L'église Ste-Marguerite de Soppe (qui remonte pour partie au 15ème siècle) s'orne de peintures de Johann Pfünner et de Henri Kayser. En 1843, Claude-Ignace Callinet avait monté sa propre entreprise, concurrente de celle de son frère aîné Joseph. Les deux frères s'étaient séparés, Claude-Ignace s'étant certainement lassé des nombreuses concessions et "extras" offerts par son frère à leurs clients. C'est à Soppe-le-Haut qu'il posa, en 1846, un des instruments illustrant le mieux le début de sa production "en solo".
Historique
Le premier orgue de Soppe-le-Haut datait de 1789, et avait été posé par Joachim Henry, de Thann. [IHOA] [PMSAEAHENRY]
De Henry, on a surtout retenu les lucratifs déménagements d'orgues confisqués par la Révolution, et ses méthodes peu orthodoxes (conférant à la calomnie) d'affronter la concurrence de Rabiny. L'orgue Henry de Soppe parait toutefois avoir passé la Révolution, et fut finalement utilisé pendant plus de 50 ans.
Historique
En 1846 fut posé l'orgue actuel, oeuvre de Claude-Ignace Callinet. [IHOA] [PMSAEAHENRY]
Claude-Ignace se distinguait aussi de son frère par ses aspirations esthétiques - il était beaucoup plus "progressiste" - qui contribuèrent sûrement à leur séparation. Du coup, contrairement à la collaboration de "Stiehr frères" avec "Stiehr-Mockers", la concurrence entre les deux fils de François Callinet se fit forte. Claude-Ignace ne faisait pas de cadeau à son frère, à qui il devait pourtant l'essentiel de sa formation. L'affrontement laissa le bon Joseph brisé, mais n'arrangea pas non plus les affaires de Claude-Ignace qui, en 1872 partit pour Vesoul.
L'orgue de Soppe-le-Haut est un témoin de cette époque. Le buffet est assez spécial dans la production Callinet par le fait que la superstructure est plus large que le soubassement (comme dans un orgue classique). Dans les autres instruments des Callinet (sauf Hirsingue), l'ensemble du grand buffet a la même largeur du haut en bas. Ce buffet n'a pas non plus sa proportion hauteur/largeur habituelle, parce que le plafond est très bas. L'ornementation, si elle reprend les thèmes classiques, est très spécifique. Claude-Ignace voulait un orgue "différent".
Dans son ouvrage sur les Callinet, Pie Meyer-Siat - pourtant peu avare de compliments dès qu'il s'agit de la maison de Rouffach - estime que "fort peu de choses, en cet orgue, parlent pour Callinet". Il attribue la composition "désordonnée" trouvée en 1961 à des transformations, alors qu'en fait fort peu de choses semblent avoir été modifiées. De fait, cet instrument ressemble fort peu à ceux d'Oltingue ou de Mollau... Ce n'en est pas moins une étape fondamentale de la réflexion de Claude-Ignace qui imagine déjà l'orgue romantique à venir. [PMSCALL]
Vers 1900, Martin Rinckenbach vint faire quelques réparations. [ITOA]
En 1917, la façade ne fut pas réquisitionnée : la Montre est toujours d'origine. Vers 1927, c'est Alfred Berger, successeur des Callinet, qui fit des travaux. Peut-être est-ce l'auteur des petits changements de composition (Dolce au récit sur la chape du Hautbois). [ITOA] [IHOA] [PMSCALL]
En 1977, Christian Guerrier vint entretenir l'instrument. Il remplaça le Dolce alors présent au récit par une Voix céleste (toujours sur la chape du Hautbois). Le récit répondait déjà au clavier inférieur. [ITOA]
En 1990, Christian Guerrier revint pour procéder à un relevage plus approfondi de l'instrument. Le Hautbois fut restauré. [ITOA]
Le buffet
Cet orgue Callinet dispose d'une ornementation très spécifique. Les culots figurant des feuilles d'acanthe et de grandes grappes de raisin en sont un bon exemple. Celui de gauche a disparu. Les guirlandes de roses sur les plates-faces sont plus communes dans les buffets des frères Callinet (Heimsbrunn, Heidwiller), tout comme l'architecture d'ensemble à 4 tourelles, les deux petites au centre. Les claire-voies de celles-ci sont constituées de lambrequins à pompons, et deux urnes surmontent les petites tourelles. Les jouées figurent des palmes réunies en bouquet par des rubans noués en "8".
Caractéristiques instrumentales
Console en fenêtre frontale, fermée par des volets. Claviers à naturelles noires. Tirants de jeux de section carrée, à pommeaux tournés. Ceux du grand-orgue sont en bois plus foncé.
Disposition et orthographe des tirants à la console :
Mécanique suspendue pour le grand-orgue, et à double-balanciers pour le récit.
Activités culturelles :
Sources et bibliographie :
Avec les photos de cette page.
Avec l'extrait du programme du concert du 28/08/1999.
Pour l'édifice. Notons que dans cet ouvrage - par ailleurs excellent et incontournable - beaucoup de coquilles ou erreurs se sont malheureusement glissées dans les deux pages consacrées à Soppe-le-Bas et Soppe-le-Haut. Claude-Ignace Callinet n'a jamais "fait son apprentissage chez son père Louis" mais chez son père François et surtout son frère Joseph (Louis Callinet (1786-1846) était un neveu de ce dernier, donc un cousin des frères de Rouffach) ; on ne voit pas du tout en quoi l'orgue de Soppe-le-Haut "reprend le modèle de celui de Soppe-le-Bas" (ils sont même radicalement différents) ; enfin, on peut douter qu'en 1846, Claude-Ignace Callinet ait employé "près de quarante ouvriers" (vu qu'il n'avait même pas d'atelier à lui, et partageait celui de son frère). Ce chiffre paraît même exagéré s'il se réfère au temps où les deux frères étaient associés : en 1840 les frères ensemble occupaient 30 ouvriers, ce qui n'est déjà pas si mal, pour une production annuelle nettement supérieure à celle qu'elle devint après leur séparation.
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