperbole. Malgré son côté novateur, il reste fidèle à certains "codes esthétiques" hérités de l'histoire, qu'ils soient issus du 18ème (soubassement moins large que la superstructure permettant un "épaulement" de chaque côté) ou du 19ème (console retournée "alla Cavaillé-Coll"). La véritable originalité de ce type de buffet vient du fait qu'il assume l'asymétrie, et qu'il est "chromatique" : à part la face, qui s'offre une fantaisie-ravalement, les tuyaux sont disposés dans l'ordre, de gauche à droite, montrant leur progression, et sans les distribuer alternativement des deux côtés (disposition "diatonique"). Suivant la courbe exponentielle des chamades, le buffet présente tous les graves à gauche. L'orgue classique ne se serait pas permis cela, ne serait-ce car les matériaux n'auraient pas autorisé un tel déséquilibre (un côté beaucoup plus lourd que l'autre, avec les contraintes que l'on imagine sur la structure). C'est un choix esthétique délibéré : la console étant dans l'autre sens (les graves du claviers étant donc à droite de l'orgue quand on le regarde en face), cela n'est pas sans conséquence sur la mécanique, qui est donc "croisée".
Caractéristiques instrumentales
Console indépendante face à la nef, fermée par un couvercle basculant. Tirants de jeux de section ronde à longs pommeaux tournés, assez petits, sans porcelaines. Les noms des jeux sont donnés par des plaquettes en plastique (noires pour le grand-orgue, rouges pour le récit, bleues pour la pédale). Commande de l'expression du second clavier par pédale basculante centrale, repérée "Expression récit". Commande des tirasses et de l'accouplement par pédales-cuillers à accrocher, disposées à droite de la pédale d'expression : "I - II", "I - P", "II - P".
Sources et bibliographie :
Photos de juillet 2003
Photos de juillet 2012
Localisation :