Stundwiller, l'orgue Schwartz / Koenig.Cet orgue est le premier des cinq construits en Alsace par un facteur établi à Stundwiller appelé René Schwartz. L'instrument est d'un style "néo-baroque" extrême, pastichant les instruments parisiens du 18ème, une pratique à l'époque fortement encouragée par les experts. Un instrument qui, même s'il a été construit en Alsace, n'a finalement pas grand chose d'alsacien, ni dans la façon, ni surtout dans l'esprit.
Historique
Dans l'ancienne église, qui datait de l'Ancien Régime, il y avait un orgue dont on ignore la provenance. Il a été installé après 1786. [IHOA]
Mais l'instrument est tout de même célèbre. Il a été - de fait - un "orgue reliquaire". Pendant la Révolution, la châsse des reliques de l'église a été cachée sous l'instrument. [IHOA]
On connaît le nom de l'organiste de Stundwiller en 1825 : Jean-François Wollmar. François-Jacques Wollmar (de 40 ans son aîné) lui succéda en 1826 quand son prédécesseur fut nommé à Aschbach. [IHOA]
Les tuyaux de façade ont été réquisitionnés le 23/07/1917. [IHOA]
L'instrument a été une première fois endommagé au cours du second conflit mondial en 1940. [IHOA]
Le 24/07/1942, Georges Schwenkedel, appelé à son chevet, en nota la composition : [SchwenkedelNB]
De façon fort surprenante, Schwenkedel note "Orgel Silbermann ?". (Mais l'édifice date de 1786.) Il nota aussi que la tuyauterie est de qualité ("gut") mais sujette à une attaque du ver à bois, que la soufflerie est en état et paraît récente, que la mécanique est à réparer, et que les tuyaux de façade ont été abîmés par des shrapnels. [SchwenkedelNB]
15 jeux pour un manuel unique, c'est vraiment beaucoup. La Gambe, la Flûte ouverte 8' et l'anche 16' de pédale ont vraisemblablement introduits plus tardivement. Et le manuel faisait 51 notes. Ce pourrait être un des premiers orgues de Michel Stiehr (voir Roppenheim), mais rien n'est prouvé.
L'orgue fut totalement détruit en 1945 (avec l'église), lors de la funeste opération "Nordwind", emportant son secret. [IHOA]
Historique
L'église actuelle a été achevée en 1965. En 1967, René Schwartz livra un orgue néo-baroque neuf. [IHOA] [ITOA]
L'instrument a une particularité peu commune : l'arrière du positif de dos est vitré.
Historique
En 2002, l'orgue a dû être reconstruit par Yves Koenig : les sommiers ont été remplacés. [IHOA]
Caractéristiques instrumentales
Les tirants n'ont pas l'air droits.Les tirants du grand-orgue sont à droite, ceux du positif et de la pédale à gauche. Claviers noirs. Commande des accouplements par trois pédales / cuillers à accrocher.
De 2002.
René Schwartz (1928-27/12/1979 à Stundwiller)
Siegen (2012)René Schwartz, comme tous les facteurs d'orgues alsaciens de la seconde moitié du 20 ème siècle, est issu de l' "école" Edmond-Alexandre Roethinger. Schwartz s'installa à Stundwiller, et se fit une spécialité de "mécaniser" des instruments à traction pneumatique ou électrique.
Schwartz construisit au moins 5 orgues neufs (ou considérés comme tels). Voici les plus marquants de ses travaux :
- En 1967, construction d'un orgue neuf à Stundwiller. (La raison probable de son installation dans cette localité).
- En 1968, transformation (plutôt vigoureuse) de l'orgue Stiehr de Hoffen. Elle ne donna pas satisfaction, puisque l'instrument a été reconstruit par Yves Koenig en 2002
- En 1969, "remécanisation" de l'orgue Martin Wetzel de Walbourg. (Là aussi, l'orgue fut revu par Yves Koenig.)
- La même année, à Beinheim, construction d'un orgue pratiquement neuf dans un buffet Stiehr. L'instrument fut totalement reconstruit, à nouveau par Yves Koenig, en 2002.
- En 1970, construction d'un orgue neuf à Stundwiller/Oberroedern.
- En 1971, ce fut l'orgue neuf de Cleebourg/Bremmelbach.
- En 1973, à Siegen, construction d'un orgue pratiquement neuf dans un buffet Stiehr, avec démolition, - au passage - de l'opus 33 de Georges Schwenkedel, qui, pourtant, devant assurément être ce que Siegen a connu de mieux.
- En 1975, encore une "remécanisation", cette fois sur l'orgue Ferdinand Stieffell de Lauterbourg. A nouveau, le tout fut refait par Yves Koenig, en 1999.
L'analyse des faits montre donc que les "mécanisations" des années 60-70 ont souvent été de fort mauvaise qualité, et au moins aussi préjudiciables que les soit-disantes "pneumatisations" des années 1900-1930. C'était une époque (1960-1990) où sévissait un intégrisme issu de la vague "néo-baroque", proclamant que seule la traction mécanique est valable. Malheureusement, nombre de ces mécanisations confirment qu'il vaut cent fois mieux une bonne traction pneumatique qu'une mauvaise mécanique. René Schwartz a probablement été victime des "modes" de son époque, où l'on demandait parfois au facteurs "n'importe quoi, du moment que c'est mécanique". Seule la mécanique comptait, mais pas trop la partie sonore, qui fait évidemment la richesse d'un orgue.
Sources et bibliographie :
Photos du 15/07/2005.
STUNDWILLER, Kt. Seltz. - Mit O., 1840, Liste, u. 1892, Visit.-Bericht. - Dass Stiehr in Seltz die Orgel für St. baute, liegt auf der Hand. - Ki. mit O. im 2. Weltkrieg zerstört.
Localisation :