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~ Les orgues de la région de Molsheim ~

Still, Institut des aveugles
Georges SCHWENKEDEL, 1953

L'orgue devrait être remonté
à Bellange (près de Château-Salins)


Avant... SCHWENKEDEL Après...

Composition, 1986
Grand-orgue
56 notes
Positif expressif
56 notes
Récit expressif
56 notes
Pédale
32 notes
Bourdon 16' Flûte à cheminée 8' Quintaton 16' Contrebasse 32' (Acoust., ext.)
Montre 8' Salicional 8' Montre 8' Flûte ouverte 16'
Bourdon 8' Principal italien 4' Flûte de concert 8' Soubasse 16'
Flûte harmonique 8' Gemshorn 4' Gambe 8' Grande quinte 10'2/3 (ext.)
Dulciane 8' Nasard 2'2/3 Voix céleste 8' Flûte 8' (ext.)
Prestant 4' (D) Flûte conique 2' Flûte octaviante 4' Principal 8'
Cor de nuit 4' Tierce 1'3/5 Quinte 2'2/3 Flûte 4' (ext.)
Doublette 2' Larigot 1'1/3 Principal 2' Bombarde 16'
Fourniture 4 rgs Septième 1'1/7 Tierce 1'3/5 Trompette 8' (ext.)
Cymbale-tierce 3 rgs Piccolo 1' Cornet 5 rgs (comb.) Clairon 4' (ext.)
Bombarde 16' (part. Ped.) Neuvième 8/9' Plein-jeu 4 rgs I/P
Trompette 8' Cymbale 3 rgs Cymbale-tierce 3 rgs II/P
II/I (16', 8', 4') Cromorne 8' Bombarde 16' III/P (8', 4')
III/I (16', 8', 4') Grand cornet 10 rgs (comb.) Trompette 8'  
  Cornet 5 rgs (comb.) Basson/Hautbois 8'  
  Rauschquinte 4 rgs (comb.) Clairon 4'  
  Cornettino 4 rgs (comb.) Voix humaine 8'  
  Carillon 3 rgs (comb?) Trémolo  
  Sesquialtera 2 rgs (comb.)    
  Spillfloete 3 rgs (comb.)    
  Rauschquinte 2 rgs (comb.)    
  Terzian 2 rgs (comb.)    
  Trémolo    
  III/II (16', 8', 4')    

l'orgue de l'     Institut des aveugles de Still n'est plus en Alsace. Mais il a toujours sa place dans l'histoire de l'Orgue alsacien, car il s'agit d'une véritable curiosité. Il a été construit par Georges SCHWENKEDEL en 1953. Il s'inscrit dans une mouvance "quantitative" que l'on retrouve dans son contemporain de Biesheim.
Il nous vient d'une époque où l'on concevait l'Orgue très différemment d'aujourd'hui, mais qui mérite qu'on s'y attarde.
Voici un instrument qui pose deux questions : "61 registres dans une chapelle, est-ce bien raisonnable ?" et "Doit-on vraiment se restreindre à ce qui est raisonnable ?".

     L'endroit a été successivement occupé par un château moyen-âgeux (fief de l'évêché de Strasbourg), puis par la demeure de Claude Jaccoud (1762), puis par l'édifice actuel, construit en 1834 par son fils. En 1889, l'édifice redevint propriété de l'évêché : c'était une maison de "réinsertion" pour les anciens détenus mineurs du pénitencier de Haguenau. En 1895 y fut fondée l'institution épiscopale Ste-Odile, ou Institut des aveugles (Katholische Blindenanstalt). La chapelle qui était occupée (c'était le cas de le dire) par l'orgue ne date que du début du 20 ème siècle.
Le premier orgue du lieu a été construit par Martin et Joseph RINCKENBACH :

L'Opus 142 de Martin et Joseph RINCKENBACH, 1912

     Par "Opus 142", il faut entendre "selon la liste de Pie MEYER-SIAT" (c'est le 129 ème sur la liste Rinckenbach).

Construit en 1912, il avait 14 Jeux, et un magnifique Buffet en chêne, de style Renaissance, avec trois Tourelles (dont deux en tiers-point) et deux "Plates-faces" quadruples en arcs Plein-cintre.

Malheureusement, cet orgue fut démonté en 1953. Le superbe Buffet, les Sommiers, et 6 Jeux (Principal 8', Prestant, Mixture 4 rgs, Bourdon 8' de Récit, Soubasse et Flûte de Pédale) furent transférés à l'Institut Saint-Joseph (collège des Pères Spiritains) de Neufgrange (Moselle).

C'est ainsi que l'Alsace perdit l'un des plus beaux Buffets du début du 20 ème, qui sont plutôt rares. Notons qu'en échange, l'Alsace avait reçu en 1940 l'ancien orgue des Pères Spiritains de Neufgrange, construit par Edmond-Alexandre ROETHINGER en 1933 : il a été installé, par Ernest MUHLEISEN, à l'église catholique de Wasselonne.

     La Composition, sur 14 ou 15 Registres (la Soubasse était peut-être appelable en Soubasse ou en Bourdon 16') devait ressembler à l'orgue de la Chapelle St-Florent de Saverne (14 Jeux, 15 Registres, 1926, mais avec une Mixture au Grand-orgue), comme à Biederthal (12 Jeux, 1912). Ou encore à l'instrument, lui aussi contemporain, de Thannenkirch (14 Jeux, 1912, mais avec un Jeu de moins au Grand-orgue).

A Neufgrange, Schwenkedel installa en 1952 l'instrument suivant :

Vers 1970, Willy MEURER "baroquisa" un peu le tout, et y adjoingnit la Console indépendante pneumatique Henri VONDRASEK (1933) qu'il avait reprise à Keskastel, où il avait re-mécanisé l'orgue Georges et Nicolas VERSCHNEIDER, 1861, du lieu.

     Le collège de Neufgrange étant fermé depuis 1984, l'orgue y coule des jours tranquilles, mais ne sert plus qu'exceptionnellement.

L'orgue provisoire de Georges SCHWENKEDEL

     Ce petit orgue est l'Opus 102 (selon la liste Meyer-Siat) ; il comportait 4 Jeux sur 2 claviers.

L'Opus 104 de Georges SCHWENKEDEL, 1953

     Le projet est dû à l'abbé Raymond GEREDIS. Il fait abondamment usage des systèmes d'Emprunt et d'Extensions. Ce qui est absolument étonnant, c'est que l'orgue a été conçu comme un instrument d'enseignement ! Comme toujours, dans ce type de Composition, les différentes versions disponibles s'écartent de façon très sensible, et il y a eu pal mal d' "ajustements". Une dizaine de registres (en particulier les Mixtures) sont des Appels/Combinaisons de Jeux unitaires. Mais l'ensemble mérite une étude. Pour y voir plus clair (sans mauvais jeu de mot), il faut partir du fondement sonore :

  • La Pédale repose sur quatre Rangs de tuyaux :
    • Un Rang de Flûtes ouvertes, en 16 pieds.
    • Un Rang de Bourdons, commençant en 16 pieds.
      Il produit la Soubasse, mais aussi la Grande-quinte, par "décalage" de 7 notes vers l'aigu, la Flûte 8' et la Flûte 4'. Par "battements" du 16 pieds ouvert avec la Grande-Quinte, on obtient l'apparition de la fondamentale par émission des Harmoniques de 32' (Contrebasse acoustique 32').
    • Un Rang de Principaux, commençant en 8 pieds.
      Il était prévu de l'étendre jusqu'au 2 pieds.
    • Un Rang de Trompettes, commençant en 16 pieds.
      Ce Rang de 32 + 24 tuyaux permet de produire la Bombarde, la Trompette (par décalage de 12 notes) et le Clairon (par décalage de 24 notes).
    Il était aussi prévu d'ajouter une Mixture de 5 rangs...
  • Le Grand-orgue est plus classique. Seule l'octave grave de sa Bombarde est empruntée à la Pédale. On trouve, sur 16 pieds Bouchés, une Composition Néo-classique plutôt habituelle.
  • Le Récit expressif est un grand Clavier avec des Sommiers de 68 notes, permettant des Accouplements "réels" en 4' (à l'octave aiguë) sur le Positif et le Grand-orgue. Il y a... tout ce qu'il faut, y-compris une batterie d'Anches complète, un indispensable Hautbois et une Néo-classique Voix-humaine.
  • Le Positif expressif est bien-entendu intérieur (le Positif de dos est postiche). C'est là que le côté "folie des grandeurs" est le plus marqué. D'ailleurs, dans l'article de Raymond Gérédis paru dans "L'Orgue" de 1969, ce Clavier est appelé "Kronpositif" (bien que, faute de hauteur sur la tribune, l'orgue soit étalé horizontalement, écrasé par le plafond, donc sans "Positif de Couronne").
    On y trouve un Principal "italien" de 4 pieds, qui va faire une longue carrière, et dont c'est probablement une des premières apparitions. On trouve aussi beaucoup de jeux coniques (qui auront les faveurs des années 1960 et 1970). Il y a un Salicional, et les très Néo-classiques Cymbale et Cromorne. Ensuite, le Clavier "monte" en harmoniques en suivant la logique d'un grand Cornet décomposé de 9 Rangs :
    • Fondamentale : Bourdon 8'
    • 2ème harmonique : Flûte conique 4' (Gemshorn)
    • 3ème harmonique : Nasard 2'2/3
    • 4ème harmonique : Flûte conique 2'
    • 5ème harmonique : Tierce 1'3/5
    • 6ème harmonique : Larigot 1'1/3
    • 7ème harmonique : Septième 1'1/7
    • 8ème harmonique : Piccolo 1'
    • 9ème harmonique : Neuvième 8/9
    Les autres "registres" sont en fait des Combinaisons. On peut en imaginer beaucoup, avec ces 9 rangs :
    • Un Cornet "maximal".
      Curieusement noté à 10 rangs à la Console ; il y a peut-être deux 8 pieds d'appelés (ou alors personne n'a jamais recompté).
      Au chapitre "édification du fidèle", on trouve, dans l'Inventaire Technique, la longueur des câbles de la transmission (6km ; cela permet presque de rejoindre Molsheim, en coupant à travers champs).
      On peut aussi se livrer au traditionnel calcul du nombre de possibilités "théoriques" avec 61 registres et 15 Accouplements : 75557863725914323419136 possibilités, dont, puisque certains registres sont déjà des Combinaisons, un certain nombre donnent exactement le même résultat sonore ; 75484076749619485212672 pour être exact. Ca ne laisse donc que 73786976294838206464 possibilités. Notons que ce type d'élucubration (tout comme le décompte des tuyaux d'un orgue) ne donne jamais deux fois le même résultat. Ce n'est pas une question de mathématiques, mais de physique ; c'est parce que la perception acquise de l'Univers modifie forcément ce dernier.
    • Un Grand cornet habituel (8', 4', 2'2/3, 2', 1'3/5)
    • Une Sesquialtera (2'2/3, 1'3/5)
    • Une Rauschquinte (2'2/3 avec 2', ou 4')
    • Une Terzian (1'3/5, 1'1/3)
    • ...

     L'instrument a été Relevé en 1969 par la Maison Schwenkedel; Dans l'article de l'abbé Gérédis, il est précisé que "l'instrument [a été] spécialement conçu pour l'école de musique spécialisée pour Aveugles", qu'un Clairon est prévu au Grand-orgue, un Principal 2' et une Mixture à la Pédale, et que "tout ce qui pouvait servir de l'orgue précédent de la Maison Rinckenbach a été réutilisé".

Et on pourrait croire qu'une pareille machine doit être très fragile. En fait, l'orgue fournit de bons et loyaux services durant 50 ans, quand la Musique tenait une place importante à l'Institut. Il était joué par Antoine HEUSSER.

Transmission : électrique (il faudrait dire "éclectique") (Console indépendante dos à la nef). Sommiers à cônes.
Comme à Biesheim, les accessoires sont pléthoriques : il y a cinq Combinaisons fixes (numérotées de 1 à 4, plus Tutti et Chant grégorien : en 1953, on y croyait encore), et deux Combinaisons libres. Il y a aussi des Appels pour les Anches, les Mixtures, les Mutations, un Appel Grand-orgue, ainsi qu'une pédale Crescendo.

Au revoir !

     Depuis 1995, l'orgue de Still était muet. Il fut repris par l'Association Musicale du Saulnois, qui projette de le remonter dans l'église de Bellange (près de Château-Salins). L'orgue Schwenkedel devrait être utilisé dans le cadre d'un festival et d'une école de musique. Le démontage a été supervisé par le facteur Jean-Louis HELLERINGER.

Sources :

  • Marc BAUMANN, "L'orgue de L'Institut des aveugles de Still", Caecilia 2005-5
  • Christian LUTZ et François MENISSIER, Inventaire des Orgues de Lorraine, Moselle Mo-Sa
  • Raymond GEREDIS "Restauration des grandes Orgues de l'Institut des Aveugles de Still (Bas-Rhin)", L'Orgue N°130, 04-06/1969

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Dernière mise à jour : 02/04/2006 19:00:27

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