Jean-André Silbermann a conçu l'orgue de Blodelsheim comme un instrument "de campagne" (donc de taille limitée), et destiné au culte catholique, c'est-à-dire à même de "commenter" et d'orner la liturgie avec son jeu de Tierce et son Cromorne (décomposé en basse et dessus). Ce Cromorne "remplace" dans la composition la Cymbale, jugée moins importante dans ce contexte : l'orgue n'est pas destiné à accompagner le chant de l'assemblée. On le comparera donc à son (presque) contemporain de Gries, qui, lui, est muni d'un plein-jeu plus fourni et d'une pédale indépendante avec Soubasse 16', car c'est un orgue destiné au culte luthérien, et donc à l'accompagnement du choral.
Historique
Un premier orgue était présent à Blodelsheim avant 1778. [IHOA]
Sa présence est attestée par son déménagement, en 1778, à St-Wendelin de Roggenhouse. C'était un tout petit instrument de 4 jeux. [IHOA]
Historique
C'est le 19/05/1779 que Jean-André Silbermann livra cet instrument. [IHOA] [ITOA] [MSchaeferSilb] [RSA]
L'instrument est très comparable à celui de Hipsheim (1760). Là-bas, la composition compte 8 jeux seulement. Les deux "manquants" sont la Flûte 4' et le Sifflet. Ce sont les jeux emblématiques du style de Jean-André Silbermann "tardif" (après 1765), qui s'est affirmé après son voyage en Saxe (1741). La composition de la Fourniture est la même que celle de Gries.
A l'origine, en 1779, quand il fut livré, cet orgue n'avait pas de pédale indépendante, mais un pédalier agissant en tirasse sur la première octave (13 notes), et seulement sur trois jeux : Bourdon 8', Prestant 4' et Cromorne 8'. Ce n'étaient pas vraiment des "emprunts", car il n'y avait pas de tirants dédiés à ces jeux à la pédale. Pour rendre le dispositif plus cohérent, l'octave grave du Bourdon est en fait une Flûte (ouverte), pour être moins "sourde" à la pédale. [MSchaeferSilb]
C | c | c' | c'' |
2/3' | 1'1/3 | 2' | 4' |
2/3' | 1' | 1'1/3 | 2'2/3 |
1/2' | 2/3' | 1'1/3 | 2' |
C'est avant 1862 que l'instrument fut muni d'une pédale indépendante constituée d'une Flûte 8' et d'une Trompette 8' (donc, pas de Soubasse). [IHOA]
La tour de l'église a dû être reconstruite, car les fondations avaient souffert d'une inondation. En 1862, appelé pour remonter l'orgue après les travaux, François Antoine Berger procéda à un changement de composition : un Salicional prit la place de la Tierce, un Basson/Hautbois celle du Cromorne. Il renouvela également la pédale, pour la doter cette fois de quatre jeux de 18 notes : Bourdon 16', Flûte 8', Flûte 4', et Trompette. La nouvelle tribune laissant moins de place en hauteur, les couronnements n'ont pas pu être replacés. On pratiqua une échancrure dans le plafond, mais malgré cela, il fallut tout de même scier une partie du soubassement. La tirasse et le tremblant furent supprimés. [JBrun] [IHOA] [ITOA] [RSA]
Les tuyaux de façade ont été réquisitionnés par les autorités en 1917. [IHOA]
En 1932, une nouvelle Montre fut placée, et pour la mettre en 8' (tout en gardant le Prestant), le Sifflet a été éliminé. [IHOA]
En 1947, l'orgue a été sauvé du feu lors de l'incendie de la flèche du clocher, mais a souffert d'infiltrations d'eau. [JBrun]
En 1983, la maison Alfred Kern restaura le manuel en l'état de 1779 et la pédale en l'état de 1862. Le clavier et la soufflerie de Berger furent conservés. La tirasse et le tremblant ont été reconstitués. [JBrun] [IHOA] [ITOA] [RSA]
La restauration a été achevée le 22/05/1983, et l'orgue a été béni à la Pentecôte. C'est la maison Brucker qui a décapé et restauré le buffet. [JBrun]
Le buffet
Trois tourelles rondes à entablements ("à la française"), la plus petite au centre, encadrent deux plates-faces rectangulaires. Le buffet ne comporte pas la fameuse tourelle centrale trilobée. Il est donc comparable avec celui de Hipsheim. Les jouées sont un peu plus petites et plus ajourées qu'à Hipsheim, mais les rinceaux plus hauts. Les culots à feuilles d'acanthes sont courants sur les buffets Silbermann.
Les couronnements des tourelles latérales ont été enlevés en 1862. [ITOA]
Caractéristiques instrumentales
Console en fenêtre frontale. Tirants de jeux de section carrée à pommeaux tournés noirs. Ceux du manuel (d'origine) sont disposés en deux colonnes, de part et d'autre de la console. Ceux de la pédale (plus petits) ont été disposés en bas, sur une deuxième colonne, également de part et d'autre. Comme il n'y avait pas de place pour les étiquettes, celles-ci ont été placés sur le flanc rentrant du montant. Clavier de Berger (ce qui explique qu'il soit blanc). Etiquettes de Kern. Banc récent.
mécanique suspendue.
à gravures, d'origine pour le manuel, et de Berger pour la pédale.
réservoir à plis, de Berger. Le levier à bras pour le pompage manuel a été conservé.
Sources et bibliographie :
Remerciements à Jonathan Brun.
Historique, technique, et photos
Localisation :