L'édifice est l'un de ceux conçus par Joachim Stengel, architecte du prince de Nassau-Sarrebruck. Cela explique la provenance de ce magnifique buffet, très "germanique", à deux étages encadrés de deux grandes tourelles, richement décoré : il est venu de Sarrebruck en 1768. Et pour la partie instrumentale... qu'en dire... qu'elle serait sûrement au moins à la hauteur du buffet si elle était restée dans son état de 1906, avec une belle composition post-romantique. Malheureusement, ici comme en de nombreux autres endroits, la guerre, et surtout les "années noires" de la facture d'orgues sont passées par là.
Historique
Avant 1793, la commune faisait partie du comté de Sarrewerden. En juin 1768, un orgue construit par Johann Georg Geib (1739-1818), de Sarrebruck et Frankenthal fut installé à Harskirchen. Il viendrait, selon une tradition orale, de la Schlosskirche (Hofkirche) de Saarbrücken. Le déménagement a probablement été réalisé par son constructeur. [IHOA] [HOIE] [PMSLINK]
Johann Georg est l'oncle de Louis Geib (1759-1827), qui fit plusieurs travaux en Alsace.
En 1792, Louis Geib en assura l'entretien. [IHOA] [HOIE] [PMSLINK]
Historique
En 1906 la maison Gebrüder Link construisit son Opus 454 pour Harskirchen, un instrument post-romantique neuf, logé dans le buffet de Geib. [IHOA] [HOIE] [PMSLINK]
La décision d'acquérir un orgue neuf fut prise lors de la séance du conseil presbytéral du 13/01/1906. On y apprend que l'instrument venu en 1768 était était tellement défectueux qu'une réparation n'était plus envisageable. Une révision avait d'ailleurs été tentée quelques années auparavant, aboutissant à cette constatation. On apprend que les frères Faut, opticiens à la Nouvelle-Orléans (et qui ont autrefois fait partie de la communauté de Harskirchen) ont fait un don conséquent. (2% du prix total de l'orgue.) [PMSLINK]
De façon fort surprenante, dans sa publication consacrée aux orgues Link d'Alsace, Pie Meyer-Siat ne fait pas figurer la composition de l'orgue Link, mais celle de Schwenkedel (!) de 1960, avec ses effrayantes Fourniture 6 rgs et Cymbale 4 rgs (et la symptomatique Sesquialtera). [PMSLINK]
La tuyauterie inventoriée en 1986 donne des indices sur les jeux Links présents à l'origine. Mais la composition de 1906 peut surtout être déduite des notes consignées dans les "Descriptions d'orgues" de la maison Schwenkedel. Celles-ci analysent les dégâts, consignent des cotes concernant (surtout de la façade et l'implantation des sommiers), et quelques brouillons de projet de reconstruction. [SchwenkedelDO] [ITOA]
Malheureusement, on n'y trouve qu'une liste de jeux (avec leur état), mais la composition n'a pas été notée. Donc, pas la répartition entre les claviers, ni les accouplements.
Ce qui est sûr : II/P 14j, claviers de 56 notes, pédale de 30. Principal 8' et Octave 4', Gedackt 8', Flûte 4', Gambe 8', Geigenprincipal 8', Flûte 8', Gemshorn, Voix céleste 8', Fugara, Salicional 8', "Cornet" 4-5 rgs complet. Deux jeux de 16' à la pédale, dont la Soubasse. Le nom du second est difficilement déchiffrable, mais paraît être "Viola". [SchwenkedelDO]
Ce qui est probable : une disposition en 6+6+2. Parce que c'est ce que Schwenkedel voulut reproduire (finalement, sur l'orgue de 1960, c'est 5+5+2) et parce qu'on voit mal un sommier de 8 jeux entrer dans ce buffet. Comme il y avait une Voix céleste, le récit était probablement expressif. Enfin, ces orgues post-romantiques sont normalement dotés des 3 accouplements II/I.
Ce qui est possible : que la Mixture-tierce se soit trouvée au récit (comme à Scharrachbergheim-Irmstett).
Ce qui pose problème : l'inventaire technique de 1986 semble avoir trouvé des tuyaux d'un Quintaton. [ITOA]
Ajoutons que la console était indépendante, et fort probablement frontale, dos à la nef. Elle figure d'ailleurs ainsi sur les photos ultérieures, y-compris en 1986.
La soufflerie a été dotée d'un ventilateur vers 1934 par Robert Hoch, de Diemeringen. [PMSLINK]
L'orgue a été endommagé lors de la Seconde Guerre mondiale. (Probablement fin 1944, conséquence collatérale de la destruction du pont sur le Weiherbach.) [PMSLINK]
Historique
En 1960, Curt Schwenkedel reconstruisit l'instrument, avec une traction électrique et une composition "néo-quelque chose". [IHOA] [HOIE]
Les dégâts n'étaient pas si importants que ça. Dans les notes de Schwenkedel, les 14 jeux sont listés avec les tuyaux à remplacer. Il s'agit surtout des plus aigus, et il y en a environ une trentaine. De nombreux jeux étaient complets. La façade, elle, nécessitait un dé-bosselage. Dans un premier temps, Schwenkedel envisagea de remplacer les sommiers manuels, mais pas pour la pédale. La perte de orgue Link ne peut donc pas compter dans les "dommages de guerre", même s'il a en effet été un peu endommagé. C'est donc bien les modes délétères des années 1950-1960 qui en sont responsables. ("Il n'y a jamais assez de jeux aigus. Et quand il y en a assez, il faut en ajouter.")
Le 07/03/1977, le buffet a été classé monument historique. Pour la belle partie instrumentale des frères Link, évidemment, c'était trop tard. [HOIE]
L'orgue a été relevé en 2004 par la maison Koenig, de Sarre-Union, après une restauration du buffet par l'atelier Meyer. [YKoenig]
Caractéristiques instrumentales
La console est aujourd'hui placée latéralement, à gauche de l'orgue, et tournée vers le buffet.
Electrique (1960).
Sources et bibliographie :
Photo de 2005.
Prot. Ki. - 1907 wird deren O. auf einen Wert von 6.000 M. geschätzt. HORNING, GK 87. - 1960/61 : O.-Umbau durch Schwenkedel. Mittlg von Pf. Guggenbühl-Gries.
Localisation :