Wittenheim apporte à l'orgue alsacien une belle diversité. On trouve ici un instrument atypique dans le paysage local : un orgue Kemper (Lübeck !), de 1968, néo-"hoch"-baroque jusqu'au bout de sa Rankett 16'. Il s'agit donc d'un instrument fortement "spécialisé", mais, dans une région dotée de 1200 orgues, il est heureux qu'on puisse en trouver quelques uns dans ce style. Alors, même si la définition actuelle de "l'orgue idéal pour jouer Buxtehude" s'écarte sensiblement de la production des années 60, c'est bien le vent de Lübeck qui souffle ici.
Il est intéressant de voir ce qui a conduit Wittenheim à adopter un peu de "Stylus Phantasticus". C'est à dire une façon gourmande et audacieuse d'aborder la musique, loin des clichés compassés. Car c'est depuis 1960 que cette localité s'est efforcée de ne pas avoir un orgue que l'on trouve à tous les ronds-points. Phantasticus.
Historique
La présence d'un orgue est attestée en 1775 par une réparation, puis, après la révolution, par le payement d'un souffleur (1809, 1810). Il y eut une nouvelle réparation en 1828, et, en 1853, un projet pour se procurer un nouvel orgue. [IHOA]
Historique
Finalement, il fallut attendre 1874 pour remplacer le vieil orgue. C'est Louis-François Callinet qui fournit un orgue neuf. [IHOA]
L'instrument était conçu sur le modèle de celui de Widensolen (Claude-Ignace Callinet, 1872). [IHOA]
L'instrument était donc contemporain de la publication, par Philipp Spitta, des oeuvres de Buxtehude. Le vent du Nord se levait ; mais on ne le savait pas encore.
Il y eut une réparation, par Félix Mockers en 1888. [IHOA] [PMSSTIEHR]
Les tuyaux de façade ont été réquisitionnés par les autorités en mars 1917. En 1930, cette façade était toujours manquante. [IHOA]
L'église et l'orgue ont été détruits le 02/02/1945. [IHOA]
Historique
C'est vers 1949, que l'on dota l'édifice provisoire d'un petit orgue de provenance inconnue : il avait été offert par la ville de Strasbourg à la paroisse de Saales, St-Barthélémy. A cette occasion, l'instrument fut complété avec deux jeux. [IHOA]
En 1959, le petit orgue a été déménagé à St-Vincent-de-Paul de la Meinau (dans la chapelle provisoire). [IHOA]
Il est ensuite reparti pour Illkirch-Graffenstaden, Notre-Dame de la Hollau.
Historique
En 1960, la maison Jacquot-Lavergne fournit ici un des ces fameux instruments "à extensions". Il s'agissait de démultiplier le nombre de jeux en utilisant un même rang de tuyaux (étendu au-delà des limites du clavier) et de le faire parler à différentes hauteurs. [IHOA] [ITOA]
1960, c'est avant la vente de l'entreprise à Danion-Gonzalez (1962). Elle était alors menée par René Lavergne.
Le grand-orgue dispose de trois rangs "étendus":
- Un rang de Principaux, avec les 56 notes en 8', complété d'une octave dans le grave et d'une octave dans l'aigu (donc 80 tuyaux), pour "réaliser" une Montre 16', une Montre 8' et un Prestant.
- Un rang de Bourdon/Flûte, avec les 56 notes en 8', également complété d'une octave dans le grave et d'une octave dans l'aigu, pour "réaliser" un Bourdon 16', un Bourdon 8' et une Flûte douce 4'.
- Un rang d'anches douces, avec les 56 notes en 8', également complété d'une octave dans le grave et d'une octave dans l'aigu, pour "réaliser" une Basson 16', un "Baryton" 8' et un "Soprano" 4'.
- Quinte 2'2/3, Doublette et Mixture 4 rgs sont des jeux réels.
Malgré ses 12 jeux affichés à la console, la pédale n'est constituée que de deux rangs "étendus" :
- Un rang de Bourdon/Flûte, avec les 32 notes en 8', complété d'une octave dans le grave et d'une octave dans l'aigu, pour "réaliser" une Soubasse 16', un Bourdon 8' et une Basse 4'.
- Un rang de Trompette, avec les 32 notes en 8', également complété d'une octave dans le grave et d'une octave dans l'aigu, pour "réaliser" une Bombarde, une Trompette et un Clairon.
- Les autres jeux de pédale (principaux en 16', 8', 4', anches douces en 16' 8', 4') sont des emprunts du grand-orgue. Il est curieux que l'on ait pas choisi, également, d'emprunter la Fourniture : l'orgue est encore très néo-classique.
La solution, élégante "sur le papier", présente évidemment des inconvénients. Par exemple des "trous" quand on joue des octaves avec des jeux utilisant le même rang : sur un orgue conventionnel avec Montre 8' et Prestant tirés, une octave tenue au clavier fait parler 4 tuyaux. Avec ce système, il n'y en a que trois, celui "du milieu" étant utilisé à la fois pour le 4' de la note inférieure et le 8' de la note supérieure. Un autre inconvénient concerne les contraintes à l'harmonisation : un même tuyau peut servir à trois jeux différents mais ne peut parler que d'une seule façon... il faut donc faire des concessions.
Le récit est doté de 68 notes (une octave de plus dans l'aigu, pour permettre les octaves aiguës (I/III 4' et II/III 4') "réelles", c'est-à-dire fonctionnant aussi dans la dernière octave.
Seul le grand-orgue était disposé sur la tribune de la nef. Les trois autres plans sonores étaient placés sur la tribune à gauche du choeur, avec la console. Le grand-orgue peut donc être considéré comme un grand Fernwerk. Années 60 oblige, il n'y avait pas de buffet, les tuyaux de façade étant posés sur un simple soubassement.
Caractéristiques instrumentales
indépendante, sur la tribune gauche du choeur.
électro-pneumatique.
à cônes.
Historique
Il y a certes un long chemin de Rambervillers à Lübeck, mais cela n'a pas empêché Wittenheim d'acquérir un orgue Kemper und Sohn, qui datait de 1968, et avait été construit pour l'église St-Remberti à Brème (D). L'instrument avait été livré sans buffet, et c'est un ébéniste local qui l'a construit. Dans les années 1990, cette paroisse de Brème voulut un instrument de style Allemagne du sud / Alsace (sic), et l'orgue Kemper fut mis en vente et acheté par Wittenheim. La maison Fischer+Krämer effectua le déménagement, l'installation et la réharmonisation en 1994. L'inauguration a été effectuée par Thierry Mechler, le 30/10/1994. [JGUhlrich]
Caractéristiques instrumentales
Console indépendante, fermée par un rideau coulissant. Appel des jeux par dominos, placés en quatre groupes. Claviers blancs. Accouplements commandés par dominos. Appel des combinaisons par champignons (à gauche) et poussoirs placés sous le premier clavier. Walze (rouleau de crescendo) en position centrale. Pédale d'expression du positif au-dessus du 'b' du pédalier.
Voltmètre (au-dessus du 'cis' du troisième clavier). Il y a aussi 10 voyants lumineux indiquant la configuration des combinaisons.
Porte partitions "king size", pour les grandes pages de Buxtehude. (Mais pas sûr que "Nun freut euch lieben Christen gemein" - BuxWV 210 - y tienne en entier !)
Plaque d'adresse / logo en position centrale, au-dessus des voyants lumineux :
électrique.
à gravures.
Activités culturelles :
Sources et bibliographie :
Remerciements à Jean-Luc Renck, Jean-Claude Boretti et à la maison Fischer+Krämer.
Localisation :