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An2000
An2001
Photo
~ Les orgues de la région de Brumath ~

Brumath, Eglise protestante
Michel STIEHR, 1810

Partie instrumentale classée Monument Historique le 08/05/1973
Buffet classé Monument Historique le 28/04/1975


Avant... STIEHR Après...

Composition, 2005
Positif de dos
51 notes
Grand-orgue
51 notes
Pédale
27 notes
Bourdon 8' Bourdon 16' Bourdon 16'
Prestant 4' Montre 8' Flûte 8'
Flûte à cheminée 4' Bourdon 8' Prestant 4'
Nasard 2'2/3 Viole de gambe 8' Bombarde 16'
Doublette 2' Salicional 8' Trompette 8'
Sifflet 1' Prestant 4' Clairon 4'
Fourniture 3 rgs Flûte conique 4' II/P
Cromorne 8' Nasard 2'2/3  
  Doublette 2'  
  Cornet 5 rgs  
  Fourniture 4 rgs  
  Cymbale 3 rgs  
  Trompette 8' (B+D)  
  Basson/Hautbois 8'  
  Voix humaine 8'  
  I/II (Tiroir)  

     Cet orgue Michel STIEHR a été reçu le 30/04/1810. C'est l'un des témoins fondamentaux de l'évolution que connut la facture d'orgues alsacienne après la Révolution.

Orgue de Brumath, EP

L'orgue Stiehr de l'église protestante de Brumath, le 11/04/2005.

     Après avoir réalisé plusieurs instruments durant une des époques les plus troublées de l'histoire des orgues, Michel Stiehr avait déjà une solide réputation dans la région : Roppenheim (1791) près de Bischwiller, Hoerdt (1792) à quelques kilomètres de Brumath, Roeschwoog (1808), Huttenheim (1809) près de Benfeld.

A Roeschwoog, Stiehr avait construit (ou achevé de construire) un Buffet d'un type nouveau, qui fera date dans l'évolution du dessin des orgues en Alsace. S'écartant de la traditionnelle disposition de l'orgue français (alternance de Tourelles rondes à entablements, avec des Plates-faces), le dessin de ce Buffet ne présente aucune parie arrondie. Les "Tourelles" sont elles aussi plates. Il faut y voir une influence germanique, parfaitement en accord avec ce que faisait Stiehr sur le plan sonore, en introduisant en Alsace des jeux comme le Salicional ou la Flûte majeure.

L'orgue Michel STIEHR, 1810

     Le marché fut passé le 17/11/1807. La communauté protestante de Brumath venait en effet, en 1804, d'aquérir l'ancien château de Marie-Christine de Saxe, belle-soeur de Louis XV. Le château avait été vendu pendant la Révolution, et, après d'importants travaux destinés à le transformer en un édifice religieux, il convenait de le munir d'un orgue, pour donner au culte "toute la solennité et dignité convenables et nécessaires" (lettre de M. Shée au Préfet).

     L'édifice en question est d'ailleurs exceptionnel. On y trouve - outre l'orgue - une autre pièce très intéressante de notre Patrimoine : une horloge J. et A. UNGERER, livrée en 1925. Au moment de son remplacement, cette somptueuse mécanique fut sauvée, restaurée, et mise en valeur par une équipe de volontaires. Elle se trouve actuellement dans un meuble-vitrine.

     Voici la Composition prévue par le devis signé par Michel Stiehr :

Composition, Devis
Positif de dos
51 notes
Grand-orgue
51 notes
Pédale
15 notes
Bourdon 8' Bourdon 16' Bourdon 16'
Montre 4' Montre 8' Flûte 8'
Flûte cheminée 4' Bourdon 8' Bombarde 16'
Nasard 2'2/3 Salicional 8' Trompette 8'
Doublette 2' Flûte traverse 8' (D) Clairon 4'
Fourniture 3 rgs Prestant 4'  
Cromorne 8' Flûte conique 4'  
  Nasard 2'2/3  
  Doublette 2'  
  Tierce 1'3/5  
  Cornet 5 rgs  
  Fourniture 4 rgs  
  Trompette 8' (B+D)  
  Basson 8' (B)  
  Voix humaine 8'  
  Tremblant  
L'orgue devait être alimenté par 4 Soufflets (cunéiformes) de 7 pieds. Le Devis précise les matériaux de construction de chaque Jeu. Le Bourdon 16' manuel n'avait pas d'octave grave. La Flûte traverse était un Dessus (27 notes) et le Basson une Basse (24 notes) sans Hautbois pour le compléter. Le Tremblant était inscrit au Grand-orgue. La Trompette manuelle (coupée en Basse+Dessus) était en étain, mais pas celle de la Pédale, prévue pour avoir des résonnateurs en Mélange, comme les Flûtes.

La construction eut lieu en 1809, comme l'atteste cette l'inscription, retrouvée dans l'orgue par le Pasteur GUGGENBÜHL (qui fut un historien des orgues renommé) :

Inscription Stiehr

Franz Xavery Mockers
Michael Stiehr
Joseph Stiehr
conscribirter im Jahr 1810
[le second '1' est un '0' raturé en '1'], Sohn Dessen.
Diese Orgel ist verfertigt
worden im Jahr 1809 in
die hiessige
['Ki' raturé] Prodestantige
Kirch in Brumath. War des Meister
davon Michael Stiehr von Seltz
gebürdig von Kiernach in Franken.

Xavery Mockers, gendre du Patron depuis 1807, n'était pas encore son associé, puisqu'il toucha une prime à l'achèvement de l'orgue de Brumath. Mais entre temps, on avait fait un avenant au marché, pour s'assurer que l'instrument sera bien capable de "remplir" le grand édifice :

  • Au Grand-orgue, une Cymbale 3 rangs devait prendre la place de la Tierce.
  • Le Dessus de Flûte traverse 8' avait été préféré au Positif, et une Gambe ajoutée, à la place, au Grand-orgue.
  • Le Basson devait être complété par un Hautbois.
  • Il devait y avoir un Accouplement.
  • Il fut décidé d'ajouter un Prestant à la Pédale, et de porter l'étendue de celle-ci à 18 notes.
  • Enfin (et ce n'est pas noté à l'avenant), la Trompette de Pédale fut réalisée en étain.
On le voit, ces modifications ont été proposée par quelqu'un d'averti, et qui de plus, avait du goût.

La Composition lors de la réception est identique à l'actuelle, à l'exception :

  • de la Flûte traverse du Positif, qui est aujourd'hui un Sifflet 1',
  • de l'étendue de la Pédale, évidemment. (Le nombre final de 18 notes à l'origine est sûr.)

     Visuellement, l'instrument est très proche de celui de Roeschwoog : même le nombre de tuyaux de façade correspond (5 tuyaux dans les 6 "Tourelles" et 9 dans les 4 Plates-faces). L'ornementation est, elle aussi, très voisine, quoique légèrement plus riche à Brumath (Culots, dorures). A Roeschwoog, il y a un Echo, et le Positif dispose d'un Sifflet à la place de la Flûte traverse (comme l'orgue de Brumath actuellement). La Pédale de Roeschwoog n'a que 13 notes, et ne disposait pas d'un Prestant. Elle aussi avait un Clairon à l'origine. A Roeschwoog, il y avait aussi une Cymbale (à la place de la Gambe actuelle) et probablement un Basson/Hautbois. Les tirants de Registres du Positif étaient dans le dos de l'organiste.
Cela montre que les évolutions, chez Stiehr, n'étaient pas des tâtonnements, mais procédaient d'une logique saine et sûre. On retrouve aussi un trait marquant de la facture de Stiehr : il déteste multiplier les claviers (contrairement aux Frères CALLINET qui iront jusqu'à 4). Ici, malgré l'importance de l'instrument et le nombre de Jeux, Stiehr reste sur deux Claviers. Le Grand-orgue est exceptionnellement bien fourni en Fonds pour un instrument "Post-classique".

     Il y eut probablement un premier Relevage en 1827.
En 1854, Joseph Stiehr fit quelques réparations, ainsi que les modifications suivantes :

  • Au Positif, un Jeu céleste 8' et une Fugara 4' remplacent le Nasard 2'2/3 et la Fourniture.
  • Au Grand-orgue, le Nasard et la Cymbale ont été remplacés par une Flûte majeure 8'
Il y eut une réparation par Louis Mockers en 1882.
En 1917, les tuyaux de façade du Grand-orgue furent réquisitionnés par les autorités allemandes, mais, on ne sait pas pourquoi, ceux du Positif restèrent en place. Ce précieux témoin de la facture de Stiehr doit d'ailleurs servir de modèle lors de la restauration de la façade de l'orgue de Birkenwald.

L'orgue Georges SCHWENKEDEL, 1936, Opus 61

     Dès 1923 furent élaborés des projets pour "moderniser" l'orgue Stiehr, qui, malgré la modification de 1854, était perçu comme beaucoup trop "Post-classique". Frédéric HAERPFER et Edmond-Alexandre ROETHINGER furent les premiers "sur les rangs". Les deux projets consistaient évidemment à pneumatiser l'instrument, à le doter de l'indispensable Console indépendante, et à placer un Récit expressif à la place du Positif de dos, alors considéré comme le plus ultime atavisme.

     En 1936, l'instrument fut finalement pneumatisé par Georges SCHWENKEDEL. Il passa à trois claviers, en conservant le Positif de dos et les deux Sommiers diatoniques du Grand-orgue. Malheureusement, le Diapason fut modifié. A la décharge de Schwenkedel, il faut noter qu'il préserva de façon remarquable la tuyauterie Stiehr. Voici la Composition de l'instrument Stiehr/Schwenkedel :

Composition, 1936
Grand-orgue
56 notes
Positif de dos
56 notes
Récit expressif
56 notes
Pédale
30 notes
Bourdon 16' Bourdon 8' Principal violon 8' Soubasse 16'
Montre 8' Prestant 4' Flûte harmonique 8' Violoncelle 16'
Flûte à cheminée 8' Nasard 2'2/3 Salicional 8' Flûte 8'
Prestant 4' Flageolet 2' Voix céleste 8' Principal 4'
Flûte traversière 4' Fourniture 3 rgs (2') Flûte douce 4' Nasard 2'2/3 (2)
Quinte conique 2'2/3 Cromorne 8' Fugara 4' Bombarde 16'
Doublette 2' III/II Nasard 2'2/3 Trompette 8' (Récit)
Cornet 5 rgs   Octavin 2' I/P
Fourniture 4 rgs (1)   Trompette harmonique 8' II/P
Trompette 8'   Trémolo III/P
I/I 16'   III/III 4'  
II/I      
III/I (16', 8', 4')      
Le Sommier du Récit avait 68 notes (sauf pour la Doublette, le Nasard et la Trompette), pour pouvoir être Accouplé à l'octave aiguë sur le Grand-orgue (ou sur son propre clavier).
Il y avait un système d'Accouplement général, 6 Combinaisons fixes (Piano, Mezzo Forte, Forte, Tutti sans Anches, Tutti avec Anches, Tutti avec Accouplements aux octaves), un lot de 10 Appels/Annlateurs et deux Combinaisons libres.

Malgré l'inconvenient de la fragilité de la transmission d'une machine aussi complexe, cet instrument devait être exceptionnel, à la fois par la qualité de ses timbres (l'essentiel de Stiehr ayant été conservé), par ses innombrables possibilités, et la puissance de ses 31 Jeux dédoublés par les octaves graves et aiguës.

Pour preuve, l'aspect "Julesvernesque" de sa magnifique Console, qui a heureusement été conservée :

Console Schwenkedel

La plaque d'adresse est d'un modèle spécial, très orné. Deux porcelaines rectangulaires précisent la date de construction et le numéro d'Opus. On peut voir les picots blancs et rouges correspondant aux deux Combinaisons libres, et ainsi que les impressionnantes rangées de boutons commandant les Accouplements, Annulateurs et Combinaisons. La pédale de Crescendo général, ainsi que celle de l'expression du Récit sont indiquées avec des porcelaines rondes. Les jeux sont bien sûr appelés par Dominos. Il y a un grand cadran rond indiquant la position du Crescendo, ainsi qu'un Voltmètre et un Ampèremètre (avec "zone rouge" à partir de 6).

Ampèremètre

L'Ampèremètre.
En bas, l'Annulateur du Cromorne du Positif.

La restauration HAERPFER, 1988

     La Partie Instrumentale a été Classée par arrêté du 08/05/1973 et le Buffet par arrêté du 28/04/1975.

Entre 1986 et 1987, l'orgue Stiehr a été Restauré par la Manufacture Haerpfer de Boulay (Moselle) suivant les préconisations de la Commission Supérieure des Monuments Historiques :

  • Restauration des deux Sommiers diatoniques du Grand orgue (Stiehr), avec suppression du complément à 56 notes.
  • Reconstruction de Sommiers neufs, à Gravures, pour le Positif (51 notes) et la Pédale (27 notes quand même).
  • Restitution de la transmission et du tirage de jeux mécaniques dans l’ancienne console en fenêtre.
  • Le Buffet du Grand orgue est avancé à sa place d’origine, les parties manquantes (plafonds et dossiers) sont refaites. La Clôture de Pédale, qui était vermoulue, a été refaite à neuf.
  • Retour à la Composition quasiment d’origine avec reconstitution des Jeux manquants, en tout ou partie.
  • Retour au Diapason d’origine (Sib 440 Hz).
  • Ré-harmonisation dans l’esprit Stiehr.

     Les travaux de décapage et remise en teinte du Buffet, la Restauration des sculptures et des dorures ont été exécutés par la Maison BRUCKER de Saverne.

Console et Pédale

"De la belle ouvrage", comme on dit.
A gauche, la Console en Fenêtre, restaurée. A droite, vue sur le Sommier neuf de la Pédale.
On peut voir une partie de son Abrégé, et le cordon d'ouverture du Tampon de Laye.
Tout à fait au premier plan, la mécanique de tirage des Registres.
Les tuyaux que l'on peut voir correspondent au Clairon, à la Trompette (en étain),
et à la Bombarde (résonateurs en bois, en haut à gauche).

Diapason : Sib 440 Hz.
Mécanique : Suspendue. Sommiers à Gravures.
Il y a un Tremblant doux.
Façade du Positif d'origine.

(1) Composition de la Fourniture du Grand-orgue de l'orgue Schwenkedel:

Do1Do2Sol2Sol3Sol4
1'1/32'2'2/35'1/38'
1'1'1/32'4'5'1/3
2/3'1'1'1/32'2/34'
1/2'2/3'1'2'2'2/3

La lecture des Tableaux de Compositions

(2) En fait, le Nasard et le 4 pieds de Pédale, assemblés constituaient une Rauschquinte. Il y avait un Principal 8' noté à la Console.

Webographie :

Sources :
  • Remerciements à René HALLER.
  • P. MEYER-SIAT, "Stiehr-Mockers", AEA XX (1972-73)

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Dernière mise à jour : 27/07/2008 15:55:47

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