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~ Les orgues de la région de Villé ~

Albe, St Wendelin
Franz Xaver KRIESS, 1918

KRIESS
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Cet instrument a été posé en 1918 par Franz KRIESS ; il occupe le Buffet d'un orgue plus ancien, construit par Joseph STIEHR en 1839. |
Albé, le 22/05/2006, photo de Roland LOPES. |
L'édifice a été achevé en 1752.
La partie supérieure du clocher est en grès issu des Vosges voisines.
Le premier orgue d'Albe (qu'on appelle encore souvent Erlenbach, le nom vient du cours d'eau qui traverse la localité) date donc tout logiquement du début du 19 ème siècle, lorsque les remous de la Révolution se furent dissipés.
Mais une première tentative pour doter l'édifice de l'instrument rêvé avait eu lieu dès...
1765, lorsqu'Albé chercha à acheter l'orgue Nicolas BOULAY d'Erstein (qui n'avait alors que 7 ans).
L'affaire ne se fit pas, et l'orgue Boulay alla finalement à Holtzheim, où l'on peut encore y voir le magnifique Buffet.
Pour l'orgue, Albé attendit jusqu'en 1839.
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Joseph Stiehr avait été recommandé par l'architecte-voyer Charles Théodore KUHLMANN (1801-1840).
L'orgue STIEHR-MOCKERS était logé dans un Buffet post-classique : trois Tourelles rondes à chapiteaux et ornements en draperies - il n'y a que les proportions des Plates-faces qui ne peuvent que trahir clairement son origine 19 ème.
Pour Albé, Kuhlmann conçut un projet le 21/01/1837.
Le plan, conservé aux archives municipales de Sélestat, Fonds Ringeisen, carton Erlenbach (Albé), correspond exactement au Buffet tel qu'il se présente encore aujourd'hui.
Pie MEYER-SIAT émet l'hypothèse qu'Albé voulait se démarquer par le style de ses voisines du Hohwarth (Tourelles plates de l'orgue Joseph CHAXEL, 1823) et de Thanvillé (Buffet plat alla Michel Stiehr de l'orgue Joseph Stiehr, 1833.
(On peut y ajouter le Buffet de Barr, Stiehr-Mockers, 1826, là-aussi plat.
Et il n'est pas exclu que l'orgue Johann-Georg ROHRER, 1734, de Blienschwiller ait au contraire un peu servi de modèle.)
En Mai 1917, les tuyaux de façade ont été réquisitionnés par les autorités allemandes, et l'orgue Stiehr, probablement insuffisamment entretenu, devait avoir pâle figure.
Ainsi fut prise la décision d'en remplacer la Partie instrumentale.
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Franz KRIESS, dès 1918, plaça un orgue neuf dans le Buffet Stiehr.
Kriess ne faisait plus de beaux orgues de style comme à son début de carrière : il vidait les instruments "anciens" de leur contenu pour y placer des éléments achetés à des sous-traitants.
Il considéra d'ailleurs la chose comme un orgue neuf (dans la liste des travaux) et non comme une reconstruction.
Cette destruction complète d'un instrument historique fut malheureusement annonciatrice de celle, plus grave encore, de Richtolsheim.
Evidemment, la Composition de 1918 ne devait pas avoir grand-chose à voir avec l'actuelle.
Ce n'était à coup sûr pas un orgue Néo-classique, mais bel et bien un instrument d'esthétique "Romantique allemande".
La façade était entièrement postiche (en bois).
C'est probablement Curt SCHWENKEDEL, en 1970, qui plaça les "Petits Jeux" : Tierce 1'3/5, Cymbale, Quinte 2'2/3.
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Mais de nombreux mystères restent à éclaircir : en 1974, l'orgue avait encore son Violoncelle 8' de Pédale (recoupé en 4 pieds depuis), une curieuse Régale au Récit (disparue?), mais aussi une Mixture en 2'2/3 (au lieu de la Fourniture en 1').
Il avait encore une façade postiche en lattes, alors que la façade actuelle (muette) est en zinc.
On ne sait pas qui est à l'origine de ces dernières modifications.
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De 1918 date aussi une transformation très peu glorieuse pour la Maison Kriess : celle de l'orgue Stiehr de Strasbourg, St-Ignace.
Heureusement, cet orgue a été superbement restauré depuis.
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Transmission : pneumatique (Console indépendante face à la nef).
Sommiers à Membranes.
Il y a trois Combinaisons fixes (Piano, Mezzo Forte, Tutti), un Crescendo et un Tremblant.
Sources :
- Remerciements à Fabien BAUMANN (recherches sur Kuhlmann).
- P.
MEYER-SIAT, "Recherches organologiques : Meistratzheim et Albé", Annuaire de Dambach-Barr-Obernai, 1975
- M.
BARTH, "Elsass, 'Das Land der Orgeln' im 19.
Jahrhundert", AEA XV (1965-66)
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