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Photo
~ Les orgues de la région de Haguenau ~

Marienthal, Notre-Dame de Marienthal
Curt SCHWENKEDEL, 1962


Avant... SCHWENKEDEL Après...

Composition, 1986
Positif de Dos
54 notes
Grand-Orgue
54 notes
Récit expressif
54 notes
Pédale
30 notes
Bourdon 8' Bourdon 16' Gemshorn 8' Soubasse 16'
Prestant 4' Montre 8' Unda maris 8' Grosse quinte 10'2/3
Bourdon conique 4' Flûte conique 8' Quintaton 4' Flûte 8'
Nasard 2'2/3 Prestant 4' Flûte 2' Quinte 5'1/3
Doublette 2' Flûte à cheminée 4' Sifflet 1' Octave 4'
Tierce 1'3/5 Doublette 2' Cornet 5 rgs (D) Flûte 2'
Larigot 1'1/3 Fourniture 4 rgs (1'1/3) Cymbale 3 rgs (1/3') Fourniture 4-6 rgs (2')
Cymbale 4 rgs Cymbale 3 rgs (1/2') Douçaine 16' Bombarde 16'
Cromorne 8' Cymbale-tierce 3 rgs (1/5') Trompette 8' Trompette 8'
Régale 4' Trompette 8' (Chamade) Clairon 4' Clairon 4'
Zimbelstern (5 tons) Clairon 4' (Chamade) Voix humaine 8' Régale 2'
Tremblant doux Seconde Trompette 8' Tremblant doux I/P
III/I I/II   II/P
  III/II   III/P
     L'instrument de Marienthal est une "figure" de l'orgue alsacien. D'architecture assez classique (Positif de dos, Récit en arrière et au-dessus du Grand-Orgue), il présente tout de même des Tourelles latérales contenant la Pédale, ce qui est plutôt une disposition d'inspiration "Nordique". Les tuyaux de façade sont en étain, sauf la Montre de Pédale qui est en cuivre, comme cela se faisait beaucoup dans les années 60. Très conforme aux années 60 est aussi l'harmonisation "à Plein-vent".


Marienthal, l'orgue de la basilique.
Remerciements à Nicolas HASLÉ (photo été 2003).

     L'histoire des orgues de l'église du pèlerinage de Marienthal est déjà longue :

  • Le premier orgue "attesté" y date de 1619, donc d'avant la Guerre de Trente ans. Il en est question dans "la Chronique des Jésuites de Haguenau" (1604-1692).
  • Il y eut certainement un orgue provisoire en 1803 (car une facture de déménagement pour l'amener à Marienthal a été retrouvée). Il n'y était plus en 1818.
  • Il y eut ensuite, en 1819, un orgue Louis GEIB, alors établi à Schiltigheim. L'instrument était originellement destiné à Weitbruch.
  • En 1844, sous l'impulsion du Supérieur Sébastien STRUB, Marienthal reçut un premier orgue STIEHR, reçu le 05/03/1844 par le curé MEYER de Marlenheim et le Chanoine RAUSER.
    L'orgue Geib, démonté en 1843, fut offert par l'évêque en 1851 à Kaltenhouse. (Pour être finalement remplacé là-bas e 1873 par l'orgue STIEHR (1838) actuel, qui venait, ironie du sort, justement de Weitbruch).
  • En 1863, on commença les travaux d'agrandisement de l'église. L'orgue fut démonté le 15/02/1864.
  • Dans la nouvelle église, agrandie (1863-1866) il fallut un orgue neuf, assez puissant pour remplir le grand volume de l'édifice. Le premier orgue Stiehr (dont on ne sait pas avec exactitude s'il fut remonté dans le nouvel édifice) fut déménagé à Uberach en 1871, et c'est à nouveau la Maison Stiehr qui fut sollicitée pour construire un grand orgue.
    Ce deuxième orgue Stiehr fut reçu le 19/03/1872 par le Vicaire Général RAPP, Mr BECKER, organiste de la Cathédrale de Strasbourg et Mr ANDLAUER de Haguenau, St-Georges. Le Buffet, Néo-gothique, a été réalisé par Joseph MULLER, de Strasbourg (comme les autels des deux statues du pèlerinage, et le maître-autel).
    L'instrument fut complété en 1872 par la Maison STIEHR-MOCKERS qui ajouta un Flageolet au Positif et un Clairon de Pédale, puis relevé en 1880 (toujours par Stiehr).Marienthal devint "Basilique mineure" en 1892.

     Malheureusement, l'orgue Stiehr de 1872 fut souvent remanié : pneumatisé (sûrement seulement le Grand-orgue et le tirage des Registres) en 1896 par Edmond-Alexandre ROETHINGER, il fut muni de 5 Combinaisons libres et d'une Pédale de Crescendo. 4 Jeux furent changés. En 1908 Roethinger fit un relevage et changea les languettes de plusieurs Jeux d'Anches.

Les tuyaux de façade ont été réquisitionnés par les autorités allemandes en Juin 1917, et remplacés en 1929 par Franz KRIESS de Molsheim (par des tuyaux de zinc). Kriess fit aussi des réparations et plaça un ventilateur en 1927.
En 1930, Edmond Alexandre Roethinger revint faire des réparations, et en 1937, la traction est à bout.
Dans une lettre à M. l'abbé de Heiligenstein, Roethinger avoue lui-même qu'avec le temps "das pneumatische System ein grosses Sorgenkind ist und bleibt" ! Roethinger finit par proposer de repasser l'orgue de Marienthal en traction mécanique avec une machine Barker pour permettre les Accouplements.

Adolphe BLANARSCH proposa de refaire tout l'instrument en pneumatique et eut le marché (travaux en 1937).

Après 1945, l'orgue devait être réparé de façon incessante (les plus grosses effectués par Roethinger en 1945 et 1950). Le moteur fut encore changé en 1957 par un modèle plus puissant, mais la traction était à bout.

La décision d'une restauration complète fut évoquée pour la première fois le 10/03/1960.
Il s'en suivit le démontage complet de l'instrument, qui eut lieu du 24 au 28/04/1961.


Marienthal, le 19/08/2000
Le corps central du Buffet polychrome.

La conception du projet est due à Michel CHAPUIS, Raymond GEREDIS, Joseph VOGLER, et bien sûr Antoine BENDER, organiste de la Basilique de Marienthal depuis 1959 et "figure" de l'orgue alsacien.

L'une des idées maîtresses consistait à faire usage de cette fameuse harmonisation "à Plein-vent", qui consiste à utiliser des tuyaux aux pieds tout ouverts, alimentés sous une faible pression (et donc aux bouches très basses). Le choix fut fait après un voyage en Suisse pour aller écouter des orgues ainsi harmonisés.

Dans les années 60, la maison SCHWENKEDEL, qui entretenait déjà les orgues de Marienthal était à son apogée. Elle était dirigée par Curt (fils de Georges, le fondateur, issu lui-même de la Maison ROETHINGER), et était pratiquement spécialisée dans l'harmonisation à Plein-vent : c'était la ligne directrice d'un véritable choix esthétique, et de nombreux autres orgues Schwenkedel de la même époque ont harmonisés de cette façon (voir la liste sous "Waldersbach"). Schwenkedel fut tout naturellement retenu pour réaliser les nouvelles orgues de Marienthal.




Schéma du Buffet et des Plans sonores.
Jaune=Positif. Gris=Grand-orgue. (Gris foncé=Chamades.) Bleu=Récit. Rose=Pédale.
Les idées et les techniques novatrices ne manquaient pas. D'abord, on construisait à nouveau les orgues avec Buffet : le dessin de celui de Marienthal est dû à Georges LHOTE (qui dressa aussi les plans de l'instrument). La disposition des Sommiers permet d'obtenir des plans sonores très contrastés.

L'harmonisation -si importante- fut confiée à Louis RHODE et aux frères Laurent et Chrétien STEINMETZ, qui travaillaient alors pour Schwenkedel.


Un maximum de tuyaux Stiehr ont été conservés (et réharmonisés) :

Le buffet, lui, a été remplacé (l'ancien, Néo-gothique de 3 Tourelles et 4 Plates-faces n'aurait pas pu contenir le nouvel instrument).

Le nombre de jeux d'Anches est inhabituel pour la région. On distingue notamment :

  • une Régale de 4 pieds, peu commune, au Positif, et son alter-ego, en 2 pieds, à la Pédale.
  • un couple Trompette / Clairon en Chamade au grand-orgue, qui est accompagné d'une seconde Trompette au même clavier.
  • une Batterie d'Anches complète (la Bombarde étant adoucie en Douçaine) parle au Récit, accompagnée d'une Voix humaine.
  • Le tout appuyé par une Batterie complète à la Pédale.

La Voix humaine du Récit est très célèbre :
Pendant 16 ans, cet orgue a contenu la Voix Humaine de l'orgue Jean-André SILBERMANN de Strasbourg, St-Thomas. Georges Schwenkedel, avait travaillé à St-Thomas en 1927, 1938 et 1943. L'organologie était loin d'être aussi avancée, et on ne traitait pas les instruments anciens, loin s'en faut, comme aujourd'hui. Il est à noter que Georges Schwenkedel, s'il était "de son temps" et apportait des modifications aux instruments historiques, agissait assez différemment des autres, en respectant le matériel ancien, en prenant des notes, et en se limitant autant que faire se peut à des actes réversibles.
En 1978, lors de la restauration de St-Thomas, Alfred KERN replaça l'illustre jeu dans son instrument d'origine, et le remplaça ici par une Voix Humaine de Rinckenbach.

Le nom "Récit" donné au troisième clavier lui convient parce qu'il est expressif. Il contient aussi un jeu ondulant (Unda-maris) et un Quintaton. Mais sa composition en fait tout autant un Echo : ce clavier porte en effet le Grand Cornet, et également une Cymbale qui produit un Plein-jeu recomposable, grâce au Sifflet.

La Quinte 10'2/3 est une Harmonique de 32'. Son usage avec une fondamentale de 16' (ici, la Soubasse est le jeu le plus grave de la Pédale) n'est pas destiné à l'enrichir en harmoniques (c'est plutôt le rôle de la Quinte 5'1/3), mais à générer un 32 pieds. Cette quinte, réalisée en cuivre, est en façade des tourelles de Pédale.

Mécanique : à Equerres et Balanciers, Sommiers à gravures. (Tirage des jeux électrique et électro-pneumatique).
Deux Tremblants doux (Positif et Récit).
Deux Combinaisons fixes (Plein-jeu, Tutti), trois ajustables et une libre.
Il y a aussi les Appels des Mixtures, des Anches et des Chamades.
Au Positif, il y a une Zimbelstern à 5 clochettes, comme en étaient équipés de nombreux orgues jusqu'à la fin du 17 ème siècle.
Harmonisation "à Plein-vent" : Pressions :

  • 63 mm au Grand-orgue
  • 60 mm au Récit
  • 50 mm au Positif
  • 70 mm pour la Pédale

Les travaux d'installation à la Basilique ont débuté le 11/01/1962.

L'orgue a été inauguré le 23/04/1962 (le lundi de Pâques) par Michel CHAPUIS ("de Paris" comme indiqué sur le programme).

Console de Marienthal

La Console de Schwenkedel ne manque pas de charme...
Photo de Franck LECHENE, 04/02/2009.

François Xavier RICHTER (1709-1789)

     Le concert inaugural comprenait la transcription (réalisée par Antoine Bender) d'un Motet à 4 voix de François Xavier RICHTER : "Jubilate Deo", 1776. Né le 01/12/1709 en Moravie, sa carrière passa par Kempten, Donnaueschingen, Mannheim, puis enfin Strasbourg, où il fut Maître de chapelle de la Cathédrale du 24/04/1769 à sa mort, le 12/09/1789.
Sa formation atteint le sommet de sa renommée sous sa direction. En 1778, il fit jouer une de ses Messes devant Mozart, et en 1779 il composa un motet pour les obsèques son ami, le célèbre organiste Jean-Georges RAUCH.
Richter laisse une oeuvre particulièrement fournie : des motets, 70 symphonies, 30 Messes, 3 Requiem, 2 Passions, un oratorio, de nombreuses autres oeuvres religieuses ou profanes, ainsi qu'un ouvrage théorique "Harlonische Belehrung oder gründliche Anweisung zu der musikalischen Ton-Kunst und regulären Komposition"

Sources :

  • Programme de l'inauguration du 23/04/1962
  • A. BENDER "Les Orgues de Marienthal", Haguenau, 1962
  • P. MEYER-SIAT, "Stiehr-Mockers", AEA XX (1972-73)

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Dernière mise à jour : 17/12/2012 18:36:51

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