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Les orgues de la région de Seltz
Siegen, St-Laurent
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Siegen, l'orgue Schwartz dans son buffet Stiehr.
Photo de Franck Lechêne, 16/07/2012.Siegen, l'orgue Schwartz dans son buffet Stiehr.
Photo de Franck Lechêne, 16/07/2012.

L'orgue actuel a été réalisé en 1973 par le facteur René Schwartz - de Stundwiller - dans un buffet Stiehr-Mockers datant du premier tiers du 19ème siècle. Mais l'instrument le plus enthousiasmant et le plus significatif de Siegen restera celui qu'a construit Georges Schwenkedel, et qui resta en place de 1931 à 1972.

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Historique

Un orgue Stiehr a été livré à Siegen vers 1824 ou en 1832. On connaît le nom de l'organiste en 1825 : Chrétien Kochert. Si bien que si l'orgue de Seltz est vraiment venu en 1832, ce n'était pas le premier du lieu. En tous cas, l'édifice date de 1820. [IHOA] [NAlsacien]

L'instrument a été réparé le 27/07/1906 par Louis Mockers. [PMSSTIEHR] [IHOA]

Les tuyaux de façade ont été réquisitionnés par les autorités le 26/07/1917. [IHOA]

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Historique

En 1931, Georges Schwenkedel dota Siegen de son opus 32, de 16 jeux. [IHOA] [IHOA] [AMS189Z94]

Les archives Schwenkedel (02/04 et 26/09/1930) consignent d'abord un simple remplacement des tuyaux de façade : il y a un relevé des cotes de la tribune et un plan de la façade. [AMS189Z95]

Puis, l' "Arbeitsbuch 1" décrit l'opus 32 (et non 33), destiné à "Siegen B.Rhin kath. Kirche" : [AMS189Z94]

A nouveau, quelle surprise ! Grand-orgue fondé sur 8' ouvert (et doté de trois 8'), récit à Quintaton 16' et Trompette harmonique. Accouplements à l'octave (réelles !) permettant de disposer d'une batterie d'anches complète, mais aussi du magique chœur de Voix céleste (avec l'Aeoline, son "appui" de prédilection !)

Il y avait donc à Siegen un instrument post-symphonique dont il faut absolument garder le souvenir. L'organologie "officielle" du dernier tiers du 20èmpes siècle s'est bien gardée de publier que Siegen disposait d'un instrument aussi remarquable ! Evidemment, ladite organologie avait des choses à cacher : perte quasi totale de toute compétence en matière de transmission pneumatique, reniement de tout l'héritage post-romantique alsacien au profit d'une esthétique classique parisienne "pure", appauvrissement des répertoires autour du noyau "classique français", etc...

Une inauguration festive

Deux articles du "Nouvel Alsacien", datés des 14 et 24/10/1931, relatent l'événement. Le premier concerne l'inauguration festive de l'instrument, qui eut lieu le 19/04/1931. Chose peu courante à l'époque : on retrace l'histoire de l'orgue précédent, attribué à la maison Mockers, daté de 1833, et donné pour 8 registres, et 1 seul manuel. Or, on l'a vu, l'organiste Chrétien Kochert était déjà en poste en 1825. Ceci impliquerait qu'il y avait un instrument, jusque là non documenté, avant le petit orgue Stiehr. Or, l'auteur de l'article est bien renseigné, puisqu'il ajoute le prix de l'orgue de Seltz : 2200 Fr.

En 1931, la maison Schwenkedel a visiblement déjà une très bonne réputation : "bestbekannten Firma Schwenkedel, Strassburg-Königshofen". L'orgue est décrit comme ayant 15 jeux (ce qui est conforme aux notes de Schwenkedel) et que la fête commença à 14h. Les chants ont été accompagnés à l'orgue par l'instituteur Wendel. On apprend ensuite que la réception a été assurée par Berger (Mulhouse) et le professeur Claus ("Präsident des Cäcilien-Verbandes"). On se félicitait qu'un orgue aussi beau soit installé dans un village aussi petit : "[...]zu verdanken ist, dass eine so schöne Orgel für unser kleines Dorf angeschafft werden konnte."

C'est ça, l'histoire de l'orgue alsacien ! Au 19ème, cet instrument a conquis les campagnes, jusque dans le plus petites localités. Puis, après 1920, de petits villages se virent doter d'orgues dignes - selon les standards "de l'intérieur" - d'une cathédrale !

Enfin un orgue complet

Le second article reprend les mêmes faits en développant un peu. Il souligne la générosité des gens de Siegen. Cette fois, le vieil instrument de Stiehr est daté de 1832. L'orgue Schwenkedel y est clairement présenté comme neuf ("Eine neue Orgel"), doté de 15 registres parlants ("klingende Register"), 2 manuels, et une pédale complète (ce qui constitue un progrès conséquent, et confirme que l'instrument de Setlz, comme presque toujours, n'avait qu'un tout petit pédalier, essentiellement décoratif).

Moteur !

L'article aborde un sujet finalement rarement évoqué à l'époque : le nouvel orgue était doté d'une soufflerie électrique. Ce qui priva le souffleur de cette activité. Le fait est généralement passé sous silence, mais là : "Ein Motor sorgt diskret für die Windzufuhr, und traurigen Gestichts stand letzen Sonntag unser «Blassbalg-Victor» neben seinem mächtigeren Konkurrenten, der ihm dir Arbeit abgenommen". Il n'est pas précisé si Victor, le souffleur à la mine déconfite face à cette concurrence déloyale fut de façon ou d'une autre indemnisé. En tous cas, lui n'avait pas le cœur à la fête et ne partageait pas l'enthousiasme général !

Action.

Mais de l'enthousiasme, il y en eut : l'auteur de l'article souligne particulièrement la qualité de l'harmonisation, le fait qu'il y ait un récit expressif, et une console moderne, permettant d'aborder de nombreux répertoires. L'orgue fut confié pour le concert inaugural "à un Mulhousien, ami du curé Krauss" : on devine qu'il s'agit de Berger. L'organiste-instituteur Wendel, lui, a dirigé la chorale pour les œuvres vocales.

L'instrument a été réparé en 1956 par Curt Schwenkedel. [IHOA] [IHOA]

Une fin très triste

Malheureusement, l'instrument a été littéralement massacré avant 1967. [PMSSTIEHR] [IHOA]

L'orgue était probablement difficile à jouer, parce que les membranes, qui sont des pièces d'usure, n'avaient jamais été remplacées.

En 1967, lors de sa visite pour rédiger son ouvrage sur les Stiehr, Pie Meyer-Siat découvrit l'orgue dans un état "navrant" : "la console est enlevée, remplacée par un harmonium ; les 2 claviers manuels traînent dans l'orgue ; les pièces démontées de la console sont entreposées sur le réservoir. On voit qu'il y a un récit expressif, et que la pédale avait 30 notes. Au bas du massif, les tubes de plomb de la traction pneumatique sont coupés à la cisaille.". [PMSSTIEHR]

Une photo de 1967 montre l'instrument avec une façade "normale" (les tuyaux allant jusqu'en haut des plates-faces). [PMSSTIEHR]

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L'orgue René Schwartz,
1973 (instrument actuel)
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Historique

En 1973, René Schwartz construisit un orgue néo-baroque dans le buffet Stiehr. [IHOA] [IHOA]

On l'a vu, cet instrument néo-baroque n'a pas sur la conscience la démolition du superbe orgue post-romantique de 1931 : c'était déjà fait, gratuitement, pour rien. René Schwartz, qui installé dans la localité voisine de Stundwiller en 1967 était bien sûr le "facteur local".

Pas local

Reste que cet instrument de 1973 n'est pas "local" du tout. C'est même un vrai catalogue des marottes et fausses-bonnes-idées "globalistes" qui sévissaient à l'époque : "influence nordique" (Sesquialtera), pas ou peu de fondamentales (tout le grand-orgue est fondé sur un malheureux Bourdon 8'), pas de Gambe, pas de Flûte ouverte. Pas d'anche. Le tout tourne le dos, ostensiblement, à la tradition alsacienne. Cela n'a rien de spécifique à Siegen, c'était commun pendant la période noire de la facture d'orgues. Siegen a juste fait refaire son orgue au plus mauvais moment. Dire qu'il aurait suffit de ne pas détruire la merveille de Schwenkedel...

Façade ?

Ce qui saute aux yeux, c'est que les tuyaux de façade ne remplissent pas les plates faces. Du coup, on voit les entrailles (les postages du Cornet ?), et le dessin du buffet semble être dû à H.R. Giger. L'inventaire technique de 1986 note d'ailleurs de façon faussement candide : "façade en étain, trop courte puisque les tuyaux n'atteignent pas les claires-voies." Sauf qu'il ne s'agit probablement pas d'une erreur mais d'un fait exprès : une tentative pour "faire italien" ou juste "original". Si c'est pour "faire italien", c'est complètement raté. Si c'est pour "faire original", les orgues sont des instruments de musique, pas des bougies fantaisie. Le pire, c'est que Schwenkedel avait doté l'instrument d'une très belle façade, certes probablement en zinc (où est le problème ?), parfaitement adaptée au buffet...

Façades.

Notons que cette maladie consistant à remplacer systématiquement les façades en zinc par de l'étain (sans les avoir écoutées : jusque parce qu'elle sont en zinc, et que quelqu'un, autrefois, avait décidé "le zinc ne vaut rien") sévit encore aujourd'hui. Evidemment, il existe des façades en zinc ratées, tout comme il y a des façades en étain ratées. Mais certaines façades en zinc sonnent merveilleusement. Outre leur regrettable disparition, le problème, bien sûr, c'est que ces remplacements - coûteux - sont la plupart du temps inutiles, et se font au détriment de l'entretien de l'instrument : il y aurait souvent des choses bien plus importantes à faire. Mais voilà, une façade en étain neuve, ça brille, et ça raconte : "Voyez, ils ont rénové l'orgue".

On ne saura probablement jamais ce qui s'est passé vers 1960, quand la console de l'orgue post-romantique a été arrachée. Ce qui est sûr, c'est que quand on compare l'orgue assez fabuleux de 1931 avec le résultat final... il y a vraiment de quoi pleurer.

Caractéristiques instrumentales

Composition, 1986
Grand-orgue, 56 n. (C-g''')
Positif intérieur, 56 n. (C-g''')
Pédale, 30 n. (C-f')
I/P
[ITOA]
Console:

Latérale.

Transmission:

Mécanique à balanciers et équerres.

Sommiers:

Sommiers à gravures.

Références Sources et bibliographie :

Carte Localisation :

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Immatriculation de l'orgue actuel : F670466001P03
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