La localité de Ste-Marie-aux-Mines est particulièrement riche en orgues : en plus de l'opus 6 de Martin Rinckenbach à église St-Louis, qui est fort probablement - et de loin - le plus bel orgue de la vallée, il y a deux instruments de la maison Dalstein-Haerpfer (celui-ci, datant de 1892-1895, et celui du temple réformé, de 1912). Tous deux présentent la particularité d'avoir été réalisés sur la base d'anciens orgues Callinet. Il y a aussi l'instrument de Ste-Madeleine, qui est beaucoup plus récent (construit en plusieurs phases), mais lui aussi sur la base d'un orgue Callinet.
L'église luthérienne des chaînes tire son nom du fait que sa cour était entourée de chaînes. Elle est située 81, rue Saint-Louis.
Historique
Un premier instrument est attesté après 1711. [IHOA]
Cet orgue dont on ignore la provenance (Pie Meyer-Siat propose Cräner ou Kühlwein) fut détruit avec l'édifice au cours de l'incendie du 06/10/1754. [IHOA]
Historique
En 1758 arriva un orgue fourni par Johann Peter Toussaint. Mais l'église (de 1757) fut abandonnée à partir de 1845, et finit par être démolie en 1881. [ITOA]
Historique
En 1847, Joseph Callinet construisit un orgue neuf. [IHOA] [ITOA]
Cet instrument était contemporain de son voisin du temple réformé. L'accord eut lieu avec Joseph Callinet en juin 1844, pour un orgue de 28 jeux. Il a été reçu par Théophile Stern en 1847. [IHOA]
Historique
En 1892 ou 1895 (selon les sources), la maison Dalstein-Haerpfer construisit un orgue neuf de 25 jeux avec récit expressif. [IHOA]
Une partie de la tuyauterie de l'orgue précédent a été ré-employée, en particulier au grand-orgue ; elle évidemment été totalement ré-harmonisée. Les sommiers du grand-orgue aussi ont été ré-employés.
Les tuyaux de façade ont été réquisitionnés par les autorités en 1917. [IHOA]
C'est Georges Schwenkedel qui remplaça les tuyaux de façade, en 1928. [IHOA]
L'orgue a été relevé en 2004 par Richard Dott. [RLopes]
Il s'agit donc d'un orgue Dalstein-Haerpfer qui peut être considéré comme authentique, à part la façade et, sûrement, une modification de la Fourniture.
Le buffet
C'est le buffet de l'ancien orgue Callinet du lieu. Le dessin est le même que celui de Solliès-Pont (Var, 1846).
Caractéristiques instrumentales
Console indépendante face à la nef, fermée par un couvercle basculant. Commandes des jeux par petits taquets à accrocher (mouvement en 'L'), repérés par des porcelaines rondes placées sur un grand chanfrein au-dessus des taquets.
On trouve les taquets à accrocher, fort probablement d'origine Weigle, sur les orgues Haerpfer de Betschdorf (1901), Wolfskirchen (1903) ou Strasbourg, St-Thomas (1905). Ils semblent avoir été utilisés entre 1893 (quand la maison de Boulay se mit à la transmission pneumatique) et 1907. Au début, ce sont des sommiers à cônes qui étaient utilisés, mais ensuite, des sommiers à membranes étaient fournis par la maison Weigle, où Frédéric Haerpfer avait fait un stage en 1900. D'où l'origine probable de ce système de tirage de jeux sur les orgues Dalstein-Haerpfer. En 1903, Paul Dalstein commença à utiliser ses propres transmissions, et les composants Weigle disparurent progressivement. [IOLM]
Claviers blancs. Les aides à la registration ont leurs commandes sous le premier clavier. Il y a trois pédales-cuillers à accrocher. Commande de l'expression du récit par pédale basculante placée au-dessus du cis de la pédale. Porte-partitions ajouré (le même qu'à Pfaffenhoffen), banc avec pieds en forme de lyre.
Plaque d'adresse disposée en haut et au centre de la console, en laiton incrusté dans le bois, et disant :
Le style de la plaque est le même qu'à Pfaffenhoffen, mais différente de celle (moins haute) de St-Thomas (où "Orgelbaumeister" remplace "Orgelbauer").
Les sommiers de Haerpfer (1892) sont à cônes, et donc "haut de gamme". Cela explique certainement le ré-emploi des anciens sommiers de 1847, à gravures et limités à 54 notes. (Il y a 56 touches au clavier, mais les deux dernières sont muettes). Le surcoût pour munir le grand-orgue de sommiers à cônes aurait probablement été significatif. La pédale est diatonique, et le récit placé au-dessus, loin derrière la façade supérieure du buffet.
Entailles de timbre et d'accord.
Sources et bibliographie :
Photos de cette page, et données techniques.
Pour mémoire : à part la composition relevée avant 1965 (et notant la Fourniture en 2'), il n'y a pas vraiment d'information sur l'orgue dans l'article. A la console, c'est également "Fourniture 2'" qui est indiqué : le relevé de composition dans cet ouvrage se serait-il borné à la simple copie de ce qui est marqué à la console, sans même tirer les jeux ?
Au sujet des transmissions de la maison Dalstein-Harper.
Localisation :