Cet orgue a été construit en 1904 par Edmond-Alexandre Roethinger, qui avait déjà fourni l'instrument de l'église Sts-Philippe-et-Jacques cinq ans plus tôt. Mais ici, il fallut "faire avec l'existant", probablement pour raisons d'économies. L'instrument fut logé dans un buffet trop petit, qui venait de l'orgue Stiehr, 1840, le premier du lieu.
Historique
Le petit orgue Stiehr fut reçu le 15/01/1840. [IHOA] [ITOA] [Zegowitz1836] [PMSSTIEHR]
C'était l'un de ces fameux "orgues Zégowitz", c'est-à-dire l'un des instruments victimes de l'Administration omnipotente de ce deuxième tiers du 19 ème siècle, qui se mêlait de tout. (On sait d'ailleurs comment cela finit, en 1870...) On a connu un autre exemple, non loin de là, à Lembach. L'Administration, et son zélé théoricien Zégowitz avait voulu normaliser et standardiser les orgues, probablement pour éviter tout ce qu'il y a de nuisible à leur yeux : surprise, diversité, imagination. Avec Zégowitz, l'orgue devenait un accessoire purement utilitaire, fonctionnel, à dimensionner selon des critères objectifs. C'est à dire en foncton de tableaux dont les variables d'entrée étaient généralement exprimées en mètres carrés. Du coup, l'église protestante de Climbach reçut un petit orgue. Les formules approuvées par des experts étaient là pour convaincre les caciques de la Préfecture que le petit instrument était adapté, car parfaitement suffisant. Tout le reste ne serait que futilité, et il était entendu qu'on allait faire des économies. Malheureusement, si les concessions se firent effectivement, les économies ne furent pas forcément au rendez-vous : les intermédiaires, contrôleurs et experts, cela se paye :
Zégowitz avait prévu, dans son devis, 160 Frs pour la réception (donc pour lui-même), sur un total de 2740 Frs ; soit presque 6%. Il fut promu de Wissembourg à Strasbourg quelques jours avant cette réception, mais cela ne l'empêcha pas de se faire remplacer (par Albert Haas), et de toucher 49 Frs de l'époque (contre 21 Frs pour son remplaçant qui a réellement effectué le travail). [Zegowitz1836] [PMSSTIEHR]
Voici sa composition selon son devis (daté du 10/08/1838) :
Sans 16' du tout (et de toutes façon avec un pédalier inutilisable, et sans jeu de détail, on voit mal comment cet instrument pouvait remplir ses missions essentielles ou même motiver un organiste. Bref, l'orgue Zégowitz était inadapté. Et comme souvent, quand on fait des "économies" mal placées, il fallut le payer plus tard.
L'orgue a été réparé par la maison Stiehr en 1858. [ITOA] [PMSSTIEHR]
Historique
En 1904, Edmond-Alexandre Roethinger plaça un orgue neuf. [IHOA] [ITOA] [PMSSTIEHR]
Le buffet de l'instrument "Zégowitzien" fut conservé, malgré son peu d'intérêt, mais dut être élargi, car il était trop petit. C'est donc probablement Roethinger qui ajouta au buffet les deux petites plates-faces latérales. [PMSSTIEHR]
De façon assez réussie, d'ailleurs, puisqu'elle donnent aujourd'hui une personnalité à cet orgue. Roethinger ne conserva presque rien de la partie instrumentale de Stiehr : la Gambe, quelques tuyaux de la Fourniture, et, fort probablement, les tuyaux de façade. L'instrument avait sûrement une Voix céleste à l'origine, car le Larigot actuel (jeu totalement inusité en 1904) est une Voix céleste recoupée (transformation de 1983 ?). Du coup, l'autre jeu (celui qui est actuellement en 2 pieds) était probablement une Gambe ou Salicional, nécessaire pour "adosser" la Voix céleste. Il ne semble pas que le récit ait été expressif à l'origine. Le fait est rare, mais des exceptions (généralement motivées par des contraintes financières) existent ailleurs. En effet, il n'y a pas de trace d'une pédale d'expression à la console.
Les tuyaux de façade ont été réquisitionnés par les autorités en 1917.(S'ils ont été réquisitionnés, c'est qu'ils étaient en étain, et donc provenaient probablement de Stiehr.) Cela n'endommagea pas la partie instrumentale, car le Principal 8' est intérieur, et ces tuyaux étaient muets dans l'orgue Roethinger. [ITOA] [PMSSTIEHR]
L'orgue a été réparé par Georges Schwenkedel, qui remplaça les tuyaux de façade en 1933. [PMSSTIEHR]
Le récit a malheureusement été transformé en 1983 par Paul Adam : la Voix céleste a été découpée pour en faire un Larigot (totalement étranger à l'esthétique de l'instrument), et le jeu qu'il laissa en 2 pieds était probablement une Gambe ou un Salicional. [ITOA]
Caractéristiques instrumentales
Console indépendante face à la nef, fermée par un couvercle basculant. Tirage des jeux par dominos disposés en ligne au-dessus du second clavier. A gauche de la plaque d'adresse se trouvent les jeux du grand-orgue (toutes les porcelaines ont été remplacée par de pastilles en plastique, probablement en 1983). A droite de la plaque d'adresse, on trouve les dominos du récit, dont la porcelaine a aussi été remplacée par des pastilles en plastique rouge criard. Les deux derniers dominos, correspondant aux jeux de pédale, sont d'origine, avec des porcelaines à fond bleu : "Subbass 16", et "Flötenbass 8".
Commande des accouplements par pédales-cuillers à accrocher, repérées par des porcelaines rectangulaires bicolores (selon le code de couleur des dominos, récit=rose) : de gauche à droite : "Pedal koppel II" (rose/bleu), "Pedal koppel I" (blanc/bleu), "Manual koppel" (rose/blanc), "Suboctav koppel II z.m I" (II/I 16'), "Superoctav koppel I" (I/I 4'). Appel/annulation du tutti par pistons (un blanc, un noir), placés sous le premier clavier, au centre.
Plaque d'adresse argentée et bombée, vissée au-dessus du second clavier en position centrale :
Elle porte deux médailles, de part et d'autre du mot "Orgelbaumeister", relatant l'exposition de Strasbourg en 1895. "Industrie und Gewerbe Ausstellung Strasbourg 1895".
Le grand-orgue est situé derrière la façade. Il est diatonique et disposé en mitre, basses au centre.
Le récit est logé en fond, contre le mur, derrière le grand-orgue et au même niveau. Il est totalement chromatique (basses à gauche), et n'a pas de boîte expressive.
La pédale est placée sur les côtés du récit.
Entailles de timbres et d'accords. Bourdons à calottes mobiles.
Le "Larigot" du récit porte des poinçons "V.cel.". Les tuyaux découpés ont été accordés... avec des entailles d'accord (!), et le faux-sommier est un bricolage. Le reste de la tuyauterie semble en bon état et de bonne qualité.
Sources et bibliographie :
Photos et visite
Dans le (par ailleurs excellent) "Patrimoine des communes du Bas-Rhin", Climbach n'a pas, en matière d'orgues, été gâté. Au sujet de l'orgue de l'élise protestante, on peut lire : "L'orgue à deux claviers et 10 registres, datant de la fin du XIXè siècle, est entièrement restauré en 1982". On voit mal d'où vient cette information. Ni le Stiehr, ni le Roethinger ne datent de la fin du 19 ème. L'orgue Stiehr (11 jeux, 1840) n'a absolument pas été restauré en 1982 (heureusement, d'ailleurs !). Et si par l'orgue "datant de la fin du XIXè siècle", on voulait parler du Roethinger, (12 jeux, 1904), il n'a pas été "entièrement restauré", mais partiellement transformé (altéré par découpage de la tuyauterie). L'usage des mots "Restauration", "Transformation" et "Relevage" se fait malheureusement encore souvent un peu au hasard, ce qui mène parfois à de pareilles confusions.
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