Cet instrument, un des rares Callinet du Bas-Rhin (avec Neubois, Wolxheim et le buffet de Richtolsheim), est resté pratiquement entièrement authentique, non seulement dans sa composition, mais aussi dans son harmonie, les bouches des tuyaux n'ayant pas été retouchées. C'est aussi le premier "buffet-caisse" à abriter un orgue de la maison de Rouffach. Son dessin est dû à l'architecte Théodore Kuhlmann, sur une idée déjà suggérée par Louis Callinet (Oratoire de Paris, 1825). Le premier buffet-caisse d'Alsace est sûrement celui de l'orgue Théodore Sauer posé en 1830 à Liepvre. Joseph Stiehr en plaça un à Gertwiller en 1831. Louis Geib a peut-être été le précurseur de tous, à Strasbourg, St-Nicolas.)
Historique
C'est en 1764 que fut posé le premier orgue de Sermersheim, oeuvre de Johann Carl Baumann. [IHOA] [HOIE]
Historique
En 1836, l'orgue du 18ème fut remplacé par Joseph Callinet. Le procès-verbal de réception de l'orgue lui-même fut signé le 15/09/1836. [IHOA] [ITOA] [PMSCALL]
Le remplacement de l'instrument était probablement devenu
nécessaire après l'agrandissement de l'église (1830). La composition est
pratiquement identique à celle de Mollau (1833) (à l'origine,
c'est-à-dire avant la transformation de ce dernier en 1961 : l'orgue Callinet de
Mollau avait aussi un Salicional et un Basson/Hautbois du positif, et pas
d'anche 16' à la pédale). La seule vraie différence entre les deux compositions
tient à la présence à Sermersheim d'une Montre 8' au positif, et un Ophicléide
de pédale (sa présence change le nom de la Trompette en "Trombone").
Les
deux instruments sont donc extrêmement voisins du point de vue de la facture.
Par contre, l'aspect visuel est complètement différent. Le buffet à tourelles et
entablements de Mollau est encore inspiré du 18ème, alors que celui de
Sermersheim est clairement néo-classique, avec ses colonnes cannelées.
Une
autre différence de poids est la "médiatisation" des deux instruments, celui de
Mollau ayant bénéficié de "l'effet Meyer-Siat", alors que celui de Sermersheim
restait dans l'ombre jusqu'en 1986, quand l'inventaire des orgues d'Alsace
levait les bras au ciel en se demandant comment un tel instrument pouvait ne pas
être classé. De fait, Sermersheim est un Callinet totalement authentique (à part
la façade).
En élaborant le projet d'orgue en date du 9 septembre 1834, Kuhlmann reprend le modèle du buffet-caisse imaginé pour Grendelbruch dès 1829, à quelques détails près (absence de fronton central pour le grand-orgue et des détails de sculptés dans les écoinçons des arcades). L'instrument est réceptionné (cette fois pour la partie architecturale) par Kuhlmann le 15/11/1836. [FBaumann]
En 1896, il y eut une réparation par Joseph Antoine Berger. C'est probablement la maison Callinet qui avait fait les plus petites réparations de 1854 et 1867. [HOIE] [ITOA] [PMSCALL]
Les tuyaux de façade ont été réquisitionnés par les autorités allemandes en mai 1917. [IHOA] [HOIE]
Ils ont été remplacés en 1922 par Zann. [IHOA] [ITOA]
Zann renouvela aussi les claviers, et plaça probablement un accouplement par pédale à accrocher (système supprimé depuis). [ITOA] [PMSCALL]
L'organiste de l'époque était Eugène Bronner (14/02/1877 - 27/11/1946), issu de l'école normale d'Obernai, pour la musique élève de Gessner, et lié à Vogeleis. On lui doit l'arrangement des 40 motets du "Cantate Domino". Bronner s'était résigné à ne disposer que d'un orgue aussi archaïque ("altmodische Drehorgel"). L'instrument était à l'époque évalué plus bas qu'un harmonium, mais l'argent manquait pour placer une console indépendante. Pour un musicien de l'époque, et dans le contexte, une console en fenêtre et une composition telle que celle-ci était réellement une situation désespérante. [HOIE] [RMuller]
De fait, l'authenticité des instruments d'aujourd'hui s'est souvent payée de sacrifices importants de la part de nos prédécesseurs... L'histoire est d'ailleurs un peu différente dans l'ouvrage sur les Callinet (il est vrai un peu antérieur). Eugène Bronner est ici l'héroïque sauveteur de l'orgue Callinet face aux "méchants experts". [PMSCALL]
L'instrument fut endommagé en 1945. [ITOA] [HOIE]
Il était alors apparemment attribué à... Cavaillé-Coll !
Un relevage en profondeur fut effectué en 1973 par Alfred Kern. L'accouplement des claviers est à nouveau à tiroir. [IHOA] [ITOA] [HOIE] [PMSCALL]
Le buffet
Dessiné par l'architecte Théodore Kuhlmann, et réalisé en chêne par les ateliers de Rouffach (Callinet ne sous-traitait pas), il est le premier d'une lignée que l'on retrouve à Hirtzbach (1837), Pfaffenheim (1839) ou Gundolsheim (1839 aussi). Son allure néo-classique est due à l'ornementation inspirée des ordres grecs. L'idée est bien d'éviter une alternance de tourelles et de plate-faces, alors considérée comme un atavisme esthétique, pour aller vers une allure plus épurée et géométrique. C'est ce qu'on appelle un "buffet-caisse", sans qu'il n'y ait rien de péjoratif dans cette appellation. Pour s'accorder avec les tendances néo-classiques proposées par les nouveaux intérieurs des églises, on imagina ces colonnes et chapiteaux, encadrant des plate-faces "néo-romanes" (en fait, "antiques") en arc plein cintre. [HOIE]
Le positif est juste une homothétie du grand-orgue. Le langage ornemental fait aussi usage de frises à oves et fleurs d'eau, ainsi que de rosaces (au bas des plates-faces).
Caractéristiques instrumentales
C | c | d | c' | f' | c'' | f'' |
1'1/3 | 1'1/3 | 2' | 2' | 2'2/3 | 2'2/3 | 4' |
1' | 1'1/3 | 1'1/3 | 1'1/3 | 2' | 2' | 4' |
2/3' | 1'1/3 | 1'1/3 | 1'1/3 | 1'1/3 | 2'2/3 | 2'2/3 |
1/2' | 1' | 1' | 1' | 1'1/3 | 1'1/3 | 2'2/3 |
1/3' | 1/2' | 1/2' | 1'1/3 | 1'1/3 | 2' | 2' |
Console en fenêtre frontale, d'origine, sauf les claviers (1922 ; ils sont blancs (!), ce qui nuit beaucoup à l'ambiance générale). Tirants de jeux de section carrée à pommeaux tournés placés en colonnes de part et d'autre des claviers. Les pommeaux correspondant au positif sont teintés en rouge, ceux du grand-orgue en noir, et ceux de la pédale paraissent non teintés.
Mécanique suspendue, entièrement d'origine.
A gravures, d'origine. La pédale n'est pas logée à l'arrière, mais à l'intérieur du buffet, sur les côtés, et orthogonalement à la façade. Le buffet ayant près de 6m de haut, et comme il n'y a que 9 notes à loger de chaque côté, cela tient sans problème.
Coupée au ton (même les Gambes), Bourdons à calottes soudées.
Sources et bibliographie :
Recherches, notamment sur Ringeisen (Archives municipales de Sélestat, fonds Ringeisen, carton Sermersheim).
Avec photos et détails techniques.
Avec photos.
Localisation :