Le style de l'édifice est plutôt "typé", mais il faut le replacer dans son contexte : la tragédie de la guerre de 14-18. L'église, fortement endommagée, a été reconstruite suivant les plans d'Antoine Buchmann. Ces décorations, qui peuvent paraître désuettes aujourd'hui, sont avant tout une façon d'échapper aux images de guerre. La sincérité de la démarche est illustrée par le chemin de croix de Martin Feuerstein (1919). Le Maître-autel, lui, est authentiquement Baroque : 1758. L'orgue d'Ohlungen a été construit par Franz Xaver Kriess en 1905.
Historique
C'est probablement Johann Jacob Moeller qui construisit, en 1811, le premier orgue d'Ohlungen. [IHOA]
L'instrument y servit 40 ans, puis Martin Wetzel le déménagea à St-Martin de Berstheim en 1851. [IHOA]
Historique
Martin Wetzel posa un orgue neuf en 1851. [IHOA]
L'instrument fut démonté en 1905 et on ne sait pas ce qu'il est devenu. [IHOA]
Historique
Le devis de Franz Xaver Kriess est daté du 08/10/1904., et l'instrument, été reçu avec éloges le 24/03/1905 par Adolphe Gessner ("ein Meisterstück bezüglich der neuersten Konstruction"). Gessner était en effet le "mentor" de Kriess. Il avait lui-même retenu le devis de son protégé (de toutes façons moins cher), face à celui d'Edmond-Alexandre Roethinger. [IHOA] [Barth]
L'orgue porte le numéro 22 dans la liste Kriess parue dans Caecilia en 1924. Il y noté comme ayant 15 Registres. Il n'y avait en effet à l'origine que 4 jeux au récit : probablement une Flûte 8' à double bouche (en bois), un Salicional 8', un Quintaton 8' et une Aéoline 8'.
Il manquait donc sûrement le Bourdon 16' au grand-orgue. Et pourtant, la demande pour des jeux graves était tellement marquée que Kriess a fait rentrer une Contrebasse à la pédale alors qu'il n'y a absolument pas la place pour les tuyaux graves (le jeu commence au La grave). Il est à rapprocher d'une autre oeuvre très attachantte de Kriess : Maisonsgoutte.
L'orgue Kriess a dû être démonté après que l'église ait été gravement endommagée en 1913. [Barth]
L'édifice fut reconstruit, et l'orgue y fut remonté en 1916 (par Kriess), doté d'un jeu supplémentaire au récit (probablement la Flûte traverse de 4'). L'Aeoline et le Quintaton originels du récit ont été remplacés par une Voix céleste et un Hautbois. [IHOA] [Barth]
Mais les effets de la guerre continuèrent à se faire sentir : les 41 tuyaux de façade ont été réquisitionnés par les autorités allemandes en 1917. Il ont été remplacés... par des rondins peints. [IHOA]
Kriess répara son orgue en 1934. [IHOA]
Cet orgue d'esthétique post-romantique allemande a malheureusement été "baroquisé" vers 1960. Ce fut fait par Louis Blessig : la Doublette, la Flûte 4' de Pédale n'ont bien sûr rien à voir avec l'esthétique d'origine. Le récit a aussi été affublé d'une Quinte 2'2/3 et d'une Tierce 1'3/5. [IHOA]
L'orgue a été relevé et partiellement restauré en 2002 par Hubert Brayé. Quinte et Tierce ne sont heureusement plus au programme. [RLopes]
Le buffet
La boiserie, en chêne et de style néo-baroque, a été réalisé par la Maison Hettich (Haguenau). La façade est en en rondins peints.
Caractéristiques instrumentales
Console indépendante dos à la nef. Ordre, orthographe et couleur des dominos : Grand-dorgue (orange): Principal 8', Doppel-Gedeckt 8', Flauto doce 8', Rohrflöte 4', Octave 4', Mixture 3-4 fach., Trompete 8' Accouplements (vert/orange) : Manual-Koppel II zu I, Sub-Octavkoppel zu Man II Récit (vert): Doppel-Flöte 8', Salicional 8', Vox coelestis 8', Oboe 8', Flauto traverso 4'. Pédale (jaune) : Contrabass 16', Subbass 16', Flöte 4' Tirasse Récit (vert/jaune) : Pedal Koppel zu Man II Tirasse Grand-orgue (orange/jaune) : Pedal Koppel zu Man I
Ces dominos agissent "à l'envers" (le jeu correspondant est appelé quand le domino est basculé vers le haut).
Décidément, chaque orgue a ses spécificités... Il vaut mieux s'en souvenir, sinon, lorsque l'on pense répéter la Marche Nuptiale "à vide" pendant l'homélie, on peut donc se retrouver avec un Tutti prêt à bondir. Réciproquement, les premiers accords de 9 notes (muettes) de ladite Marche ne doivent pas non plus manquer de sel.
Sources et bibliographie :
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