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Les orgues de la région de Wasselonne
Wasselonne, St-Jean Bosco
Wasselonne, St-Jean-Bosco, l'orgue Roethinger de 1933.
Les photos sont de Martin Foisset, 06/10/2019.Wasselonne, St-Jean-Bosco, l'orgue Roethinger de 1933.
Les photos sont de Martin Foisset, 06/10/2019.

L'église Saint-Jean Bosco a été construite entre 1938 et 1941, et c'est un édifice exceptionnel, très ambitieux, et réalisé avec brio, malgré le contexte. Pour l'orgue, on sut saisir une belle opportunité : il s'agit de l'instrument qu'Edmond-Alexandre Roethinger avait construit en 1933 pour l'institut St-Joseph de Neufgrange, et qui se trouvait alors disponible. Il prit place à Wasselonne en 1940, ce qui permit à l'Alsace d'acquérir un digne contemporain de la merveille de Bischheim, St-Laurent.

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Historique

En 1940, Ernest Muhleisen installa à Wasselonne l'orgue Edmond-Alexandre Roethinger, 1933 (pas 1936 comme on le lit parfois) de l'institut St-Joseph de Neufgrange (Moselle). Il ajouta un Cornet (complet), et déplaça probablement deux ou trois jeux à l'intérieur de l'orgue. [IHOA] [ITOA] [VWeller] [Visite]

L'institut St-Joseph était un collège, tenu par les Spiritains. En 1933, on souhaitait y remplacer un orgue Rivinach (12 jeux) de 1872. C'est le frère Claude Strubel, de l'institut St-Joseph, qui construisit le joli buffet Modern style du nouvel instrument fourni par la maison Roethinger (II/P 15+1j). Ce buffet, par chance, s'accorde remarquablement bien avec l'intérieur de l'église Saint-Jean Bosco. [ITOA] [IOLMO]

Le médaillon représentant Ste-Cécile jouant de l'orgue.Le médaillon représentant Ste-Cécile jouant de l'orgue.

En 1939, l'institut St-Joseph de Neufgrange fut évacué, et la maison Duhamel de Nancy amena l'orgue à la chapelle St-Florent de Saverne. C'est Ernest Muhleisen qui, finalement, amena l'instrument à Wasselonne. [ITOA] [IOLMO]

Le fait que Muhleisen ajouta un Cornet complet s'inscrit fidèlement dans l'esprit "post-romantique", et cet ajout a donc été fait dans un grand respect de l'esthétique originelle. Il vaudrait d'ailleurs mieux parler, dans ce cas, de "Mixture-tierce" que de Cornet.

L'institut de Neufgrange se retrouva donc sans orgue en 1945. Les Spiritains en commandèrent un à Georges Schwenkedel. Malgré l'attribution d'un numéro d'opus (114) par la maison de Strasbourg-Koenigshoffen, c'était un orgue d'occasion. Il s'agissait de l'opus 129 de la maison Rinckenbach, construit en 1912 pour Still (institut des aveugles), que la maison Schwenkedel avait repris en 1952. Les sommiers et 6 jeux Rinckenbach intégrèrent le "nouvel" orgue de Neufgrange. Cet instrument fut malheureusement "baroquisé" en intégrant tout un bric-à-brac de rencontre (dont la console Vondrasek, 1933, de Keskastel, une Sesquialtera de Laukhuff, un Larigot et une Cymbale de Maurer...) La pauvre chose mutilée trouva refuge en 2002 à Metz-Queleu, mais n'a bien sûr plus aucun intérêt historique... sauf sa triste histoire et son magnifique buffet. [IOLMO]

Du 22 au 25/09/2014 la maison Muhleisen a effectué des travaux de remise en état sur l'orgue Roethinger de Wasselonne (dont des remplacements de membranes). [VWeller]

Caractéristiques instrumentales

Composition, 2014
Grand-orgue, 56 n. (C-g''')
Emprunt du II ; d'origine au I
Peut-être d'origine, du II ? ; sur la chape du Salicional
Etiquette rapportée ; complet, progressif, Muhleisen
I/I
Pédale à accrocher
Réelles
Récit expressif, 56 n. (C-g'''')
Basses en bois, puis à cheminées, sauf les dessus coniques
(C-g''')
Jeu déplacé ici, sur la chape de la Fl4', originellement au I
(c-g''')
Poinçons 'Fl O 4' ; se trouve sur la chape de la Quinte 2'2/3
(C-g'''')
(C-g'''')
Dernière octave à bouche
Sans commande
Pédale, 30 n. (C-f')
Soubasse alimentée différemment
Freins rouleaux ; aplatissages en ogives
I/P
Tirasse Grand Orgue
Tirasse Récit
appelant les combinaisons fixes, témoins lumineux
[VWeller] [ITOA]
Console:

Console indépendante dos à la nef, fermée par un rideau coulissant. Tirage des jeux par dominos de couleur caramel, situés en ligne au-dessus du second clavier, sans séparation. Les jeux du grand-orgue sont à gauche, puis ceux du récit, puis la pédale, et les dominos commandant les accouplements à droite. Le domino du Cornet V (ajouté par Muhleisen) est muni d'un carré de plastique orange donnant le nom du jeu, il commandait originellement le trémolo du récit. Claviers blancs, de Laukhuff.

Commande des combinaisons par pistons situés sous le premier clavier : à gauche celui de la combinaison libre, puis un petit piston ("I") l'annulant, puis les quatre combinaisons fixes ("P", "F", "PL.JEU" et "GR.JEU" - signifiant "tutti" chez Roethinger). A leur droite, le piston noir annulateur.

Les commandes à pied sont repérées par des porcelaines rectangulaires à lettres rouges. Commande doublée des accouplements et tirasses par pédales-cuillers à accrocher. Elles sont en bois recouvert d'une feuille de métal ondulée fixée par quatre vis. De gauche à droite : "Octaves aiguës Récit-Grand Orgue" (II/I 4', réelles), "Octaves graves Récit-Grand Orgue" (II/I 16'), "Copula Récit Grand Orgue" (II/I), "Tirasse Récit" (II/P), "Tirasse Grand Orgue" (I/P). La porcelaine de la pédale basculante du crescendo (qui appelle dans l'ordre les quatre combinaisons fixes) a disparu, et la porcelaine "Expression Récit" sur la pédale basculante de droite commandant la boîte est cassée. Plus à droite, il y a la pédale "Annulateur Grand Orgue" (annulateur I/I)

Programmation de la combinaison libre par poussoirs rouges situés au-dessus des dominos. Les accouplements sont donc programmables. Il y a 4 voyant lumineux pour le crescendo. L'intérieur de la console est en acajou (bois dont la maison Roethinger semble avoir eu un stock inépuisable), mais elle est replaquée extérieurement.

Les dominos "boîte de caramels".Les dominos "boîte de caramels".

La plaque d'adresse est située en haut à droite, et constituée de lettres en laiton incrustées dans l'acajou :

E.A.Roethinger
Strasbourg

En dessous, à nouveau en laiton incrusté :

Système breveté
S.G.D.G.

On retrouve une référence à ce brevet à la chapelle des Sœurs de la Providence à Portieux (88) (1932) et sur l'orgue de Bischheim, St-Laurent. Le brevet en question est probablement "FR719767 (A) - Perfectionnements aux grandes orgues" du 10/02/1932. La présence de sa référence sur une console de 1933 n'est pas étonnante à une époque où on était encore fier des innovations. Rappelons que "S.G.D.G" signifie "Sans Garantie Du Gouvernement", précisant que, même si la puissance publique enregistre et protège la propriété intellectuelle du système, elle n'est en aucun cas responsable de son bon ou mauvais fonctionnement !

Il y a les mêmes voyants, ainsi que des dominos couleur caramel analogues, sur la console d'origine à Bischheim.

Enfin, plus bas, au niveau du second clavier, une plaquette blanche à lettres noires donne le numéro d'opus :

Opus 151
Sommiers:

A membranes (et non à cônes). Le Cornet, posté, est sur un mini sommier spécifique à soufflets.

Soufflerie:

Le pompage manuel (à bras) est toujours fonctionnel.

Tuyauterie:

La tuyauterie est essentiellement en spotted, zinc et bois. Il y a quelques années, on appelait encore cela une tuyauterie "pauvre" (entendre : pauvre en étain), mais elle est de très bonne facture et sonne très bien. Entailles de timbre. L'architecture interne est caractéristique des orgues post-romantiques : grand-orgue à l'avant, derrière la façade, sans cloison ni plafond. Récit en arrière, séparé du grand-orgue par la passerelle et situé à peu près au même niveau (ou un peu plus haut). La pédale est logée transversalement (orthogonalement à la façade) sur les côtés.

Une vue sur la tuyauterie du grand-orgue.
En haut à droite, c'est le flanc gauche de l'orgue.
Le revers de la façade est visible en haut à gauche.
De bas (accès) en haut (façade) : le Principal 4',
la Quinte 2'2/3 qui "nage" dans son faux-sommier prévu pour un Salicional...
la grande Flûte 8' avec ses entailles de timbre,
le Bourdon 16' avec ses calottes mobiles,
la partie "sur le vent" de la Montre 8',
les postages du Cornet (ici invisible), et enfin la façade.Une vue sur la tuyauterie du grand-orgue.
En haut à droite, c'est le flanc gauche de l'orgue.
Le revers de la façade est visible en haut à gauche.
De bas (accès) en haut (façade) : le Principal 4',
la Quinte 2'2/3 qui "nage" dans son faux-sommier prévu pour un Salicional...
la grande Flûte 8' avec ses entailles de timbre,
le Bourdon 16' avec ses calottes mobiles,
la partie "sur le vent" de la Montre 8',
les postages du Cornet (ici invisible), et enfin la façade.
Une vue sur la tuyauterie du récit.
Les jalousies sont à gauche, et le fond de l'orgue à droite.
De gauche (accès) à droite (fond) :
la Trompette, dont les résonateurs aigus ont une longueur double car ils sont harmoniques,
l'Octavin 2, La Flûte octaviante 4' (qui se trouve sur la chape de la Quinte),
le Salicional (du grand-orgue, qui ne devrait pas être là, et qui n'a que 56 notes),
la Voix céleste, le Cor de nuit (à cheminées, sauf les dessus coniques), puis la Gambe.Une vue sur la tuyauterie du récit.
Les jalousies sont à gauche, et le fond de l'orgue à droite.
De gauche (accès) à droite (fond) :
la Trompette, dont les résonateurs aigus ont une longueur double car ils sont harmoniques,
l'Octavin 2, La Flûte octaviante 4' (qui se trouve sur la chape de la Quinte),
le Salicional (du grand-orgue, qui ne devrait pas être là, et qui n'a que 56 notes),
la Voix céleste, le Cor de nuit (à cheminées, sauf les dessus coniques), puis la Gambe.
L'ambiance à la console est inimitable, quittant Jules Verne
pour Philip Francis Nowlan. C'est une époque, marquée par une crise économique,
où imagination et innovation paraissaient fournir toutes les solutions...L'ambiance à la console est inimitable, quittant Jules Verne
pour Philip Francis Nowlan. C'est une époque, marquée par une crise économique,
où imagination et innovation paraissaient fournir toutes les solutions...

Evidemment, il s'agit typiquement du genre d'instruments méprisés par l'organologie du la fin du 20ème siècle. (Et, encore aujourd'hui, par les Théoriciens qui en sont issus.) La transmission électrique a été "diabolisée", ainsi que tous les sommiers qui n'étaient pas "à gravures". De façon générale tout ce qui n'était pas "18 ème" était considéré comme "sans valeur", "irréparable" ou "de peu d'intérêt". Les a-priori, les clichés et les idées reçues ont la vie dure.

Or, la réalité sur le terrain est bien plus belle que ce que veulent bien rapporter les vieux inventaires. Nous disposons là d'un orgue post-romantique représentant un style spécifique, issu de la maturation de la "Réforme alsacienne de l'orgue". Cet instrument est tout de même contemporain de celui de Bischheim, St-Laurent, et... il a gradé sa superbe console d'origine. Evidemement, aujourd'hui (2020), le câblage de 1933 (qui n'a jamais été conçu pour durer aussi longtemps) doit être revu et en grande partie changé, à la fois dans la console et entre la console et le buffet. De plus, il faut se souvenir que cet orgue a été déménagé en 1940. Il a donc besoin d'un relevage en profondeur.

Remettre en valeur ces instruments est une condition majeure pour conserver sa diversité au patrimoine alsacien. Car au-delà de son intérêt historique, ce sont bien ses qualités musicales qui confèrent à cet orgue ses qualités : il est plein de possibilités, possède une grande dynamique, et il est très agréable à jouer.

Références Sources et bibliographie :

Carte Localisation :

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Immatriculation de l'orgue actuel : F670520002P01
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