L'église de Bilwisheim était dotée, entre 1930 et 1989, d'un orgue très intéressant. Il était caractéristique d'un style alsacien qui s'est développé jusque qu'à la fin des années 1930. Malheureusement, la grande mode "baroque" de la fin du 20ème a - là aussi - sonné le glas de cet orgue pourtant parfaitement adapté. Il a été remplacé par un instrument respectant les standards de l'époque, qui voulait ré-écrire l'histoire des orgues d'Alsace en lui enlevant toute composante "germanique".
Historique
C'est en 1863 que Martin Wetzel installa à Bilwisheim un petit instrument que Georg Friederich Merckel avait construit en 1758. Il venait de Hindisheim, Sts-Pierre-et-Paul. [IHOA] [HOIE]
C'était un petit instrument de 8 jeux, avec un seul manuel, et sûrement sans pédale à l'origine. Donc guère plus qu'un positif. [ITOA]
L'instrument a peut-être été doté d'une pédale au 19ème. La présence de tuyaux de George Wegmann semble indiquer que celui-ci y a travaillé. Le sommier de pédale actuel est peut-être de lui.
Les tuyaux de façade ont été réquisitionnés par les autorités le 23/06/1907. [IHOA] [HOIE]
Historique
Peu après 1930, Franz Heinrich Kriess reconstruisit totalement l'instrument, en le dotant de deux manuels et d'un pédalier complet. C'était alors un orgue de 12 jeux (II/P 12j), fondé sur 16' et doté d'un Principal 8', ainsi que des couleurs post-romantiques alsaciennes caractéristiques de l'époque. [IHOA] [ITOA]
C'est en effet une spécificité de la région que d'avoir réalisé des orgues "en deux temps" : d'abord un premier, centré sur l'essentiel, puis une reconstruction plus ambitieuse. En effet, après 1870, les organistes étaient généralement bien formés et leur niveau d'exigence avait considérablement augmenté.
Caractéristiques instrumentales
C | A | g |
2'2/3 | 2'2/3 | 4' |
2' | 2' | 2'2/3 |
- | 1'1/3 | 2' |
- | - | 1'1/3 |
Console en fenêtre, avec claviers de Kriess.
Comme les claviers étaient dotés de 54 notes et les sommiers de 51 seulement, les 3 dernières notes "reprenaient" à l'octave grave.
La transmission était mécanique (eh oui !), à balanciers et équerres.
Le sommier manuel de 1758 avait été réaménagé (double-laye) pour disposer les jeux sur deux manuels. La pédale était constituée par un sommier du 19ème (de 13 notes et pour 4 jeux), les notes aiguës (cis-f') étant logées sur les deux chapes avant. Cela convenait parfaitement, puisque la pédale n'avait que deux jeux.
Seulement quelques (petits) tuyaux de 1758 (environ 80, essentiellement utilisés comme rangs de la Mixture) avaient été intégrés à la tuyauterie, mais bien entendu ils ont été totalement ré-harmonisés et adaptés, surtout en ce qui concerne les systèmes d'accord. L'essentiel de la tuyauterie provenait de Kriess (Bourdon 16', Principal 8', Bourdon 8' I, Gambe, Voix céleste) ou d'un fonds du 19ème (Wegmann ? ; partie sur le vent du Prestant, Salicional). Si elle n'était pas homogène du point de vue de la provenance, elle l'était par son intégration : entailles de timbre ou d'accord, calottes mobiles. C'était totalement un orgue post-romantique cohérent.
Historique
En 1989, on demanda à la maison Muhleisen de reconstruire l'instrument... avec un seul manuel. L'orgue a été inauguré le 11/03/1990 par Robert Pfrimmer. [Muhleisen] [IHOA] [Caecilia]
A la vue de ces données, on comprend qu'il est totalement exclu d'attribuer cet orgue à Merckel. (D'ailleurs, qui voudrait d'un orgue Merckel réellement "restauré", donc affublé des défauts qui ont poussé leurs acquéreurs à s'en débarrasser ou à les transformer au plus vite...) Il s'agit bien d'un orgue de 1989.
On ne peut que regretter les éléments supprimés, qui privent l'instrument de presque tout le répertoire : la perte d'un clavier (qui est objectivement désastreuse même pour les capacités d'un orgue à accompagner), et surtout cette pédale limitée à 13 notes. Les orgues ne sont pas des pièces de musée !
Caractéristiques instrumentales
Console en fenêtre frontale. Clavier noir. Pommeaux de tirants de jeux noirs.
Mécanique.
Sources et bibliographie :
Localisation :