Il y avait à Hohwiller, de 1898 à 1995, un orgue très intéressant venant d'Adrian Spamann. Mais l'instrument actuel a été construit par Gaston Kern, de la Manufacture d'Orgues Alsacienne, en 1995.
Historique
Le premier orgue de Hohwiller était l’œuvre du facteur Adrian Spamann, de Boulay, et datait de 1898. [IHOA]
On s'était aussi adressé à un facteur strasbourgeois : Charles Wetzel fit une proposition le 05/08/1892 (avec un pédalier de 20 notes... en 1892 !) Il ne fut pas retenu. [PMSRHW]
Avec ses sommiers à cônes "Kegelladen", l'orgue Spamann est directement inspiré par les orgues de l'école Eberhard Friedrich Walcker. Sa belle composition de 8 jeux seulement permettait, grâce aux deux manuels et à l'accouplement à l'octave, d'adresser quand même un large répertoire.
Note : Spamann appelle souvent ses Voix célestes "Unda-Maris".
Dans ces acoustiques, ces compositions sont idéales : elles permettent de fins mélanges de 8' pour varier les timbres, et disposer d"intensités très progressives.
Adrian Spamann (Lindau, 02/01/1843 - Boulay, 19/04/1919) était établi à Boulay (57). Il a été formé par la maison Dalstein-Haerpfer, où il entra le 03/03/1864 (presque à sa création). Ils se mit à son compte en 1886. Son orgue le plus marquant en Alsace est celui de Niedersoultzbach (1895).
L'instrument fut malheureusement transformé en 1959 par Ernest Muhleisen, qui ajouta une - prétentieuse et en pratique complètement inutile - Bombarde, découpa la pauvre Gambe du grand-orgue pour un faire un absurde 2', et la Voix céleste - toute la poésie de la composition de 1989 - pour en faire un 4' ouvert. (Alors qu'il y avait déjà une Octave 4' au grand-orgue...) [IHOA]
Une Bombarde comme seul jeu d'anche... Il faut vraiment aimer le tintamarre à la place de la musique... Heureusement, on a oublié qui a conseillé de pareilles absurdités. Et voilà comment on traitait les orgues historiques à la fin des années 50 : à la pince coupante... Et ce n'était que le commencement de la "période noire" de la facture d'orgues, qui fut calamiteuse pour notre patrimoine.
Historique
Mais ce fut pire en 1995 : on décida purement et simplement de remplacer l'orgue Spamann par un instrument néo-baroque "standard"... et à un seul manuel. Ce fut fait par Gaston Kern. [IHOA]
Cette fois, le nom de l'expert est connu : c'est Marc Schaefer, qui, dans un courrier daté du 17/03/1991 adressé au pasteur René Gerber, recommande la construction d'un orgue neuf. Suit un choix de facteurs d'orgues recommandés, et un "cahier des charges". Pour condamner à mort le bel orgue Spamann, il a suffit de quelques phrases vagues et non étayées : "L'orgue Spamann, réparé à plusieurs reprises, est pratiquement hors d'usage. Le fonctionnement des transmissions laisse à désirer et l'équilibre sonore laisse à désirer. Il est donc envisagé de remplacer cet instrument par un orgue neuf". [EAdam]
C'est tout. Alors qu'il est évident que l'orgue Spamann nécessitait surtout un entretien par un facteur compétent. Or, des facteurs compétents en pneumatique, en 1995, il n'y en avait en pratique qu'un seul en Alsace (et il ne fait pas partie de la liste figurant sur le courrier). Un orgue avec des sommiers à cônes "pratiquement hors d'usage" - parce que mal entretenu - est tout à fait réparable. Forcément que la transmission, pas réglée, "laissait à désirer". Et forcément que l' "équilibre sonore" laissait lui aussi "à désirer", vu que deux jeux avaient été découpés en 2' ou 4', et que l'instrument était affublé d'une effarante Bombarde ! Il aurait suffi de faire arranger cette transmission par quelqu'un de compétent, de restaurer les deux jeux abîmés, et d'envoyer la Bombarde à sa place, c'est-à-dire à la déchetterie... Hohwiller aurait gardé son incomparable et irremplaçable orgue historique.
Il était précisé que le démontage doit être "fait avec soin [...] dans l'optique d'un remontage éventuel dans le futur Musée de l'Orgue en Alsace."
Autrement dit, l'orgue Spamann n'était pas assez bien pour Hohwiller, mais suffisant pour un "musée de l'orgue". On était au moins un peu conscient de sa valeur. Mais les orgues ne sont PAS des pièces de musée. Ledit projet de musée ayant connu le (logique) destin que l'on connaît, l'orgue Spamann a purement et simplement disparu.
Bilan
En 1898 : 8 jeux sur deux claviers (dont un expressif) et pédale, et avec des octaves graves II/I 16'. Six 8' (de valeur, coûteux et précieux), de nombreuses possibilités musicales, et un charme incomparable. En 1959 : deux jeux mutilés et ajout d'une absurde Bombarde. En 1995 : 7 jeux sur un seul clavier et pédale sans même une Montre 8', donc fortement dépourvu de fondamentales. Un instrument complètement "standardisé", donc sans personnalité.
Caractéristiques instrumentales
Console frontale ; clavier saillant. Tirants de jeux de section carrée à pommeaux, repérés par des étiquettes en papier, et disposés en deux colonnes, de part et d'autre du clavier. Clavier noir.
L'harmonium Schwenkedel
Malgré le désastre de 1995, Hohwiller a conservé un élément d'histoire. Il s'agit d'un harmonium à 2 claviers et pédalier fourni par Georges Schwenkedel.
Sources et bibliographie :
Photos du 14/07/2005 ; dossier de Marc Schaefer, conservé par la paroisse.
L'Inventaire des orgues du Bas-Rhin attribuait l'instrument à Edmond-Alexandre Roethinger, et le note doté de sommiers à membranes et non à cônes.
HOHWEILER, Kt. Soultz-s.-F. - Simult.-Ki. 1898: neue O. bestellt für 3.050 M.; 1900: Orgelweihe. Die O. kostete schliesslich 5.000 M. HORNING, GK 97. u. 274.
Localisation :