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Les orgues de la région de Bischwiller
Roeschwoog, St-Barthélemy
1917 degr > Dégâts
Partie instrumentale classée Monument Historique, 02/11/1971.
Buffet classé Monument Historique, 06/12/1972.
L'orgue Michel Stiehr de Roeschwoog. Photo de Gilles Ritz.L'orgue Michel Stiehr de Roeschwoog. Photo de Gilles Ritz.

Cet orgue est un témoin de la façon dont la facture d'orgues a essayé de survivre à la Révolution. Michel Stiehr l'a construit en 1808 en reprenant quelques éléments d'un instrument plus ancien. Mais c'est surtout son buffet qui est devenu célèbre, car il a réellement défini un style.

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L'orgue de facteur inconnu (1788)
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Historique

Un premier orgue est attesté à Roeschwoog en 1788 par le payement d'un souffleur. [PMSSTIEHR]

Il était forcément plus ancien, car il était en mauvais état, et fut montré à Michel Stiehr pour qu'il évalue les travaux nécessaires. L'instrument avait peut-être été acquis d'occasion. [PMSSTIEHR] [ITOA]

Mais c'est finalement un certain François Joseph Zipfel qui répara et agrandit l'instrument en 1790. (La date n'étonnera pas ceux qui ne confondent pas "Histoire de France" et "Histoire de Paris"...). Suite à cela, l'orgue devait avoir un manuel, un dessus de Brustwerk, une pédale, et... le projet avançait tellement mal qu'on congédia Zipfel en octobre 1791. (Il est probable qu'il n'y avait que les sommiers de pédale et d'écho de réalisés.) [ITOA] [HOIE] [PMSSTIEHR]

On décida de faire appel à un facteur d'orgues "établi", ce qui sous-entend que Zipfel ne l'était pas. C'était peut-être Ferdinand Stieffell. Evidemment, le travail ne put être achevé : les "lumières" de la Révolution transformèrent l'église en magasin à fourrage du 23/12/1793 (cela ne s'invente pas...) au 07/04/1797. [IHOA] [ITOA] [HOIE] [PMSSTIEHR]

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Historique

En 1808, Michel Stiehr construisit un orgue neuf, en récupérant certains éléments de l'orgue précédent. [IHOA] [ITOA] [HOIE] [PMSSTIEHR]

Malheureusement, la nature exacte de ces travaux de Stiehr est inconnue. Elle n'a pu être que déduite par recoupements des données disponibles. On demanda en 1805 un devis à Michel Stiehr pour une "reconstruction de l'orgue". Ce devis n'a jamais été retrouvé, et on ne sait donc pas si Stiehr a refait le buffet ou gardé celui de 1792. On ne sait surtout pas dans quel état était l'instrument, ni même s'il était achevé. [PMSSTIEHR]

Dès 1824, l'orgue a nécessité 6 semaines de réparations, effectuées par Xavery Mockers. [HOIE] [ITOA] [PMSSTIEHR]

Et à nouveau en 1840, toujours par Xavery Mockers, soit-disant en raison de travaux au plafond. Mais l'instrument présentait en fait de graves défauts : [HOIE] [PMSSTIEHR] [ITOA]

Il fallut finalement procéder au "démontage de la moitié de l'orgue, le surplus également délabré et dans un bien mauvais état a besoin d'être nettoyé et réparé pour préserver cette œuvre d'une ruine entière". Surtout, Mockers dut refaire des éléments mécaniques et revoir l'intonation. [PMSSTIEHR]

En 1893, Louis Mockers remplaça le Nasard par une Gambe, le Clairon de pédale par un Violoncelle 8'. Il remplaça également les soufflets, le clavier (par un nouveau aux touches blanches) et le pédalier. Il haussa aussi le diapason d'un demi-ton. [HOIE] [ITOA] [Caecilia]

Les tuyaux de façade ont été réquisitionnés par les autorités le 02/07/1917. [HOIE]

La façade a été remplacée en 1921 par Franz Xaver Kriess, de Molsheim. [HOIE] [ITOA]

Il y a eu une réparation en 1951, et une autre en 1960, par Albin Unfer. L'intervention a peut-être été faite pour le compte de la maison Roethinger, mais depuis 1958, Unfer avait sa propre entreprise. C'est peut-être lui qui remplaça le (très alsacien) Violoncelle de pédale pour y mettre une inutile Flûte 4'. [HOIE] [ITOA] [PMSSTIEHR]

Composition, 1968
Positif de dos, 51 n. (C-d''')
Grand-orgue, 51 n. (C-d''')
Chape du Nasard
?
3 rgs à l'origine, un moment passée à 4 rgs
Echo, 27 n. (c'-d''')
Pédale, 13 n. (C-c)
Remplace le Violoncelle qui a remplacé le Clairon
[HOIE] [PMSSTIEHR]

Un rang avait donc été changé à la Fourniture, il n'y avait plus de Tierce, ni de Cromorne (en 1986), mais une Gambe à la place du Nasard, pas de Voix humaine, une Flûte 4' à la place du Clairon de pédale. Une partie de la mécanique datait de 1840, les soufflets, le clavier et le pédalier de 1893, la façade de 1925... et le diapason avait été modifié. L'instrument avait de plus été fortement ré-harmonisé, si ce n'est en totalité. Ça fait quand même beaucoup pour un orgue censé être "authentique"...

Et malgré tous ces travaux, ces réparations, ces ajustements, la pédale n'a jamais été complétée - au moins à 25 notes - pour rendre possible l'interprétation du répertoire d'orgue sur cet instrument... La seule modification vraiment utile n'a donc jamais été faite ! Et il faudra bien en jour que quelqu'un accepte d'essayer d'expliquer avec des mots simples à quoi pouvait bien servir une Posaune 16' dans une pédale de 13 notes seulement. On veut bien admettre que ces "pédaliers d'instituteurs" ne servaient qu'à marquer (lourdement) les cadences lors de l'accompagnement des chants. Le terme "cadence" est d'ailleurs peu clair : il peut s'agir de la pulsation (donc faire des "foum-foum-foum-foum" à la pédale comme avec un orgue de variétés muni du "Pedal Sustain") mais aussi des cadences de fin de phrase (au sens harmonique). Dans les deux cas, que ce style "pompier" ait été pratiqué au début du 19ème au point de rendre ces mini-pédaliers indispensables (et acceptables) est déjà dérangeant en soi. Mais imaginer que ces instituteurs s'adonnaient à des "sous-dominan-teuh - Dominan-TEUH... - TO-NI-QUEUH !" ou marquaient chaque temps avec une Posaune 16' fait vraiment froid dans le dos...

L'orgue a été restauré dans son état de 1808 en 1988 par Gaston Kern. [IHOA] [Caecilia]

Même s'il a connu une genèse compliquée, et n'a sûrement pas donné satisfaction dans les premiers temps, cet instrument a profondément influencé la suite de l'histoire de l'orgue en Alsace, "formatant" en quelque sorte ce qu'on a appelé plus tard l'orgue "de transition". Malgré son caractère pas si authentique que ça, il mérite amplement le qualificatif d'orgue "historique". Car un orgue historique, c'est ça : pas forcément "authentique et cohérent", mais issu de plusieurs campagnes de travaux qui ont contribué à en faire le miroir de l'histoire musicale alsacienne. De ce point de vue, les opérations de 1840, 1893 et 1921 n'ont fait que lui ajouter de la valeur. Par contre, l' "historicisme" des restaurations plus récentes pose souvent problème, car il cherche à effacer des périodes entières de l'histoire, et contribue un peu à un mensonge historique faisant croire qu'on trouve à Roeschwoog un orgue de 1808. Ce n'est pas le cas : en fait, il est bien mieux et plus que cela. Et surtout, on écrit pas l'histoire en effaçant ce qui ne nous plaît pas.

L'orgue historique de Roeschwoog est aujourd'hui entretenu par la maison Quentin Blumenroeder.

Le buffet

Le buffet a fait date dans l'histoire de l'orgue alsacien, car son dessin ou son style ont été repris de nombreuses fois par la suite. (Dès 1810, on trouve une version analogue de ce buffet à Brumath.) Le grand buffet est constitué de trois tourelles plates, la plus petite au centre, et séparées par deux plates faces. Le positif de dos est construit en imitation, mais en moins élancé.

L'ornementation est très élaborée, avec jouées, claires-voies, rinceaux, et contournements avec des pots à feu.

Reste que l'attribution de ce buffet "fondamental" a longtemps fait débat. Date-t'il de 1788, de 1792, de 1808 ? Provient-il de l'orgue de Joseph Zipfel ? Clairement, la facture du soubassement est différente de celle des superstructures. Le "consensus" actuel attribue le soubassement à Zipfel ou (plus probablement) à Ferdinand Stieffell (1792). Les superstructures sont probablement de Michel Stiehr, 1808.

Le buffet construit par Ferdinand Stieffel à Stupferich (au sud-est de Karlsruhe), St-Cyriaque, est du même style, mais la date de réalisation, qu'on pensait être 1804, est aujourd'hui estimée à 1814. Ce qui change tout pour l'antériorité avec Roeschwoog.

On ne sait donc pas avec certitude si Stiehr est réellement à l'origine du "style Roeschwoog".

D'ailleurs, quelle importance ? Ces avancées stylistiques ne sortent généralement pas du cerveau génial de quelque génie isolé... Elles naissent à partir d'une tendance globale observée sur de nombreux instruments, et nourrie par de nombreux intervenants. De tous temps, le vrai talent des facteurs n'a pas consisté à sortir des inventions de leur chapeau, mais, par leur sensibilité artistique, de produire des œuvres en harmonie avec les évolutions marquant leur temps. Même s'il ne l'a pas inventé, Michel Stiehr a adopté ce style, l'a fait mûrir, et c'est bien lui qui lui a donné sa portée, au moins en Alsace. Le "style Roeschwoog" restera associé à Michel Stiehr même s'il est un jour établi qu'il n'est pas l'auteur de ce buffet en particulier.

Le dessin de ce buffet a été repris, parfois sans positif de dos. Par exemple à Brumath (1810), Eschau (1817), Rountzenheim (1822) ou Furdenheim (1823)...

Roeschwoog (1808) Roeschwoog (1808)

Caractéristiques instrumentales

Composition, 1989
Positif de dos, 51 n. (C-d''')
C c c' c''
1' 1'1/3 2' 4'
2/3' 1' 1'1/3 2'2/3
1/2' 2/3' 1' 2'
La chape était vide en 1986
Grand-orgue, 51 n. (C-d''')
B+D ?
Neuf
1988 ?
3 rgs à l'origine
C F f f'
1' 1'1/3 2'2/3 4'
2/3' 1' 2' 2'2/3
1/2' 2/3' 1'1/3 2'
1988
Echo, 27 n. (c'-d''')
Pédale, 13 n. (C-c)
Flûte 4' en 1982
[HOIE] [Caecilia]
Console:

Console en fenêtre frontale. Elle était dépourvue de portes à l'origine, et un cadre supplémentaire a été ajouté. Tirants de jeux de section carrée, placés en deux fois deux colonnes de part et d'autre des claviers, et en deux colonnes directement dans le buffet du positif de dos. Les pommeaux dans la console ont une pastille blanche centrale en os ; bombés, ce ne sont pas tout à fait les mêmes qu'à Roppenheim. Claviers blancs, de 1893. Pédalier de 1893.

Transmission:

Mécanique suspendue ; double balanciers pour l'écho.

Sommiers:

Sommiers à gravures. De Zipfel pour la pédale et l'écho (chromatique).

Références Sources et bibliographie :

Carte Localisation :

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Immatriculation de l'orgue actuel : F670405001P02
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