Louis Dubois d'Ammerschwihr livra cet orgue de 19 jeux en 1763. C'est l'un des rares orgues de Dubois à avoir été conservé dans un état proche de l'origine (avec Bossendorf (Hilsenheim) et bien sûr Wissembourg). Il est encore muni de sa façade de 1763.
Historique
Un orgue est attesté ici en 1609 : il serait l'oeuvre d'un dénommé Johann Faber. [IHOA] [Vogeleis] [Barth]
Historique
C'est en 1763 que Louis Dubois construisit l'instrument actuel. [IHOA] [ITOA] [HOIE] [MSDUBOIS]
L'orgue est connu grâce aux écris de Jean-André Silbermann : il avait 19 jeux à l'origine (12 jeux au manuel, plus écho "Brust-Positiv" de 3 octaves, et pédale limitée à une seule octave), avec un Cromorne (avec des anches sur-dimensionnées, et, selon Silbermann, fort mauvais). L'instrument étant placé à fleur de tribune, la console était placée à l'arrière. Un tirant analogue à ceux des jeux, désigné "pour la couriosité" (sic, Silbermann) permettait d'ouvrir un panneau dans l'avant du soubassement : c'est l'ancêtre de la boîte expressive ! [ArchSilb] [ITOA] [MSDUBOIS]
Un jeu au grand-orgue, coupé en basse/dessus, actuellement occupé par une Cymbale, était très probablement un Basson 16' (Fagott, comme à Wissembourg en 1766). Le "Cromorne" était d'après Silbermann muni d'anches conçues pour sonner en 16'. Le dispositif permettant d'ouvrir le panneau avant est décrit par Silbermann comme un accessoire d'utilité acoustique, mais il n'est pas exclu que l'utilité principale ait été de pouvoir regarder à travers l'orgue.
Il y eut une réparation en 1827, menée par Xavery Mockers. [IHOA] [ITOA] [HOIE] [MSDUBOIS]
En 1844, Nicolas-Antoine Lété, de Mirecourt, travailla à l'orgue. [IHOA] [ITOA] [HOIE] [MSDUBOIS]
Lété refit la soufflerie, remplaça les claviers, et mit une Gambe (Salicional) 4' à la place du Nasard. Il travailla aussi, pratiquement en même temps, à Notre-Dame de la Nativité. C'est le curé Ignace Meyer, de Marlenheim, qui effectua la réception. [ITOA] [Barth] [MSDUBOIS]
En 1866, Pierre Rivinach, de Metz, fit des réparations. [IHOA] [ITOA] [HOIE] [Barth] [MSDUBOIS]
C'est en 1885 qu'eut lieu la transformation la plus malheureuse ; elle fut réalisée par Charles Wetzel. [IHOA] [ITOA] [HOIE]
Il s'agissait d'installer une console indépendante (face à la nef), et de transformer le clavier d'écho en un récit complet (avec un sommier de récupération). Wetzel plaça un Bourdon 16' au grand-orgue (à la place de l'anche courte), ainsi qu'un Prestant, un Salicional et une Fugara au récit. La pédale passa à 20 notes (l'orgue de Notre-Dame de la Nativité avait une pédale de 20 notes depuis 1866). Ce travail ne fut pas du tout apprécié ("liederlich ausfiel"). [ITOA] [Barth] [MSDUBOIS]
En 1926, Robert Weibel, d'Odratzheim remit l'orgue en marche (il état resté muet pendant des années). Quelqu'un passa aussi la pédale à 30 notes. L'orgue avait probablement déjà haussé (La 435 Hz) par Wetzel. [IHOA] [ITOA] [HOIE] [Barth] [MSDUBOIS]
En 1994, Gaston Kern restaura l'instrument en son état de 1763 (sauf un jeu coupé en basse/dessus, dont la chape est occupée par une Cymbale ancienne mais pas d'origine, qui a été conservée). La pédale a été ramenée à 13 notes, soit une octave seulement (avec la perte de tout le répertoire que cela implique). L'orgue a été inauguré le 10/09/1995 par Bernard Coudurier, avec Marc Schaefer et Robert Pfrimmer. [IHOA] [Caecilia]
Le buffet
Le buffet, en chêne et de style rocaille, est conçu pour être intégré à la balustrade, comme aujourd'hui. Mais de 1866 à 1994, il était plus en retrait. Les panneaux ajourés qui avaient été placés devant l'orgue pour clôturer la tribune ont donc retrouvé leur place en 1994, mais on ne peut s'empêcher de penser que l'aspect actuel est fort étrange, avec ces panneaux s'arrêtant sur rien. Il y a trois tourelles classiques, la plus petite au centre, séparées par des plate-faces cintrées. Les jouées et les couronnements sont très développés et ajourés. Le panneau central (percé d'un trou) du soubassement est escamotable (commande à la console par le tirant "curiosité") : on ne sait trop si sa fonction première était acoustique (augmenter l'intensité du second clavier) ou visuelle (permettre de voir depuis la console arrière).
Du temps où l'orgue était plus en arrière, deux bustes de moines ornaient la tourelle centrale, de part et d'autre du pot à fleurs : c'était la "signature visuelle" de ce buffet ; il y avait aussi un magnifique angelot (figure et ailes ; façon Callinet) au bas et au centre de la balustrade. Ces trois ornements existent encore, et il est permis d'espérer qu'ils seront bientôt à nouveau en place.
Caractéristiques instrumentales
C | c | c' | c'' |
1'1/3 | 2' | 4' | 8' |
1' | 1'1/3 | 2'2/3 | 5'1/3 |
2/3' | 1' | 2' | 4' |
C | c' | c'' |
1' | 2'2/3 | 4' |
2/3' | 2' | 2'2/3 |
1/2' | 1'1/3 | 2' |
Console en fenêtre arrière. Tirants de jeux de section carrée à pommeaux tournés sombres, disposés en deux (hautes) colonnes, de part et d'autre de la fenêtre. Claviers noirs. Un trou oblong perçant le fond de la console au-dessus du porte-partition (analogue à celui pratiqué dans le panneau du soubassement) permet de retirer la planche et d'apercevoir la nef à travers l'orgue quand le panneau "curiosité" est ouvert. Pédalier (1 octave) avec feintes à bec.
Ordre et orthographe des jeux à la console :
L'instrument était doté d'une seconde "couriosité" : Dubois avait étanchéifié le sommier de grand-orgue avec des parchemins. C'était du papier à musique (32 pages), figurant des chants grégoriens. Ils ont été décollés en 1993 (pour être Recollés ailleurs, évidemment). Ils sont exposés au musée de Saverne (on nous a confirmé qu'il s'agissait d'un appel à nos neumes). Mais, comme on peut le voir sur la photo, il en reste quelques centimètres carrés.
L'écho est placé dans le soubassement, juste devant la console.
Sources et bibliographie :
On a longtemps pensé que c'était l'orgue Dubois des Récollets qui a été transféré à Ribeauvillé. Et ce Dubois fut alors attribué à Silbermann, en raison de la numérotation des tuyaux de Montre et du projet Silbermann de 1734. Les historiens s'acharnèrent alors à trouver d'où pouvait bien venir ce Silbermann... sans succès, bien entendu, puisqu'il n'a jamais existé. C'est bien l'orgue Waltrin, 1717, de Notre-Dame de la Nativité qui fut déménagé en 1785 à l'église protestante de Ribeauvillé.
im67004382 ; les deux dossiers sur Saverne sont d'une richesse peu commune. Il y a de nombreuses photographies, en particulier des ornements et de la tuyauterie.
Localisation :