Voici un orgue construit en 1955-56 par la maison Roethinger, dans une logique encore toute "néo-classique". Fidèle au style, l'instrument comporte un récit expressif, accompagné d'un Cornet décomposé au grand-orgue.
Historique
Le premier instrument de Herbsheim est célèbre, puis qu'il s'agit de l'orgue Jean-André Silbermann (de Strasbourg, Clinique de la Toussaint) qui datait de 1743. Il fut confisqué par la Révolution, puis arriva à Herbsheim en 1792, probablement après avoir enrichi quelques profiteurs. [IHOA]
Cet orgue avait remplacé en 1743 à l' "Allerheiligen Kloster" le septième positif d'André Silbermann (construit en 1719 et installé en 1725 à la Toussaint). C'était donc un des instruments construits par Jean-André juste après son voyage d'étude chez son oncle Gottfried ; il disposait de deux 4' : une Flûte en plus du Prestant. Deux ans après sa construction, Jean-André y avait placé une Trompette d'écho. [ArchSilb]
L'orgue a été réparé en 1809 par un certain François-Joseph Fischer d'Osthouse. On connaît le nom de l'organiste de Herbsheim en 1825 : Martin Deutschler. L'instrument nécessita beaucoup de réparations (à trois reprises de 1851 à 1866 ; deux devis de Louis Mockers entre 1885 et 1892), ce qui est caractéristique des orgues déménagés à la Révolution. [ITOA] [PMSSTIEHR]
Les tuyaux de façade ont été réquisitionnés par les autorités en avril 1917 (ce qui indique qu'à l'époque, on ignorait qu'on avait à faire à un Silbermann). [ITOA]
Historique
L'orgue a été reconstruit en 1925 par Edmond-Alexandre Roethinger. Il avait alors 14 registres sur 2 manuels et pédale. Il apparaît comme un orgue neuf, sous le numéro 78, dans la "liste Roethinger des orgues construits pour les églises alsaciennes" parue dans "Caecilia" 1924 (et apparaissant dans l'ouvrage de Médard Barth). [IHOA] [Barth]
Il fut détruit, par faits de guerre, en janvier 1945, probablement entre le 06 et le 11/01/1945, lors de la bataille qui a causé de terribles destructions à Herbsheim. [IHOA]
Il en reste une sculpture (couronnement) figurant un panier de fleurs, que l'inventaire des orgues du Bas-Rhin attribue à Sébastien Krämer, prouvant une fois de plus que l'histoire "réelle" est sensiblement plus complexe que l'histoire "établie". [IHOA] [ITOA]
Historique
En 1956, Max et André Roethinger posèrent un orgue neuf. La plaque d'adresse donne la date de construction : 1955, l'orgue a été inauguré le 17/06/1956. [IHOA] [ITOA]
Comme le voulait l'usage dans les années 50, il n'y a pas de buffet. Notons aussi qu'à la console, l'instrument est attribué à Edmond-Alexandre Roethinger, le fondateur de la maison, bien que celui-ci soit décédé en 1953 (et avait pris sa retraite en 1943). Le récit est logé à droite et au fond de la tribune (en en voit les jalousies depuis la nef).
Avant la vague néo-baroque qui allait déferler sur l'Europe, la maison Roethinger pouvait donc continuer sa propre approche du néo-classique, initiée par le fondateur, Edmond-Alexandre, au tout début du 20ème siècle (Réforme alsacienne de l'orgue). On pouvait encore proposer des récits expressifs, munis d'une Trompette (et même d'un Plein-jeu), et les élégantes harmonisations rendues possibles par les sommiers à cônes. Les Mutations au grand-orgue (Nasard, Tierce) qui formant un Cornet décomposé (8', 4', 2'2/3, 2', 1'3/5) sont une évolution des grands Cornets que l'on retrouve dans l'orgue alsacien dès les années 1920 (Joseph Rinckenbach).
L'orgue de Herbsheim témoigne de deux évolutions marquantes : disparition des facilités de registration (crescendo, combinaisons) et des accouplements à l'octave.
L'instrument aurait pourtant été transcendé par un II/I 4'. Evidemment, tout cela enlevait beaucoup d'intérêt à la traction électrique. On dirait que, quelque part, on "préparait" le retour à la transmission mécanique. La facture d'orgues de l'époque - peut-être "prise par le temps" - n'a pas cherché à exploiter à nouveau les sommiers à cônes à transmission mécanique. Ceux-ci étaient pourtant à l'origine de bien des succès au fin du 19ème : c'est peut-être là une piste qui reste à explorer pour un orgue du 21ème siècle qui ne soit pas fait que d'imitations.
Caractéristiques instrumentales
Console indépendante dos à la nef, fermée par un rideau coulissant. Appel des jeux par dominos blancs, sérigraphiés (sans porcelaines), disposés en ligne en quatre groupe, au-dessus du second clavier : à gauche les jeux du grand-orgue, puis le récit, puis la pédale, puis les accouplements (lesquels ne sont disponibles qu'à l'unisson). Expression du récit commandée par une pédale basculante, en position centrale. A sa droite se trouve la pédale à accrocher du tutti. Il n'y a ni crescendo, ni combinaison libre, et la seule combinaison libre est l'appel du tutti.
Plaque d'adresse du modèle "marqueterie", placée à droite et au niveau des dominos, disant :
Elle est complétée par une petite plaque blanche, vissée juste au-dessous, donnant l'année de construction :
électrique.
à cônes.
Sources et bibliographie :
La photo est inversée. Les jeux 'Basses' sont en 8' et 4' et non en 16' et 8'.
Avec les photos de cette page.
L'orgue "d'ancien régime" n'y est pas identifié comme un Silbermann ; ce n'était à l'époque qu'une hypothèse, non prouvée.
Localisation :