La paroisse St-Louis de Sainte-Marie-aux-Mines a été supprimée vers 1999. L'église, de style néo-classique, date de 1850 (la précédente, construite en 1673, était un don de Louis XIV), et elle a donc à présent d'autres destinations, en particulier culturelles. Elle abrite, en plus du tableau figurant St-Louis rendant la justice sous un chêne, un des joyaux de l'orgue alsacien : un instrument de 1882 resté pratiquement dans son état d'origine.
La localité de Ste-Marie-aux-Mines est particulièrement riche en orgues :
Dans l'église Ste-Madeleine (rue de Lattre-de-Tassigny), on trouve un orgue Joseph Callinet, 1849, pneumatisé par Martin et Joseph Rinckenbach.
L'église St-Louis (rue St-Louis), dont il est ici question, abrite l'opus 6 de Martin Rinckenbach.
Dans l'église Luthérienne des Chaînes (81, rue St-Louis), il y a un orgue de Joseph Callinet, 1846-1847, qui fut pneumatisé par Dalstein-Haerpfer dès 1892.
Dans le temple réformé (23, rue du Temple), il y a aussi un orgue Joseph Callinet, 1847 , qui fut également pneumatisé par Dalstein-Haerpfer, mais seulement en 1911.
L'église St-Pierre-sur-l'Hâte ne semble jamais avoir abrité d'orgue, tout comme l'église St-Guillaume (15 ème siècle). Quand à l'ancienne église "sur le pré", elle a disparu en 1881.
Historique
Il y avait, dans l'ancienne église un orgue dont on ignore la provenance, inventorié en 1840, et qui datait probablement de l'Ancien Régime avant 1789. Il fut vendu lors du renouvellement de l'édifice. [IHOA]
Un projet d'orgue neuf fut établi par les frères Wetzel le 29/08/1873, et envoyé à l'organiste de la Madeleine, Eugène Thomas. Ce projet d'orgue de 28 jeux sur 2 claviers et pédale ne fut jamais réalisé. [IHOA] [PMSRHW] [Barth]
Léonard Eugène Thomas (6/11/1841-11/10/1918) est né à Ste-Marie-aux-Mines. Il en dirigea la fanfare et l'orchestre. Il est l'auteur d'oeuvres d'orgue, pour quatuor à cordes, ainsi que vocales. [RMuller]
Historique
L'orgue actuel fut construit par Martin Rinckenbach, dont c'est l'opus 6. La réception eut lieu le 29/10/1882 [LR1907] [Barth]
L'instrument fut immédiatement apprécié : "Wohlklingende Orgel von Rinckenbach" : Martin commençait à se forger une bonne réputation. [Barth]
Il faut dire que la partie instrumentale est un pur chef d'oeuvre : matériaux de qualité, harmonisation particulièrement réussie en font une des instruments les plus attachants qui soient. Les deux claviers représentent deux plans sonores très contrastés, puisque le récit est placé à l'arrière de la pédale, dans le clocher.
Les tuyaux de façade ont été réquisitionnés par les autorités allemandes en 1917. [IHOA]
Ils ont été remplacés par Henri Vondrasek en 1932 par des tuyaux en étain, mais beaucoup trop minces, ce qui a provoqué des affaissements et même la chute d'un tuyau sur la tribune. [IHOA] [RDott]
Cet orgue Rinckenbach a donc été conservé bien plus authentique que les trois Callinet de la localité. Voici la composition relevée par l'Inventaire de 1986 :
L'échange des deux jeux entre le grand-orgue et le récit date sûrement de 1932. En tous cas, en 1960, lors de la visite de Pie Meyer-Siat, la composition était déjà la même qu'en 1986. [IHOA] [ITOA]
Un relevage exemplaire
L'instrument a été scrupuleusement relevé par Richard Dott en 2001. [RDott]
La Flûte traversière a repris sa place au grand-orgue, et le Salicional 8' au récit. Le trémolo du récit a été restauré. (Avec sa curieuse commande à accrocher située dans le dos, à gauche de l’organiste, dans le soubassement du grand buffet.)
L'inauguration a eu lieu le 18/08/2001 par Pierre Pfister et les "Valentins", avec des oeuvres de Vincenzo Petrali, Alessandro Stradella, Haendel, Vierne et Fernand Thomas (originaire de Ste-Marie-aux-Mines). [DNA]
Le buffet
Le très beau buffet éclectique, avec ses frontons néo-renaissance, a été réalisé en sapin. Les culots, frises et pilastres sont rehaussés de dorures. Les deux tourelles latérales sont surmontées de clochetons. Le positif est destiné à cacher la console, et sa fonction est purement esthétique. Il n'abrite aucun jeu (dès l'origine), et sa façade est muette.
Caractéristiques instrumentales
C | c |
2'2/3 | 4' |
2' | 2'2/3 |
- | 2' |
Console indépendante face à la nef, fermée par un couvercle incliné. Tirants de section ronde, à porcelaines, disposés en deux gradins de part et d'autre des claviers. Porcelaines à fond blanc et inscriptions en couleur : noires pour le grand-orgue, rose pour le récit et bleues pour la pédale. Seule la porcelaine de la Voix Céleste est sur fond rose, caractères en noir (peut-être pour rappeler qu'on ne la tire pas dans le Tutti). L'expression du récit n'est pas continue, mais commandée par une pédale à accrocher (à gauche de la console) à 2 positions : ouvert et fermé. (En fait, il faudrait dire "fermé" et "très fermé".) La pédale de droite commande l'accouplement II/I. Les deux pédales sont repérées grâce à deux grandes porcelaines ovales, de part et d'autre de la plaque d'adresse. Porte-partitions amovible et repliable.
Plaque d'adresse d'un modèle peu courant chez Rinckenbach, en métal gris, vissée, indiquant en caractère noirs:
Webographie :
Sources et bibliographie :
Remerciements à Jean-Marc Valentin.
"Markirch 25 St. Ludwig"
Photos du 03/07/2006.
Renseignements aimablement communiqués lors d'une visite
Localisation :