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~ Les orgues de la région de Marckolsheim ~

Ohnenheim, St Grégoire
Valentin RINKENBACH, 1861

RINKENBACH
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Le grand Buffet de l'orgue d'Ohnenheim est l'oeuvre de Martin BERGÄNTZEL, et date de 1783.
La partie instrumentale actuelle est de Valentin RINKENBACH, 1861. |
Ohnenheim, le Buffet Bergäntzel abritant l'orgue Rinkenbach.
Toutes les photos de la page sont de Roland LOPES 09/06/2006. |
Martin Bergäntzel eut le marché pour l'orgue d'Ohnenheim le 04/02/1782.
L'instrument a été payé pour moitié par la commune, et pour moitié par la paroisse.
Bergäntzel revint compléter son orgue en 1788.
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Cet instrument avait probablement 2 claviers (et Pédale), le second étant un dessus d'Echo classique (i.e.
un clavier limité au Dessus, muni d'un Cornet décomposé).
Le composition devait être la suivante :
G.O.
: Montre, Bourdon, Prestant, Doublette, Nasard, Tierce, Cornet V, Fourniture, Cymbale, Basse de Cromorne, Dessus de Trompette, avec peut-être une Flûte à cheminée 4'.
Echo : 8', 4, 2'2/3 2', 1'3/5.
Pédale : 16', 8', Prestant, Trompette.
Avec très probablement deux Tremblants.
| Quoi qu'il en soit, cet orgue n'avait pas de Positif de dos.
Il y eut une réparation en 1819.
En 1824, la foudre frappa l'édifice, mais épargna visiblement l'orgue.
En 1829, c'est à l'aubergiste de Marckolsheim, le célèbre Antoine HERBUTE, que l'on demanda d'intervenir sur l'orgue.
Muni de sa formation de bricoleur, voici qu'Herbuté se lance dans des travaux assez "faciles" :
- Nettoyage des Sommiers
- Nettoyage et lustrage du "prospect" (la Montre)
- Réparation des Soufflets
- Réparation des "Bédales"
- Raccommodage du tirant du "Sifflet" (était-ce un Principal 1' ou une autre façon de désigner la Doublette ?)
...mais aussi plus techniques :
- un accord général
- une réintonation des Jeux à Bouche
...enfin parmi les plus délicats :
- changement des languettes de la Trompette :
Si Herbuté a réussi cela (c'était un de ses tout premiers travaux, sûrement le premier), c'est qu'il a reçu quelque part une formation qui nous est inconnue.
Sinon, l'orgue d'Ohenheim devait se trouver dans un triste état après 1829.
L'instrument a encore été réparé en 1836.
Le 25/10/1860, l'orgue était estimé bien bas au Conseil municipal :
"Considérant que l'orgue se trouve dans un état de dépérissement total et hors d'état de fonctionner, qu'il y a donc urgence à le faire réparer, qu'à cet effet le maire s'est adressé au Sr Rinkenbach, facteur d'orgues à Ammerschwihr, qui lui a été recommandé par plusieurs de ses collègues des communes où il a fait des travaux neufs, et que d'ailleurs il connaît personnellement ce constructeur pour son aptitude et sa probité.
Que, vérification faite par ledit facteur en présence de M.
le curé, il a été reconnu que les tuyaux existants dans ce jeu d'orgue sont en majeure partie de bois de sapin vermoulu, frustes et hors d'état de les réparer, que ceux en métal qui devraient être en étain pur, sont d'un mauvais alliage, n'ont pas les dimensions voulues et rendent un son obtus et écourté,
Que le mécanisme est mal fait, usé et également hors d'état d'être réparé, (...)
...il a été engagé le susdit facteur de dresser un devis estimatif..."
Le Bergäntzel avait soit été construit à l'économie, soit très malmené.
(Mais des tuyaux graves en sapin, c'est absolument normal.)
De plus, ceci confirme, si besoin en était, l'excellente réputation de Rinkenbach à l'époque.
Par contre, à aucun moment, il n'est fait état de la filiation entre Bergäntzel et Rinkenbach.
Il s'agissait donc d'une restauration.
On décida d'ajouter à l'orgue un Positif de dos.
Cependant, entre temps, les Experts de la Préfecture s'étaient réunis et avaient élucubré un certain nombre de "Compositions types", correspondant aux orgues "comme il faut" (Arrêté Migneret).
La directive s'appliquait aux instruments neufs, mais à l'époque, dans les campagnes, on ne faisait pas grande différence entre un instrument neuf et une restauration (vu que l'orgue était de toutes façons neuf après...).
L'architecte, bras armé de la Préfecture en matière d'orgues, envoya ses observations au maire qui fit suivre au facteur.
Le pauvre Valentin Rinkenbach fut donc prié de s'aligner sur...
ceci :
"Modèle G à 20 Registres" |
Grand-orgue (54n) | Positif (54n) | Pédale (25n) |
Bourdon 16'
Montre 8'
Bourdon 8'
Gambe 8'
Prestant 4'
Gambe 4'
Flûte trav.
4'
Doublette 2'
Cornet 5 rgs
Fourniture 3 rgs
Trompette 8'
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Flûte 8'
Salicional 8'
Flûte 4'
Flageolet 2'
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Bourdon 16'
Flûte 8'
Violoncelle 8'
Flûte 4'
Trompette 8'
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Du coup, Rinkenbach se trouve avec les curieux problèmes suivants :
- Que faire du Nasard ? Il proposera de s'en servir pour réaliser l'inutile Gambe 4'.
- Le Buffet est trop petit pour accueillir un Bourdon 16' complet.
Le Modèle G a oublié les contingences liées à l'encombrement.
Du coup, le Bourdon commença...
au G (= Sol 1).
- Même problème pour la Gambe 8' (un 8 pieds ouvert ne tient pas dans le Buffet).
- Le Positif de dos devait bien avoir une Montre, mais l'étrange Modèle G n'a aucun Principal au Positif...
Du coup, le Bourdon 8', qui manque aussi dans cette Composition, devient indispensable.
- Une Flûte 8' ouverte aurait bien du mal à rentrer dans un Positif de dos.
Rinkenbach proposa donc évidemment de remplacer cette Flûte par un Bourdon 8'.
- Il n'y a pas d'Anche au Positif, alors que tout le monde était d'accord, avant l'irruption du Modèle G, pour en mettre une.
Le Jeu fut ajouté, sous la forme d'un Basson/Hautbois.
- La clôture de Pédale était trop petite pour y mettre 25 notes.
On en resterait à 18 notes.
Il y avait, déjà à l'époque, pas mal de chemin entre la théorie et le terrain.
Le Modèle G révèle donc (outre une Composition que chacun commentera) que ceux qui l'ont élaborée avaient totalement négligé :
- les restaurations
- le Positif de dos (nous sommes en février 1860, et le second clavier est clairement pensé comme un Récit)
Rinkenbach réalisa donc en 1861 un superbe Positif de dos en parfaite imitation du grand Buffet (en Chêne.
C'est à présent tout ce qui reste de Bergäntzel à Ohnenheim).
L'instrument a été entretenu en 1871, 1881 et 1911.
En 1913, c'est Martin RINCKENBACH, neveu et successeur de Valentin qui y fit une réparation.
Les tuyaux de façade ont été réquisitionnés en juin 1917.
Ils sont été remplacés en 1922 par Joseph Rinckenbach, le fils de Martin.
Il posa une façade neuve en étain et c'est probablement lui qui remplaça un Jeu par une Voix céleste.
En 1948, suite à des infiltrations d'eau, SCHWENKEDEL nota que l'orgue a 22 Registres, des claviers de 54 notes, une Pédale de 18, et qu'il manque un Jeu de Pédale (Clairon).
(Il s'agissait en fait probablement d'une Chape laissée vide par Rinkenbach).
Mais ce fut Adolphe BLANARSCH qui fit finalement les réparations, en 1950.
Il plaça (ou remplaça) un Violoncelle 8' de Pédale en zinc.
L'orgue a été relevé par Gaston KERN en 1984.
La Console, avec son petit pédalier (Do-Fa). |
Mécanique : Suspendue.
Sommiers à Gravures, de Rinkenbach.
La tuyauterie de Rinkenbach est entièrement coupée au ton, sauf la Gambe, mais ces entailles, récentes, tendent à prouver que Rinkenbach coupait même ses Gambes au ton.
Par contre, les calottes des Bourdons sont mobiles, comme à son habitude.
Le Bourdon 16' du Grand-orgue et la Voix céleste commencent au second Do.
Les 6 premiers tuyaux de la Gambe (G.O.) et les 12 premier tuyaux du Salicional (Pos.) sont respectivement conduits dans leur Bourdon 8'.
Les coupure en Basse/Dessus (Trompette et Basson/Hautbois) se font à l'endroit habituel, entre le deuxième Si et le troisième Do.
Il y a un Tremblant doux.
Si les Pommeaux sont caractéristiques de Rinkenbach (noirs à point central blanc), les "étiquettes" de Jeux sont en fait de très laides "plaques de sonnerie".
Blanches pour le G.O.
et noires pour la Pédale, elles sont d'un rouge éclatant pour le Positif.
Une vue de la tuyauterie du Grand-orgue.
Tout à Gauche, la Trompette, puis les tuyaux multiples de la Fourniture.
Tout à droite, les étroits et longs tuyaux de la Gambe.
On voit aussi les tuyaux à cheminée du Nasard (les petits) et du Bourdon 8' (plus à droite).
Après 3 octaves (donc ici 18 tuyaux, vu qu'on en voit qu'une moitié), les tuyaux sont en bois. |
(1) Composition de la Fourniture :
Do1 | Do2 | Do3 |
1'1/3 | 2' | 4' |
1' | 1'1/3 | 2'2/3 |
2/3' | 1' | 2' |
La lecture des Tableaux de Compositions
Sources :
- Remerciements à Roland LOPES.
- P.
MEYER-SIAT, "Martin et Joseph BERGÄNTZEL", AEA XLIII (1984)
- P.
MEYER-SIAT, "Les orgues d'Antoine HERBUTE", AEA XXXIII (1969)
- M.
BARTH, "Elsass, 'Das Land der Orgeln' im 19.
Jahrhundert", AEA XV (1965-66)
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