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Les orgues de la région de Huningue
St-Louis-Bourgfelden, St-Charles
1917 degr > Dégâts
avant 1950 degr > Dégâts
St-Louis, Bourgfelden. Les photos ont été prises le 05/07/2003.St-Louis, Bourgfelden. Les photos ont été prises le 05/07/2003.

Logé dans son magnifique buffet néo-roman, l'opus 48 de Martin Rinckenbach est le fruit d'un projet initié en 1896, et qui aboutit finalement en 1899 (presque 1900). Cela fait de cet instrument l'un des derniers de la maison d'Ammerschwihr réalisés selon les techniques du 19 ème siècle : transmission mécanique, sommiers à gravures.

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Historique

C'est en 1899 que fut achevé l'opus 48 de Martin Rinckenbach. Une livraison a probablement été effectuée dès 1896, ce qui explique que l'on retrouve parfois cette date ("mars 1896"), et son numéro d'opus "hors chronologie". Dans les listes, il est noté à 15 jeux, mais il était prévu pour 18 : des chapes avaient été laissées libres. [LR1907] [IHOA] [Barth]

L'hypothèse la plus probable est que l'orgue a été livré en mars 1896 avec 3 chapes vides, le projet prévoyant de les compléter dès que les ressources suffisantes seraient trouvées. Mais en 1899, comme cela n'avait toujours pas pu être fait, l'orgue a été reçu en l'état. En tous cas, la console suit parfaitement les habitudes de 1896.

Les 43 tuyaux de façade ont été réquisitionnés par les autorités le 05/03/1917 [IHOA]

Après 1945 et avant 1950, instrument a été endommagé lors d'une opération absurde dont le but semble avoir été de baisser le diapason d'un demi ton. [ITOA]

L'inventaire technique de 1986 précise : "1945-1950 : l'orgue est baissé d'un demi-ton par un facteur d'orgues douteux. A cette occasion, de nombreux tuyaux sont endommagés." [ITOA]

En 1982, l'orgue a été transformé par Christian Guerrier. [IHOA]

Les trois chapes vides ont été complétées par des jeux sans aucun rapport avec l'esthétique de l'instrument : au grand-orgue, un Cornet de 3 rangs (2' séparable...), au récit une Doublette 2', et à la pédale un Choralbass 4'.

Mais ce ne fut pas tout : la Mixture du grand-orgue a été transformée pour devenir progressive (2-4 rangs en 2', au lieu de 3 rangs comme attendu), au récit, un "Nasard" a été confectionné en découpant une Gambe de Rinckenbach. Ce sont donc en tout 5 jeux qui sont totalement étrangers à l'esthétique romantique de cet instrument. L'origine de la Gambe mutilée en 1982 pose un autre problème : s'agissait-il de la Gambe du grand-orgue, ou réellement d'une Gambe placée au récit ? La "Gambe" recoupée était probablement plutôt une Aeoline ou un Salicional destiné à "adosser" la Voix céleste.

L'hypothèse la plus probable est donc que la chape laissée vide au grand-orgue était destinée à une Gambe ; le jeu du récit mutilé en 1982 était un Salicional destiné à adosser la Voix céleste ; la chape laissée vide au récit devait être prévue pour un Hautbois. Autre conséquence de l'absurde transformation de 1982 : la Voix céleste a été laissée sans Gambe (autre que la Montre-Viole, qui n'est pas faite pour cela). Une fois de plus, cela laisse penser qu'à l'époque, ni les facteurs, ni les organistes, ni les experts n'avaient la moindre idée de la façon de registrer un orgue post-romantique...

Le diapason abaissé à la fin des années 40 a été re-haussé d'un demi-ton (probablement pour des raisons pratiques), mais, évidemment, avec les conséquences que l'on imagine sur l'harmonisation. L'inventaire de 1986 trouva une partie de la tuyauterie coupée au ton. (i.e. entailles de timbre supprimées, même pour les jeux non harmoniques.) [ITOA]

Le buffet

Le buffet néo-roman est de la maison Klem ou Boehm (selon les sources). Le dessin du projet a été conservé. [IHOA] [Barth]

Le dessin du projet.Le dessin du projet.

Le dessin de ce buffet a déjà été vu, presque à l'identique, 10 ans plus tôt à Werentzhouse.

C'est une évolution éclectique et dotée de tourelles à chevrons du dessin de Buethwiller. Les plates-faces sont doubles (contrairement à celles qui figurent sur le dessin du projet). La ceinture cannelée est caractéristique du style : on la retrouve plus tard à Ettendorf ou Bourg-Bruche (1908) dans une autre évolution, cette fois avec des plate-faces triples. Les couronnements sont ici très évolués, avec une galerie supérieure pour les places-faces et des frises ajourées. Les pinacles se rapprochent plus du néo-gothique et confirment donc la volonté "éclectique". Le projet prévoyait une croix centrale.

Le buffet réalisé paraît être le "croisement" du dessin et des idées fortes du buffet de Buethwiller, qui, décidément, fut déterminant pour la production de Rinckenbach. Il paraît donc être le fruit d'une négociation entre un projet initial et des traits caractéristiques appréciés par la maison d'Ammerschwihr (les plates-faces doubles). La spécificité, ici, vient essentiellement des galeries au-dessus des plates-faces.

De plus, sur le dessin, la ligne des bouches est inhabituelle : le V est à l'envers pour les tourelles latérales, et, dans les plates-faces Rinckenbach, les bouches suivent une ligne horizontale. La réalisation (ou, du moins, la restitution de la façade réquisitionnée) respecte ces standards et s'écarte donc du dessin.

Caractéristiques instrumentales

Composition, 2003
Grand-orgue, 56 n. (C-g''')
(F-g''')
Guerrier, 1982, 2' séparable
Modifiée par Guerrier : 1 rang neuf
Récit expressif, 56 n. (C-g''')
(c-g''')
Gambe de Rinckenbach recoupée en 1982
Guerrier, 1982
Pédale, 27 n. (C-d')
bois
Etain
Guerrier, 1982
I/P
Transitive
[ITOA]
Console:
La console, authentique, sauf les porcelaines.La console, authentique, sauf les porcelaines.

Console indépendante face à la nef, fermée par un couvercle basculant. Tirants de jeux de section ronde à pommeaux munis de porcelaines (pas d'origine : à fond coloré), disposés en trois gradins de part et d'autre des claviers. Claviers blancs. Joues en bois foncé, mais pas noir. Commande de la tirasse et de l'accouplement par pédales-cuillers à accrocher (respectivement à gauche et à droite, très écartées).

La pédale d'expression du récit donne 3 positions. Les pédales sont repérées par des porcelaines rondes disposées dans des moulures circulaires. Plaque d'adresse située en haut et au centre, au-dessus du second clavier, et disant :

Martin Rinckenbach
Orgelbauer in
Ammerschweier
Ober-Elsass.

Le mot "Ammerschweier" ondule entre les deux lignes du bas.

La plaque d'adresse Rinckenbach à Bourgfelden.La plaque d'adresse Rinckenbach à Bourgfelden.

De façon surprenante (pour un orgue Rinckenbach de 1899), le seul prénom de Martin figure sur cette plaque. Or, depuis au moins 1897, la contribution de Joseph (fils de Martin) apparaît à la plaque d'adresse, où le prénom "Martin" est alors remplacé par les deux initiales : "M.&J." (Houssen par exemple.) Cela confirme qu'au moins la console de cet orgue a été réalisée dès 1896.

Transmission:

mécanique (dès l'origine).

Sommiers:

à gravures, de Rinckenbach.

Références Sources et bibliographie :

Carte Localisation :

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Immatriculation de l'orgue actuel : F680047001P01
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