Avec son unique clavier manuel (bien qu'il possède une Pédale indépendante de 5 jeux : nous sommes en Alsace...), cet instrument est un orgue "de campagne", destiné à priori essentiellement à l'accompagnement du chant. Les instruments de ce genre sont légion, mais il faut quand même se souvenir qu'il s'agit d'un orgue STIEHR-MOCKERS de 1844. Il est de nombreux endroits ou un tel instrument serait classé Monument Historique. Aujourd'hui, il le mériterait, car à Uberach, le choix de l'authenticité a été clairement fait : en 1948, il avait 20 jeux sur 2 Claviers et Pédalier (donc intrinsèquement bien plus de possibilités); mais il a retrouvé sa disposition originelle, c'est-à-dire celle que Stiehr avait conçue pour l'église de pèlerinage de Marienthal, où il le posa en 1844.

     Vu la petite taille de l'instrument, il est intéressant de détailler les modifications qui ont été apportées. Cela permet de mesurer l'ampleur de travail que font quotidiennement les facteurs qui restaurent de tels instruments. Il faut noter - et cela se vérifie encore ici - que Schwenkedel était l'un de ceux qui respectait le plus les instruments anciens dans ce genre d'opérations.

Placé dans un buffet en 3 parties plates ressemblant à celui d'Ernolsheim-Bruche, l'orgue a été posé en 1844 par la maison Stiehr-Mockers à l'église de pèlerinage de Marienthal. Là-bas, il remplaçait un instrument de Louis GEIB (1819), qui avait été destiné à Weitbruch, et qui était donc probablement peu adapté.

Environ 25 ans après, Marienthal voulut un orgue Stiehr plus grand, capable de remplir acoustiquement la nef agrandie en 1865. La paroisse d'Uberach, ayant rebâti son église, voulait, elle, remplacer son orgue Jacques MOELLER (1823).

     En 1871, le petit orgue Stiehr-Mockers fut vendu à Uberach, où il coula des jours heureux jusqu'en 1917, année au cours de laquelle les tuyaux de façade ont été réquisitionnés.

Il y eut des travaux entre les deux guerres, mais on ne sait pas qui en est l'auteur. L'affaire consista sûrement à remettre un façade en zinc, à arranger la soufflerie, et à remplacer des tuyaux graves (vermoulus ou abîmés) par des tuyaux neufs. A l'époque, on ne restaurait pas. On remplaçait. Les nouveaux tuyaux métalliques étaient bien sûr en zinc eux aussi.

     Appelé pour ajouter un Récit et une Console indépendante en 1946, Georges SCHWENKEDEL trouva beaucoup de tuyaux neufs, mais une composition globalement respectée (il y avait un Hautbois). Bien sûr, l'instrument devait ne donner qu'une bien pâle image de ce que peut être la facture Stiehr-Mockers. Les travaux demandés furent les suivants :

• Réalisation d'un Récit expressif de 9 jeux, en y plaçant la Gambe 8', la Flûte 4' et la Doublette de Stiehr.
• Le Clavier, devenu Grand-Orgue, perdit les 3 jeux précédents, ainsi que sa Trompette.
• Mise en place d'une console indépendante, et transformant la mécanique du clavier et de la Pédale (Equerres). Le Récit, neuf, était pneumatique, sur Sommier à Cônes.
• Les tuyaux (essentiellement des basses, et la façade) qui n'étaient pas de Stiehr ont été refaits
• Pédale complétée de 18 à 30 notes.
  

Georges Schwenkedel était sûrement l'un des moins radicaux lors des "pneumatisations", et donc l'un de ceux qui respectaient le plus les instruments anciens. C'est grâce à cela que l'orgue d'Uberach est encore un vrai Stiehr.

La console neuve comprenait tous les accessoires à la mode :

• l'Accouplement des claviers, les deux Tirasses
• quatre Combinaisons fixes (Piano, Mezzo Forte, Forte, Tutti), et une ajustable
• une pédale de Crescendo avec cadran linéaire
  

Nous avons donc ici à faire à une transformation "Néo-classique", mâtinée de Réforme Alsacienne de l'Orgue. En lui faisant perdre son authenticité, on a voulu rendre l'orgue capable de jouer "tous les répertoires". On a donc un Jeu de Tierce dans un Récit...

     Gaston KERN, de Hattmatt, a donc restauré cet orgue en 1993. Il fallut bien sûr refaire toute la mécanique. Ici, il ne manquait en gros que les jeux d'Anches. Ailleurs, la restauration concerne souvent bien plus de jeux.
L'orgue Stiehr-Mockers "retrouvé" a été inauguré le 02/05/1993 par Marc BAUMANN.

Mécanique : Suspendue, Sommiers à gravures.

Sources :

• P. MEYER-SIAT, "Stiehr-Mockers", AEA XX (1972-73)
• Caecilia 1993-4