Juste après la Révolution, les habitants d'Epfig décidèrent de se cotiser pour doter leur église d'un orgue plutôt conséquent, commandé à Michel Stiehr, de Seltz. Stiehr fut un facteur marquant du 19ème siècle alsacien, fondateur d'une dynastie qui construisit des orgues pendant un bon siècle. Cet instrument est caractéristique de son époque, dite "de transition", car on dotait les orgues de jeux "classiques français" (hérités de la tradition Silbermann ou Dubois par exemple) mais aussi de timbres "romantiques" plus récents. Comme les autres instruments de cette lignée, il comprend aussi des éléments hérités d'une tradition plus "germanique", qui élargissent sa palette sonore. Nous sommes ici en plein coeur de l'orgue "alsacien".
Historique
Un orgue est attesté à Epfig dès 1763 (dans l'ancienne église), par l'achat de fournitures (pour entretenir les soufflets) et des menu travaux. [IHOA] [PMSDBO1974]
Un moment, son organiste fut l'instituteur Amand Antoine Gerber, que l'on retrouve plus tard à Roeschwoog (instituteur, greffier, sacristain et cantor...) [PMSDBO1974]
Historique
En 1798, Epfig racheta au citoyen Christian Mahler de Benfeld des éléments d'orgue provenant de Benfeld, Franciscains d'Ehl. [IHOA]
C'était un peu... tôt, car l'église d'Epfig n'était alors pas terminée, et pas vraiment hors d'eau. Une fois de plus, ces bricolages ne profitèrent qu'aux spéculateurs. En 1805 fut rédigé le devis pour l'achèvement de l'église.
Historique
C'est vers 1815 que Michel Stiehr posa à Epfig l'orgue actuel. [IHOA] [ITOA] [PMSSTIEHR]
Cet instrument a fort probablement été payé par cotisations volontaires, et ce malgré des temps très "difficiles" ; il faut croire que les habitants d'Epfig avaient vraiment tenu à avoir un orgue, et pas n'importe lequel, puisque celui-ci, doté de 26 ou 27 jeux, avait un positif de dos (et une pédale, bien qu'elle fut réduite à 15 notes seulement). La commune aida toutefois à terminer le payement. [ITOA] [ITOA]
En 1871 l'instrument fit l'objet d'une réparation, et le buffet fut verni. [PMSSTIEHR]
En 1892, on commanda à Martin Rinckenbach, outre la réparation de la soufflerie et un complément de pédale à 27 notes, quelques changements de composition pour l'adapter au répertoire de la fin du 19 ème. [IHOA] [ITOA]
Sifflet 1', Cymbale et Tierce 1'3/5 du grand-orgue furent supprimés pour accueillir une Gambe et une Flûte harmonique 4' (toutes deux en étain). Au positif, la Fourniture fut remplacée par un Dolce 8' (sans octave grave). La pédale, élargie jusqu'au troisième ré (sommier neuf), a été dotée d'une Bombarde 16' (à la place du Clairon). Notons que la Cymbale (du grand-orgue) était qualifiée d'inutilisable ("unbrauchbar") : ce jeu était alors totalement incompatible avec la registration pratiquée ! Les travaux furent reçus par Emile Erhard (curé à Itterswiller) et Emile Rapp (curé à Kirchheim). [ITOA] [PMSSTIEHR]
En 1917, les tuyaux de façade ont été réquisitionnés par les autorités. [IHOA]
En 1927, Edmond-Alexandre Roethinger posa une façade en étain. [IHOA]
C'est un projet de reconstruction complète (sommiers et jeux neufs) qui avait été d'abord envisagé, mais ne vint pas à exécution. [PMSSTIEHR]
En1952, Georges Schwenkedel fit une réparation, suite aux dommages consécutifs au bombardement du 30/11/1944. [ITOA] [PMSSTIEHR]
Il remplaça probablement le Dolce du positif (qui était placé sur la chape de la Fourniture) par un plus conventionnel Salicional. Il modifia aussi probablement les tirants de jeux à la console, puisque les pastilles ont alors respecté le code de couleur de Schwenkedel : blanc pour le grand-orgue, rose pour le positif et jaune pour la pédale.
C'est en 1981 que Jean-Georges Koenig fit une restauration partielle à l'état de 1815 : il enleva les jeux manuels de Rinckenbach pour retourner à la composition d'origine. Une Voix humaine neuve fut placée, et la pédale laissée à 27 notes. La Bombarde 16' de Rinckenbach a été conservée (pas de retour au Clairon 4'). [ITOA]
En 2011, l'instrument fut confié à Richard Dott pour un relevage complet. [MBaumann]
Le programme des travaux réalisé en 2011 a permis de procéder à un nettoyage
complet de l'instrument, un traitement des bois, et le contrôle des mécanismes
de traction des jeux et des notes. La détérioration des peaux d'origine collées
sous les règles mobiles du sommier du grand orgue a imposé une intervention
lourde (in situ, sans démontage des sommiers) mais indispensable pour le bon
fonctionnement futur de l'orgue. Pour remédier à cette situation, des rondelles
de compensation ont été posées sur toutes les perces de la table des deux
sommiers du grand orgue.
L'enchapage a été soigneusement repris. Toute la
tuyauterie a été déposée et remise en état. Un contrôle de l'harmonie et un
accord général de l'orgue ont achevé ces travaux de relevage. [MBaumann]
Le buffet
Le buffet, en chêne (comme tous ceux produits par la maison Stiehr) est dit "de type Roeschwoog" (où la maison Stiehr réalisa pour la première fois un buffet de ce style). Le trait caractéristique concerne les tourelles, qui sont plates (et non plus rondes comme à l'époque classique). Il est très voisin de celui d'Ergersheim ou de Brumath (Eschau en est une version sans positif de dos).
Caractéristiques instrumentales
Console en fenêtre frontale. Tirants de jeux de section carrée, disposés en deux fois deux colonnes, de part et d'autres de la fenêtre. Les tirants du grand-orgue constituent les colonnes intérieures, les deux autres correspondent au positif (tirants du haut) et de la pédale (en bas). Claviers blancs. Pédalier de Rinckenbach, comme le banc (flancs "en lyre") dont le dessus a été renouvelé.
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