Cet orgue a été construit par la Frédéric Haerpfer en 1924. C'est aujourd'hui un des plus intéressants de la région, et un des plus méconnus aussi, victime de décennies de propagande "tout baroque" visant à discréditer - ou au moins à mépriser - tous les instruments construits entre 1871 et 1939. D'une authenticité remarquable - alors que la plupart de ses contemporains ont été impitoyablement remplacés ou mutilés - c'est un instrument précieux et d'une grande valeur historique.
Historique
Un premier orgue a été livré en 1866 par les frères Wetzel. [IHOA] [Barth]
Ce fut un instrument sans surprise, déjà vieillot à sa construction, aux possibilités limitées car tourné vers les habitudes du passé (anches coupées en basse+dessus). Les deux manuels partageaient les mêmes sommiers, et ne constituaient donc pas deux plans sonores différents. Surtout, sa pédale (inutilisable pour le répertoire puisque de 18 notes seulement) allait vite le rendre totalement inadapté :
Les tuyaux de façade ont été réquisitionnés par les autorités le 03/05/1917. [IHOA]
Historique
En 1924, Frédéric Haerpfer construisit un orgue post-symphonique neuf dans le buffet Wetzel. [IHOA] [ITOA] [Mathias]
Le choix de la maison Haerpfer est loin d'être anecdotique. Il peut même sembler surprenant pour une église catholique, Haerpfer adressant surtout le marché des paroisses protestantes. Il faut bien sûr y voir l'influence de l'extraordinaire instrument posé par la maison Dalstein-Haerpfer à l'église protestante en 1912 : 45 jeux sur 3 claviers et pédale. Disposer d'une pareille merveille dans la commune faisait de Haerpfer le choix naturel pour placer un second instrument à Westhoffen.
Notons que ladite merveille - le grand Koulen/Dalstein-Haerpfer de l'église protestante - l'un des plus grands et beaux orgues d'Alsace - est aujourd'hui à l'abandon, la paroisse protestante ayant préféré céder aux sirènes de l'électronique. Voilà comment, du point de vue patrimonial, l'Alsace "marche sur la tête". C'est d'autant plus choquant quand on constate les sommes délirantes dépensées pour des soit-disant "chefs d'œuvres du 18ème", des "simili-Silbermanns" ou encore une ribambelle de compatibles-Callinet. Des opérations dispendieuses, mais qui reçoivent toutes les louanges, du moment que la transmission est mécanique (même si elle est en fait désastreuse). La chasse aux orgues post-romantiques et néo-classiques, lancée dans les années 1960 a été accompagnée d'opérations de discrédit de tous les instruments construits entre 1871 et 1939. Cela a fait des dégâts considérables. Non seulement en pratique (orgues mutilés, dépourvus de leurs plus beaux jeux romantiques et affublées de "petits jeux" criards à la place), mais aussi par l'établissement d'une évaluation de la valeur totalement biaisée, et axée sur le "baroque" ou ses avatars. Il est plus que temps de re-découvrir ces instruments merveilleux.
Dans un article du Nouvel Alsacien, daté du 16/02/1924 (et paru le 20), on apprend que le projet pour l'orgue de l'église catholique a été initié à l'occasion d'un entretien de celui de l'église protestante. C'était en effet l'occasion de remédier à une situation ressentie comme injuste par la paroisse catholique. A ce moment, il n'était encore question que de réparations. [NAlsacien]
Le devis de Frédéric Haerpfer a été accepté par le conseil municipal le 05/03/1924. Curieusement, la soufflerie électrique était laissée à la charge du conseil de fabrique : c'était sûrement considéré comme un luxe superflu. (Ou peut-être voulait-on "protéger" le poste de souffleur ?) [PMSCS79]
La préfecture n'approuva que le 07/05/1924. Or, les années 20 étaient marquées par une très forte inflation : pendant ces deux mois de lenteurs administratives, le prix avait augmenté de 20% ! [PMSCS79]
L'instrument ressemble beaucoup à un autre orgue exceptionnel construit par la maison de Boulay : celui de Seppois-le-Haut (1929).
En 1948, l'orgue a été entretenu par Ernest Muhleisen, qui remplaça le pédalier. [IHOA] [ITOA]
Vers 1957, Curt Schwenkedel est venu visiter l'orgue. Il nota la composition (qui est l'actuelle, et sans doute d'origine), et quelques travaux à envisager : des soufflets relais, en particulier ceux des accouplements, à regarnir, et quelques tuyaux de la Soubasse (C-G) à remplacer. On ne sait pas si Schwenkedel réalisa ces travaux. [SchwenkedelDO]
En 1979, c'est Paul Adam, de Lingolsheim, qui fit une intervention. [IHOA] [ITOA]
Il y eut un relevage, vers 1995, par Yves Koenig. [RLopes]
Caractéristiques instrumentales
Console indépendante face à la nef, fermée par un rideau coulissant. Tirage des jeux par dominos, placés au-dessus du second clavier. La combinaison libre se programme grâce à des mini-tirants placés au-dessus de chaque domino. Claviers blancs.
Plaque d'adresse en métal jaune à fond noir, dotée d'une médaille d'exposition, placée à droite et à hauteur des dominos, et disant :
Pneumatique.
Sommiers à cônes.
En effectuant quelques recherches sur cet instrument, on ne trouve... pas grand chose. Son centenaire est passé totalement inaperçu. Le fait qu'un orgue aussi authentique, d'un pareil intérêt historique et musical soit si méconnu et si peu mis en valeur en dit long sur l'état du monde de l'orgue alsacien. A force de répéter aux gens que "Votre orgue est pneumatique donc il ne vaut rien", ils ont fini par le croire... C'est un véritable désastre patrimonial. Cet instrument plein de potentiel mériterait vraiment qu'on s'intéresse à lui comme il le mérite.
Sources et bibliographie :
Photos et données du 30/10/2009.
La page n'est pas datée, mais a été rédigée entre le 19/04/1956 et le 28/04/1959.
417. Westhoffen (église cath.) Dalstein et Haerpfer, 18 Jeux, 2 Clav. Péd., sommier pneu., traction pneu., soufflerie électr.
Kathol. Kirche. - Grundsteinlegung 10. VII. 1864; Weihe durch Bischof Raess 11. XI. 1866. Vfr. 9 (1866) 387 f. - Noch 1866 wurde eine O. von Wetzel aufgestellt. Vfr. 10 (1867) 38 (Nr. 3. II. 67). - Für die spätere Zeit beider Kirchen bzw. ihrer Orgeln, siehe MATHIAS 54. - Aus der prot. Ki. von W., welche 1912 eine neue O. von Dalstein u. Haerpfer erhielt, 46 Reg., 3 Clav., Ped., kam die alte O. in die kathol. Kirche von W. Zu 1912 vgl. « Festschrift » ... de l'inauguration du monument aux Morts. Nach Mittlg von Pf. J. B. Corbethau.
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