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Les orgues de la région de Hochfelden
Ettendorf, St-Nabor
1917 degr > Dégâts
Opus 110 de la maison Rinckenbach;Un des plus beaux orgues de la région de Haguenau
Ettendorf, l'orgue Martin et Joseph Rinckenbach.Photo de Martin Foisset, 11/03/2018.Ettendorf, l'orgue Martin et Joseph Rinckenbach.
Photo de Martin Foisset, 11/03/2018.

L'église St-Nabor d'Ettendorf (en grès), date du 1895. Elle constituait l'écrin idéal pour un orgue post-romantique. Ce fut fait dès 1908, quand Martin et Joseph Rinckenbach posèrent cet instrument absolument remarquable, qui est resté fort authentique, et constitue aujourd'hui un élément clé du patrimoine organistique alsacien.

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L'orgue de facteur inconnu (1822)
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Historique

Un premier orgue a été posé à Ettendorf en 1822. On ne sait pas grand-chose de cet instrument (certains l'attribuent au facteur Sauer), mais on connaît le nom de son organiste en 1825 : François-Aloyse Schmitt. [IHOA]

Après avoir nécessité de nombreuses réparations (1835, 1846, 1849), cet instrument fut vendu à St-Barthélémy de Gumbrechtshoffen en 1908. [IHOA]

En fait, cet orgue ne fut probablement jamais installé à Gumbrechtshoffen : là-bas aussi, pour équiper la nouvelle église (1905), on finit par faire le choix d'un orgue neuf, et Roethinger y plaça dès 1908 un orgue qu'il avait originellement destiné... à Ettendorf.

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Historique

En 1908, Edmond-Alexandre Roethinger faillit fournir un orgue pour Ettendorf. L'affaire ne fut pas conclue, et l'instrument, déjà construit, fut finalement placé à Gumbrechsthoffen, où on avait dans un premier temps pensé au vieil orgue d'Ettendorf. [IHOA] [ITOA]

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Historique

Car, en 1908, c'est finalement Martin et Joseph Rinckenbach qui posèrent à Ettendorf l'opus 110 de la grande maison d'Ammerschwihr. [IHOA] [ITOA] [Barth]

La date ne fait aucun doute, puisqu'elle figure sur le buffet.

L'orgue est contemporain de celui de l'église protestante (Horbourg) de Horbourg-Wihr (opus 104, 1907). Il a d'ailleurs servi de modèle pour restaurer 3 jeux du récit qui avaient été altérés à Horbourg dans les années 1980 (le Salicional 8', la Voix céleste 8' et le Flautino 2'). Parmi les autres Rinckenbach contemporains de cet instrument, il faut citer le magnifique orgue de St-Hippolyte (malheureusement endommagé en 1984, et actuellement en mauvais état par faute d'entretien), et bien sûr celui de Sentheim (opus 115, 1909).

Mais l'orgue le plus proche d'Ettendorf (II/P 19j/20r à l'origine) est celui de Bourg-Bruche (opus 109, 1908, II/P 17j/19r). Les deux buffets sont pratiquement identiques (au couronnement de la tourelle centrale près). Là-bas aussi, le buffet porte une "dédicace". Les deux compositions sont très voisines, bien que celle d'Ettendorf soit un peu plus élaborée (19 jeux réels à l'origine au lieu de 18 à Bourg-Bruche). En fait, les quelques différences sont révélatrices de la façon de concevoir les instruments en ce début de 20ème siècle :

- Pas de grande Flûte de concert 8' à Bourg-Bruche (remplacée par un Bourdon 8'). Nul doute qu'à Ettendorf, cette Flûte de concert était conçue comme le "couronnement" du projet.

- Il y a deux anches à Ettendorf, mais seulement une Trompette "solo" à Bourg-Bruche, située au récit. La priorité portait donc sur une anche disposée "à la française", dans la boîte expressive du récit. La Trompette, ici au grand-orgue, disposition plutôt "germanique" d'inspiration, est donc considérée comme moins prioritaire. A Ettendorf, où les deux anches manuelles ont été possibles, la suite logique était une anche 16' à la pédale... qui n'est venue qu'en 2003, mais se trouve être la suite logique de cette composition.

- Pas de 2' au récit à Bourg-Bruche. Le Flautino d'Ettendorf (Martin Rinckenbach appréciait beaucoup ce jeu), principalisant et complétant le Gemshorn 4' est donc une spécificité de l'orgue d'Ettendorf (que l'on retrouve à Horbourg). Par contre, il y a un trémolo à Bourg-Bruche, mais pas à Ettendorf.

- L'accouplement à l'octave aigue se fait sur le récit (II/I 4') à Bourg-Bruche, alors qu'à Ettendorf on le trouve sur le grand-orgue (I/I 4').

Dans les deux cas, on trouvait une pédale sans 8' (donc conçue pour être jouée avec une tirasse). La Soubasse 16' était accompagnée d'un registre "Gedackbass" ou "Echo-basse", alimentant les tuyaux de la Soubasse différemment pour en limiter l'intensité. Ce dispositif a été retiré à Ettendorf lors de la pose de la Bombarde 16' (pour en récupérer le domino à la console). [Visite]

Les tuyaux de façade ont été réquisitionnés par les autorités en juin 1917. La façade actuelle a probablement été placée au milieu des années 20. Elle est de belle facture. [IHOA]

En 1960, Paul Adam fit des travaux. [ITOA]

Il y aurait eu un relevage, par Bruno Dillenseger en 1990. [IHOA]

En 2002-2003, Michel Gaillard (pour la maison Aubertin) effectua un relevage en profondeur, exemplaire, et compléta la pédale avec une Bombarde 16'. Un ventilateur neuf a été posé. [IHOA] [Visite]

L'instrument a été démonté en 2001 à l'occasion de travaux dans l'édifice. Le relevage a été effectué avec la participation de Jean-Louis Schlesinger, et sous la maîtrise d'œuvre de Marc Schaefer. A part la perte de la façade en 1917 (très bien remplacée), la seule modification constatée avait été un recoupage des surlongueurs des tuyaux (leur enlevant du coup leur caractère romantique). On ne sait pas quand cette malheureuse modification (lourde de conséquences ultérieures) a été commise. Toujours est-il qu'il a fallu, pour pouvoir retrouver l'harmonie originelle, ressouder des rallonges aux tuyaux, ce qui fut fait minutieusement. Comme il y avait de la place (à droite du buffet) pour une anche 16', celle-ci a été posée, et alimentée avec l'ancien ventilateur. Le domino "Gedacktbass 16'" a été affecté à cette Bombarde 16' (en spotted et de taille large), sans que la porcelaine ne soit remplacée. [Visite]

L'inauguration a eu lieu le samedi 12/07/2003 par Frédéric Mayeur (5 ème symphonie de CH.M. Widor, et Liszt : Ad nos, ad salutarem undam) et le dimanche 13/07/2003 par Philippe Delacour. [MLacroix] [RLopes]

Le buffet

Une des inscriptions sur le buffet.Photo d'Eric Eisenberg, 11/03/2018.Une des inscriptions sur le buffet.
Photo d'Eric Eisenberg, 11/03/2018.

Le buffet, de style néo-roman (idéalement adapté à l'édifice) est particulièrement ouvragé. Il est pratiquement jumeau de celui de Bourg-Bruche. Trois tourelles plates - la plus grande au centre - encadrent deux plates-faces triples. Les tourelles sont couronnés de grands tympans finement ajourés, les plates-faces de tympans doubles, et des galeries servent de base aux couronnements. Il y a un pinacle sur chaque tympan, sauf le central, qui est surmonté d'une croix. La ceinture du buffet est ornée d'une frise-damier à créneaux (directement inspirée du style roman). Au-dessus, et à la base des plates-faces, il y a d'autres frises, à motifs floraux ondulants. La base des "piliers" des plates-faces reçoit un carré floral.

En haut du soubassement se trouvent 5 panneaux : les deux sous les tourelles latérales portent des ornements, et les trois autres des cartouches avec des inscriptions sculptées.

A gauche : "Laudate + Dominum in chordis et organo". (Référence au Psaume 150.)

Au centre (en deux colonnes, séparées par un ornement floral) : "Anno + Domini MDCCCCVIII" / "Haec organa structura sunt" ...

A droite : ... "e sumptibus parochiae ad majorem Dei gloriam".

("Cet orgue a été construit en 1908 aux frais de la paroisse pour la grande gloire de Dieu".)

La façade n'est pas d'origine ; elle date probablement des années 1920 (Joseph Rinckenbach ?), et elle est de grande qualité. Tous les tuyaux sont munis d'écussons rapportés.

Caractéristiques instrumentales

Console:
La console de l'opus 110.Photo de Martin Foisset, 11/03/2018.La console de l'opus 110.
Photo de Martin Foisset, 11/03/2018.

Console indépendante face à la nef, fermée par un rideau coulissant. Tirage des jeux par dominos placés en ligne au-dessus du second clavier, et repérés par des porcelaines de couleur blanche pour le grand-orgue, rose pour le récit, et bleue pour la pédale. Claviers blancs.

Commande des accouplements par pédales-cuillers à accrocher, en fer forgé, et repérées par des porcelaines (avec code de couleur selon les claviers concernés). De gauche à droite : l'accouplement général (blanc), II/P (bleu/rose), I/P (bleu/blanc), II/I (rose/blanc), II/I 16' (rose/blanc), I/I 4' (blanc), I/I (blanc). Vient ensuite la pédale basculante d'expression du récit "Expression II.".

Appel des combinaisons fixes par 6 pistons blancs (5 combinaisons + annulateur) placés sous le premier clavier.

Plaque d'adresse en laiton incrusté sur fond noir, placé en haut et à gauche de la console, et disant :

M. & J. Rinckenbach
AMMERSCHWEIER i.ELS.OP.110.
La plaque d'adresse.Photo de Martin Foisset, 11/03/2018.La plaque d'adresse.
Photo de Martin Foisset, 11/03/2018.

Banc d'origine, typique de la production Rinckenbach, dont les flancs figurent une lyre stylisée.

Transmission:

Pneumatique tubulaire (particulièrement précise et agréable).

Sommiers:

A membranes.

L'ambiance à la tribune.Photo d'Eric Eisenberg, 11/03/2018.L'ambiance à la tribune.
Photo d'Eric Eisenberg, 11/03/2018.

Sur place, l'orgue tient toutes les promesses faites par son origine et sa prestigieuse plaque d'adresse. Tant sur le point technique que musical, il constitue une totale réussite, prouvant une fois de plus l'exceptionnelle maîtrise de Martin et Joseph Rinckenbach, qui ont porté à son apogée la facture d'orgues alsacienne. L'ergonomie de sa magnifique console permet à l'organiste magnifier l'exceptionnelle harmonisation. La composition de 1908 présente un délicat équilibre entre une grande dotation en fondamentales (qui feront par la suite cruellement défaut) et quelques couleurs déjà néo-classiques (2' au récit, I/I 4'). On retrouve les couleurs caractéristiques de plus beaux Rinckenbach, ce qui démontre qu'en 2003, l'harmonie a été scrupuleusement restituée dans son esprit de 1908. Le buffet, idéalement assorti à l'esthétique instrumentale, complète l'ensemble, qui en fait un des instruments les plus attachants de la région. [Visite]

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Immatriculation de l'orgue actuel : F670135001P03
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