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Les orgues de la région de St-Amarin
Mollau, St-Jean-Baptiste
vers 1833 disp > Orgue disparu
Partie instrumentale classée Monument Historique, 19/02/1991.
Orgue authentique, sauf 3 jeux.
Mollau, l'orgue Callinet, le 24/06/2012.Mollau, l'orgue Callinet, le 24/06/2012.

L'orgue de Mollau est - à juste titre - l'un des plus célèbres d'Alsace, et certainement l'un des plus chargés d'Histoire. Son histoire à lui est assez courte, et c'est tant mieux : il est resté assez authentique. Elle est indissociable de celle du plus grand historien des Orgues d'Alsace : Pie Meyer-Siat. Car c'est l'orgue Callinet de Mollau qui fut à l'origine de sa passion.

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L'orgue de facteur inconnu (vers 1792)
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Historique

Le premier orgue de Mollau a été installé vers 1792, probablement par Joachim Henry. [IHOA] [HOIE]

C'était donc certainement un instrument provenant de biens confisqués à une institution religieuse par la Révolution. Ces orgues provoquèrent la convoitise de plusieurs spéculateurs, et de facteurs comme Henry : il les négocia avec entrain, la plupart du temps en les vendant par morceaux, ou en contraire en associant des composants glanés de-ci de-là.

Cet orgue de l'Ancien régime disparut vers 1833 lors de la pose du Callinet. [IHOA]

L'Inventaire historique émet l'hypothèse que ce soit celui qui a été installé à Fislis.

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L'orgue Joseph Callinet,
1833 (instrument actuel)
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Historique

L'orgue construit en 1833 par Joseph Callinet est la parfaite illustration du génie de son créateur. Callinet définit ici littéralement son style, qui a laissé une trace déterminante dans la facture d'orgues française. Après 1833, ses concurrents vont devoir bien vite l'imiter, ou même le plagier ; en tous cas, il vont devoir se dépasser pour rester dans la course à ce qu'on a appelé plus tard "l'orgue pré-romantique" (ou "de transition"). [IHOA] [ITOA] [HOIE]

Contrairement à ce que laisse supposer cette dernière expression ("de transition" - malheureuse comme presque toutes les autres quand il s'agit de définir un style -) ce style n'a rien d'un épisode temporaire sur le chemin d'une esthétique à l'autre. Il a au moins autant de maturité que les autres.

En 1833, les idées de Joseph sont bien arrêtées et forment un tout cohérent : buffet, composition, choix techniques, détermination d'une "gamme" d'instruments. Il va décliner cette gamme en quatre devis imprimés (une révolution, pour l'époque). Ces quatre formats de devis donnent un canevas pour chaque taille d'instrument (grand, moyen supérieur, moyen inférieur, petit), en laissant toutefois une grande latitude afin de donner à chaque orgue un caractère unique. A cause de (ou grâce à) ces fameux devis imprimés, beaucoup de communes vont demander à d'autres facteurs des orgues "à la façon Callinet" : ces devis ont fait référence, et ont été souvent copiés. Avec les fautes d'orthographe.

Le devis date du 17/05/1832. L'accord fut conclu le 23/08/1832. L'instrument fut reçu le 02/09/1833 par Ferdinand Lieb (Thann) et Charles Kientzl (Guebwiller). Joseph Callinet reproduira encore la composition de Mollau presque à l'identique, par exemple à Sermersheim (mais dans un buffet fondamentalement différent).

Voici la composition à l'origine:

Les points marquants sont les suivants :

Cette doctrine de Composition sera appliquée à la lettre par les frères Callinet jusqu'à leur séparation. Parfois, ils ajoutèrent des Gambes, surtout pour favoriser l'attaque. Par la suite, Claude-Ignace préféra travailler ses Flûtes. Il ne s'écarta de cette doctrine que vers la fin, avec assez peu de succès, en allant jusqu'à écarter le Grand Cornet de ses compositions. Du côté de Joseph, la seule vraie évolution va concerner le Plein-jeu (voir à ce sujet l'orgue d'Oltingue).

L'orgue de Mollau servit 60 ans sans la nécessiter la moindre réparation. En 1893, Joseph-Antoine Berger n'eut qu'à réparer la soufflerie (et à changer le pédalier). [ITOA] [HOIE]

En 1935, peu après le (-premier-, à n'en pas douter...) centenaire de l'instrument, on ne trouva qu'à lui ajouter un ventilateur électrique. Ce fut fait par Alfred Berger. [ITOA] [HOIE]

Situé dans la vallée de la Thur, qui était occupée à l'époque par les troupes Françaises, l'orgue Callinet de Mollau a gardé sa façade d'origine en 1917, lors de la grande réquisition de l'étain par les autorités allemandes. Ceci a permis à Gaston Kern de reconstituer - en la copiant ici - une façade pour l'orgue Callinet d'Oltingue.

En 1961, par un curieux phénomène de "réaction" (alors que pendant 80 ans, on s'était appliqué à supprimer les Tierces et les Cymbales), Alfred Kern ajouta une Tierce et une Cymbale... mais malheureusement en supprimant un Salicional et un Basson/Hautbois au Positif. On a appelé cela, plus tard "baroquisation". C'était une des premières d'une longue série... Kern ajouta aussi une Bombarde à la pédale, et étendit cette dernière à 30 notes, malheureusement en procédant parfois par décalage (si bien que des tuyaux non-Callinet étaient dans les 18 premières notes, et des tuyaux Callinet au-dessus). [ITOA] [HOIE]

L'orgue a été relevé en 2011 par Hubert Brayé. [Visite]

L'extension de la pédale à 30 notes a été refaite dans les règles de l'art : les tuyaux de Callinet ont donc retrouvé leur place.

Le résultat de ce relevage est absolument enthousiasmant : l'instrument, dans son acoustique très particulière "rayonne" littéralement : les travaux ont à l'évidence été réalisés dans un grand respect historique. On retrouve les sonorités Callinet, qui s'expriment ici dans leur cadre original. Le positif de dos est certes très "présent", mais il est certain que cela a toujours été le cas : Callinet l'a voulu ainsi, et l'a même doté de tailles renforcées en conséquence. Si l'ensemble se prête évidemment mieux à Lefébure-Wély qu'à Widor, il "surprend" à chaque changement de registration en révélant des possibilités insoupçonnées.

Mollau est un orgue marquant pour Pie Meyer-Siat qui a passé une grande partie de sa jeunesse à Mollau (son père Georges Meyer y était instituteur). A l'époque, cet instrument à la sonorité exceptionnelle était d'auteur inconnu... Meyer-Siat s'est donc intéressé à son histoire, et cela fut, à n'en pas douter, à l'origine de sa vocation d'historien des orgues. Il le confirme d'ailleurs : "l'Orgue de Mollau qui a déterminé non pas ma carrière, mais ma spécialisation, cet orgue qui a vu défiler tant et tant de générations et de révolutions, [...] toujours là, immuable, fidèle, louable, solide". C'est à la fin les années 30 que Georges Meyer annonça à son fils qu'il avait trouvé la réponse à la question tant de fois posée ("Mais qui est donc l'auteur de l'orgue de Mollau ?") : il s'agissait "d'un certain Callinet".

Le buffet

Le trophée d'instruments (et partitions) qui orne
                le dessus de la console.Photo de Franck Lechêne, 25/08/2009.Le trophée d'instruments (et partitions) qui orne le dessus de la console.
Photo de Franck Lechêne, 25/08/2009.

A Mollau, Callinet construisit un buffet qui s'imposera comme un modèle pour toute la suite de sa production : on parle du "style" Mollau. Déjà esquissé dans certains orgues de Riepp - dont les Callinet sont les héritiers - ce dessin comporte les caractéristiques suivantes :

  • - 4 tourelles, les deux grandes aux extrémités, pour le grand corps.
  • - 3 tourelles, les deux grandes aux extrémités, pour le positif.
  • - Le haut des places-faces est recourbé "en ailes de papillon" et la courbe est finie par une petite ligne droite
  • - L'ornementation est florale : guirlandes des roses ou de marguerites en rinceaux.
Par contre, contrairement à la plupart des productions ultérieures, le buffet de Mollau n'a pas de jouées, et les culots ne sont pas encore ornés d'angelots (contribution de Claude-Ignace Callinet). En fait, ce buffet avait été proposé pour l'instrument de
Ste-Croix-aux-Mines. Mais des retards dus à des problèmes architecturaux à Ste-Croix ont conduit Callinet à réaliser ce buffet pour le première fois en Alsace à Mollau. En fait, l'ensemble du dessin semble être très inspiré de celui de St-Pierre de Besançon, construit en 1810 par François Callinet (la disposition est la même, bien que les plates-faces soient différentes). Draperies à pompons, frises cannelées, trophée d'instruments de musique, pot-à-fleurs et guirlandes complètent l'ornementation. [JMStussi]

Caractéristiques instrumentales

Console: en fenêtre frontale, d'origine sauf le pédalier et les étiquettes (porcelaines de 1935 ?). Claviers noirs.
Transmission: mécanique suspendue (foulante pour le positif).
Sommiers: à gravures, d'origine. Deux sommiers diatoniques pour le grand-orgue ; sommier chromatique avec ravalement de 8 notes pour le positif. Sommier de pédale derrière le buffet, 8 notes graves à soupapes doubles.

Sites Webographie :

Culture Activités culturelles :

Références Sources et bibliographie :

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Immatriculation de l'orgue actuel : F680213001P02
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