Accueil
Candide
Jeux
Architecture
Esthetiques
Facteurs
Avant18
Bergantzel
Callinet
Dubois
Herbute
Moeller
Rinckenbach
Silbermann
Stiehr
Waltrin
Repertoire
Bas-Rhin
  Bischwiller
Haut-Rhin
Credits
An2000
An2001
Photo
~ Les orgues de la région de Bischwiller ~

Roeschwoog, St Barthélémy
Michel STIEHR, 1808

Partie instrumentale classée Monument Historique le 02/11/1971
Buffet classé Monument Historique le 06/12/1972


Avant... STIEHR Après...

Composition, 1989
Positif de dos
51 notes
Grand-orgue
51 notes
Echo
27 notes
Pédale
13 notes
Bourdon 8' Montre 8' Bourdon 8' Soubasse 16'
Montre 4' Bourdon 8' Prestant 4' Flûte 8'
Flûte 4' Salicional 8' Flûte 4' Bombarde 16'
Nasard 2'2/3 Prestant 4' Nasard 2'2/3 Trompette 8'
Doublette 2' Flûte 4' Doublette 2' Clairon 4'
Sifflet 1' Nasard 2'2/3 Tierce 1'3/5  
Fourniture 3 rgs (1) Doublette 2'    
Cromorne 8' Tierce 1'3/5    
  Cornet 5 rgs    
  Fourniture 4 rgs (2)    
  Trompette 8'    
  Voix humaine 8'    
  I/II    

     Cet orgue est un grand témoin de la facture alsacienne. Michel STIEHR le construisit en 1808 en reprenant quelques parties anciennes (soubassement du buffet, Sommiers de Pédale et d'Echo, première Flûte 4' du Grand-orgue et une partie du Prestant).

Roeschwoog. Photo Gilles RITZ.

     Le "style" Roeschwoog est très important dans la production de la Maison STIEHR. On le retrouve, par exemple, à
Brumath (1810), Eschau (1817), Rountzenheim (1822) ou Furdenheim (1823).
Il est caractérisé par :

  • Des "Tourelles" plates, généralement de 5 tuyaux. Le rapport des hauteurs des tourelles d'un même Buffet est de 1:1,3.
  • Des Plates-faces dont la hauteur est d'1:1,4 par rapport à la petite Tourelle. Toutes les Bouches des tuyaux y sont au même niveau.
  • Le Positif est à l'imitation du Grand-orgue : même disposition, mêmes proportions.
  • Le Buffet est orné de pots à feu, de Jouées, de Claires-voies et de Rinceaux très travaillés, rappelant le style rocaille. Les Culots, par contre, sont pratiquement inexistants, ou juste remplacés par une petite frise. Ces frises seront d'ailleurs l'ornement de prédilection de la Maison Stiehr. Il y a de nombreuses cannelures, pour souligner les pilastres par exemple.

     Cet instrument était pour Stiehr une telle réussite qu'il inspira bon nombre de ses ouvrages suivants. Michel Stiehr appliqua à Roeschwoog toutes les idées mûries durant la période révolutionnaire (bien qu'il ait, contrairement à beaucoup d'autres, construit des orgues pendant la révolution : Herrlisheim, Hoerdt, Reichsett, Roppenheim.)

L'orgue fut régulièrement entretenu par les STIEHR-MOCKERS :

  • Xavery MOCKERS en 1824 (nettoyage et accords) et 1840 (réharmonisation suite à des travaux de plafond)
  • Louis MOCKERS en 1893 :
    • Changement du diapason (1/2 ton plus haut)
    • Soufflerie
    • Nouveau pédalier, nouveaux claviers (pour que les naturelles soient blanches !)
    • Remplacement du Clairon de Pédale par un Violoncelle 8' (qui n'a pas duré : F. Kriess l'a certainement remplacé par la Flûte 4' en 1921)
    • Le devis Louis MOCKERS de 1933 propose le remplacement du Nasard du Grand-orgue par une Gambe.

Les tuyaux de façade, réquisitionnés en 1917 par les autorités allemandes, ont été remplacés en 1921 par Franz KRIESS (qui fit aussi d'autres changements). Il y eut aussi des réparations en 1951 et 1960 (Albin UNFER et ROETHINGER).

     En 1988, l'instrument a été restauré par Gaston KERN. La Composition d'origine a été restituée (retour de la Tierce et de la Voix humaine au Grand-orgue et d'une Batterie d'Anches complète à la Pédale). Retour au Diapason d'origine. Les autres modifications de Louis Mockers (de 1893, portant sur les Soufflets, les claviers et le pédalier) ont été conservées. L'instrument restauré a été inauguré le 23/10/1988 par Antoine BENDER.

Mécanique : Suspendue, à double Balanciers pour l'Echo. Sommiers à Gravures.
Il y a les mêmes Tirants de registres "à la WETZEL" qu'à Roppenheim.
Il y a un Tremblant fort et un Tremblant doux.
Diapason : Sib 440 Hz.

L'orgue avant le travail de Stiehr

     L'orgue de Roeschwoog étant tellement important dans la facture d'orgue de Michel Stiehr, (son seul 3 claviers et une étape déterminante dans le dessin des Buffets), qu'il est intéressant de savoir ce qui est exactement de lui.
Après avoir créé son entreprise en 1877, Michel Stiehr, ancien contremaître de Ferdinand STIEFFELL, n'a pas construit beaucoup d'orgues neufs jusqu'à la révolution. Lorsque, après pas mal d'années de presque chômage, il reçoit le contrat pour l'orgue de Roeschwoog, il s'agit d'une "reconstruction" : c'est-à-dire que l'instrument existe déjà et a une certaine importance. Dans ce genre de travaux, on garde généralement le buffet. Pourtant, Roeschwoog est le "modèle" des buffets Stiehr, reproduit à plus de deux douzaines d'exemplaires. D'où vient-il ?

En 1767 fut construite l'église de Roeschwoog. Il y avait en 1788 un petit orgue "défectueux". C'était sûrement un orgue d'occasion, car un orgue neuf aurait eu moins de 20 ans et n'aurait pas pu être dans un aussi mauvais état : on construisait "solide" au 18 ème siècle...
On pense aujourd'hui que l'instrument modifié par Stiehr datait de 1770, mais son origine est toujours un mystère.

En 1788, Michel Stiehr y effectua quelques réparations, très mineures. L'instrument était en piteux état et "insuffisant" (pour la taille de l'édifice) :
...die Orgel in hiesiger Kirch in einem sehr schlechten und auchzu schwachen stand sich bestände. (Acte du greffier Wernert).

Mais vers 1790, c'est à un dénommé François Joseph ZIEPFEL (totalement inconnu, il devait s'agir d'un artisan itinérant) que l'on confia le travail.
Mauvais choix, car un an plus tard, Ziepfel fut renvoyé pour "incapacité".
Frantz Joseph Ziepfel der in hiesiger Arbeit stehende orgelmacher, wegen ohnerfarnus seines Handwerks zum besten Nuzen der gemeind, von seiner arbeit ist abgedankt und forgeschickt... (Acte du greffier Wernert).

En 1792, on décida donc avec une prudence tardive de faire appel à "un facteur d'orgues compétent et établi dans le pays". Mais on ne sait pas qui. En 1808, l'orgue examiné par Michel Stiehr avait déjà 3 claviers, dont il s'étonne de la faible étendue de l'Echo, incapable d'accueillir une Voix humaine. Or, à ce moment, les facteurs d'orgues établis en Alsace et maîtrisant le "3 claviers" ne sont pas légion :

  • Stiehr lui-même. Mais aurait-il été surpris en 1808 de la taille d'un Echo construit par lui en 1792 ?
  • L'ancien patron (et ami) de Stiehr : Ferdinand STIEFFELL. Cependant, c'est Stieffell qui a été chargé de la "réception" de l'orgue Stiehr de 1808. Il est donc peu probable que Stieffell ait été l'auteur de l'orgue de 1792, car il n'en a été fait aucune mention de cette paternité dans le procès-verbal de réception.

Le mystère reste donc entier.

     De 1793 à 1797, l'église servit de grange à fourrages. L'orgue, à l'abandon, était bien sûr hors d'usage quand l'édifice fut rendu au culte.
On demanda en 1805 un devis à Michel Stiehr pour une "reconstruction de l'orgue". Ce devis n'a jamais été retrouvé, et on ne sait donc pas si Stiehr a refait le buffet ou gardé celui de 1792.

La (re)construction, dura deux ans, jusqu'en 1808. C'est long pour un orgue sans buffet, même un 3 claviers, à une époque où les carnets de commande étaient bien vides.

     On ne sait donc pas avec certitude si Stiehr est à l'origine du "style Roeschwoog".

(1) Composition de la Fourniture du Positif :

Do1Do2Do3Do4
1'1'1/32'4'
2/3'1'1'1/32'2/3
1/2'2/3'1'2'

La lecture des Tableaux de Compositions

(2) Composition de la Fourniture du Grand-orgue (1986. Aujourd'hui, il y a 4 rangs):
Do1Fa1Fa2Fa3
1'1'1/32'2/34'
2/3'1'2'2'2/3
1/2'2/3'1'1/32'

Sources :

  • P. MEYER-SIAT, "Stiehr-Mockers", AEA XX (1972-73)
  • Caecilia 1989-3-4

Si vous recopiez des éléments de cette page pour des articles, plaquettes ou pages Web, citez vos sources. D'abord par simple honnêteté intellectuelle, mais aussi pour pouvoir pister d'éventuelles erreurs.
Dernière mise à jour : 17/04/2005 13:30:05

F670405001P02