Cet orgue Stiehr-Mockers fut reçu le 16/06/1842. Le buffet est "de type Hochfelden", mais en plus épuré, avec un arc pour la grande plate-face. Bien qu'indiscutablement historique, cet instrument n'est toutefois pas le premier du lieu : en fait, il s'agit déjà du troisième, et la tradition de l'orgue à Kertzfeld remonte à l'Ancien régime.
Historique
Un premier instrument fut amené en 1748, probablement par Casimir Kühlwein (car on est sûr qu'il venait de Ribeauvillé). C'était un orgue construit par Daniel Cräner. [IHOA] [PMSAS1975] [PMSSTIEHR75] [HOIE]
Ce n'était pas un instrument d'occasion, mais plutôt un orgue posthume. Jean Jean Daniel Cräner est mort le 13/12/1747. Il avait peut-être cet orgue "en stock", ou bien l'avait construit sur la base d'une commande de Kertzfeld, mais n'a pas pu le livrer. [PMSAS1975] [PMSSTIEHR75]
L'instrument a été réparé en 1801 par Blaise Chaxel. [IHOA] [HOIE] [PMSSTIEHR]
On connaît le nom de l'organiste en 1825 : il s'appelait Jean-Michel Seyler.
Historique
En 1832, Joseph Callinet construisit un petit orgue neuf, commandé par la paroisse. [IHOA] [HOIE] [PMSSTIEHR] [PMSCALL] [Barth]
Cet orgue fut donc posé 4 ans avant le début des travaux de reconstruction de l'église. Pourquoi n'a-t-on pas pu attendre un peu, en prolongeant l'usage de l'orgue précédent ? Cela reste un mystère.
En 1837, Valentin Rinkenbach déménagea l'instrument à Sts-Pierre-et-Paul de Wildenstein, où il se trouve encore. [IHOA] [PMSCALL] [Barth]
Historique
En 1842, la maison Stiehr-Mockers posa un orgue neuf dans l'église agrandie (construite entre 1836 et 1839). L'instrument fut reçu le 16/06/1842. [IHOA] [HOIE] [PMSSTIEHR] [ITOA] [Barth]
Cette fois, c'est la commune qui s'occupa de l'acquisition de l'orgue.
En 1877, Félix Mockers fit une réparation. [HOIE] [PMSSTIEHR] [ITOA]
En 1920, c'est Louis Mockers qui fit une réparation. [PMSSTIEHR]
Les tuyaux de façade ont été réquisitionnés par les autorités en 1917. [HOIE]
En 1935 ou 1946 (selon les sources), c'est probablement Adolphe Blanarsch qui remplaça la façade. (Des travaux plus importants avaient été envisagés, mais ne furent pas exécutés.) [HOIE] [ITOA]
L'orgue a été relevé en 1970 par Alfred Kern. [HOIE] [ITOA]
Le buffet
Ce buffet fait partie de ceux inspirés par celui de Hochfelden (1841).
Le grand-orgue est constitué de trois plates-faces, la plus grande au centre, et dotées d'un arc plein-cintre. Les latérales sont rectangulaires. L'ornementation est constituée de cartouches (sous les tuyaux) et de couronnements sculptés, où figurent deux croix et une lyre. Le positif de dos est très spécifique, et constitue, avec 3 plates-faces de même hauteur, un rectangle allongé. Il est dépourvu de couronnement, mais dispose d'un pendentif très élaboré à motifs végétaux.
Caractéristiques instrumentales
Console en fenêtre frontale. Tirants de jeux de section carrée à pommeaux tournés noirs munis d'un point blanc central, disposés en deux fois deux colonnes de part et d'autre des claviers. Claviers blancs. Etiquettes d'origine. Celles du positif ont été réalisées à l'encre rouge. Certaines sont dépourvues d'abréviations, comme "Violoncelle 8 pieds, pédale". Commande de l'accouplement par tirant, désigné "Synthèse", et placé à droite du porte-partitions. De l'autre côté, il y a un tirant inopérant, désigné par "Symétrique".
Mécanique suspendue.
A gravures. Le grand-orgue est diatonique en "M", avec des ravalements au centre pour les basses. (Ce qui donne une disposition en "W".)
A l'exception de la façade, toute la tuyauterie est d'origine.
Diapason : Sib 440Hz.
C'est vraiment un instrument très attachant ! Il sonne tellement bien qu'on se désole à chaque fois qu'on regarde ce pédalier limité à 18 notes (et on doit le regarder souvent, vu qu'aucune note n'est à la place...) qui le prive d'une énorme partie du répertoire qu'il pourrait aborder. Mais son authenticité, et sa parfaite adéquation avec l'édifice sont remarquables. L'instrument bénéficie de la belle acoustique du lieu, et constitue, dans son style, une totale réussite. On comprend pourquoi, dans les années 1840, les habitants de Kertzfeld (disposant pourtant d'un orgue pratiquement neuf) ont consenti à tant de sacrifices pour se doter d'un instrument de musique de cette trempe. Et on ne peut que s'enthousiasmer en voyant comment le patrimoine qu'ils ont constitué a été entretenu et conservé.
Sources et bibliographie :
Remerciements à Jean-Claude Ehrhardt.
Photos du 24/02/2019 et données techniques.
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