Dans les 30 années qui suivirent sa reprise par Martin Rinckenbach, la maison d'Ammerschwihr (fondée par Martin Bergäntzel à la fin du 18ème) a construit certains des plus beaux instruments de l'époque romantique. Ces orgues étaient issus des méthodes et standards de Cavaillé-Coll, chez qui Martin avait travaillé. Dès que Joseph, le fils de Martin, prit des responsabilités dans l'entreprise, il souhaita s'adapter aux évolutions exigées de plus en plus fermement par les commanditaires.
L'une de ces évolutions consistait à adopter la transmission pneumatique. Ce fut la plus commentée (tant à l'époque que par la suite), mais peut-être pas la plus importante. Car le changement le plus profond concernait bien l'harmonisation ; ce qui marque les années 1899-1914 en Alsace, c'est bien le fruit des efforts d'Emile Rupp et d'Albert Schweitzer. Et c'est bien sur l'harmonisation que Joseph travailla, utilisant les spécificités des sommiers à membranes (et leur façon bien particulière de distribuer le vent, en particulier lors de l'attaque) pour élaborer une palette de sonorités personnelle.
Martin et Joseph Rinckenbach travaillèrent ensemble jusqu'à la mort de Martin en 1917. Après la première guerre mondiale, le monde (pas seulement celui de l'Orgue...) avait radicalement changé. Les facteurs "en vue" étaient Bas-Rhinois (Roethinger, Kriess), et bien introduits dans les "réseaux" culturels de l'époque. Au détriment de la "vielle école" alsacienne (Louis Mockers, ou Berger qui avait repris la maison Callinet). Mais Joseph Rinckenbach continua à produire des orgues exceptionnels, alliant une tradition romantique aux idées néo-classiques (Réforme alsacienne de l'Orgue, "Orgelbewegung"), jusqu'à ce que sa situation financière délicate mit un terme à ses activités. Une grande partie de sa production entre 1920 et 1931 reste à découvrir, mais compte assurément un certain nombre d'instruments particulièrement réussis et attachants.
Un marché 'de remplacement'
Même si, au 19ème et même au 18ème siècle, il n'était pas rare de trouver un orgue déjà présent lors de la commande d'un neuf, ceci allait se généraliser au 20ème siècle. Au 18ème, les Silbermann éliminaient systématiquement toute trace de matériel ancien : de toutes façons, les commanditaires d'orgues neufs avaient beaucoup d'argent, et la question ne se posait même pas. Dans les années 1900, il n'était pas rare, en certaines communes alsaciennes, de poser le 4ème, voir le 5ème orgue du lieu ! Sur la période qui nous intéresse, un quart des orgues neufs seulement étaient un "premier équipement". Un peu moins de la moitié constituaient le deuxième orgue de l'édifice, et dans le quart restant, l'historique était déjà plus long. Evidemment, personne n'avait alors connaissance de ces instruments successifs : tout ce qu'on savait, c'est qu'il y avait "un vieil orgue". Et celui-ci pouvait parfois encore être en bon état, car la plupart du temps, la construction d'un orgue neuf a été motivée par la reconstruction de l'église : pour d'évidentes raisons démographiques, l'édifice était remplacé par un plus grand, ou la nef allongée, et l'ancien orgue était tout simplement devenu trop petit pour sonner dans le nouveau volume.
Il y avait deux façons de traiter le problème du "vieil orgue" :
La première consistait à le faire "reprendre" par le facteur construisant l'instrument neuf. Dans ce cas, il était soit installé ailleurs, soit éliminé, selon sa valeur, et les talents commerciaux de l'acheteur.
La seconde consistait à ne réemployer que le buffet (qu'il fallait généralement élargir) et éventuellement quelques jeux, surtout graves. En effet, il n'était pas question d'agrandir un orgue mécanique en y ajoutant des jeux ou des plans sonores : ce n'était pas envisageable pour des raisons économiques : intercaler des chapes, ajouter des sommiers, modifier la console, trouver de la place dans le buffet, bref, intervenir sur un orgue mécanique, n'a pu être envisagé qu'après les années 1970 quand l'argument "patrimonial" pouvait justifier l'énorme surcoût. Mais en 1900, il fallait faire vite et utiliser la solution la plus simple : placer des sommiers pneumatiques et remplacer la console.
Une esthétique en profond changement
Les idées d'Emile Rupp et d'Albert Schweitzer faisaient leur chemin. En Alsace, on aimait bien les "fonds" à l'allemande, et les anches à la française. On n'aimait plus les sonorités "romantiques allemandes" ("Gessner m'a tuer"), auxquelles on préférait les idées des élèves de Cavaillé-Coll, mais avec des consoles "modernes", c'est-à-dire ergonomiques. Du côté des facteurs, les acteurs de ce changement sont Frédéric Haerpfer, Paul Dalstein, Edmond-Alexandre Roethinger et Joseph Rinckenbach. Malgré les tentatives préfectorales (et certains architectes très zélés), il n'y a pas de réelle "doctrine" : un certains nombre de choix esthétiques et techniques se font "au cas par cas", "ad libitum", selon les commanditaires locaux : ainsi, la Trompette se trouve soit au grand-orgue, soit au récit (à la Cavaillé-Coll). Le quatre-pied du récit (il est souvent unique) peut être soit une Flûte harmonique, soit un jeu gambé (Fugara).
Combinaisons et crescendo
La commande pneumatique du tirage des jeux amenait d'intéressantes nouveautés. Les combinaisons fixes - des registrations pré-établies - pouvaient être appelées d'une pression sur un piston. On en mettait plusieurs, classés par volume. Même un exécutant ne sachant pas registrer pouvait bénéficier d'une certaine dynamique dans son jeu. Une autre évolution est la pédale de crescendo, qui ajoute successivement les jeux à la registration, dans un ordre pré-établi.
Surtout, la transmission pneumatique permettait enfin d'accoupler les claviers, même dans une console indépendante, sans impliquer des efforts conséquents de la part de l'organiste. Le récit allait dès lors devenir le "complément" naturel du grand-orgue, le "contraste" entre changements de claviers n'était plus "grand-orgue" / "récit" mais "grand-orgue + récit" / "récit".
Mais retournons à l'articulation des deux siècles, pour reprendre l'évocation chronologique des orgues construits par la maison d'Ammerschwihr. Nous sommes en 1899. L'étalon-or devient la référence monétaire internationale. David Hilbert publie ses "Grundlagen der Geometrie". Le 13 octobre à Paris, Aristide Cavaillé-Coll, le maître de Martin, s'éteint, léguant au monde un patrimoine éblouissant. A Montreux-Vieux, la maison Voit und Söhne pose l'un de ses derniers orgues "vraiment allemands" en Alsace.
Travaux de 1899 à l'Opus 100
1899 :
Zellwiller (région d'Obernai), St-Martin
Instrument actuel. Gravement altéré en 1964.
Le second orgue pneumatique de la maison d'Ammerschwihr porte une plaque d'adresse pratiquement identique à celle d'
Ensisheim, mais le "M" de "Martin" n'a pas de point, donnant "M & J. Rinckenbach Orgelbauer in Ammerschweier. Ober-Elsass." La composition de l'
opus 64 a hélas été épouventablement altérée en 1964. Cette modification a pu être partiellement corrigée en 1998 par la pose d'une Mixture mieux adaptée, et d'une façade construite sur le modèle de
St-Amarin. Trompette au grand-orgue (II/P 16j), tirants de registres, 3 combinaisons fixes.
[ITOA:4p892]
[IHOA:p127a]
[ITOA:4p892]
[PMSDBO1977:p103-111]
[Caecilia:1998-4p31]
Plaque/opus |
Tirage des jeux |
Notes |
Onlulante/- |
Inclinés avec point blanc |
|
1900 :
Walbach (région de Wintzenheim), St-Jacques
Remplacé par Antoine Bois (1999).
Jean André Silbermann avait construit en 1771 un petit orgue (10 jeux sur 1 manuel, avec pédale empruntée) pour les Dominicaines de Guebwiller. Durant la Révolution, cet orgue fut vendu (comme les autres instruments des abbayes et couvents), et installé en 1792 à Walbach. Après avoir été démonté et réinstallé dans l'église neuve par Valentin Rinkenbach, le petit instrument était probablement devenu bien trop petit. On demanda à la maison Rinckenbach de l'agrandir, ce qui impliquait bien entendu à l'époque une reconstruction en pneumatique (II/P 17 ou 19j). L'instrument romantique,
opus 66 dura presque 100 ans. L'orgue fut reconstruit de 1989 à 2002 par Antoine Bois, "dans l'esprit Silbermann" (comme on dit) (II/P 20 j), et le Rinckenbach fut perdu.
[ITOA:2p469]
Plaque/opus |
Tirage des jeux |
Notes |
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Calcant |
1901 : Phalsbourg, école normale
Vendu en 1922. Peut-être à Lagarde (57).
L'
opus 67 était un instrument d'étude placé à Phalsbourg, école normale. C'était un petit instrument, noté (3j) dans les listes, à un ou deux manuel selon les sources. La composition prévue était probablement Salicional 8', Bourdon 8', Soubasse 16' (que l'on peut décliner au choix sur un seul ou deux manuels), mais elles étaint souvent "revues à la hausse". La transmission était mécanique. Les orgue de l'école normale ont été vendus en 1922. Ils y avait 3 petits Rinckenbach, les opus 20 (1888, 3j), 57 (1897, 5j) et 67 (1901, 3j).
Quand François-Xavier Mathias fit une visite à Phalsbourg dans les années 20, il nota que l'édifice abritait encore un orgue Rinckenbach, II/5. Sur les trois instruments, deux étaient en fait à 2 claviers, et deux disposaient de 5 jeux. Les dispositions étaient donc : II/3, II/5 et I/5. L'opus 57, noté à 5 jeux dans les listes est l'un des deux derniers.
Celui qui a été déménagé en 1925 à Lagarde (Moselle) n'est pas forcément l'opus 57. L'orgue actuel de Lagarde est depuis l'origine disposé en I/5 (M8, B8, S8, F4, S16). Il est remarquable d'autenticité, à l'exception de son pauvre Salicional qui a été "recoupé" en 2 pieds"). Portant une plaque "Martin et Joseph" (et doté d'un manuel de 56 notes), ce ne peut être l'opus 21. Mais comme c'est aussi en 1897 qu'apparut la plus ancienne plaque "Martin et Joseph" répertoriée (
Bréchaumont, opus 53), le doute ne peut être levé ! Il peut s'agir soit de l'opus 57, soit du 67.
Celui qui a été installé par Roethinger à l'
église protestante de
Weiterswiller en 1924 avait 3 jeux (Bourdon, Salicional, Soubasse, tous trois intégrés au dernier orgue Wetzel en 1938). Une photo le montre à Weiterswiller (sans façade, console indépendante accolée ; elle est fermée sur la photo, mais semble bien conçue pour 2 claviers). Mais, à nouveau, il y a doute : ce peut être soit l'opus 20, soit l'opus 67...
En conclusion (provisoire), le I/P 5j de Lagarde est soit l'opus 57 (1897), soit le 67 (1901).
[IOLMO:H-Mip989-90]
Dans l'état actuel des informations disponibles, nous retenons l'hypothèse que celui de 1901, opus 67, était le 3 jeux vu par Kriess à Phalsbourg en octobre 1913 :
Composition, ENPhalsbourg
Grand-orgue
Récit
Pédale
[IOLMO]
[IOLMO:Sc-Zp2481-2]
1901 :
Folgensbourg (région de Huningue), St-Gall
Remplacé par Gaston Kern (1979).
L'
opus 69, logé dans un buffet caractéristique de la maison d'Ammerschwihr (apparenté à celui de
Hoenheim) devait être, comme ses contemporains, un très bel instrument. Mais ici s'écrivit en 1971 l'une des pages les plus noires de l'Orgue alsacien : la partie instrumentale romantique (II/P 14j) fut éliminée (probablement sous le prétexte que la traction était pneumatique...) au profit d'un orgue "standard", avec sommiers à gravures. Folgensbourg perdit son orgue historique. Une des "pages noires" de l'orgue alsacien.
[IHOA:p61a]
[ITOA:2p115]
[Barth:p194]
[PMSSUND1986:p193-4]
Plaque/opus |
Tirage des jeux |
Notes |
|
|
Calcant |
1901 :
Uhrwiller (région de Niederbronn-les-Bains), St-Michel
Instrument actuel. Gravement altéré en 1982.
Ce petit orgue (I/P 7j), l'
opus 73 de la maison d'Ammerschwihr, est l'un des trois seulement qui ont été construits après 1899 avec une transmission mécanique (pour le manuel seulement, la Soubasse étant pneumatique). On se demande comment on a pu, en 1982, défigurer ce pauvre petit instrument resté pratiquement authentique jusque là, en le privant de son Principal et de sa Gambe (les deux jeux les plus fondamentaux !)... pour les remplacer par une Doublette et une absurde Fourniture 1'.
[ITOA:4p797]
Plaque/opus |
Tirage des jeux |
Notes |
Ondulante/73 |
Section ronde |
Mécanique |
1902 :
Strasbourg, St-Jean
Détruit par faits de guerre en 1944. Remplacé par Georges Schwenkedel (1949).
L'
opus 68
(III/P 36 ou 38j), avait probablement fait l'objet de toutes les attentions, dues à son milieu urbain et l'intérêt porté par Marie-Joseph Erb. La "Missa Solemnis de St-Jean Baptiste" de ce dernier fut d'ailleurs créée en 1910 avec cet orgue. L'instrument fut entièrement détruit par faits de guerre le 11/08/1944 (ou le 25/09).
[Rupp:p333]
1902 :
Romanswiller (région de Wasselonne), St-Oswald
Instrument actuel. Modifié en 1980.
L'
opus 76 porte son numéro sur sa plaque (en bas à gauche). Dans les années 1980, son malheureux Salicional et sa Voix céleste ont été "recoupés" en 2 pieds, mais les "chutes" ont heureusement été conservées. Les "problèmes de la transmission pneumatique" se sont avérés venir d'une faiblesse du moteur électrique. L'orgue a bénéficié d'une restauration partielle en 1992. Pas de Trompette, mais un Hautbois au récit (II/P 16j).
[ITOA:4p536]
Plaque/opus |
Tirage des jeux |
Notes |
Ondulante/76 |
Inclinés avec point blanc |
|
1903 :
Bergheim (région de Ribeauvillé), Eglise de la Vierge Marie
Remplacé par Michel Gaillard (2006).
Cet instrument avait été commandé pour remplacer un orgue d'Emile Wetzel qui avait seulement une vingtaine d'années. La partie instrumentale de Martin et Joseph Rinckenbach (II/P 31j) a été logée dans le buffet de l'orgue Wetzel, et ré-employait une partie de la tuyauterie. Après 103 ans de service, l'orgue a été reconstruit par Michel Gaillard dans le style Wetzel, et non Rinckenbach. L'orgue de 2006 annonçait une tendance qui allait faire son chemin : l'orgue "composite" (deux en un). C'est en effet un deux-claviers pouvant se jouer soit en "pré-romantique" avec positif de dos, soit en romantique, avec récit expressif. Au-delà de l'effet de mode, l'intérêt de ces "orgues Janus" reste à prouver.
[ITOA:2p30]
[IHOA:p34b]
[ITOA:2p30]
[ArchSilb:p35,313,109,33-4]
[Barth:p150]
[PMSRHW:p192]
[AOBergheim:p81-112]
[IOLMM:p29,386-9]
Plaque/opus |
Tirage des jeux |
Notes |
Ondulante/76 |
Inclinés avec point blanc |
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1903 :
Niederhaslach (région de Molsheim), St-Jean-Baptiste
Instrument actuel. Gravement altéré en 1952.
Cet orgue,
"das herrliche Werk" comme il était qualifié à sa réception (le 07/05/1903), existe encore, mais a perdu toute authenticité : il fut livré à la maison Roethinger en 1952, qui en électrifia la traction, remplaça la console, et rendit la composition "néo-classique". Ce pauvre instrument se trouve donc aujourd'hui affublé d'une Cymbale au récit. Buffet de Klem en deux parties, pour dégager la rosace. Trompette et Clairon au grand-orgue, Hautbois au récit (II/P 31j).
[ITOA:3p434]
Plaque/opus |
Tirage des jeux |
Notes |
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|
Console remplacée |
De 1903 datent aussi des transformations effectuées sur l'orgue Louis-François Callinet, 1877 de Fréland.
1904 :
Hindlingen (région de Hirsingue), St-Anne
Instrument actuel. Altéré en 1975.
L'orgue d'Hindlingen dispose d'une Trompette "solo" au récit (II/P 16j). Il mériterait vraiment une restauration dans son état de 1904. Dans son buffet de Klem, il était absolument intact en 1975 (façade d'origine), quand on demanda à Christian Guerrier de remplacer deux jeux (dont la Voix céleste) et de... supprimer l'expression du récit ! Quelle tristesse de voir un tel trésor ainsi mutilé.
[ITOA:2p156]
Plaque/opus |
Tirage des jeux |
Notes |
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Inclinés / point blanc |
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1904 :
Trois-Epis (région de Kaysersberg), Eglise de la Visitation
Instrument actuel. Gravement altéré en 1991.
Cet instrument est logé dans un buffet probablement inspiré de l'orgue (Valentin Rinkenbach) précédent, très semblable à celui de
St-Hippolyte. Resté presque intact (sauf la façade) jusqu'en 1991, il perdit malheureusement toute authenticité lors du remplacement de sa traction (en électrique pour 14 jeux !). Pas de trompette (Hautbois au récit) (II/P 14j).
[ITOA:2p454]
Plaque/opus |
Tirage des jeux |
Notes |
Ondulante/- |
Inclinés / point blanc |
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1904 :
Urschenheim (région d'Andolsheim), St-Georges
Instrument actuel.
Avec sa Trompette "solo" au grand-orgue et sa très riche dotation en fonds de 8', l'
opus 83 est caractéristique de son esthétique. Soigneusement entretenu, il recueillit les éloges de l'inventaire de 1986 (
"La transmission pneumatique est très précise"). A part sa façade, réquisitionnée en 1917, cet petit orgue (II/P 13j) est parvenu jusqu'à nous intact.
[IHOA:p209a]
[ITOA:2p463]
[PMSAEA69:p229]
[Barth:p371]
Plaque/opus |
Tirage des jeux |
Notes |
Ondulante/83 |
Inclinés / point blanc |
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Plaque/opus |
Tirage des jeux |
Notes |
Ondulante/84 |
Inclinés / point blanc |
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1904 :
Stotzheim (région de Barr), St-Nicolas
Instrument actuel. Altéré en 1949 et 1974.
Le haut du buffet provient de l'ancien orgue Jean-André Silbermann, 1751, des Franciscains de Sélestat. Victime des spéculateurs durant la Révolution (Dirringer), cet instrument fut installé à Stotzheim par Michel Stiehr, puis Emile Wetzel y fit deux interventions. En 1904, la maison Rinckenbach reconstruisit un orgue neuf dans le buffet historique (II/P 23j). Mais des transformations ultérieures (1949 Georges Schwenkedel, 1974 Alfred Kern) laissèrent cet instrument sans style bien défini, sans ses jeux fondamentaux, et avec plusieurs chapes vides. A force de pleurer un orgue historique perdu (1751) on en a détruit un second (1904). Suite à un début de restauration en 2018 (certes seulement partielle), l'
opus 85 est de noveau un bel instrument. Mais on ne peut pas le qualifier de restauré.
[IHOA:p181a]
[ITOA:4p654]
[ArchSilb:p411-2,476-7,510-1]
[Barth:p346]
[PMSSTIEHR:p86-8]
[PMSRHW:p224]
Plaque/opus |
Tirage des jeux |
Notes |
Ondulante/85 |
|
|
De 1904 date aussi d'importants travaux sur l'orgue Joseph Callinet, 1849 de Ste-Marie-aux-Mines. Le dessus d'écho originel a été transformé en un récit complet, et la transmission a malheureusement été altérée. [ITOA:2p408]
1905 :
Muttersholtz (région de Marckolsheim), Eglise protestante
Détruit en 2021.
L'
opus 86 avait été construit - malheureusement pour lui - dans le buffet (fortement modifié) de l'orgue Jean-André Silbermann, 1751, du lieu (qui était analogue à celui de Scherwiller, avec un Cromorne et peut-être une pédale indépendante). La plaque d'adresse "Martin et Joseph" de l'
opus 86 (perdu lors de la démolition de l'orgue en 2021) était du modèle elliptique, et se trouvait curieusement incrustée entre des dominos plus récents. Bien sûr, dans les années 2010, cet orgue n'était plus que l'ombre de ce qu'il a été au début du 20ème siècle. Deux interventions malheureuses (1963 et 1975) et probablement une troisième absolument calamiteuse ont fait perdre à Muttersholtz son instrument historique. Et pourtant, cela aurait pu redevenir un magnifique petit orgue. Mais le "Baroque über alles" a encore frappé, et de la façon la plus violente possible : il a été décidé de la détruire pour le remplacer par un n-ième "néo-baroque", à la façon de la fin du 20ème siècle... Certains acteurs du projet semblent être plus satisfaits de la destruction de l'ancien orgue que de la construction d'un nouveau. Il est désespérant de voir ainsi les nuages noirs s'accumuler au-dessus de l'avenir de l'orgue alsacien.
[IHOA:p123b]
[ITOA:3p409]
[ArchSilb:p95,505-6]
[MSchaeferSilb:p87,90,156]
[PMSAS1973:p103-8]
[Barth:p271]
[RMuller:p1-2]
Plaque/opus |
Tirage des jeux |
Notes |
Elliptique/86 |
Doninos plats |
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1905 :
Kogenheim (région de Benfeld), St-Léger
Instrument actuel. Altéré en 1981 ou 1998 (façade).
L'
opus 87 est un des instruments les plus intéressants de la région. C'est Joseph Rinckenbach lui-même qui restaura la façade, et compléta l'instrument par 3 jeux. La composition est un vrai cas d'école (II/P 23j), et dote l'instrument de toutes les sonorités nécessaires au répertoire romantique, dans une déclinaison "alsacienne" : 12 fonds de 8' (dont une Flûte majeure et une Flûte harmonique), Basson au récit mais Trompette au grand-orgue, couple Voix céleste / Aéoline, Fugara, Gambe en 16' à la pédale... Le tout est complété par un accouplement du grand-orgue en octaves aiguës qui est loin d'être anecdotique. Malheureusement, suite à une épouvantable confusion, la façade de Rinckenbach a été rempacée par des tuyaux en étain... Espérons que les tuyaux ont été conservés et retrouvent leur place.
[ITOA:3p316]
[IHOA:p94a]
[ITOA:3p316]
[Caecilia:p35]
[Barth:p240]
Plaque/opus |
Tirage des jeux |
Notes |
Elliptique/87 |
Inclinés / point blanc |
|
1905 :
Le Hohwald (région de Barr), Notre-Dame de la Nativité
Instrument actuel.
Voici un petit instrument qui compte parmi les plus attachants d'Alsace. Il est placé dans deux buffets séparés, un peu comme à
Niederhaslach, mais en plus petit. Des modèles "intermédiaires" seront placés plus tard à
Waldighoffen ou
Ingersheim. A la pédale, à cause du manque de place, un jeu d'Echobass consiste à alimenter les tuyaux de la Soubasse différemment. Cela permet d'enrichir une pédale qui, sinon, serait limitée à ce seul jeu. (L'idée sera reprise en de nombreux autres endroits.) Ce petit instrument nous est parvenu presque intact (Joseph Rinckenbach n'a probablement pas pu restaurer la façade - de toutes façons muette - en 1925, mais tout le reste semble d'origine). Malgré les 10 jeux réels seulement, toutes les familles de Fonds sont représentées (Principaux, Bourdons, Flûtes, Gambes, jeux harmoniques et ondulants).
[ITOA:3p273]
[IHOA:p80b]
[ITOA:3p273]
[Barth:p255]
Plaque/opus |
Tirage des jeux |
Notes |
Elleptique/88 |
Dominos plats |
|
1905 :
Ungersheim (région de Soultz-Haut-Rhin), St-Michel
Remplacé en 1990. Remplacé par Rémy Mahler (1990).
Les travaux sur l'orgue d'
Ungersheim portent un numéro d'
opus 89, ce qui montre qu'ils furent assez conséquents (II/P 20j). L'instrument ayant été "reconstruit" par Rémy Mahler en 1990, il ne reste rien de ce travail. ("Reconstruit" : il ne restait rien d'Hérisé qu'un buffet... et une histoire fort douteuse pour ne pas dire absurde.)
[ITOA:2p491]
1905 : Dijon (21), orgue privé déménagé à Boulogne
Disparu.
Cet orgue de salon (14j) - le premier de trois construits pour Dijon - est localisé à Boulogue-sur-Mer dans les listes suivantes.
1905 : Dijon (21), orgue privé II
Disparu.
Ce deuxième orgue de salon pour Dijon, était plus petit que le premier (10j).
1905 : Bonfol (CH)
Disparu.
Le destin de celui de Bonfol est plus difficile à déterminer. En 1975, il y avait des délibérations pour remplacer l'orgue, mais il n'est pas précisé s'il s'agissait d'un Rinckenbach. Bonfol est mitoyen à l'Alsace.
[PeterFasler]
La liste des travaux Rinckenbach comprend un orgue pour "Naders (Schweitz)" (Naters, Valais), qui ne fut probablement jamais réalisé : un instrument a été construit là-bas par Conrad Carlen, Glis (Brig).
La construction d'un orgue pour Diffenbach-lès-Hellimer (Grostenquin, Moselle) rapportée par Jean Martinod a été démentie par l'inventaire des orgues de Moselle. Il s'agissait sûrement de petits travaux sur l'orgue Jean-Frédéric Verschneider, 1871. [IOLMO:A-Gp445]
1906 :
Murbach (région de Guebwiller), Abbatiale St-Léger
Instrument actuel.
Murbach est un endroit chargé d'histoire, un haut-lieu de la chrétienté au Moyen-Age. S'il y a eu plusieurs orgues à Murbach, aucun n'a été aussi marquant que l'
opus 91 de la maison d'Ammerschwihr. Perché sur sa tribune fort spécifique dans son remarquable buffet de la maison Boehm, ce n'est pas un grand instrument (II/P 20j), mais vraiment "l'orgue de Murbach", indissociable du lieu. Trompette au grand-orgue, Hautbois au récit (le 4' est flûté), et grand-orgue en octaves graves. Il est caractéristique de son époque, une sorte de déclinaison "canonique" de l'orgue du début du 20ème siècle.
[IHOA:p123a]
[ITOA:2p298]
[Vogeleis:p514]
[Barth:p271-2]
[LEhret:pI-284]
[Barth:p271-2]
[PMSCALL:p169]
Plaque/opus |
Tirage des jeux |
Notes |
Elliptique/91 |
Dominos plats (remplacés) |
|
1906 :
Zillisheim (région de Mulhouse), Eglise du collège épiscopal
Instrument actuel. Gravement altéré en 1955.
Dans son magnifique buffet de la maison Klem, cet orgue était resté absolument authentique (même la façade était d'origine) jusqu'en 1955... quand il fut gravement altéré pour en faire un "orgue à tout jouer". Un des pires épisodes du début de la "période noire" de la facture d'orgues en Alsace. Un relevage a été mené il y a quelques temps, pour essayer de lui rendre de l'intérêt. Mais un long chemin reste à parcourir pour le restaurer.
[ITOA:2p503]
1906 :
Gildwiller (région de Dannemarie), Epiphanie de N.S.
Remplacé par Christian Guerrier (1981).
L'orgue de 1906 devait être un bel instrument (celui de
Waldighoffen, permet de s'en faire une idée) : 16' manuel, Flauto dolce, Trompette au récit, Flûtes harmoniques et traverses, Voix céleste et son Aeoline... Le tout, presque intact. Plus que les années 1980 ne pouvaient en supporter : le tout fut donc remplacé par un orgue "comme il faut".
[ITOA:2p124]
1906 :
Allenwiller (région de Marmoutier), St-Michel
Remplacé par Gaston Kern (2001).
L'édifice a été construit en 1906, et l'orgue Rinckenbach faisait donc "un tout" avec ce dernier. Le sort s'acharna sur cet instrument : gravement mutilé en 1973 par une "baroquisation" affectant plus de la moitié de ses jeux, il fut victime en 1998 d'infiltrations d'eau. Ce fut la justification, en 2001, à l'une des plus récentes destructions d'orgues historiques qui aient été à déplorer en Alsace (mais pas la dernière, puisque cela s'est encore pratiqué en 2012, et que d'autres sont prévues en 2018). On y trouve aujourd'hui un instrument "standard" des années 80. Mais la composition de l'orgue (II/P 12j) de 1906 est connue (et spécifique à Allenwiller : Flûte double et Quintaton 8' au récit). A condition de faire quelques recherches approfondies sur l'harmonisation de Joseph Rinckenbach quand ces jeux sont présents, il serait possible de le reconstruire, puisque les sommiers à membranes sont à nouveau maîtrisés par certains facteurs. Ce serait un projet extrêmement enthousiasmant, et qui ferait vraiment avancer l'organologie.
[ITOA:3p4]
Plaque/opus |
Tirage des jeux |
Notes |
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Dominos |
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1907 : Brigue (CH), orgue privé
Disparu.
De 1907 datait un autre orgue de salon, pour Brigue (CH) (14j). La localité apparait à une autre occasion dans les listes Rinckenbach, car il semble aussi y avoir eu un projet pour l'église paroissiale du lieu. Le propriétaire de cet orgue privé était-il l'organiste local ?
1907 :
Ribeauvillé, Couvent de la Providence
Remplacé par Curt Schwenkedel (1966).
De l'
opus 100
(II/P 30j), reçu le 02/05/1907, l'orgue du jubilé ("Jubiläumsorgel der Firma"), il ne reste que quelques éléments du buffet de Klem, réutilisés en 1966, et mis, comme le reste, "au goût du jour". Avec celle de Colmar, St-Martin en 1979, une des deux pages les plus noires de l'orgue alsacien.
[ITOA:2p357]
Travaux de l'Opus 100 à la guerre de 14-18
1907 :
Tagolsheim (région d'Altkirch), St-Léger
Instrument actuel. Pillé en 1917 et altéré en 1983.
L'un des seuls orgues d'Ammerschwihr à n'avoir qu'un manuel (I/P 11j), l'
opus 101 est quand même pneumatique : parce que c'est un choix esthétique. Il a été privé de tous ses tuyaux métalliques en 1917. Il n'a pas de plaque d'adresse. Il serait certainement restaurable.
[ITOA:2p445]
Plaque/opus |
Tirage des jeux |
Notes |
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1 seul manuel |
1907 :
St-Pierre-Bois (région de Villé), St-Gilles du Hohwarth
Instrument actuel. Epouvantablement altéré en 1964.
L'orgue Chaxel ne devait vraiment pas donner satisfaction, puisque dès 1868, les frères Wetzel, appelés our fournir un devis de réparation... proposèrent un orgue neuf. Martin Rinckenbach régigea un devis de réparation en 1898, et, deux ans plus tard, on lui en demanda une autre, pour une quasi-recosntruction. C'est ce qui fut fait en 1907, et, à n'en point douter, St-Pierre-Bois détenait alors le plus bel orgue de son histoire.
Malheureusement, en 1964, Curt Schwenkedel "baroquisa" épouvantablement le pauvre instrument (3 jeux sur 4 supprimés au récit, qui devint le clavier inférieur, et 5 sur 6 au grand-orgue (pour placer une inénarrable Sesquialtera). Même la pédale dut payer son tribut aux lubies des années 60, et fut affublée... d'un Chalumeau 4'. Aujourd'hui... la console est belle... Espérons qu'il soit un jour restauré dans sa belle configuraiton de 1907, et pas "relevé en l'état".
[ITOA:4p570]
[PMSSTIEHR:p83, 188]
[PMSSHVV79:p128-138]
[ITOA:4p570]
[IHOA:p162a]
1907 : Dijon (21), orgue privé III
Disparu.
Le troisième orgue de salon pour Dijon était de même taille que le deuxième (10j).
1907 :
Horbourg-Wihr (région d'Andolsheim), Eglise protestante (Horbourg)
Instrument actuel.
L'église protestante de Horbourg possède un orgue très intéressant depuis que Richard Dott l'a restauré dans son état de 1907, corrigeant les errements des années 1980 (4 jeux en avaient été victimes ; ils ont été restaurés sur le modèle de ceux d'
Ettendorf). L'instrument actuel s'accorde parfaitement au joli petit buffet éclectique à une tourelle prismatique flanquée de deux plates-faces doubles. Pas d'anche, le 4' du récit est un Gemshorn, et grand-orgue en octaves graves (II/P 12j). C'est un très bel instrument !
[IHOA:p81a]
[ITOA:2p165]
[PMSRHW:p52-3]
[Barth:p226]
Plaque/opus |
Tirage des jeux |
Notes |
Elliptique/104 |
Dominos à porcelaines |
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1907 : Liederschiedt (57)
Pillé (par faits de guerre).
De 1907 datait aussi l'orgue de Liederschiedt (Bitche, Moselle) (II/P 17j) : c'était l'
opus 103. Démonté par les troupes allemandes vers 1940 alors que la localité était évacuée, il ne fut jamais retrouvé.
[IOLMO:H-Mip1037]
1908 :
Oberschaeffolsheim (région de Mundolsheim), St-Ulrich
Instrument actuel.
Cet
opus 105, logé dans un curieux buffet plus ancien (élargi à 4 plates-faces) est resté pratiquement authentique (puisque la façade est postiche). Le Cornet (au récit) est d'origine (il vien de l'orgue Geib précédent), et sa conservation peut être expliquée par l'influence de Merklin au siècle précédent, ou par l'omniprésence des Cornets dans la facture alsacienne pré-romantique (Stiehr). C'est un instruent très réussi, original et authentique (II/P 18j).
[IHOA:p135a]
[ITOA:IVp467]
[PMSRHW:p216]
1908 :
Schweighouse-Lautenbach (région de Guebwiller), St-Michel Orgue de tribune
Privé de sa tuyauterie en 1978.
Une autre page bien triste de l'histoire de l'orgue alsacien : bien qu'encore présent "visuellement" à Schweighouse, l'
opus 106 est complètement muet depuis 1978. Il est clair que sans tuyauterie, il ne saurait en être autrement ! Celle-ci a été "cannibalisée" pour construire un orgue de chœur néo-baroque. Cette opération étant probablement irréversible, peut-être que les sommiers et la console pourront un jour servir à restaurer un des nombreux orgues Rinckenbach qui ont été "mécanisés" dans les années 1980-1990 ? Les choix arrêtés lors de sa conception prouvent une certaine recherche (on savait ce qu'on voulait) : Trompette "solo" au récit, dont le 4' est une Flûte traversière, récit/grand-orgue en octaves graves et grand-orgue en octaves aiguës. (II/P 16j)
[ITOA:2p415]
Plaque/opus |
Tirage des jeux |
Notes |
Rectiligne/108 |
Dominos à porcelaines |
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Plaque/opus |
Tirage des jeux |
Notes |
Rectilige/109 |
Dominos à porcelaines |
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1908 :
Ettendorf (région de Hochfelden), St-Nabor
Instrument actuel. Restauré et muni d'une anche 16'.
L'
opus 110 a bénéficié en 2002 d'un relevage en profondeur qui a révélé tout son potentiel. Il compte parmi les plus beaux orgues de la région. Les habitants d'Ettendorf l'aiment tant qu'il lui ont offert une Bombarde pour sa pédale. A part ce jeu et la façade, cet orgue est authentique. Trompette au grand-orgue, Hautbois au récit dont le 4' est un Gemshorn, récit/grand-orgue en octaves graves et aiguës, grand-orgue en octaves aiguës (II/P 23j).
[IHOA:p59a,70b]
[ITOA:3p171]
[ITOA:3p219]
[Barth:p192,207]
Plaque/opus |
Tirage des jeux |
Notes |
Rectiligne/110 |
Dominos à porclaines |
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A la liste des travaux Rinckenbach figurent aussi des orgues pour l'église paroissiale de Brigue (Brig-Glis, CH, Valais) (28 jeux) (où Rinckenbach avait déjà placé un orgue privé). Ce projet ne fut probablement pas réalisé.
1908 : Vinningen (D)
Disparu (probablement au cours d'une guerre).
De 1908 date un instrument construit pour l'église catholique de Vinningen (D). Il fut fort bien accueilli par les commentateurs, surtout en ce qui concerne son ergonomie. La composition (connue) se distingue par un 2' au récit (successeur du Flautino 2' de Martin, et précurseur de l'Octavin 2' que Joseph affectionnera particulièrement par la suite à ce plan sonore). Détail amusant : pour cet orgue destiné à l'Allemagne "de l'intérieur", la Trompette a été placée "à la française" au récit (et non au grand-orgue, ce qui constitue une disposition plus germanique. Martin et Joseph Rinckenbach ont donc joué la "French touch". L'église abrite aujourd'hui un orgue Hugo Mayer de 2001, qui est venu remplacer un Walcker de 1954 : l'orgue Rinckenbach n'a donc sûrement pas survécu aux guerres. Il n'avait pas de 8' à la pédale, mais le choix entre un 16' flûté ou gambé. La composition (1908) ne relève pas les accouplements, mais les standards y étaient évidemment :
[ZeitschriftInstrmentenbau:29p505]
Faute de trouver sa place exacte dans la chronologie, on peut citer ici le "mystère" de l'orgue qui se trouve actuellemnt à Ermont (Val d'Oise), dans la chapelle Notre-Dame des Chênes. Il y a été posé en 1965, et porte une plaque Edmond-Alexandre Roethinger, qui l'aurait acquis au début du 20ème (vers 1920 ?) pour le placer dans une paroisse parisienne. Mais, si l'on excepte des éléments des années 60, la console ressemble beaucoup à celles de la maison Rinckenbach. Le banc, avec ses montants figurant une lyre, vient conforter cette hypothèse. Tout comme la disposition générale de la console, sa fermeture par volet coulissant, la géométrie des claviers (frontons), les joues galbées, les cuillers d'accouplements et la pédale basculante d'expression. Cette console peut être datée d'entre 1900 et 1914 (on peut comparer avec Murbach) ; après la guerre, on ne retrouve plus les flancs arrondis, auxquels on préfère des formes à nouveau plus anguleuses. Il semble que Roethinger aurait acquis cet instrument dans un temple de Bavière. A son installation à Ermont, l'instrument avait 6 jeux au grand-orgue (B16, M8, FH8, O4, Mix2-3rgs et T8 de Roethinger), seulement 3 au récit (B8, S8, F4), et deux à la pédale (S16, V8). Mais, évidemment, l'orgue avait pu être fortement transformé. Il fut malheureusement baroquisé en 1972, ce qui ne facilite pas la recherche d'indices. Les claviers ont 56 notes, mais les sommiers manuels 54 seulement. Ce dernier fait, ainsi que la significative différence des récits paraît a priori exclure l'hypothèse que ce soit l'orgue de Vinningen qui se trouve à Ermont. Il manque aussi les pistons de commande des combinaisons fixes (mais la baguette sous le premier clavier a pu être remplacée).
Les données sont donc les suivantes : la console date d'entre 1899 et 1914. La maison Rinckenbach a construit des claviers de 56 notes depuis 1891. Les sommiers de 54 notes peuvent signifier qu'il s'agit d'un orgue reconstruit, mais aussi d'un orgue "de salon" muni de 54 notes seulement, et équipé d'une console de 56 pour éviter d'avoir à faire du "sur mesure". Sur les listes Rinckenbach, le seul instrument posé en Allemagne "de l'intérieur" entre 1899 et 1914 est celui de Vinningen.
Il n'y a pas beaucoup d'orgues Rinckenbach d'Alsace et Moselle qui avaient déjà "disparu" avant le second conflit mondial, et dont Roethinger aurait pu récupérer la console : Reiningue (mais la console a été détruite, on peut la voir sur une photo des débris), Cernay (mais il n'avait qu'un seul manuel), Le Bonhomme (le premier orgue, mais la console a dû être reprise par Rinckenbach en 1928, et pas Roethinger), et enfin Stosswihr-Ampfersbach, qui reste la seule hypothèse acceptable. Si on élimine celui de Vinningen, il faut orienter les recherches vers les orgues exportés : les trois orgues de Dijon (1905, 1905 et 1907), les orgues suisses de Naters (1905), Bonfol (1905), Brigue (1907 et 1908). Il n'est évidemment pas exclu qu'un orgue destiné à la Bavière ait été oublié sur les listes. [OrguesValDOise]
[MFoisset]
1909 :
Lutterbach (région de Wittenheim), Sacré-Coeur
Endommagé en 1944. Remplacé par Curt Schwenkedel (1958).
Le "Montmartre alsacien" reçut un orgue Verschneider de Rémering (Georges et Nicolas) en 1862. Encore réparé en 1894, il a été remplacé par Martin et Joseph Rinckenbach en 1909 (le 14 mars). L'orgue Rinckenbach et son buffet de Boehm ont été endommagés par faits de guerre en 1944. La maison Schwenkedel plaça ensuite à Lutterbach un orgue néo-classique neuf en 1958 (opus 143), mais contenant beaucoup d'éléments Rinckenbach.
[ITOA:2p227]
1909 :
Bartenheim (région de Sierentz), St-Georges
Détruit par incendie le 21/07/1934. Remplacé par Schwenkedel (1949).
Par une de ces coïncidences que l'Histoire semble adorer, le scénario de
Lutterbach a été pratiquement le même à
Bartenheim. Un orgue Verschneider, mais cette fois de Puttelange (Jean-Frédéric II), qui datait de 1862 aussi, avait été construit selon les directives du compositeur Léo Stöcklin de Mariastein. Encore réparé en 1904, il fut remplacé en 1909 (le 23 mai) par Martin et Joseph Rinckenbach. L'orgue de la maison d'Ammerschwihr disparut dans les flammes, le 21/07/1934. Il y a aujourd'hui à Bartenheim un très bel instrument néo-classique de... Schwenkedel, 1949 (opus 92) qui, au moins, n'a aucun tuyau ancien sur la conscience...
[ITOA:2p227]
1909 :
Sentheim (région de Masevaux), St-Georges
Instrument actuel.
Une des merveilles de l'orgue alsaicen : l'
opus 115 est logé dans un buffet de la maison Boehm alternant une grande tourelle ronde avec deux tourelles en tiers-point. Il est resté absolument authentique (y-compris la façade, puisqu'elle était en zinc dès l'origine). Relevé en 2007 par Hubert Brayé, il a retrouvé tout son panache (remplacement des membranes) et a été inauguré par Daniel Roth. Trompette "solo" et Hautbois au récit, qui est aussi doté de deux caractéristiques bientôt incontournables : l'Octavin, et la Mixture, qui y est transférée pour bénéficier de l'expression (II/P 20j).
[ITOA:2p416]
[IHOA:p172b]
[ITOA:2p416]
[Hamel:p470-1]
[PMSCALL:p97,219-22]
[AORM:p14]
[Barth:p322-3,435]
[PCHR:1p741]
En 1909, la maison Rinckenbach ajouta 8 jeux à l'orgue Cavaillé-Coll de Mulhouse. Malheureusement, pour trouver de la place, le récit fut pivoté de 90 degrés pour le mettre en position transversale, ce qui altérait l'architecture de l'instrument. [ITOA:2p257]
1910 :
Brumath, Sts-Nazaire-et-Celse
Détruit. Certains jeux intégrés dans l'orgue de 1993. Remplacé par Gaston Kern (1993).
L'orgue Rinckenbach avait logiquement été placé dans le buffet Sauer. En 1955, comme plus personne ne savait régler une transmission pneumatique correctement, on décida d'électrifier la traction : cela fut fait par Edmond-Alexandre Roethinger. En 1975, Alfred Kern réharmonisa l'instrument et changea le diapason. Que pouvait-on faire en 1991 d'un orgue Rinckenbach à la traction altérée, réharmonisé, et dans un buffet Sauer ? On ne se posa sûrement même pas la question : reconstruire un orgue neuf en "intégrant" la tuyauterie existante.
[ITOA:3p84]
1910 : Sarreguemines-Welferding (57), St-Walfrid
Remplacé en 1961.
A Sarreguemines-Welferding (57), St-Walfrid, l'agrandissement de l'orgue Verschneider-Krempf, 1875, reçut le numéro d'opus 122 dans les listes. Il faut noter que seule la pédale était pneumatique : les manuels étaient mécaniques à machine Barker (II/P 23j). L'instrument fut complètement néo-baroquisé en 1961, et muni d'une traction électrique.
[IOLMO:Mo-Sap1928-32]
1911 :
Maennolsheim (région de Saverne), St-Vit
Instrument actuel.
Cet orgue remplaçait celui de Valentin Rinkenbach, 1854, réduit en cendres le 10/01/1910. Son récit a été muni d'un jeu ondulant lent et un peu moins gambé (une Unda maris au lieu d'une Voix céleste), suivant une tendance à "flûter" les récits. Il n'y a d'ailleurs pas de Gambe dans cet orgue, le seul jeu de taille étroite étant un Salicional. Basson au récit, et accouplement en octaves graves (II/P 10 ou 11j). L'instrument a bénéficié d'un relevage mené par Richard Dott. A part la façade (muette), ce joli petit instrument très original et très intéressant est resté entièrement authentique.
[ITOA:3p354]
[IHOA:p106b]
[ITOA:3p354]
[Barth:p251]
1911 :
Colmar, Collégiale St-Martin Orgue de tribune
Détruit pour suivre les modes. Remplacé par Richard Freitag (1979).
A la
collégiale St-Martin de
Colmar, la maison d'Ammerschwihr réalisa son plus grand instrument : une merveille de 82 jeux sur 3 claviers, et l'écho placé sous la voûte (au-dessus du transept), ce devait être un orgue symphonique exceptionnel, et les témoignages de l'époque le confirment. En 1976, après 65 ans de service, on trouvait l'orgue Rinckenbach "passé de mode". On voulait du "nordique", et il fut donc déclaré "hors d'usage". Juste avant le démontage de cet orgue irremplaçable (combien ont versé des larmes de crocodile sur "ce qui a été fait" en 1911 au Silbermann, sans se rendre compte qu'on a fait mille fois pire en 1976), il fut encore joué une dernière fois, et de bien belle façon. Peu se souviennent des commentaires alors entendus (en Alsacien) :
"Il n'était pas si mal, cet orgue !" On frémit en pensant à ce qu'il aurait pu être après un bon relevage. Les tuyaux Jean-André Silbermann (1755) restants (12 jeux en tout, avec certains tuyaux de Callinet) ont été remis à l'église des Dominicains de Colmar. Depuis, la collégiale abrite un orgue "alla Schnitger" dans un buffet "français" du 18ème.
[ITOA:2p72]
1911 :
Orbey (région de Lapoutroie), Chapelle de l'hôpital de Pairis
Remplacé par Antoine Bois (2000).
Ce petit orgue Rinckenbach fut confié à Haerpfer en 1927, mais en 1936, une curieuse évaluation rapporta
"mal restauré, à refaire". C'est peut-être à l'origine du fameux jeu de mots, mais ce dernier ne s'appliquait toutefois pas aux travaux de ce grand facteur que fut Frédéric Haerpfer. Lors de la construction d'un orgue neuf, en 2000, le buffet et la tuyauterie Rinckenbach furent réutilisés.
[ITOA:2p327]
1912 :
Kiffis (région de Ferrette), Sts-Pierre-et-Paul
Instrument actuel. A l'abandon et partiellement démonté.
Il est à souhaiter que quelqu'un découvre enfin l'intérêt de cet instrument, et comprenne qu'il serait infiniment plus adapté, ici, que toutes les prétentieuses, synthétiques et éphémères machines électroniques du monde. Si l'on tarde trop, le petit orgue Rinckenbach, l'
opus 118, déjà partiellement démonté, sera bientôt irrémédiablement perdu.
[ITOA:2p195]
[IHOA:p190b]
[Barth:p236]
Plaque/opus |
Tirage des jeux |
Notes |
Horizontale sous les dominos |
Dominos usuels |
|
1912 :
Ammerschwihr (région de Kaysersberg), St-Martin
Instrument actuel.
Ammerschwihr ! La terre natale. Comme Louis Dubois, dont ils étaient d'une certaine façon les successeurs, Martin et Joseph Rinckenbach construisirent bien sûr un orgue pour leur ville. Pour cela, ils conservèrent le buffet de leurs prédécesseurs (Dubois et Bergäntzel). L'
opus 125 est un instrument symphonique qui n'a pas été épargné par l'Histoire ; mais elle lui a miraculeusement épargné le pire. La composition d'origine est connue (III/P 44j). Il a bénéfifié d'un relevage en 2015. En contemplant cet orgue, on ne peut s'empêcher d'y voir le témoin de cet effrayant Noël 1944, exigeant de toutes ses forces qu'après celui-là, tous les Noëls soient meilleurs.
[ZeitschriftInstrmentenbau:32p727]
[RinckenbachSchiele:p23-36]
[IHOA:p26a]
[ITOA:2p6-7]
[MSDUBOIS:p8-9]
[LORGUE:105p35]
Plaque/opus |
Tirage des jeux |
Notes |
|
|
Console disparue en 1947 |
1912 :
Mulhouse, Ste-Marie-Auxiliatrice
Détruit en 2010.
L'
opus 126 était le "St-Sulpice alsacien" (III/P 39j), comme en témoignait sa console en amphithéâtre directement inspirée de Cavaillé-Coll, chez qui Martin avait travaillé. Nous voici privés d'une grande figure de l'orgue alsacien : l'
opus 126 de Martin et Joseph Rinckenbach. C'était un orgue merveilleux : on le sait quand on a eu la joie de jouer quelques uns de ses contemporains. Il manquait depuis longtemps. Il manquera désormais pour toujours : il n'est même plus permis de rêver à son retour. Le problème, quand on prononce une Peine Capitale, c'est qu'on ne peut pas revenir en arrière. Ce sera l'Histoire le juge ultime.
[HOIE:p204]
[ITOA:2p264-266]
[IHOA:p119b]
[Barth:p267]
1912 :
Schirmeck, St-Georges
Instrument actuel. Horriblement baroquisé en 1976 par Paul Adam.
L'
opus 128 a été construit dans le buffet d'un orgue Stiehr de 1863 très intéressant, puisqu'il fut le premier de la maison de Seltz dans le style néo-gothique. C'est donc cet orgue Rinckenbach que joua pendant 18 ans Ernest Guillaume Bohn, jusqu'à son départ pour la Robertsau (St-Louis). L'instrument fut malheureusement fortement altéré en 1976 ; la composition résultant de ces errements paraît être le résultat d'un tirage au sort.
[ITOA:4p605]
[IHOA:p167a]
[ITOA:4p605]
[PMSSTIEHR:p147-9,526-31]
[Barth:p333]
Plaque/opus |
Tirage des jeux |
Notes |
Kiffis/128 |
Tirants en 2 lignes |
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1912 :
Still (région de Molsheim), Institut des aveugles
Buffet à Metz, Queuleu.
Cet instrument de 14 ou 15 jeux était logé dans un magnifique buffet néo-roman (tourelles en tiers-point et plates-faces quadruples). C'était le premier orgue de la chapelle de l'institut des aveugles de Still (fondé en 1895). En 1953, il fut remplacé à Still par un instrument délicieusement délirant (II/P 61j avec 32' acoustique ...pour une chapelle) de Georges Schwenkedel. Ce dernier l'installa en 1952 l'orgue Rinckenbach (modifié) à l'institut St-Joseph de Neufgrange (57). (Buffet, sommiers, ainsi que 6 jeux.) Dans les années 1970, Willy Meurer fut chargé de "l'agrandir". Outre l'adjonction de toutes sortes d'éléments "de rencontre", on nota l'arrivée de l'ancienne console Vondrasek de l'orgue de
Keskastel, que Meurer avait dû récupérer en 1970... au détriment de l'originale. En 2002, Michel Gaillard reconstruisit un orgue à partir des éléments restants, pour servir d'orgue de choeur de l'église de l'Immaculée Conception de Metz Queuleu. Une composition de 14 jeux a été restituée, et l'orgue complètement réharmonisé. L'institut des aveugles de Still, de son côté, revendit finalement son incroyable machine à Bellange (près de Château-Salins). Ce dernier orgue serait sur le chemin du retour. En quelque sorte.
[ITOA:4p653]
1912 :
Wackenbach (région de Schirmeck), St-Pierre-Fourier
Instrument actuel.
C'est un petit instrument (I/P 6j), mais l'Unda maris fait partie de la dotation : en 1912, un orgue se devait de disposer d'un jeu ondulant. La tradition était tellement forte que bon nombre de "néo-baroques" des années 1960-1970 (les moins "fondamentalistes") ont été dotés d'une Unda Maris. Ce jeu a fini par disparaître vers 1980, lorsque le néo-baroque se radicalisa à l'extrême. Le petit instrument,
opus 131 de la maison d'Ammerschwihr, est donc un témoin précieux de l'âge d'or de la facture d'orgues alsacienne : très réussi et original, il a été remarquablement conservé et entretenu.
[ITOA:4p606]
[IHOA:p212b]
[ITOA:4p606]
[Barth:p374]
1912 :
Niederschaeffolsheim (région de Haguenau), St-Michel
Endommagé en 1944, remplacé en 1950. Remplacé par Max et André Roethinger (1950).
L'orgue Stiehr-Mockers, 1858 était déjà le troisième du lieu. Il fut reconstruit en 1912 par la maison Rinckenbach. L'édifice ayant été gravement endommagé en 1944 (toiture), l'instrument a été démonté. En 1950, c'est un orgue neuf qu'il fallut reconstruire, en ré-employant une partie de la tuyauterie Stiehr et Rinckenbach qui restait.
[ITOA:3p443]
1912 :
Sessenheim (région de Bischwiller), Nativité de la B.V.M.
Instrument actuel. Légrèrement modifié en 1956.
C'est bien l'
opus 143 (le numéro apparaît à la console), même s'il est noté "142" sur la liste de Joseph Rinckenbach. Son buffet polychrome néo-renaissance n'est pas banal. La traction a été électrifiée en 1956 par la maison Schwenkedel, qui retira la Gambe du récit pour y mettre le Salicional du grand-orgue, remplaça ce dernier par une Doublette, et ajouta un Octavin au récit. C'est une des rares modifications des années 1950 qui fut faite avec goût, puisque du coup, cet instrument est composé comme un orgue Joseph Rinckenbach d'après guerre. Trompette "solo" au récit et deux accouplements en octaves aiguës (II/P 15j).
[ITOA:4p632]
[IOLMO:H-Mip794]
[IHOA:p173a]
[ITOA:4p632-3]
[Barth:p340]
Plaque/opus |
Tirage des jeux |
Notes |
Kiffis/143 |
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Numéro d'opus inversé avec Hellering |
1913 :
Bootzheim (région de Marckolsheim), St-Blaise
Instrument actuel. Fortement altéré : boîte expressive disparue !.
L'
opus 129 est logé dans un buffet d'Antoine Herbuté. L'octavin actuel n'est pas d'origine : c'est la pauvre Gambe du grand-orgue qui a été recoupée, probablement en 1968, tandis que le Quintaton était recoupé en une inutile Quinte. Il y a eu un relevage en 2009-2010 par Yves Koenig. Les deux jeux cités n'ont pas été restitués en 2010 (pourquoi ?). Si sa boite expressive n'avait pas été supprimée (de façon inexpliquable... comment peut-on faire ça à un aussi joli petit orgue... il faut vraiment n'avoir aucun goût !), cet instrument serait plutôt bien conservé. Basson au récit, dont le 4' est un Gemshorn et l'ondulant lent et large (II/P 15j). Cet instrument mériterait une vraie restauration !
[ITOA:3p69]
[ITOA:3p69]
[IHOA:p41a]
[Barth:p163]
[PMSAEA70:p350]
Plaque/opus |
Tirage des jeux |
Notes |
Kiffis |
Tirants en ligne |
|
1913 :
Lapoutroie, Ste-Odile
Instrument actuel. Légèrement modifié en 1954.
L'
opus 132 est venu remplacer un orgue Joseph Callinet, 1851, devenu trop petit pour le nouvel édifice (1911). Le buffet a été conservé, élargi, et quelques jeux sont encore de 1851. Octavin au récit, avec Trompette, Clairon, Basson/Hautbois et Voix humaine, ainsi nombreux jeux harmoniques, et fondement sur un Quintaton 16' : l'instrument est très "romantique français". Il y a aussi deux ondulants : gambé (Voix céleste) et lent (Unda maris), et les 8 pieds du grand-orgue sont au nombre de 5 : un Dolce figure en plus du "carré d'or" romantique (un Principal, un Bourdon, une Gambe et une Flûte). Trompette au grand-orgue, qui conserve la Mixture. Sa traction a malheureusement été électrifiée. Avec ses 34 jeux, ce remarquable instrument est l'un des plus importants légués par cette époque. Espérons de tout coeur que personne n'aura jamais l'idée de "reconstruire" du simili-Callinet dans ce buffet...
[IHOA:p98b]
[ITOA:2p205-6]
[PMSCALL:p294-5]
[Caecilia:1991-1-2p27-8]
[Barth:p244]
Plaque/opus |
Tirage des jeux |
Notes |
Kiffis/132 |
Tirants en 2 lignes |
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1913 :
Oberlarg (région de Ferrette), St-Martin
Instrument actuel.
Pratiquement contemporain de
Wackenbach, l'instrument d'Oberlarg est à peine plus grand (II/P 8j), mais décliné sur 2 manuels. Le récit se trouve doté de deux jeux seulement, dont une Unda maris, cet ondulant plus lent et de taille moins étroite qu'une Voix céleste. A noter, au "grand-orgue" de ce petit instrument, un Octavin 2' : déjà vu à
Sentheim, il deviendra un incontournable des récits de Joseph Rinckenbach après guerre. L'orgue aurait pu rester authentique, puisque les tuyaux de façade étaient muets dès l'origine. Malheureusement, l'Unda-maris a été percée pour en faire un 4' octaviant, et l'orgue a probablement été ré-harmonisé.
[ITOA:2p317]
Plaque/opus |
Tirage des jeux |
Notes |
Kiffis |
Tirants en ligne |
Console 'Bootzheim' |
1913 :
Villé, Eglise de l'Assomption de la B.V.M.
Instrument actuel. Menacé de destruction.
Dans son demi-buffet Besançon semblant flotter au-dessus du vide, cet orgue est vraiment spécifique. Notons en passant que ce n'est pas Joseph Rinckenbach (ni le "bel été 1911"), mais Martin Wetzel qui supprima la partie instrumentale du 18ème, et ce dès 1840. La maison d'Ammerschwihr avait été en concurrence avec Kriess, de Molsheim. Le récit et la pédale furent placés en dehors du buffet, qui est beaucoup trop petit pour contenir un orgue de 20 jeux riche de nombreux 8 pieds. La console porte le numéro d'
opus 134. L'instrument a été considérablement modifié par la suite, et son entretien est très difficile. Des solutions, pour préserver à la fois le buffet 18ème et l'orgue de 1913 (peut-être pas ensemble) étaient à l'étude en 2016. Il paraît aujourd'hui (2021) condamné, et sera sacrifié, comme tant d'autres, sur l'autel du néo-baroque. Avec 40 ans de retard.
[PMSAEA83:p239-240]
[ArchSilb:p92,278-279]
[Barth:p373]
[ITOA:4p809]
[IHOA:p212a]
Plaque/opus |
Tirage des jeux |
Notes |
Kiffis |
Tirants en ligne |
Console 'Bootzheim' |
1913 :
Biederthal (région de Ferrette), St-Michel
Instrument actuel.
L'
opus 135 a été logé dans le buffet de l'instrument précédent (Joseph-Antoine Berger). L'ondulant est à nouveau gambé et rapide (Voix céleste) comme il est d'usage sur les instruments de plus de 10 jeux. C'est le récit qui porte la Trompette, et il ne monte que jusqu'au 4 pieds, avec une Flûte octaviante. Malgré cela, l'accouplement à l'octave depuis le grand-orgue se fait en octaves graves, ce qui en dit quand même long sur la registration de l'époque. Cet instrument (II/P 12j) est resté authentique,et a été récemment (2020) relevé.
[IHOA:p36b]
[ITOA:2p37]
[PMSCALL:p287]
[Barth:p153]
Plaque/opus |
Tirage des jeux |
Notes |
Kiffis |
Tirants en ligne |
Console 'Bootzheim' |
1913 :
Le Bonhomme (région de Lapoutroie), St-Nicolas
Endommagé pendant la première guerre mondiale. Remplacé par Joseph Rinckenbach (1928).
Un orgue Merklin fut reçu au Bonhomme le 08/01/1863. Mais force est de constater que cet instrument ne donna pas satisfaction : il a bel et bien été remplacé (et non détruit par fait de guerre), et ce dès 1913, par Martin et Joseph Rinckenbach, qui placèrent ici leur
opus 139. Il fut endommagé pendant la première guerre mondiale, et, en 1917, on en réquisitionna tous les tuyaux métalliques. Joseph Rinckenbach en proposa une "nouvelle version", évidemment plus néo-classique, en 1928 (l'opus 177, soit le magnifique orgue actuel).
[IHOA:p40b]
[ITOA:2p50]
[PMSRHW:p73-8]
[Barth:p163,426]
1913 :
Thannenkirch (région de Ribeauvillé), Ste-Catherine
Instrument actuel. Altéré en 1959 (2 jeux.).
L'
opus 140 a été construit dans le buffet de l'ancien orgue Claude-Ignace callinet du lieu (1 manuel, 10 jeux), que Wiltberger (Colmar, école normale) avait trouvé irréparable. L'orgue de 1913 (II/P 14j) comportait une Mixture-tierce, et l'harmonisation avait même été appréciée par Pie Meyer-Siat lors de sa visite pour préparer son ouvrage pour les Callinet. Trompette au récit, dont le 4 pieds est une Flûte octaviante. Malheureusement, en 1970, une Doublette remplaça le Bourdon 16' du grand-orgue et le Quintaton du récit fut remplacé... par un Larigot ! Malgré cela, il reste un très bel orgue, qui mériterait vraiment une restauration pour éliminer les outrages de 1970.
[IHOA:p206a]
[ITOA:2p452]
[PMSCALL:p166-7]
[Barth:p366]
1913 : Hellering-lès-Fénétrange (57)
Authentique, abandonné.
La maison d'Ammerschwihr posa à Helleringen 1913 à son
opus 142. Resté absolument authentique (il n'a même jamais reçu de ventilateur électrique), il était à l'abandon lors de l'inventaire des orgues de Lorraine.
[IOLMO:H-Mip793-4]
Composition, Hellering
Grand-orgue expressif, 56 n. (C-g''')
C-H en bois, puis spotted
C-f en bois, puis fis-g''' métalliques
C-H en bois, puis étain
Récit expressif, 56 n. (C-g''')
C-H en zinc, puis étain
(c-g''')
Etain
C-dis en bois et ouverts, puis e-g''' métalliques et octaviants
Pédale, 27 n. (C-d')
Bois
[IOLMO]
1913 : Willerwald (Sarralbe, 57)
Détruit en 1940.
Toujours en 1913 fut posé à Willerwald (Sarralbe, Moselle) un orgue plutôt important : 23 ou 27 jeux selon les sources. Il a été entièrement détruit, avec son édifice, en 1940.
[IOLMO:Sc-Zp2326]
1914 : Luppy (Pange, 57)
Altéré en 1964 ; muet en 1992.
L'
opus 138 fut construit pour Luppy, et achevé en 1914 (II/P 17j). En 1964, il eut droit à la plus curieuse des "baroquisations" : 3 jeux romantiques furent enlevés, mais seulement un "petit jeu" (d'occasion...) remis en place. En 1992, l'orgue était totalement muet.
[IOLMO:H-Mip1082-5]
Composition, Luppy
Grand-orgue, 56 n. (C-g''')
C-f' en bois, puis fis'-g''' métalliques à cheminées ; bouches très arquées
Entièrement sur le vent
C-f en bois, puis fis-g''' métalliques à cheminées ; bouches très arquées
Au devis ; jeu peut-être placé au II dès l'origine
Entièrement sur le vent
Fourniture 3-5 rgs 2'2/3 au devis
Récit expressif, 56 n. (C-g''')
C-H en bois, puis spotted
Supprimé en 1964
A double bouches arrondies ; supprimée en 1964
Ou Salicional prévu au I ; supprimée en 1964
(c-g''')
Etain
C-dis en bois, puis e-g''' métalliques et octaviants (deux trous)
Etoffe ; octaviant sur c-g''' (deux trous)
Spotted
Pédale, 27 n. (C-d')
Bois
Bois
Bois
[IOLMO]
1914 :
Russ (région de Schirmeck), St-Etienne
Instrument actuel.
En 1914, un procès opposa Russ et la maison Roethinger, à propos des travaux de cette dernière en 1896, et qui avaient, d'après les représentants de la commune, laissé l'orgue injouable. Ce procès ne trouva finalement pas d'issue (les deux parties furent déboutées). On demanda alors à Joseph Rinckenbach de remettre l'instrument en marche. Rinckenbach considéra cela comme un travail important, puisqu'il l'ajouta à sa liste d'opus. On a pu lire à peu près n'importe quoi sur cet instrument, y-compris qu'il était de Jeanpierre. En fait, sur place, on trouve un (magnifique) orgue Rinckenbach. Comme quoi, les bonnes surprises peuvent survenir. Joseph revint d'ailleurs faire des travaux en 1929 (l'année de sa première faillite), pour ajouter un trémolo et un Nasard (sur un petit sommier addiitonnel : à Russ, on devait vraiment tenir à avoir ce jeu).
[ITOA:4p557]
[IHOA:p158a]
[ITOA:4p556-7]
[HOIE:p262-3]
[PMSAM77:p127-32]
1914 :
Muespach (région de Ferrette), St-Blaise
Instrument actuel.
L'
opus 147 (numéro figurant sur la plaque d'adresse) est le dernier orgue achevé par Joseph Rinckenbach avant d'être incorporé. C'est donc aussi le dernier orgue Rinckenbach construit du vivant de Martin. La console est d'un modèle très abouti, qui sera souvent repris après guerre : disposition très "pentue" des claviers, et tirants de jeux en ligne au-dessus. L'instrument est resté totalement authentique. La tendance de doter les récits d'un Octavin est encore confirmée. Celui de Muespach dispose d'une Trompette "solo", et son 4' est harmonique (II/P 19j). Cet instrument est un témoin émouvant d'une époque qui fut féconde, et prometteuse... avant que l'élan ne fut brisé et que l'Europe ne se couvre de sang.
[IHOA:p117a]
[ITOA:2p253]
[Barth:p270]
[PMSCALL:p300]
Plaque/opus |
Tirage des jeux |
Notes |
Kiffis/147 |
Tirants en ligne |
Console 'Bootzheim' |
L'Europe en guerre
Entre 1899 et 1914, la maison Rinckenbach a donc construit entre 5 et 6 opus par an, soit un peu moins d'un tous les deux mois. Durant la même période, la jeune maison Roethinger construisit 56 instruments, donc pas tellement moins : environ un tous les 3 mois. A Ammerschwihr, les deux dernières années (1912 et 1913) furent particulièrement fécondes. Mais Joseph Rinckenbach fut incorporé, et, en tant que soldat, fut finalement employé... à la réquisition des tuyaux de façade des orgues alsaciens...
Après 1918, bien sûr, plus rien ne fut pareil. Martin ne revit jamais l'Alsace française. Avec lui s'éteint, le 23/01/1917, le plus grand facteur d'orgues alsacien de tous les temps. Pour son fils Joseph, la vue de ces centaines d'orgues mutilés car privés de leurs tuyaux de façade (actes qu'il avait lui-même contribué à perpétrer) devait laisser un goût bien amer. Après 1918, le monde de l'orgue allait devenir affaire de "réseaux", et y survivre nécessiter de bons talents commerciaux. Joseph Rinckenbach n'était pas armé pour cela. Il commençait juste à rêver de Tierces et de Cornets. Commercialement, la Maison d'Ammerschwihr était donc "finie" ; mais artistiquement, c'est encore un renouveau qui l'attendait. Certainement "à perte", mais sûrement conscient de son avance sur la mouvance "néo-classique", Joseph allait se remettre au travail : certains des plus grands chefs d'oeuvre issus de l'atelier d'Ammerschwihr étaient encore à construire !
On trouvera la suite sur la page consacrée à Joseph Rinckenbach.
Style et façon
Pneumatique tubulaire et sommiers à membranes
On l'a vu, l'évolution la plus marquante, initiée en 1899, concerne le passage à la traction pneumatique. Cela saute aux yeux à la console : les accouplements sont plus nombreux (avec les fameuses "octaves graves" et "aigües"), il y a des combinaisons fixes et même des crescendos. Le tirage des jeux n'est plus le même. A l'intérieur de l'instrument, la place des sommiers n'est plus contrainte par les liaisons mécaniques. Les buffets ne sont souvent plus que des façades, qui ne portent plus le poids de l'orgue mais en constituent juste l'écrin. Les sommiers à membranes alimentent les tuyaux d'une façon fondamentalement différente, qui permet aux harmonistes de talent de l'exprimer sur un champ totalement neuf. Et Joseph Rinckenbach était un harmoniste d'exception.
Zinc et spotted
Tout comme la transmission pneumatique, il fut longtemps "de bon ton" de dénigrer l'usage du zinc dans la tuyauterie des orgues. Pour avoir l'air de s'y connaître, il fallait parler de "zinc et métaux pauvres". De fait, le zinc était, en particulier après les guerres, beaucoup plus accessible que l'étain. Et, dans la pensée un peu "snob" issue des Trente glorieuses, ce qui est bien se doit d'être cher, et ce qui est bon marché est forcément vulgaire. A nouveau, pour se faire une opinion, on ira gravir les marches d'une tribune, ouvrir la console, choisir un jeu dont on sait que les basses sont en zinc et le reste en étain, et parcourir le clavier. Le jeu consiste à trouver à l'oreille quand se fait la transition. La plupart du temps, c'est tout simplement impossible : l'harmonisation, si elle est bien faite, a toujours le dernier mot sur le matériau (dans un certain intervalle de contraintes). Alors, le zinc est-il mauvais ? D'abord, il présente deux précieux avantages : il est plus léger et plus résistant que l'étain ou le plomb (ou l'étoffe, qui est un alliage des deux). Plus léger, ça veut dire moins de contraintes mécaniques sur les sommiers ou le buffet. Plus résistant, ça veut dire qu'il a moins tendance à s'écraser (tuyaux de façade qui se "tassent") ou a se plier. Une tuyauterie en zinc peut être d'excellente facture, tout comme une tuyauterie "tout étain" peut avoir été réalisée trop fine (car l'argument économique a fini par l'emporter) et, après quelques années, ressembler à une forêt après une tempête. La vérité sur le zinc, c'est qu'il est plus difficile à harmoniser (comme le cuivre d'ailleurs). Faire chanter de l'étain reste assez "facile" ; mais le zinc, c'est une autre affaire. Passé entre les mains d'un bon harmoniste, un tuyau de zinc donnera le même rendu sonore, en offrant des avantages indéniables, surtout en terme de longévité. C'est un peu pareil pour le "spotted", cet alliage facilement reconnaissable par les jolis motifs de cristallisation à sa surface : il a mauvaise réputation parce qu'il est difficile à harmoniser. Mais il suffit de le prendre en main : le tuyaux est souvent lourd, d'une robustesse incomparable. On y fait de grandes soudures. Et quand un bon harmoniste s'en est occupé, le résultat à l'oreille, est excellent. A réhabiliter aussi...
Les compositions
Il n'y a pas de "composition canonique", mais une logique bien arrêtée, héritée des années 1870-1899, et déclinée dans la zone 14-20 jeux en deux "options" fondamentales : Trompette au grand-orgue ou anche au récit. Cette dernière est par exemple, sur 16 jeux :
Le grand-orgue est toujours constitué du "carré d'or" de l'orgue romantique français : quatre 8 pieds, un Principal, un Bourdon (ou une Flûte douce), une Flûte ouverte et une Gambe 8. On y ajoute un Bourdon en 16', le Prestant et la Mixture (2'2/3). Soit 7 jeux.
Récit expressif: un Principal 8', un Bourdon 8', l'anche, la Voix céleste et sa Gambe (ou Aéoline ou Salicional). On y ajoute un 4' qui est soit une Flûte harmonique, soit quelque chose de plus Gambé (Gemshorn ou Fugara). Soit 6 jeux
Pédale: Bourdon et Gambe 16' et une Flûte 8'. Soit 3 jeux.
Pour monter à 18 ou 19 jeux, le récit reçoit encore un 8 pieds (Flûte ou Salicional), puis une Quinte 2'2/3 ou un Octavin, cette Flûte harmonique 2' que Joseph Rinckenbach utilisera plus tard quasi systématiquement. Le grand-orgue reçoit un 5ème 8 pieds (Salicional par exemple).
C'est vers 20 jeux qu'apparaît la deuxième anche (à Murbach, par exemple). Enfin, la "tendance Sentheim" consiste à transférer plus de jeux au récit (les deux anches, mais aussi la Mixture). Ce sera le trait caractéristique des orgues "d'après guerre".
On trouvera sur la page consacrée aux compositions des orgues Martin et Joseph Rinckenbach de 1899 à 1917 plus de détails sur ces évolutions.
Taille et rôle des instruments
Mais la véritable spécificité de ces instruments, il faut peut-être la chercher ailleurs. Dans ce qu'il y a de plus évident : ils sont tous différents, et ils sont de taille limitée. Il y a eu cinq trois-claviers (dont celui de Colmar, dont on ne sait pratiquement rien), mais tout le restant de la production d'Ammerschwihr durant cette période est constituée d'orgues "modestes". Le terme n'a ici rien de péjoratif, au contraire. Ils ont été construits pour servir, et remplir un office bien déterminé : on les a voulus sans fioriture et surtout sans élitisme. Certains ont été payés par cotisations volontaires, mais pour la plupart, c'était avec de l'argent public, et on ne le jetait pas par la fenêtre : deux claviers et moins d'une vingtaine de jeux suffisaient, et on s'y tenait donc. Du coup, au cours des ans, ces instruments ont acquis une "noblesse de l'opérationnel", leur statut s'éloignant de celui de "décoration" pour devenir le compagnon assidu des joies et des peines des gens, rythmant avec fidélité mais sans futilité la vie hebdomadaire de la communauté. Plus qu'un ornement religieux ou un objet de culte, l'orgue était un bien en commun : simplement une source de musique gratuite (pour l'auditeur), à une époque où celle-ci n'était pas courante. Les gens ne voulaient pas d'une "petite folie", mais un orgue unique, raisonnable, qui ne ressemblait pas à celui du village voisin, conçu et construit spécialement pour eux. Leur plan était simple : en faisant "modeste", mais pas "low cost", on peut s'entourer de bienfaits en échappant à la tyrannie de l'argent, aux emprunts et aux déficits. C'est sans doute l'ultime enseignement que nous donne l'héritage de la maison d'Ammerschwihr.

Ange / compagnon musical (1911).
Webographie :
Sources et bibliographie :
-
[Barth] Médard Barth : "Elsass, 'Das Land der Orgeln' im 19. Jahrhundert", in "Archives de l'Eglise d'Alsace", vol 15., éditions de la société Haguenau, 1965-66, p. 425-427
-
[IOLMO] Christian Lutz et François Ménissier : "Orgues de Lorraine, Moselle"
-
[IHOA] Pie Meyer-Siat : "Inventaire historique des orgues d'Alsace", éditions ARDAM, puis Coprur, 1985 et 2003
-
[ITOA] "Inventaire technique des orgues d'Alsace", éditions ARDAM
-
[ZeitschriftInstrmentenbau] "Zeitschrift für Instrumentenbau"
-
[MFoisset] Martin Foisset : e-mail du 05/08/2018.