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Les orgues de la région de Dannemarie
Buethwiller, St-Etienne
Orgue entièrement authentique, sauf 1 jeu modifié.
Buethwiller, l'orgue Martin Rinckenbach.
Toutes les photos sont de Martin Foisset, 06/10/2018.Buethwiller, l'orgue Martin Rinckenbach. Toutes les photos sont de Martin Foisset, 06/10/2018.

L'édifice, qui remonte pour partie à 1735, est doté du 7ème orgue neuf construit par Martin Rinckenbach. Cet instrument fit date dans la production de la maison d'Ammerschwihr car le dessin de son buffet (trois tourelles plates et deux plates-faces doubles) inspira bon nombre de créations ultérieures ; il fut par la suite décliné dans différents styles, en néo-classique, néo-gothique ou éclectique.

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L'orgue de facteur inconnu (1808)
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Historique

Un orgue est attesté à Buethwiller en 1808. On connaît le nom de son organiste en 1825 : François-Xavier Karrer. [IHOA]

Le panneau de gauche.Le panneau de gauche.

Le fond de la tribune est orné de panneaux peints, de chaque côté de l'orgue. A gauche, le roi David joue de la harpe. A droite, une organiste joue d'un instrument particulièrement bien représenté. C'est un positif de structure très courante au 18ème, à deux tourelles rondes et une plate-face double (Balbronn, Ottrott, mais cela pourrait aussi être un petit Waltrin). Il n'y a qu'un clavier (frontal), et on peut voir qu'il y a 49 notes, ce qui est cohérent. Sur le côté de ce positif, se trouve le dessin de l'église Notre-Dame d'Altkirch.

L'église d'Altkirch, dans cette configuration, date de 1845, et les panneaux sont antérieurs à la pose de l'orgue actuel (car la poignée du souffleur masque le visage de l'organiste de la fresque). Ces peintures ont donc été réalisées entre 1845 et 1883.

Il est tentant d'y voir une représentation de l'ancien orgue de Buethwiller, celui qui est arrivé un peu avant 1808, ou un autre qui l'aurait remplacé. Et de penser qu'on aurait fait figurer sur son flanc l'église pour indiquer d'où il venait. Surtout que le paysage, à droite de l'instrument et de l'organiste, ressemble beaucoup à Buethwiller. L'orgue qui était installé à Altkirch jusqu'en 1793 est censé être allé à Eglingen, où il serait resté jusqu'en 1858. Peut-être que Buethwiller en a fait l'acquisition à ce moment, à moins qu'il ne soit tout simplement jamais allé à Eglingen.

L'instrument a été réparé en 1861 par François Antoine Berger. [IHOA]

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Historique

Le contrat avec Martin Rinckenbach a été signé le 25/01/1882, et l'orgue fut reçu le 05/03/1883. [LR1907] [PMSSUND1985]

L'instrument présente de nombreuses spécificités, encore héritées du "pré-romantisme" qui marqua décidément l'Alsace jusqu'à la dernière décennie du 19ème siècle. Il y a un Nasard au grand-orgue, et, de façon surprenante, également un Hautbois. L'anche n'est donc pas au récit, et, au grand-orgue, on s'attendait plutôt à une Trompette. Le récit n'est pas expressif. Comme sur bon nombre de "pré-romantiques", la pédale a malheureusement été limitée à 18 notes. Du coup, pas de tirasse. Martin Rinckenbach n'a réalisé de telles pédales "pour non-organiste" que très rarement, parvenant presque toujours à les livrer complètes (et jouables), à 27 notes (C-d). Autre héritage du pré-romantisme : les dessus sont coupés au ton, et non munis d'entailles de timbre.

L'orgue a été réparé en 1922 par Joseph Rinckenbach. [ITOA]

En 1974, il y eut malheureusement une petite transformation, effectuée par Christian Guerrier. [ITOA]

Le 4' de pédale résulte de la transformation d'une Flûte 8'. (Qui, depuis, manque beaucoup ! Sacrifier la Flûte 8' pour un inutile 4' était vraiment une drôle d'idée). On a longtemps cru que le Gemshorn 4' du récit n'est pas d'origine (probablement parce que la porcelaine ne ressemble pas aux autres). Il aurait pu remplacer un Geigenprincipal comme à Muttersholtz ou Mussig. (Pas une Voix céleste, comme à Werentzhouse ou Magstatt-le-Bas, car le récit n'est pas expressif). Mais ce Gemshorn a l'air ancien, et de Rinckenbach : il est donc soit d'origine (changement en cours de projet, lors de la construction ?), soit c'est un jeu ancien qu'a placé Guerrier en 1974. Toutefois, comme il ne s'est pas donné la peine de remplacer la porcelaine de la Flûte de pédale, on voit mal pourquoi il l'aurait fait pour le Gemshorn (à moins d'avoir récupéré la porcelaine avec le jeu).

Toujours est-il que l'intégralité de la tuyauterie est de Martin Rinckenbach, et que la seule réelle altération est la transformation de la Flûte 8' de pédale en Flûte 4' (ce qui peut être réparé) : l'instrument est donc dans un état d'authenticité exceptionnel.

Le buffet

Le dessin de ce buffet (que l'on rencontre ici pour la première fois) aura un grand succès par la suite. Le buffet "type Buethwiller" est constitué de trois tourelles plates, la centrale étant volontiers un peu plus petite que les autres (mais pas toujours), et de deux plates-faces doubles.

Ce buffet présente l'intérêt de bien s'adapter aux tribunes de faible hauteur : Fouchy (1896), Bréchaumont (1897), Richwiller (1898), Zellwiller (1899).
A Meistratzheim (1894), comme à Buschwiller (1894), le dessin est pratiquement le même.
A Lauw (1893), la tourelle centrale est encore plus petite.
A Hoenheim (1885), Mussig (1894) et Houssen (1897) on trouve une version avec la tourelle centrale plus grande.
A Werentzhouse (1889), Ettendorf (1908), Bourg-Bruche (1908), St-Louis-Bourgfelden (1899), Dessenheim (1901), on trouve une version où les tourelles sont munies de gâbles, et parfois les plates-face triples (les deux de 1908). Quand la hauteur disponible est suffisante, on peut surmonter les plates-faces de galeries, et ajouter les couronnements aux tourelles, ce qui donnait généralement à la maison Théophile Klem l'opportunité de démontrer son grand talent.

Caractéristiques instrumentales

Composition, 2018
Grand-orgue, 54 n. (C-f''')
C-h en bois
D'origine
C-H en bois
Harmonique sur c-f'' harmonique ; fis''-f''' au ton
Coupure entre h et c'
Récit non expressif, 54 n. (C-f''')
C-H en bois
C-G en bois
Harmonique sur c'-f'''
Rinckenbach ; peut-être placé après la construction ; porcelaine atypique
Pédale, 18 n. (C-f)
Entailles de timbre en forme de trou de serrure
Tuyaux anciens ; Flûte 8' découpée ou décalée par Guerrier en 1974 ?
[ITOA] [Visite] [MFoisset]
Console:
La console.La console.

Console frontale accolée, fermée par un couvercle basculant. Tirants de jeux de section ronde à pommeaux tournés noirs munis de porcelaines, placés en trois gradins de part et d'autre des claviers. Le gradin supérieur présente deux fois 4 tirants (pédale à gauche, récit à droite), et les deux gradins inférieurs ont chacun deux fois 2 tirants, correspondants aux jeux du grand-orgue. Le nom des jeux est écrit un noir pour le grand-orgue, rouge pour le récit, et bleu pour la pédale. La porcelaine du Gemshorn a un graphisme légèrement différent des autres. La porcelaine de la Flûte 8' de pédale a été conservée (mais c'est une Flûte 4' qui lui correspond). Claviers blancs (très usés), à frontons droits. Commande de l'accouplement par pédale/cuiller à accrocher, placée à droite. Pas de triasse (ce qui n'est pas étonnant puisque le pédalier n'a que 18 notes).

La plaque d'adresse est du même type que celle de Ste-Marie-aux-Mines (opus 6, 1882) : elle est en métal blanc, placée en haut et au centre de la console, et dit :

MARTIN RINCKENBACH
FACTEUR D'ORGUES
AMMERSCHWIHR
(HAUTE-ALSACE)
La plaque d'adresse à Buethwiller.La plaque d'adresse à Buethwiller.
Transmission:

Mécanique à équerres.

Sommiers:

Sommiers à gravures, d'origine. Un sommier chromatique pour les deux manuels : les jeux du récit constituent les 4 chapes du centre.

Tuyauterie:

La tuyauterie est de très grande qualité, et très bien conservée.

Une vue de la tuyauterie des manuels.
D'en haut à gauche (façade) à en bas à droite (accès) :
la Montre, le Prestant, le Bourdon 16', le Bourdon 8' du grand-orgue,
la Flûte harmonique 4', le Bourdon, le Salicional et le Gemshorn 4' du récit,
la Gambe, le Nazard, le Piccolo harmonique de le Basson/Hautbois.Une vue de la tuyauterie des manuels.
D'en haut à gauche (façade) à en bas à droite (accès) :
la Montre, le Prestant, le Bourdon 16', le Bourdon 8' du grand-orgue,
la Flûte harmonique 4', le Bourdon, le Salicional et le Gemshorn 4' du récit,
la Gambe, le Nazard, le Piccolo harmonique de le Basson/Hautbois.

A la pédale, depuis l'accès au fond, on trouve la Trompette, la Flûte (aujourd'hui 4'), le Violoncelle, et la Soubasse.

Cet instrument de 1882 est resté remarquablement authentique et bien conservé. Si les sommiers et la traction ont aujourd'hui (2018) besoin d'un relevage, l'ensemble témoigne une fois de plus de la qualité des orgues de Martin Rinckenbach. La tuyauterie est particulièrement impressionnante, et bien au-dessus des standards des instruments alsaciens des deux premiers tiers du 19ème siècle. Il faut dire que Martin Rinckenbach, à l'origine, s'était établi comme tuyautier.

D'un intérêt historique considérable, ce 7ème instrument de Martin Rinckenbach compte parmi ceux qui lui ont permis d'assurer sa réputation. Cet orgue en a inspiré bien d'autres par la suite, que ce soit par le dessin de son buffet (qui a fait "école") ou sa composition, qui, sur 16 jeux seulement, offre à son organiste une remarquable palette de couleurs romantiques.

Références Sources et bibliographie :

Carte Localisation :

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Immatriculation de l'orgue actuel : F680057001P02
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