Cet orgue de Frédéric Haerpfer a été posé en 1929 ; il est resté entièrement authentique. C'est un intéressant témoin de la popularité, à la fin des années 20, d'un style néo-classique laissant encore une grande place aux composantes romantiques.
Historique
En 1849, Valentin Rinkenbach construisit le premier orgue de Seppois-le-Haut. [IHOA]
A quelques détails près, on retrouve la composition de Zellenberg (1841), mais avec un Bourdon 16' manuel et un 4' de pédale. L'orgue ne fut reçu que le 25/04/1859 (en raison de tracasseries administratives causées par la Préfecture), par Antoine Bloch (commune) et François Antoine Rogert (organiste local). A sa réception, il fonctionnait déjà depuis presque 10 ans. [PMSRHW]
L'orgue a été détruit en 1916, avec l'église et pratiquement tout le village. [IHOA]
Historique
En 1929, Frédéric Haerpfer construisit pour l'église neuve un instrument post-romantique de 20 jeux sur deux claviers et pédale. [IHOA]
Contrairement à son contemporain de Muhlbach-sur-Munster, cet instrument dispose d'une console indépendante (dirigée vers l'orgue). La composition est aussi un peu plus fournie, puisqu'il y a un Salicional au grand-orgue et une Gambe de 16 pieds à la pédale. Cette composition est une déclinaison de celle qui fut réalisée à Westhoffen, St-Martin, en 1924. Ici, la Flûte 8' du grand-orgue passe en 4', la Trompette est au récit, et il y a un Nasard.
L'orgue a été béni et inauguré (par une audition) le dimanche 22/09/1929. [NAlsacien]
Il y a eu une réparation, par Georges Schwenkedel en 1954. [IHOA] [Barth]
L'orgue Haerpfer a été relevé en 2002 par Hubert Brayé. [IHOA]
L'instrument est donc resté totalement authentique.
Le buffet
Le buffet néo-classique, en chêne, est l'œuvre de la maison Boehm de Mulhouse, comme en atteste une signature au pied de son coté droit : "BOEHM FRÈRES MULHOUSE 1929". Il est idéalement assorti au reste de l'édifice. (La chaire est d'ailleurs aussi signée Boehm.)
Trois tourelles rondes à entablement, la plus grande au centre (9 tuyaux), sont séparées par deux plates faces dont la courbe supérieure est une chaînette. Il n'y a pas de claires-voies aux plates-faces, mais des draperies dorées aux tourelles. Les culots sont décorés de pétales. La courbe des plates-faces est soulignée par des guirlandes dorées. Les couronnements sont constitués de pots pour les tourelles latérales et d'un trophée avec une lyre pour la centrale. Il y a aussi un positif, évidemment purement décoratif, composé et orné de la même façon, mais sans tourelle centrale.
Caractéristiques instrumentales
C | c | c' |
2' | 2'2/3 | 4' |
1'1/3 | 2' | 2'2/3 |
1' | 1'1/3 | 2' |
Console indépendante dos à la nef, fermée par un rideau coulissant. Tirage des jeux par tirants de section ronde, à porcelaines colorées en fonction du plan sonore : en blanc pour le grand-orgue, rose pour le récit, et bleu pour la pédale. Ils sont disposés en ligne au-dessus du second clavier.
Commande des tirasses et accouplements par tirants (section de gauche) , repérées par des porcelaines bicolores pour respecter le code de couleur. De gauche à droite : "Sp.2" (II/II4'), "Sb. 2/1" (II/I 16'), "Sp.2/1" (II/I 4'), "2/1" (II/I), "2/P" (II/P), "1/P" (I/P). Au-dessus de chaque tirant se trouve un picot blanc pour la programmation de la combinaison libre. Les accouplements sont programmables. Claviers blancs en bakélite à frontons biseautés.
Sous le premier clavier se trouvent, de gauche à droite : les deux pistons à accrocher commandant le Trémolo ("Tr.") et l'annulateur du I ("A.G.O"), les cinq pistons pour les combinaisons fixes ("P.", "MF.", "F.", "T.") et leur annulateur (piston rouge), et enfin le piston pour la combinaison libre (C.l.). Cette combinaison n'est donc plus appelable par plans sonores, comme cela a longtemps été le cas sur les orgues Dalstein-Haerpfer.
Les deux pédales basculantes sont les seules commandes à pied : "Crescendo" et "Expression" (du récit).
Cadran circulaire pour l'indication de position du crescendo, placé au centre, au-dessus du second clavier, interrompant la ligne de tirants.
Commande de la réduction automatique des jeux de pédale par un piston blanc, placé au centre, entre les deux claviers, et repéré par une porcelaine "P. auf". Cette "pédale piano automatique" est spécifique : contrairement au mode de fonctionnement habituel, où des jeux de pédale sont retirés quand on appuie sur une touche du récit, et remis quand on rejoue sur le grand-orgue, ici, les jeux de pédale reviennent dès que l'on lâche le récit. (Inutile de rejouer au grand-orgue.) Les deux jeux retirés par l'automatisme sont la Flûte 8' et la Contrebasse 16'. (La Soubasse reste, ainsi que les tirasses.)
Plaque d'adresse noire en laiton, placée au centre et en haut de la console, et disant :
Pneumatique tubulaire, notes et jeux. Double action pour les notes (deux soufflets superposés et légèrement décalés.
A cônes. Le sommier complémentaire "octaves aiguës réelles" (gis'''-g'''' du récit) est logé dans une petite boîte au sol, sous le récit, derrière le réservoir de gauche. Les feux-sommiers comportent le quadrillage au crayon déterminant la position des perces, ainsi que de nombreuses indications, dont le nom des jeux et des numéros pour les tuyaux. Les supports des feux-sommiers ont un petit tourillon qui dépasse, mais, contrairement aux orgues Dalstein-Haerpfer de la "Belle époque", ils ne sont pas munis d'un écrou en bois.
La tuyauterie est majoritairement à entailles de timbre. Bourdons à calottes mobiles.
Les tuyaux de pédale sont identifiés par des marques au crayon en italiques sur la lèvre supérieure, par exemple "Fl P F#".
Les orgues des années 1920-1930 qui sont parvenus jusqu'à nous ne sont pas légion. Certains ont été victimes de la seconde guerre mondiale, mais d'autres, beaucoup plus nombreux, de la mode "néo-baroque" qui a sévi dans les années 1960-2000, et de sa "pensée unique" qui n'hésitait pas à discréditer tout ce qui lui était étranger. Mais celui de Seppois est resté totalement authentique. Aujourd'hui (2020) presque 20 ans après son dernier relevage, il mériterait bien un entretien en profondeur : il exprime parfaitement la qualité de son harmonisation, mais souffre des défauts caractéristiques d'un empoussièrement et du "manque d'exercice". (Petits dysfonctionnements transitoires disparaissant après quelques minutes d'usage.)
Vu son intérêt historique et musical, ce bel instrument, comme ses contemporains qui ont été préservés, mériterait d'être mieux connu.
Sources et bibliographie :
Remerciements à Agnès Bisch et Guillaume Ueberschlag.
Photos du 30/08/2020 et données techniques.
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